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Les premiers seront les derniers

SERMON pour le dimanche de Septuagésime.

Traduction d’une méditation biblique éditée par le Très Révérend Jerry L. OGLES,

Docteur en Théologie et évêque métropolite de l’Anglican Orthodox Church.

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ÉVANGILE : « Car le Royaume des cieux est semblable à un père de famille, qui sortit dès le point du jour afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Et quand il se fut accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya à sa vigne. Puis étant sorti sur les trois heures, il en vit d'autres qui étaient au marché, sans rien faire ; auxquels il dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Puis il sortit encore environ sur les six heures, et sur les neuf heures, et il en fit de même. Et étant sorti sur les onze heures, il en trouva d'autres qui étaient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ? Ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Et il leur dit : allez-vous-en aussi à ma vigne, et vous recevrez ce qui sera raisonnable. Et le soir étant venu, le maître de la vigne dit à celui qui avait la charge de ses affaires : Appelle les ouvriers, et leur paye leur salaire, en commençant depuis les derniers jusques aux premiers. Alors ceux qui avaient été loués vers les onze heures étant venus, ils reçurent chacun un denier. Or quand les premiers furent venus ils croyaient recevoir davantage, mais ils reçurent aussi chacun un denier. Et l'ayant reçu, ils murmuraient contre le père de famille, en disant : Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les as faits égaux à nous, qui avons porté le faix du jour, et la chaleur. Et il répondit à l'un d'eux, et lui dit : Mon ami, je ne te fais point de tort, n'as-tu pas accordé avec moi à un denier ? Prends ce qui est à toi, et t'en vas ; mais si je veux donner à ce dernier autant qu'à toi, ne m'est-il pas permis de faire ce que je veux de mes biens ? Ton œil est-il mal de ce que je suis bon? Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers, car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. » (Matthieu 20.1-16).

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Parce qu’Il est le Commencement et la Fin de toutes choses, seul Christ a le droit de décider de la récompense de ceux qui Le suivent.

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Cette parabole rappelle les événements précédents, en Matthieu 19 : « Et voici, quelqu'un s'approchant lui dit : Maître qui est bon, quel bien ferai-je pour avoir la vie éternelle ? Il lui répondit : Pourquoi m'appelles-tu bon ? Dieu est le seul être qui soit bon. Que si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. Il lui dit : Lesquels ? Et Jésus lui répondit : Tu ne tueras point. Tu ne commettras point adultère. Tu ne déroberas point. Tu ne diras point de faux témoignage. Honore ton père et ta mère ; et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le jeune homme lui dit : J'ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse ; que me manque-t-il encore? Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, et me suis. Mais quand ce jeune homme eut entendu cette parole, il s'en alla tout triste, parce qu'il avait de grands biens. » (Matthieu 19.16-22).

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Les Apôtres n’ont pas compris cette façon de traiter le jeune homme riche. Jésus a soigneusement expliqué qu’ils hériteraient de la vie éternelle, mais Il a également terminé le chapitre précédent avec le verset 30 : « Mais plusieurs qui sont les premiers, seront les derniers ; et les derniers seront les premiers » (Matthieu 19-30).

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Il y a une série de parallèles à relever avec d’autres références de la Bible sur ce principe des premiers et des derniers.

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Luc 15 : La parabole du fils prodigue. « Il leur dit aussi : un homme avait deux fils ; et le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part du bien qui m'appartient ; et il leur partagea ses biens. » (Luc 15.11-12). Le plus jeune (qui représente les Gentils), a pris son bien et a quitté son père et son frère aîné ; il est parti dans un pays lointain où, en bambochant, il a tout perdu et s’est retrouvé à nourrir les cochons (impurs). Après un temps, la raison lui est revenue, et il a décidé de retourner chez son père en tant qu’employé, mais le père a couvert son garçon de cadeaux et d’amour, en l’appelant son fils. Le plus âgé (qui représente les Juifs), faisait la mauvaise tête :

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« Or son fils aîné était aux champs, et comme il revenait et qu'il approchait de la maison, il entendit la mélodie et les danses. Et ayant appelé un des serviteurs, il lui demanda ce que c'était. Et [ce serviteur] lui dit : Ton frère est venu, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il l'a recouvré sain et sauf. Mais il se mit en colère, et ne voulut point entrer ; et son père étant sorti le priait [d'entrer]. Mais il répondit, et dit à son père : Voici, il y a tant d'années que je te sers, et jamais je n'ai transgressé ton commandement, et cependant tu ne m'as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis. Mais quand celui-ci, ton fils, qui a mangé ton bien avec des femmes de mauvaise vie, est venu, tu lui as tué le veau gras. Et [le père] lui dit : [Mon] enfant, tu es toujours avec moi, et tous mes biens sont à toi. Or il fallait faire bonne chère, et se réjouir, parce que celui-ci, ton frère, était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé. » (Luc 105.25-32).

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Ce passage vaut pour tous les autres, et il nous rappelle que le Royaume des Cieux n’est pas organisé selon les directives des syndicats ou des corporations humaines. Il nous fait comprendre que le don de la vie éternelle ne dépend pas des années de service ou de l’âge. Une fois que nous sommes acceptés par Christ, nous Lui appartenons entièrement, en totalité.

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Ma femme me rappelait souvent que quelques Églises et Chrétiens sont comme des poules dans un poulailler – dès qu’un poussin trouve un insecte et essaye de le manger, un des poulets plus âgés se précipite et pique le poussin sur la tête pour qu’il ne puisse pas manger. Il arrive ainsi qu’un nouveau venu dans l’Église arrive avec de grands talents que le Seigneur lui a donnés, et souvent, les anciens font tout ce qu’ils peuvent pour l’empêcher d’employer son talent au profit de l’Église. Telle est une partie de la signification de la parabole des ouvriers de la onzième heure. Le père de famille est Christ, et les ouvriers sont ceux que Christ a appelés à Le suivre.

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Écoutez l’explication donnée par l’évêque R.C. Trench, dans ses notes sur les Paraboles, et le Doyen de la Cathédrale de Westminster :

Pour tous ces ouvriers, la question est « Qu’allons-nous recevoir ? », mais c’est une mauvaise question ; ils plaçaient leur relation avec leur Seigneur sur de mauvaises bases. Ils avaient tendance à mesurer leur obéissance en faisant le calcul suivant : Tant de travail, tant de salaire. Ils y mettaient aussi de l’auto-complaisance. Dans cette parabole, les Apôtres reçoivent l’enseignement suivant : Quelles que soient la durée de leur service et l’abondance de leurs travaux, ils ont manqué de charité envers leurs frères et d’humilité devant Dieu ; ils ne sont rien ; leur orgueil les fait surestimer la valeur de leur travail, comme une mouche tombée dans un parfum de grand prix gâche le précieux liquide, car ce travail ne se conçoit que dans l’humilité, et tous en ont manqué, du premier jusqu’au dernier. La leçon qui est ainsi enseignée à Pierre, et à nous tous à travers lui, est que les premiers peuvent aussi bien se retrouver les derniers, et que ceux qui dirigent le travail, s’ils oublient que la récompense est liée à la grâce et non aux œuvres, et s’ils commencent à se vanter et à se croire au-dessus de leurs collègues de travail, peuvent perdre le bénéfice de leurs œuvres ; alors que ceux qui semblent les derniers peuvent, en restant humbles, être reconnus comme les premiers et les plus importants, au Jour du Seigneur.

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Un autre point de cette parabole est à mettre en relation avec le premier.

Le peuple hébreu – Israël – a été béni de par la faveur de Dieu qui en a fait un exemple et l’avant-coureur du peuple de Dieu. Ils ont cru que Dieu ne leur ferait que du bien et qu’Il ne bénirait personne d’autre que Son peuple. « Car le Royaume des cieux est semblable à un père de famille, qui sortit dès le point du jour afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Et quand il se fut accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya à sa vigne ». C’est pourquoi les Juifs sont représentés par les ouvriers qui ont été embauchés dès la première heure, tôt le matin. Le chef de famille leur a offert un denier par jour comme salaire. C’était là le salaire journalier habituel pour un ouvrier à l’époque de Christ.

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D’autres ouvriers ont été recrutés à midi, et d’autres encore pour la dernière heure qu’il restait à moissonner. « Puis étant sorti sur les trois heures, il en vit d'autres qui étaient au marché, sans rien faire ; auxquels il dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Puis il sortit encore environ sur les six heures, et sur les neuf heures, et il en fit de même. Et étant sorti sur les onze heures, il en trouva d'autres qui étaient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ? Ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Et il leur dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et vous recevrez ce qui sera raisonnable ».

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Les Juifs croyaient qu’ils devaient avoir la préséance sur ceux qui ont été appelés après eux dans le Royaume, mais le Seigneur Jésus ne travaille pas de cette manière. Quand il guérissait les malades, rendait la vue aux aveugles, purifiait les lépreux, ramenait les morts à la vie… Il les a toujours COMPLÈTEMENT guéris. Ceux qu’Il avait guéris étaient totalement guéris ! Il soignait d’abord la maladie la plus grave : le PÉCHÉ !

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Par exemple, « Et voici, on lui présenta un paralytique couché dans un lit. Et Jésus voyant leur foi, dit au paralytique : Aie bon courage, mon fils ! Tes péchés te sont pardonnés. Et voici, quelques-uns des Scribes disaient en eux-mêmes : Celui-ci blasphème. Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Pourquoi pensez-vous du mal dans vos cœurs ? Car lequel est le plus aisé, ou de dire ? Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire ? Lève-toi, et marche. Or afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés, il dit alors au paralytique : Lève-toi, charge ton lit, et t'en va en ta maison. Et il se leva, et s'en alla en sa maison. » (Matthieu 9.2-7).

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Christ déploie la même générosité pour les Gentils que pour les Juifs. Nul ne peut prétendre à une préférence quelconque aux yeux de Dieu, selon l’époque de son Salut. Notre récompense sera celle qui sera prononcée au grand Jour où nous serons face-à-face avec Christ, notre Seigneur : « Et toutes les nations seront assemblées devant lui ; et il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs. Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez les bénis de mon Père, possédez en héritage le Royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » (Matthieu 25.32-34).

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