
SERMON pour le 10ème dimanche après la Trinité
1 Corinthiens 12/1-11 ; Luc 19/41-47a
RECEVOIR CHRIST
Les Anglais ont des expressions bien à eux, intraduisibles en français, comme les verbes snober ou ignorer, que l'on pourrait rendre en français par battre froid, ne pas voir, éviter ou même fuir. Qui de sensé pourrait déclarer sans passer pour stupide qu'il fuit Jésus-Christ, Dieu fait homme, et source de tout bien et de toute bonté ? C'est impensable. Et c'est pourtant ce qu'ont fait les dirigeants de Jérusalem, lorsque Christ a visité leur ville.
Ils voyaient leur influence diminuer et leur importance relativisée par Celui qu'ils considéraient comme un concurrent et un usurpateur, un fondateur de secte. Mais Jésus était un prêcheur de la miséricorde (Matthieu 12/7) : « Si vous saviez ce que signifie : Je désire la bonté, et non les sacrifices, vous n’auriez pas condamné des innocents ». Et Jésus fut Lui-même condamné bien qu'innocent. Les responsables n'aiment pas qu'on leur dise qu'ils sont sur une mauvaise voie. Et pourtant, l'erreur est humaine et les chefs religieux ne sont pas à l'abri d'erreurs involontaires ou même volontaires…
En Luc 19/41-44, Jésus pleure sur Jérusalem car il sait l'avenir. Il ne pleure pas sur Lui-même, alors qu'Il va y être maltraité et cruellement crucifié. Il pleure sur le sort qui attend les habitants d'une ville pervertie par ses chefs pour leur propre profit, ces habitants dont les ancêtres ont massacré tous les prophètes que le père leur envoyait pour les ramener dans le droit chemin comme un berger revient avec la brebis perdue qu'il a retrouvée, en la portant sur ses épaules. Jésus-Christ est le berger ultime, le Fils unique engendré du Père, le maître du troupeau, chargé de leur rappeler la Loi de Moïse avec la clé de son interprétation : l'amour de Dieu et du prochain - en un mot, la miséricorde.
Jésus pleure en effet car il sait que les habitants de Jérusalem ne seront pas mieux traités que ceux de Sodome et Gomorrhe ; tous périront par l'épée des soldats romains, en l'an 70 de l'ère chrétienne (Luc 19/43-44) : « Des jours viendront pour toi où tes ennemis t’entoureront d’ouvrages fortifiés, t’encercleront et te serreront de tous côtés. Ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où tu as été visitée ». On ne se moque pas de Dieu impunément, surtout quand on fait partie de Son peuple élu ! Quand un membre est atteint de gangrène, on le coupe et le membre amputé est jeté à la fosse commune. Ceci, afin de préserver le corps de la contamination (Matthieu 18/8-9) : « Si ta main ou ton pied te poussent à mal agir, coupe-les et jette-les loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux ou manchot que d’avoir deux pieds ou deux mains et d’être jeté dans le feu éternel. Et si ton œil te pousse à mal agir, arrache-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer dans la vie avec un seul œil que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans l’enfer de feu ». Périr par le feu, voilà ce qui attend les habitants de Paris, après l'affront olympique offert à notre Seigneur Jésus-Christ lors de la parodie d'ouverture des jeux d’été de 2024. Nous voilà parfaitement avertis.
Les habitants de Jérusalem ont d'abord accueilli Jésus-Christ comme un Libérateur, aux cris de "Hosanna, fils de David". Fils de David, c'est-à-dire héritier de la couronne royale d'Israël. Ils pensaient honorer Jésus qui faisait Son entrée dans la ville, modestement juché sur le petit d'une ânesse. Mais ils ne L'ont par reçu comme Messie, Fils unique engendré de Dieu, Dieu incarné. Cet aspect principal de Sa personne était ignoré, snobé. Aujourd'hui encore, les versions récentes de la Bible ont ce même travers, à la suite de la Bible des Témoins de Jéhovah : elles atténuent la divinité de Christ, afin de présenter un Christ humain, plus fils de David que du Père céleste, et compatible avec le Nouvel Ordre Mondial, qui est la version contemporaine de la Tour de Babel, une rébellion contre le seul Dieu vivant et vrai.
Dieu a endurci les habitants de Jérusalem comme Il avait endurci le cœur de Pharaon, à l'époque de Moïse (Exode 7/3-4) : « De mon côté, j’endurcirai le cœur du pharaon et je multiplierai mes signes et mes miracles en Égypte. Le pharaon ne vous écoutera pas. Je porterai la main contre l’Égypte et c’est par de grands actes de jugement que je ferai sortir d’Égypte mes armées, mon peuple, les Israélites ». Et ce ne furent pas une, ni deux, ni trois, mais dix plaies qui frappèrent les Égyptiens. Ils ont eu leur dose, mais Pharaon persistait dans sa rébellion contre le vrai Dieu et contre Moïse, Son envoyé.
Devant Jérusalem, Jésus s'est écrié (Luc 15/42) : « Si seulement tu avais toi aussi reconnu, aujourd’hui, ce qui peut te donner la paix ! Mais maintenant, cela est caché à tes yeux ». Et pourtant, Notre Seigneur Jésus-Christ se tient chaque jour dans le Temple de Jérusalem, enseignant ouvertement à une foule aveugle, car elle ne voit pas le Messie de Dieu, mais un Rabbi autodidacte, un bon connaisseur de la Loi et des prophètes, et un commentateur free-lance de la Parole de Dieu. La foule ne voit pas qu'elle se trouve dans le camp de la guerre religieuse contre Dieu, faute de recevoir Christ en tant que Fils de Dieu. Or, c'est précisément la paix que Jésus donne à ceux qui Le reçoivent pour ce qu'Il est : Dieu Lui-même, visitant Son peuple. Ainsi Lot a-t-il reçu le Seigneur en visite à Sodome sous la forme de deux messagers (Genèse 19/1) : « Les deux anges arrivèrent à Sodome vers le soir. Lot était assis à la porte de la ville. Quand Lot les vit, il se leva pour aller à leur rencontre et se prosterna le visage contre terre ». Se prosterner devant le Seigneur, voilà ce que les habitants de Jérusalem ont oublié de faire, car ils étaient spirituellement aveugles, aveuglés qu'ils étaient par la grâce de Dieu qui visait le sacrifice de Christ à la croix. De même, les deux anges ont-t-ils aveuglé les Sodomites (Genèse 19/10-11) : « Cependant, les hommes tendirent la main, firent rentrer Lot vers eux dans la maison et fermèrent la porte. Puis ils frappèrent d’aveuglement ceux qui étaient à l’entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, de sorte qu’ils se fatiguèrent de chercher la porte ». De même que Jésus est venu sauver Ses élus, les deux anges ont sauvé Lot et sa famille de la destruction Genèse 19/12-13) : « Les hommes dirent à Lot : « Qui as-tu encore ici ? Gendres, fils, filles et tout ce qui t’appartient dans la ville, fais-les sortir de là. Nous allons détruire cet endroit parce que le cri contre ses habitants est grand devant l’Eternel. L’Eternel nous a envoyés pour le détruire ». Nul doute que c'est Dieu qui a également envoyé les armées romaines pour détruire Jérusalem ! Et ce n'est aucunement Lot qui a pris la décision de se sauver, mais bien l'Eternel (Genèse 19/15/16) : « Dès l’aube, les anges insistèrent auprès de Lot en disant : "Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, sinon tu disparaîtras dans la punition qui s’abattra sur la ville." Comme il s’attardait, les hommes les prirent par la main, lui, sa femme et ses deux filles, car l’Éternel voulait l’épargner. Ils le firent sortir et le conduisirent à l’extérieur de la ville ».
Dieu a sauvé Lot malgré lui, manu militari - de force ! Si donc nous sommes sauvés, cela ne vient pas de nous, mais de Dieu qui nous a fait grâce, nous faisant le don de la foi, sans aucun mérite de notre part. Comme pour Lot, Dieu nous force la main en nous inculquant la foi, alors que nous étions rebelles à Dieu et à Sa Loi. De même, Jésus a choisi Ses disciples alors qu'Il leur était inconnu, et eux L'ont suivi, sans savoir où ils allaient.
Les habitants de Jérusalem ne trouvaient rien à redire à la présence des marchands à l'intérieur du Temple. La cour du Temple était devenue une place du marché, comme dans les temples païens idolâtres ou dans le forum romain. Notre Seigneur Jésus-Christ est scandalisé par cette présence incongrue et fait le ménage : Dehors ! Dehors tous ceux qui font de l'argent et s'enrichissent sur le dos des fidèles ! Dehors les prédicateurs intéressés, qui parlent plus d'argent, de collectes et de dîmes que de l'Évangile de Christ ! Sortez-les des églises ! Faites place à l'enseignement du véritable Évangile de Christ ! Dans la Didachè, un catéchisme chrétien primitif, il est écrit : « s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète ».
Et Dieu ne Se contente pas de nous sauver ; Il nous équipe en vue du ministère Qu'Il nous confie. Dieu nous a créés tous différents, et reconnaissables individuellement. Oui, c'est le même Dieu qui nous a faits différents, et cependant tous à Son image. En effet, Dieu est Esprit, et nous ne Lui ressemblons pas physiquement, mais spirituellement. Lors de la nouvelle naissance par la foi, nous recevons Christ et une part de Son Esprit, le Saint-Esprit de Dieu (Joël 3/1 ou 2/28) : « Après cela, je déverserai mon Esprit sur tout être humain ». En effet, même les réprouvés ont reçu une part de l'Esprit-Saint, car eux aussi ont été créés à l'image de Dieu qui est Esprit. Notre part du Saint-Esprit nous donne la vie comme à tous ceux qui croient au nom de Christ et Le reçoivent dignement, dans l'obéissance à Sa divine volonté, pour Le prier et L'invoquer (Joël 2/32 ou 3/5) : « Alors toute personne qui fera appel au nom de l’Eternel sera sauvée ; il y aura des rescapés sur le mont Sion et à Jérusalem, comme l’a dit l’Eternel, et parmi les survivants que l’Eternel appellera ». Mais qui a invoqué le nom de l'Eternel en l'an 70, à Jérusalem ? Personne ! Retenons cette leçon : Le Saint-Esprit ne nous est pas conféré pour dormir, mais pour comprendre la Bible, pour prier Dieu, pour Le servir en exerçant le don particulier qu'Il a mis en chacun de nous. Nous ne pouvons pas invoquer le nom de l'Eternel avant d'avoir reçu Christ et Son Esprit (1 Corinthiens 12/3) : « C’est pourquoi je vous le déclare, personne, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : "Jésus est maudit !". Et personne ne peut dire : "Jésus est le Seigneur !" si ce n’est par le Saint-Esprit ».
Paul nous donne la liste des principaux dons de l'Esprit-Saint : « parole de sagesse… parole de connaissance… foi… guérisons… miracles… prophétie… discernement des esprits… diverses langues… interprétation des langues. Mais toutes ces choses, c’est un seul et même Esprit qui les accomplit, en les distribuant à chacun en particulier comme il le veut » (1 Corinthiens 12/8-11). Remarquez que la majorité de ces dons s'exercent au moyen de la parole : « parole de sagesse… parole de connaissance… prophétie… diverses langues… interprétation des langues ». C'est par une Parole reçue de Christ et transmise par Ses disciples que nous sommes sauvés (1 Thessaloniciens 2/13) : « C’est pourquoi nous disons sans cesse à Dieu toute notre reconnaissance de ce que, en recevant la parole de Dieu que nous vous avons fait entendre, vous l’avez accueillie non comme la parole des hommes, mais comme ce qu’elle est vraiment : la parole de Dieu agissant en vous qui croyez ». Et ces dons spirituels ne nous sont pas octroyés pour nous vanter, mais pour servir Dieu et Son Église (1 Corinthiens 12/7) : « Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour le bien de tous ». Il s'agit de répandre la Parole de Dieu dans le monde entier, en commençant par notre propre famille (Luc 10/16) : « Celui qui vous écoute m’écoute, celui qui vous rejette me rejette, et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé ».
La question nous est posée : qu'est-ce que Paul entend par le bien de tous ? s'agit-il de notre petit bien-être personnel, ou bien d'autre chose ? Ici, il ne faut pas confondre le bien avec le plaisir. Le bien, c'est la réunion du beau, du bon et surtout du vrai. Ce qui est vrai est bon pour tous, et la vérité est belle en soi. Les gens ont le droit de connaître la vérité et de la recevoir en tant que telle. Mais beaucoup - la majorité - rejettent la vérité et préfèrent le mensonge. Ils pensent échapper ainsi au châtiment. Ils ont peut-être pu tromper leurs parents et amis pendant un temps plus ou moins long, mais on ne trompe pas le Dieu de vérité. Notre Seigneur nous a montré où se trouve la vérité : elle est en Christ, et la juste réponse à la question du "bien de tous" est de L'accueillir (Jean 14/6) : à Thomas, « Jésus lui dit : C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi ».
Mais comment admettre que le bien de tous comporterait deux situations : d'un côté les élus qui seront sauvés de la colère à venir, et de l'autre côté les réprouvés, voués à l'enfer éternel ? En quoi est-ce un bien pour tous ? La réponse est complexe : d'abord, le bien général exige que tous, bons et méchants, ne soient pas mélangés. On a bien construit des prisons et des asiles d'aliénés pour protéger le peuple de leurs accès de violence. Le bien de tous veut en effet que tous ne soient pas traités de façon indifférenciée, au nom d'un égalitarisme relativiste mondialiste ou woke - la confusion est ennemie de la vérité. Ensuite, la justice doit s'exercer en appliquant la Loi de Dieu, qui est bonne pour tous. Les bonnes lois s'inspirent de la Loi divine, qui favorise la paix dans le respect et la charité. Enfin, le bien de tous n'exclut pas le bien de Dieu, c'est-à-dire Sa gloire. Aujourd'hui, nos sociétés occidentales ignorent et snobent le Père éternel, ridiculisent le fils en le parodiant par des Drag-Queens, et nient le Saint-Esprit. Les francs-maçons lucifériens cultivent un autre esprit qui se manifeste par sa stupide méchanceté. Ils ferment la porte à la vérité et à Christ. En conséquence, le bien de tous consiste à lutter contre ces lucifériens et à dénoncer leur mensonge permanent (Tite 1/12-16) : « L’un d’eux, leur propre prophète, a dit : "Les Crétois ? Toujours menteurs, de méchantes bêtes, des goinfres paresseux." Ce témoignage est bien vrai. C’est pourquoi reprends-les sévèrement afin qu’ils aient une foi saine ».
Que le Saint-Esprit de Dieu présent en chacun de nous nous qualifie par Ses dons pour mener ce combat de la parole de vérité, contre le mensonge. Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.