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SERMON pour le 20ème dimanche après la Trinité


Éphésiens 5/15-21 ; Matthieu 22/1-14

LES APPELÉS ET LES ÉLUS


Parmi les mondanités où les gens ont tendance à s'enivrer de vin, les mariages viennent en tête de liste. Il semble qu'il soit nécessaire d'oublier la tension générée par l'avenir inconnu attendant le nouveau foyer ainsi fondé. Mais pourquoi tant de faiblesse humaine ? Pourquoi un tel manque de foi dans la bonté du Seigneur et dans Sa bénédiction ? Pourquoi ce pessimisme ? Comme si l'échec et le divorce étaient des issues fatales et inévitables ?

Comme il y a beaucoup de mariages et bientôt autant de divorces, Notre Seigneur Jésus-Christ nous enseigne qu'il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Tous sont appelés à un état de vie personnelle - soit le mariage, soit le célibat consacré - et à une profession utile à la société. Mais pourquoi y a-t-il si peu d'élus ? Dieu nous demanderait-Il une sainteté impossible à accomplir ? Et en effet, nous ne pouvons pas atteindre la sainteté que notre Père céleste attend de nous par nos propres efforts, car sans la grâce de Dieu, il est impossible d'être sauvé. Ici, il faut dissiper un malentendu courant chez les mondains : Dieu rejetterait-Il les hommes qu'Il a pourtant créés ? En regardant seulement aux apparences, on pourrait le penser. Or Dieu ne rejette personne ; mais Il prend acte du rejet de Dieu par les hommes. Non seulement on L'ignore, on le rejette, mais on ne veut pas entendre parler de Lui. Les églises où le conseil biblique est fidèlement prêché sont presque vides. Il fut un temps, dans ma jeunesse, où toutes les églises étaient pleines, chaque dimanche que Dieu faisait. Certes, tous n'étaient pas des saints ! Mais tous entendaient la même Parole de Dieu. C'est donc par le choix des hommes qu'il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus. La majorité préfère se passer des bénédictions et de la grâce de Dieu ; il est si facile de tourner le dos et de renoncer à la Vérité pour s'enivrer avec des mensonges commodes, plaisants et faciles à suivre. Telle est la voie du démon, laquelle mène tout droit en enfer.

En Matthieu 7/13-14, Jésus nous avertit : « Entrez par la porte étroite ! En effet, large est la porte, spacieux le chemin menant à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là, mais étroite est la porte, resserré le chemin menant à la vie, et il y en a peu qui les trouvent ». Les gens pensent généralement que la sainteté consiste à vivre - ou plutôt à survivre - dans une austérité extraordinaire, parmi les privations de toute sorte, comme les ermites du désert. Au Moyen-âge encore teinté de paganisme, les Européens étaient attirés par cette sorte de sainteté spectaculaire à l'ascétisme forcené. Ils étaient influencés par les philosophies païennes, tel le fameux Démosthène qui vivait presque nu, dormait dans un tonneau et brisa son écuelle devenue superflue lorsqu'il vit un enfant boire au ruisseau en se servant de ses seules mains rassemblées en forme de coupe. Les païens entendaient se préparer à la mort en anticipant sur cet événement fatal : ils s'abstenaient de vivre ! Telle n'est pas la philosophie de notre Seigneur Jésus-Christ qui déclare (Jean 10/10b) : « moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance ». La vie que Jésus nous souhaite est abondante, elle est même éternelle ! Et c'est par ignorance de cette vie abondante que les hommes s'écartent de la Voie droite qui monte au Ciel pour se perdre dans les chemins détournés et les plaisirs malsains et dégradants. Aujourd'hui, les pires perversions sont enseignées dans les écoles de la république, la drogue circule largement, avec la bienveillance des élus marxistes qui ouvrent des "salles de shoot" dans leurs communes et réclament la dépénalisation du cannabis, avant d'étendre cette tolérance aux drogues dures. Ils savent que l'enfer est au bout de ces politiques spirituellement criminelles, mais c'est la base de leur fonds de commerce en vue d'augmenter leur clientèle électorale.

Faut-il s'étonner, dans ces conditions, que les invités à la noce de la parabole refusent d'y paraître ? Ils pensent avoir mieux à faire que de se réjouir avec le Maître de l'Univers ; la seule perspective d'avoir à se contenir et se tenir correctement en Sa présence les fatigue et les épuise. En fait, ils s'en croient incapables et se sentent indignes de figurer parmi les élus. Dieu ne rejette personne, mais nombreux sont ceux qui Le rejettent, le plus souvent par ignorance. Ils ignorent la bonté de Dieu envers ceux qui Lui obéissent. Ils préfèrent la compagnie des pécheurs à celle des saints que Dieu bénit sans arrêt (Psaume 133/1 et 3) : « Oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! … C’est comme la rosée de l’Hermon qui descend sur les hauteurs de Sion. En effet, c’est là que l’Éternel envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité ». Et que sont ces hauteurs de Sion, sinon la montagne du Calvaire, que Jésus-Christ a gravie avec Sa croix pour nous sauver en subissant à notre place la peine méritée par notre péché ?

Le péché est une pente glissante, savonneuse, qui entraîne toujours plus bas ceux qui ont le malheur de s'y engager, et les conduit en enfer. On commence par un petit péché, un léger doute sur la Parole de Dieu (Genèse 3/1b) : « Dieu a-t-il vraiment dit : "Vous ne mangerez aucun des fruits des arbres du jardin" ? », et on finit par crucifier Dieu le Fils ! Chaque fois que nous désobéissons à l'un des Dix Commandements confiés à Moïse, nous crucifions notre Sauveur !... Chaque fois que nous péchons contre la Loi de Dieu qui nous commande d'aimer toutes Ses créatures, nous poussons Pilate à condamner Jésus ; chacun de nos péchés hurle "à mort ! crucifie-le", afin qu'Il Se taise définitivement et qu'on n'entende plus parler de Lui. Mais patatras ! Jésus est ressuscité, et Il est le personnage de l'Antiquité dont on parle le plus aujourd'hui : 2000 ans après son Ascension dans le Ciel, la Bible reste le livre le plus traduit et le plus vendu dans le monde. On ne peut pas faire taire Celui qui dit (Jean 14/6) « C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi ». L'athéisme est une impasse au fond de laquelle se trouve l'enfer.

Dans la parabole des noces du Fils de Dieu, les invités se récusent car ils se savent pécheurs. Ils se sentent indignes de la grâce divine (Matthieu 22/8) : « Alors il dit à ses serviteurs : "Les noces sont prêtes, mais les invités n’en étaient pas dignes." ». Et en effet, leur indignité résulte de leur manque de connaissance de Dieu, de Sa bonté et du pardon qu'Il offre à tous ceux qui se repentent sincèrement de leurs péchés. Leur indignité résulte de leur refus de se repentir et de revêtir l'habit de noces que le Père leur offre pourtant gratuitement, puisque tout est payé par le Fils, Jésus-Christ crucifié. Leur indignité résulte de leur manque de foi, tout simplement.

En Matthieu 22/9-10, le Père dit : « Allez donc dans les carrefours et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez.". Ces serviteurs s’en allèrent sur les routes, ils rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons, et la salle des noces fut remplie d’invités. ». Finalement, le peuple élu s'étant récusé, ce sont les autres peuples qui prennent sa place au festin des noces de l'Agneau. Mais faites bien attention à ceci : Tous ont revêtu l'habit de noces (Apocalypse 7/14c) : « Ils ont lavé leur robe, ils l’ont blanchie dans le sang de l’Agneau ». Tous sauf un : « le fils de perdition » (Jean 17/12) qui s'est repenti trop tard : Oui, trop tard « car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, chacun pliera le genou devant moi et toute langue rendra gloire à Dieu » (Romains 14/11), que ce soit au ciel ou dans le bas-fond fond de l'enfer. Tous ceux qui seront en enfer se repentiront, mais trop tard. La mort les a surpris avant. En perdant la vie sans s'être repentis de leurs péchés, ils ont perdu la partie ; ils sont dans le mauvais camp, car ils ont pris la mauvaise voie (Deutéronome 11/26-28a) : « Regarde ! Je mets aujourd’hui devant vous la bénédiction et la malédiction : la bénédiction si vous obéissez aux commandements de l’Éternel, votre Dieu, que je vous prescris aujourd’hui ; la malédiction si vous n’obéissez pas aux commandements de l’Éternel, votre Dieu, et si vous vous détournez de la voie que je vous prescris aujourd’hui ».

Et ces Commandements se résument d'un mot : Aimer. Il suffit d'aimer Dieu et Ses créatures (pas seulement les animaux !) et d'agir en conséquence (Jacques 1/22) : « Mettez en pratique la parole et ne vous contentez pas de l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements ». Et (Éphésiens 5/15-18) : « Faites donc bien attention à la façon dont vous vous conduisez : ne vous comportez pas comme des fous, mais comme des sages : rachetez le temps, car les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas stupides, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin : cela mène à la débauche. Soyez au contraire remplis de l’Esprit ». Et l'Esprit que Dieu met en nous est un esprit d'amour (Galates 5/22) : « le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi ». Il faut être fou à lier pour renoncer à l'Esprit de Dieu et à Ses dons et se vautrer dans la méchanceté. C'est tout simplement se suicider spirituellement ! Ni plus, ni moins.

Et la moindre des politesses envers Dieu qui nous a élus et nous promet le paradis céleste en Sa glorieuse présence est de Le remercier pour Ses multiples bénédictions (Éphésiens 5/20) : « remerciez constamment Dieu le Père pour tout, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ». Les mondains qui s'enivrent de vin sont des ingrats. Non seulement ils rejettent leur Créateur, mais ils renoncent à Ses bénédictions parce qu'il leur en coûterait d'avoir à Le remercier, et parce qu'ils sont spirituellement aveugles, conduits par des aveugles comme eux (Luc 6/39) : « Un aveugle peut-il conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans un fossé ? ». Ils s'enivrent pour ne plus voir qu'ils sont aveugles… Et Paul poursuit en précisant les bonnes relations entre Chrétiens (Éphésiens 5/19) : « dites-vous des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ; chantez et célébrez de tout votre cœur les louanges du Seigneur ». Où sont les veillées d'antan, où l'on chantait des hymnes et des cantiques en famille ou entre voisins ? Il n'y a plus guère que les Amish qui le font, car ils n'ont pas la télévision ! Si les programmes de la télévision étaient chrétiens, passe encore ! Mais ils sont déplorables : ils sont la fenêtre par laquelle tous les vices du monde pénètrent jusqu'au cœur de nos foyers, que ce soit par des films décadents ou même par les journaux télévisés. On dirait que seuls les malheurs soient dignes d'y figurer et d'être relatés en images. Les bonnes actions des hommes et femmes de bien sont passées sous silence ; est-ce afin que personne ne se vante ? J'en doute. Mais en maintenant les peuples dans une atmosphère déprimante, on leur coupe les bras et les jambes. Ne cherchez pas plus loin la cause de l'apathie générale devant le mal ; une apathie qui confine à la tolérance, à l'acceptation et à la complicité avec le mal, par l'immobilisme et l'absence de saine réaction ou protestation.

Paul nous invite enfin à nous soumettre les uns aux autres (Éphésiens 5/21) : « soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Dieu ». Il faut préciser le sens de cette soumission, car il convient d'éviter l'erreur selon laquelle chaque Chrétien pourrait commander aux autres, sous le prétexte qu'ils doivent lui être soumis (Luc 6/40) : « Le disciple n’est pas supérieur à son maître, mais tout disciple bien formé sera comme son maître ». En Christ, et par la foi, nous sommes tous égaux. Nous n'avons qu'un seul chef : Jésus-Christ. Lorsque Paul nous invite à nous soumettre les uns aux autres, il emploie le verbe grec upotasso. Ce verbe peut être traduit par mettre, ranger en dessous. Paul nous invite par là à l'humilité et à nous considérer comme inférieurs aux autres, pour les servir en leur faisant librement du bien, plutôt que de s'enfler d'orgueil et vouloir commander autoritairement, ou ramper devant des petits chefs. L'Église de Jésus-Christ ne doit pas être le lieu du caporalisme. Les ambitieux ne visent que le Ciel, pour eux et pour leurs proches.

Si nous sommes dans l'Église de Christ, c'est pour Le louer et Lui rendre grâces, gratuitement. Pas pour autre chose. Ceci n'exclut pas une certaine émulation et comme un concours dans le bien-faire. Prenons en exemple ceux et celles qui y réussissent le mieux. Pensons à William Booth, le fondateur de l'Armée du Salut, ou à Lord Baden-Powell, l'inventeur du scoutisme, ou tout simplement à Tabitha qui « faisait beaucoup de bien et donnait de son argent aux autres » (Actes 9/36b) ; « Toutes les veuves l’entourèrent en pleurant et lui montrèrent toutes les robes et les manteaux que faisait Tabitha quand elle était avec elles » (Actes 9/39c). Mes amis, vous le comprenez maintenant : dans l'Église de Christ, il n'est point besoin de sécurité sociale, car l'entraide y est spontanée. C'est poussés par l'Esprit de Dieu et par l'amour qu'Il met en nous que nous nous rendons solidaires les uns des autres. C'est ainsi que nous nous perfectionnons en vue du royaume des cieux (Colossiens 3/14) : « Mais par-dessus tout cela, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection ». « C’est en cela que l’amour est parfait en nous, de sorte que nous aurons de l’assurance le jour du jugement parce que nous sommes dans ce monde tels que lui, il est » (1 Jean 4/17). Préparons-nous donc à notre glorification dans le Ciel, lors du retour de Christ en gloire. Car nous serons UN avec Lui, nous qui avons été appelés et élus par Lui et en Lui dès avant la fondation du monde. Amen.

Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.

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