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VOIX CRIANT DANS LE DÉSERT

SERMON pour le 2ème dimanche après l’Épiphanie

Traduction d’une méditation biblique éditée par le Très Révérend Jerry L. OGLES,

Docteur en Théologie et évêque métropolite de l’Anglican Orthodox Church.

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COLLECTE : « Dieu éternel et tout-puissant, qui gouvernes toutes choses au ciel et sur la terre ; exauce, dans ta miséricorde, les supplications de ton peuple, pendant toute notre vie ; par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen. ».

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ÉVANGILE : « Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu ; selon qu'il est écrit dans les Prophètes : voici, j'envoie mon messager devant ta face, lequel préparera ta voie devant toi. La voix de celui qui crie dans le désert [dit] : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. Jean baptisait dans le désert, et prêchait le Baptême de repentance, pour obtenir la rémission des péchés. Et tout le pays de Judée, et les habitants de Jérusalem allaient vers lui, et ils étaient tous baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, confessant leurs péchés. Or Jean était vêtu de poils de chameau, et il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Et il prêchait, en disant : il en vient un après moi, qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier en me baissant la courroie des souliers. Pour moi, je vous ai baptisés d'eau ; mais il vous baptisera du Saint-Esprit. Or il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean au Jourdain. Et en même temps qu'il sortait de l'eau, [Jean] vit les cieux se fendre, et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe. Et il y eut une voix des cieux, [disant] : tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » (Marc 1/1-11).

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Il est peu vraisemblable que vous vous souveniez du jour de votre naissance. Avec quels mots pourriez-vous l’exprimer, puisque vous n’en aviez aucun en tête au moment de votre naissance ? Mais nous nous souvenons tous du jour où Christ est né à Bethléem, bien avant notre naissance. Comment le savons-nous ? Parce que Dieu a établi Sa Parole pour que nous le sachions et le comprenions. Mais le fait d’avoir la Parole de Dieu, et de la connaître intellectuellement, ne garantit pas que nous CONNAISSIONS vraiment Sa Parole, et en plus, que nous Le connaissions Lui ! Si vous pensez que vous avez commencé à exister le jour de votre naissance, vous avez tort. Vous avez été conçu neuf mois auparavant ; et si vous croyez que vous avez commencé à exister au moment de la conception, vous auriez encore tort parce que Dieu vous connaissait et a conçu votre être dans l’éternité passée. « Selon qu'il nous avait élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui en charité. Nous ayant prédestinés pour nous adopter à soi par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Éphésiens 1/4-5). Qu’est-ce que l’Apôtre St Marc veut dire par les premiers mots de son Évangile : "Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu" ?

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Avant tout, Marc ne veut pas dire par là que son récit soit l’Évangile de St Marc (bien qu’on l’appelle ainsi pour simplifier). Il définit son texte comme l’Évangile de Jésus-Christ, pour autant que nous le sachions. C’est la révélation des vérités magnifiques qui ont existé depuis toujours mais qui ne nous ont été révélées qu’au moment choisi par Dieu. Cela ne veut pas dire, par exemple, ‘Commencement de Jésus-Christ’, car Il a toujours existé avec le Père et le Saint-Esprit, éternellement. « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu ; et cette parole ÉTAIT Dieu » (Jean 1/1). Pour accomplir la promesse de Dieu à Abraham et à sa descendance spirituelle, Christ est venu dans la plénitude du temps pour réaliser tout ce qui avait été dit à Son sujet par les prophètes.

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En prenant possession d’une nouvelle terre, tout grand Souverain se fait précéder par des émissaires qui préparent sa visite, organisent sa réception par le peuple hôte, et annonce sa venue. L’Évangile est une annonce de ce type. Les émissaires publient, bien qu’imparfaitement, quelle est la nature du Souverain qui vient. Si le Souverain s’intéresse particulièrement aux pauvres et aux déprimés, l’émissaire doit donc planifier les événements, s’assurer que la voie est dégagée de telle sorte que ceux qui sont spécialement convoqués puissent lui être présentés. Les anciens prophètes ont parlé avec profusion de ce Souverain qui allait venir, mais ils ont aussi annoncé son émissaire. « Voici, je m'en vais envoyer mon messager, et il préparera la voie devant moi, et incontinent le Seigneur que vous cherchez entrera dans son Temple, l'Ange, dis-je, de l'alliance, lequel vous souhaitez ; voici, il vient, a dit l'Éternel des armées. » (Malachie 3/1). La vérité est immuable et elle résonne, non seulement sur de grandes distances, mais aussi à travers le temps. Il est donc juste et bon que Marc donne comme un écho qui nous rappelle les grandes prophéties visant le dénommé Jean-Baptiste : « La voix de celui qui crie dans le désert [dit] : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers ».

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Je suis toujours frappé par la précision de la description de Jean-Baptiste. Il crie, non pas parmi les fausses Lumières de la ville, mais dans le désert. Si des hommes viennent écouter « la voix de celui qui crie dans le désert », il faut qu’ils aient un motif sérieux pour quitter le confort de Jérusalem et faire le déplacement. Ils sont soit poussés par le Saint-Esprit (c’est le cas de ceux dont le cœur est une bonne terre, propre à produire du fruit), ou par l’esprit de l’Antéchrist qui envoie ses espions afin d’étudier par quel moyen ils pourraient anéantir en eux l’espérance naissante d’un Rédempteur. Nous avons le même phénomène aujourd’hui avec les deux sortes : ils sont DANS l’Église, plus qu’en dehors. Le vêtement de Jean-Baptiste susciterait le dédain des grandes Églises d’aujourd’hui. « Or Jean avait son vêtement de poil de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins, et son manger était des sauterelles et du miel sauvage » (Matthieu 3/4). L’apparence de Jean n’avait rien de spécial, certainement, mais il y avait certainement quelque chose d’une importance suprême dans ce détail ! Il n’était à charge d’aucun de ceux qu’il enseignait, contrairement à de nombreux prédicateurs intéressés recherchant un profit déshonnête. Personne ne lui apportait de la viande ni du vin ; il se contentait de sauterelles et de miel. Il ne portait pas un complet-veston de chez Armani ou Gucci, mais bien plutôt une robe en poil de chameau et une ceinture de cuir sur ses reins. Les Pharisiens et les chefs Juifs avaient bien du mal à comprendre Jean. Il semblait vulgaire et ordinaire, mais ses paroles étonnaient et captivaient les foules qui se pressaient pour l’écouter dans le désert. Ils ne pouvaient tout simplement pas abaisser leur dignité et quitter leur tas de fumier de sophismes religieux pour atteindre le pinacle de la simple droiture et de la vérité caractérisant la prédication de Jean.

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Jean ne parlait pas d’un ton égal quand il prêchait : il rugissait le message du Sauveur qui allait venir, comme quelqu’un qui « crie dans le désert ». Le message s’adressait à tous les croyants – pas à ceux qui manquaient de foi ou de bonne volonté. Cette Voix nouvelle ouvrait les chambres obscures du cœur, dans la poitrine de bien des hommes et femmes, à une Vérité qui leur semblait nouvelle et leur redonnait espoir. Et ce n’était pas dans les colonnades de marbre poli du Temple de Jérusalem qu’ils ont appris cette espérance, mais dans un désert solitaire. Vous êtes-vous demandé pourquoi on entend beaucoup plus clairement la Voix de Dieu dans un lieu tranquille, contrairement au tohu-bohu de la ville ? Le point du discours de Jean qui me touche le plus est le fait que tous ceux qui prêchent l’Évangile sont une Voix qui crie dans le désert. Il arrive parfois qu’on soit incité à aller dans un parc pour écouter un discoureur ; mais on ne voyage pas jusqu’au désert pour entendre les paroles d’un homme habillé de poil de chameau avec une ceinture de cuir, à moins qu’il ne se dégage une force puissante très spéciale de son message. Ai-je dit SON message ? J’aurais dû dire « l’Évangile de Jésus-Christ ». CE message-LÀ vaut bien qu’on traverse un désert pour l’écouter ! Si vous êtes un serviteur de Dieu, ou un témoin engagé, vous serez vous aussi une Voix criant dans le désert, appelant les hommes et les femmes à emprunter la voie du Seigneur, et pas la grande route descendant en enfer. « Entrez par la porte étroite ; car c'est la porte large et le chemin spacieux qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par elle. Car la porte est étroite, et le chemin est étroit qui mène à la vie, et il y en a peu qui le trouvent. » (Matthieu 7/13-14).

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Si un homme prêche tout le Conseil de Dieu avec amour, les foules urbaines ne s’amasseront pas pour l’écouter. C’est pourquoi j’espère que les serviteurs de Dieu cultivent le terrain et sèment la bonne semence sans s’attendre à de grands succès aux yeux du monde. Le monde ne saura jamais ce que sont la Vérité et la Joie en Christ. Si le nombre de ceux qui traversent le désert est réduit, réjouissez-vous du peu qu’ils sont ! Nous semons la graine de l’Évangile, mais sa germination en terre, son éclosion au soleil sont de la responsabilité du Saint-Esprit. Il travaille dans l’obscurité de la terre, invisible à l’œil humain, en créant une vie nouvelle dans le cœur du converti.

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J’aime Jean-Baptiste comme s’il était mon frère ! Et il l’est sûrement ! Qu’est-ce qui pourrait décourager l’amour, chez Jean ? Il dit la vérité, comme un ami sincère, même quand elle fait mal et provoque nos larmes. Il est fidèle et sincère. Enfin, il est HUMBLE ! Nous sommes souvent enflés d’orgueil par nos petits succès, ou même par une connaissance supposément supérieure des Saintes Écritures. Et pour quel motif, alors que la Parole que nous délivrons n’est pas la nôtre, mais celle d’un Autre : celle de Dieu ?

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« Et il prêchait, en disant : il en vient un après moi, qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier en me baissant la courroie des souliers. Pour moi, je vous ai baptisés d'eau ; mais il vous baptisera du Saint-Esprit ». À l’époque de Jean, c’était au dernier des serviteurs de la maison qu’il incombait de délacer les sandales des invités, et de leur laver les pieds. Mais Jean ne s’estimait même pas digne de servir le Seigneur ni de Son amitié, pas plus que vous et moi. S’Il nous appelle à Le servir, Il nous en rend dignes par la Justice qu’Il nous impute.

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Le devoir de tout croyant est d’être baptisé publiquement. C’est le moyen par lequel, comme pour la circoncision, nous entrons dans l’Alliance avec Christ et Son Église. La foi doit également être l’œuvre du Saint-Esprit dans le cœur. Quand, par la grâce de Dieu, la foi est confirmée dans un « cœur brisé et contrit » (Ps. 51/19), c’est que le Saint-Esprit a baptisé ce cœur dans les lieux célestes.

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« Pour moi, je vous ai baptisés d'eau ; mais il vous baptisera du Saint-Esprit ». Ce n’est pas la forme extérieure du baptême qui est efficace devant Dieu, mais la grâce spirituelle et intérieure – sinon ce n’est qu’une œuvre humaine. C’est comme l’appel au ministère et sa reconnaissance par l’Église au cours de l’ordination qui s’ensuit. Si la tête est ordonnée afin de prêcher et que le cœur ne l’est pas, l’autorité de prêcher n’est pas conférée. « [Il y a] un seul corps, un seul Esprit, comme aussi vous êtes appelés à une seule espérance de votre vocation. [Il y a] un seul Seigneur, une seule foi, un seul Baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est sur tous, parmi tous, et en vous tous. » (Éphésiens 4/4-6). Faut-il être baptisé une deuxième fois ? Certainement pas ! Il y a un seul baptême pour la rémission des péchés. Le Saint-Esprit investit le cœur au moment du baptême, juste comme nous Le voyons présent sous la forme d’une colombe au baptême de notre Seigneur.

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« Or il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean au Jourdain ». « Or il arriva… » J’aime la façon toute simple que Dieu emploie pour parler d’un moment capital ! Il arriva… c’est sûr, mais ce n’était pas par hasard – ce moment était ordonnancé depuis l’éternité passée ! Quand toutes les étoiles du Ciel furent parfaitement alignées ; quand toutes les paroles des prophètes se sont réalisées en temps voulu ; quand Christ fut incarné et fait homme à notre ressemblance ; quand l’approbation de Dieu le Père fut tonnée du haut des Cieux à travers les temps, Christ fut baptisé par Jean dans les grandes eaux du Jourdain. Cela nous semble décalé, mais ce ne l’est pas pour Dieu. Il y avait un temps déterminé pour votre venue à Christ. Est-ce que vous sentez que votre venue était accidentelle, ou un fait exprès ?

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J’espère que vous avez remarqué la présence de la divine Trinité au baptême de Christ : Père, Fils et Saint-Esprit ! « Et en même temps qu'il sortait de l'eau, [Jean] vit les cieux se fendre, et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe. Et il y eut une voix des cieux, [disant] : tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. ». Le Saint-Esprit est descendu au moment même du baptême, pas après un délai de plusieurs mois ou années ; et la Voix joyeuse du Père tonna du haut du Ciel ! Avez-vous ressenti l’amour et le réconfort de Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint-Esprit à votre baptême ou à votre confirmation ? Même si vous ne l’avez pas ressenti, la Trinité était présente lorsque vous avez affirmé votre foi dans le baptême. « Je vous dis, qu'il y aura de même de la joie au ciel pour un seul pécheur qui vient à se repentir, plus que pour quatre-vingt dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de repentance » (Luc 15/7).

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