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SERMON pour le mercredi des Cendres

 

Joël 2/12-17 ; Matthieu 6/16-21

 

JEÛNE ET REPENTANCE

 

 

Contrairement à une opinion répandue par et parmi les hypocrites, le jeûne et la repentance ne sont pas des moments pénibles, mais de joie bien comprise, si toutefois nous regardons plus loin que le bout de notre nez. Le jeûne est en effet une privation, et la repentance une humiliation. Mais ce ne sont pas des pertes pour autant, puisqu'ils nous font grandir dans la piété et la sainteté. Ce n'est pas rien ! De plus en plus de gens font du sport ou de la musculation, faisant tous leurs efforts pour améliorer leur apparence et leur santé. Ils s'entraînent durement ; ils suent ; ils soufflent ; ils rendent leurs tripes ; ils donnent toute leur énergie pour parvenir au but qu'ils se sont fixés. Eh bien, en matière de piété, c'est pareil : nous consentons quelques sacrifices d'ego et d'amour-propre afin de progresser sur l'échelle de Jacob, celle qui mène au ciel (Genèse 28/10-15) : « Jacob partit de Beer-Shéba et prit la direction de Charan. Arrivé à un certain endroit, il y passa la nuit car le soleil était couché. Il prit une pierre dont il fit son oreiller et il se coucha à cet endroit. Il fit un rêve : une échelle était appuyée sur la terre et son sommet touchait le ciel ; des anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. L’Eternel se tenait au-dessus d’elle, et il dit : Je suis l’Eternel, le Dieu de ton grand-père Abraham et le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je te la donnerai, à toi et à ta descendance. Ta descendance sera pareille à la poussière de la terre : tu t’étendras à l’ouest et à l’est, au nord et au sud, et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta descendance. Je suis moi-même avec toi, je te garderai partout où tu iras et je te ramènerai dans ce pays, car je ne t’abandonnerai pas tant que je n’aurai pas accompli ce que je te dis ». C'est ainsi que Jacob-Israël a vu Dieu, tout en haut de l'échelle de la sainteté.

 

Avec ce passage, nous apprenons le contraste extrême qu'il y a entre l'homme et Dieu. Dieu est le grand Dieu Saint, élevé, Créateur, Tout-Puissant, Maître de l'Univers, qui dirige les événements à Sa guise, fait grâce à qui Il a choisi et tient Sa Parole, car Il est le Dieu Fidèle, immuable et impassible. En revanche nous sommes comparés à « la poussière de la terre » : nous sommes spirituellement ce qu'il y a de plus petit dans le monde visible, de plus léger, de plus bas aussi, et de plus méprisable. Chaque année, le jour des Cendres, nous nous rappelons cette vérité et nous prenons pleinement conscience de notre humble état de pécheurs dont le Salut éternel dépend entièrement de notre Père du Ciel.

 

Nous n'avons pas lieu de nous vanter car (Romains 3/23-28) : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. C’est lui que Dieu a destiné à être par son sang une victime expiatoire pour ceux qui croiraient. Il démontre ainsi sa justice, puisqu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, à l’époque de sa patience. Il la démontre dans le temps présent de manière à être juste tout en déclarant juste celui qui a la foi en Jésus. Où est donc la raison de se montrer fier ? Elle a été exclue. Par quelle loi ? Par celle des œuvres ? Non, par la loi de la foi.  En effet, nous estimons que l’homme est déclaré juste par la foi, indépendamment des œuvres de la loi ». Non seulement nous avons tous personnellement péché et dévié de la sainteté originelle, mais nous sommes solidaires du péché d'Adam le désobéissant. Nous recevons et nous transmettons à nos enfants ce trouble transgénérationnel qu'on appelle le péché originel. Et nous pouvons faire tous nos efforts pour nous en laver et nous en débarrasser, comme Lady Macbeth de sa tache de sang sur sa main criminelle, la tache réapparaît toujours. Eh oui ! nous sommes poussière, et la poussière, c'est de la saleté ! En faisant le ménage chez soi, nous tentons de la balayer, de l'aspirer, de la rejeter au dehors ; mais rien n'y fait : il en revient toujours. Nos efforts sont vains, complètement inutiles. Car nous sommes si petits, si faibles, si ignorants, si crasseux… Et il n'y a qu'un seul moyen de nous améliorer, c'est de nous alléger par le jeûne et de nous humilier par la repentance. Nous gravissons ainsi plus facilement l'échelle de Jacob. Nous élevons notre regard afin d'éviter la sensation du vertige et nous gardons les yeux fixés vers notre but qui est le Ciel, et sur Celui qui nous y attend : Notre Seigneur et Rédempteur, Jésus-Christ le Juste.

 

Notre péché est toujours là, il est ineffaçable. La Loi de Moïse nous condamne, car nous sommes incapables de l'observer en totalité : qui d'entre nous a toujours respecté le repos du Sabbat ? qui d'entre nous n'a jamais récriminé contre ses parents ? quel enfant n'a jamais menti en accusant un camarade de jeu ? qui d'entre nous n'a jamais convoité ni volé le bien d'autrui ? Un seul péché nous ouvre les portes de l'enfer éternel. Et nous n'avons aucun motif de nous en plaindre, car nous savons que ce n'est que justice : nous l'avons bien mérité. Mais nous avons un Sauveur qui nous a arrachés à cet enfer en Se livrant à la mort sur une croix, payant ainsi à Satan le prix des âmes de ceux dont le nom est inscrit dans le Livre de Vie, telle la liste de Schindler des Juifs épargnés au moment de la Shoah. Oui, nous serons épargnés au jour du Jugement dernier, si nous avons foi en Christ, si nous Lui faisons confiance et si nous croyons fermement qu'Il a la puissance de nous délivrer, de nous laver et de nous adopter comme Ses frères et sœurs.

 

Quand Pierre refusait que Christ lui lavât les pieds, Jésus lui fit une réponse énigmatique qui l'amena à changer d'avis (Jean 13/4-9) « Il se leva de table, quitta ses vêtements et prit un linge qu’il mit autour de sa taille. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait autour de la taille. Il arriva donc vers Simon Pierre qui lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite. Pierre lui dit : Non, jamais tu ne me laveras les pieds.  Jésus lui répondit : Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ! ». Tel un sportif olympique, Pierre est motivé ! Et si le bassin était assez grand pour le contenir, il se serait jeté à l'eau sans plus réfléchir ni tergiverser, sachant désormais que sa vie éternelle en dépendait. Mais Christ utilisait de l'eau qui ne lave pas en soi du péché ; il l'utilisait comme un symbole d'un autre agent purificateur, bien supérieur puisqu'il est descendu du Ciel, tout en haut de l'échelle : Son propre Sang (Apocalypse 1/5-6) : « Jésus-Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le chef des rois de la terre ! À celui qui nous aime, qui nous a lavés de nos péchés par son sang et qui a fait de nous un royaume, des prêtres pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la domination aux siècles des siècles ! Amen ! ».

 

Christ n'est pas descendu du Ciel pour faire du tourisme. Il n'en avait pas besoin, car Il voit tout, depuis le trône de Dieu. Il nous voit, en ce moment, réunis dans la foi autour de Sa Parole représentée par la Bible et de Sa Personne représentée par la croix, le pain et le vin. Christ est descendu du Ciel pour nous racheter, nous sauver, et nous emmener avec Lui, dans Son Royaume (1 Thessaloniciens 4/14-17) : « En effet, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, nous croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. Voici ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur : nous les vivants, restés pour le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts. En effet, le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous qui serons encore en vie, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». En revanche, nous avons besoin de Christ pour nous sauver et nous racheter (1 Corinthiens 15/57-58) : « Mais que Dieu soit remercié, lui qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! Ainsi, mes frères et sœurs bien-aimés, soyez fermes, inébranlables. Travaillez de mieux en mieux à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas sans résultat dans le Seigneur ».

 

Notre point de départ est la terre, que nous quitterons pour aller dans les airs à la rencontre du Seigneur. C'est là que l'échelle de Jacob est plantée (Genèse 23/12a) : « une échelle était appuyée sur la terre ». Mais pour ce qui est de monter au Ciel, nous prendrons l'ascenseur ! (1 Thessaloniciens 4/15b) : « … nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs ». Et c'est ainsi que Christ S'est abaissé à mourir pour des poussières de la terre, afin d'en sauver quelques-unes de la malédiction que nous partageons avec Adam, notre père dans le péché et la désobéissance, subissant la même peine que lui (Genèse 3/17-19) : « Il dit à l’homme : Puisque tu as écouté ta femme et mangé du fruit au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : ‘Tu n’en mangeras pas’, le sol est maudit à cause de toi. C’est avec peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. Il te produira des ronces et des chardons, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, et ce jusqu’à ce que tu retournes à la terre, puisque c’est d’elle que tu as été tiré. Oui, tu es poussière et tu retourneras à la poussière. ».

 

Pour être sauvé, il ne sert à rien de nier la vérité. Comme Pierre qui refusait que Christ lui lavât les pieds avant de changer d'avis en reconnaissant son besoin d'être spirituellement purifié de ses péchés, mieux vaut reconnaître tout de suite que nous avons péché et nous humilier sous le sac et la cendre, en jeûnant et en nous réjouissant de savoir que nous avons échappé au Jugement, par la foi en Christ. Tel est le sens du mercredi des Cendres et du Carême.

 

Comprenez enfin les paroles de notre Seigneur Christ (Matthieu 6/16) : « Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme les hypocrites. En effet, ils présentent un visage tout défait pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense ». Notre récompense est tout autre : ce sera de vivre dans la présence de Dieu, dans le Ciel - alors qu'avons-nous à faire de l'opinion des mécréants ?... Et Christ poursuit son discours (versets 17-18) : « Mais toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage afin de ne pas montrer que tu jeûnes aux hommes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra ». Mais quelle joie de savoir cela !

 

Les hypocrites se font une belle marque de cendre sur le front, la partie la plus visible de notre corps, pour bien montrer qu'ils ont satisfait au rite de leur église, mais c'est un cœur en cendre que Dieu veut ! Dieu veut que nous nous attachions aux choses spirituelles, et que nous relativisions les choses de la terre. Ceux qui restent attachés à cette terre finiront poussières, en enfer. Tel est le sens de ces Paroles de Christ (Matthieu 6/19-21) : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler ! En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».

 

Aussi, le prophète Joël nous invite-t-il à la repentance (Joël 2/12-13) : « Maintenant encore, déclare l’Eternel, revenez à moi de tout votre cœur, avec des jeûnes, avec des pleurs et des lamentations. Déchirez votre cœur et non vos habits, et revenez à l’Eternel, votre Dieu, car il fait grâce, il est rempli de compassion, lent à la colère et riche en bonté, et il regrette le mal qu’il envoie. Qui sait ? Peut-être regrettera-t-il encore et laissera-t-il après lui la bénédiction, des offrandes végétales et liquides pour l’Eternel, votre Dieu ».  Oui, notre Père du Ciel se repent du mal qu'il nous envoie, si nous revenons à Lui avec un cœur brisé. En nous repentant du mal que nous avons commis ou provoqué, nous imitons notre Père et nous devenons semblables à Lui, c'est-à-dire à Son Image, comme le premier Adam, aux jours de la Création (Genèse 1/27a) : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu… ».

 

Si Dieu se repent du mal qu'Il envoie, comment n'en ferions-nous pas autant ? (Joël 2/17) : « Qu’entre le portique et l’autel les prêtres pleurent, les serviteurs de l’Eternel ! Qu’ils disent : Eternel, épargne ton peuple, n’expose pas ton héritage à l’insulte, aux moqueries des nations ! Pourquoi dirait-on parmi les peuples : ‘Où est leur Dieu ?’ ». Prions donc avec insistance notre Père de nous épargner, dans le jeûne et la repentance. Alors nous Le verrons nous ouvrir les bras aussi largement que Christ en croix, et nous serons dans la joie, une joie éternelle, à nulle autre comparable (Joël 2/15-16) : « Sonnez de la trompette dans Sion, proclamez un jeûne, une assemblée solennelle ! Rassemblez le peuple, formez une sainte réunion, rassemblez les vieillards, rassemblez les enfants, même les nourrissons ! Que le jeune marié sorte de son foyer, et la jeune mariée de sa chambre ! ». Il est en effet prudent et sain de jeûner, avant de nous rendre à Pâques au grand festin des noces de l'Agneau avec Son épouse qui est l'Église de Christ. Amen.

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