top of page

SERMON pour le 3ème dimanche du Carême

 

Éphésiens 5/1-14 ; Luc 11/14-28

 

JÉSUS ET LES DÉMONS

 

 

Mes bien chers frères, ne jugeons pas selon nos critères mondains, mais discernons les esprits d'après la Parole de Dieu. On juge l'arbre à ses fruits. « Ainsi tout bon arbre fait de bons fruits ; mais le mauvais arbre fait de mauvais fruits » (Matthieu 7/17). Notre Seigneur Jésus-Christ nous invite à faire le tri entre bons et mauvais prédicateurs (je tremble !) : (Matthieu 7/15-16) : « Or gardez-vous des faux Prophètes, qui viennent à vous en habit de brebis, mais qui au-dedans sont des loups ravisseurs. Vous les connaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on les raisins à des épines, ou les figues à des chardons ? ». Produisons donc de bons fruits, les fruits de la repentance (Éphésiens 5/1-2) : « Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme [ses] chers enfants ; et marchez dans la charité, ainsi que Christ aussi nous a aimés, et s'est donné lui-même pour nous en oblation et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur ».

 

Les Pasteurs sont les premiers visés par Christ et par la foule des croyants (1 Pierre 5/2-3) : « Paissez le Troupeau de Christ qui vous est commis, en prenant garde sur lui, non point par contrainte, mais volontairement ; non point pour un gain déshonnête, mais par un principe d'affection. Et non point comme ayant domination sur les héritages [du Seigneur], mais en telle manière que vous soyez pour modèle au Troupeau ». C'est ce que Paul demande à Timothée (1 Timothée 5/22) : « N'impose les mains à personne avec précipitation ; et ne participe point aux péchés d'autrui ; garde-toi pur toi-même ». Et après les Pasteurs, viennent les fidèles que Christ a faits « Rois et Sacrificateurs à Dieu son Père » (Apocalypse 1/6). Tous, nous avons reçu cette consigne : Soyez saints comme votre Père céleste est saint (1 Pierre 1/13-15) : « Vous donc, ayant les reins de votre entendement ceints, et étant sobres, espérez parfaitement en la grâce qui vous est présentée, jusqu'à ce que Jésus-Christ soit révélé ; comme des enfants obéissants, ne vous conformant point à vos convoitises d'autrefois, pendant votre ignorance. Mais comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi de même soyez saints dans toute [votre] conversation ». Car Paul s'adresse en effet « aux sanctifiés en Jésus-Christ, qui êtes appelés à être saints, avec tous ceux qui en quelque lieu que ce soit invoquent le Nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur [Seigneur] et le nôtre » (1 Corinthiens 1/2). Et le même Paul nous donne la clé de la sainteté (2 Corinthiens 6/6) : « En veilles, en jeûnes, en pureté ; par la connaissance, par un esprit patient, par la douceur, par le Saint-Esprit, par une charité sincère ».

 

La charité peut être imitée, quand elle n'est pas sincère. C'est le cas quand elle ne vient pas du fond du cœur. On assiste alors à un jeu hypocrite qui consiste à faire semblant d'aimer par devant, et à débiner par derrière, en rhabillant pour l'hiver ceux qui nous ont fait confiance par leurs confidences.

 

On traduit aussi le mot charité par le mot amour. Quelle différence entre les deux ? L'amour est souvent galvaudé et rabaissé au désir, à la convoitise et au plaisir. En revanche, la charité est une spécialité chrétienne ; elle vise à satisfaire les désirs, la convoitise et le plaisir de l'autre. La différence entre l'amour vulgaire et la charité chrétienne est que l'amour est égoïste, et la charité altruiste. Toute action charitable vise donc au bien de l'autre, non par devoir, mais par un élan sincère, tel celui qui a poussé le Père à nous envoyer Son Fils unique mourir à notre place sur une croix (1 Jean 4/10-12) : « En ceci est la charité, non que nous ayons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés, et qu'il a envoyé son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer l'un l'autre. Personne n'a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous, et sa charité est accomplie en nous ». Nous voyons Dieu à ses œuvres.

 

Et qu'avions-nous fait pour que le Père nous envoie son Fils ? Nous avons fait pitié à Dieu. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont eu pitié de nous, car nous étions tous prisonniers des griffes de Satan, sans rien pouvoir faire de bien, ni de bon, ne de juste. Nous n'avions aucun mérite, aucune bonne œuvre dont nous aurions pu nous vanter : « Mais Dieu signale son amour envers nous en ce que lorsque nous n'étions que pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5/8). Christ lui-même nous le répète (Luc 5/32) : « Je ne suis point venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs ». En dehors de Dieu, personne n'est juste. Mais Dieu nous déclare justes lorsque nous sommes justifiés par la foi dans le sacrifice unique de Christ à la croix, et lavés par Son Sang, qui nous est infusé, transfusé par le Saint-Esprit. Alors, Dieu manifeste Sa gloire en nous considérant comme saints - mais il s'agit de Sa sainteté qui nous est partagée, communiquée. Nous ne pouvons en aucun cas ni d'aucune manière devenir saints par nos bonnes œuvres, mais uniquement par la sainteté de Dieu en nous. Telle est la vision biblique que les Réformateurs nous ont laissée.

 

Dieu manifeste Sa gloire par nous, avec nous et en nous - non pas notre gloire mais la Sienne, comme Paul nous l'explique (Éphésiens 1/3-14) : « Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les [lieux] célestes en Christ. Selon qu'il nous avait élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui en charité. Nous ayant prédestinés pour nous adopter à soi par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté ; à la louange de la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables en son Bien-Aimé. En qui nous avons la rédemption par son sang, [savoir] la rémission des offenses, selon les richesses de sa grâce, laquelle il a fait abonder sur nous en toute sagesse et intelligence ; nous ayant donné à connaître selon son bon plaisir, le secret de sa volonté, lequel il avait premièrement arrêté en soi-même. Afin que dans l'accomplissement des temps qu'il avait réglés, il réunît tout en Christ, tant ce qui est aux cieux, que ce qui est sur la terre, en lui-même. En qui aussi nous sommes faits son héritage, ayant été prédestinés, suivant la résolution de celui qui accomplit avec efficace toutes choses, selon le conseil de sa volonté ; afin que nous soyons à la louange de sa gloire, nous qui avons les premiers espéré en Christ. En qui vous êtes aussi, ayant ouï la parole de la vérité, [qui est] l'Évangile de votre salut, et auquel ayant cru vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse ; lequel est l'arrhe de notre héritage jusqu'à la rédemption de la possession qu'il a acquise, à la louange de sa gloire ». Et le même Paul nous dévoile la cause de notre sainteté (Éphésiens 5/30) : « Car nous sommes membres de son corps, étant de sa chair, et de ses os ».

 

Comprenez-vous maintenant la réaction de la seule personne qui, parmi la foule des auditeurs de Notre Seigneur Jésus-Christ, ait compris la hauteur de Son message et qui a eu le courage de l'interpeller (Luc 11/27) : « Or il arriva comme il disait ces choses, qu'une femme d'entre les troupes éleva sa voix, et lui dit : bienheureux est le ventre qui t'a porté, et les mamelles que tu as tétées ». Et il fallait que ce soit une femme pour employer cette image de l'allaitement - elle savait de quoi elle parlait. Et la réponse de Christ ne s'est pas faite attendre (Luc 11/28) : « Et il dit : Mais plutôt bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ». À travers cette femme, Jésus nous invite à dépasser le stade du petit lait (1 Corinthiens 3/2-3) : « Je vous ai donné du lait à boire, et non pas de la viande, parce que vous ne la pouviez pas encore [porter] ; même maintenant vous ne le pouvez pas encore ; parce que vous êtes encore charnels. Car puisqu'il y a parmi vous de l'envie, et des dissensions, et des divisions, n'êtes-vous pas charnels, et ne vous conduisez-vous pas à la manière des hommes ? ». Or, nous sommes sensés nous conduire à la manière de Christ (Hébreux 5/8-14) : « Quoiqu'il fût le Fils [de Dieu], il a pourtant appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes. Et ayant été consacré, il a été l'auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent ; étant appelé de Dieu [à être] souverain Sacrificateur selon l'ordre de Melchisédech ; de qui nous avons beaucoup de choses à dire, mais elles sont difficiles à expliquer, à cause que vous êtes devenus paresseux à écouter. Car au lieu que vous devriez être maîtres, vu le temps, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne quels sont les rudiments du commencement des paroles de Dieu ; et vous êtes devenus tels, que vous avez encore besoin de lait, et non de viande solide. Or quiconque use de lait, ne sait point ce que c'est de la parole de la justice ; parce qu'il est un enfant ; mais la viande solide est pour ceux qui sont déjà hommes faits, [c'est-à-dire], pour ceux qui pour y être habitués, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal ». La viande solide, c'est écouter la Parole de Dieu et la garder. Lire la Bible. Écouter le sermon dominical. Prier avec persévérance avec le Livre de la Prière commune pour guide biblique. Telles sont les marques de la sainteté divine en nous.

 

En effet, notre nature de fils et filles d'Adam nous poursuit et nous use jusqu'à la mort. Nous mourons à cause du péché d'Adam. C'est ainsi. Et Paul ne dit pas le contraire (1 Corinthiens 15/22) : « Car comme tous meurent en Adam, de même aussi tous seront vivifiés en Christ ». Ils seront vivifiés par la foi et la grâce qui est en Christ, et non par leurs bonnes intentions, ni par le moyen des œuvres. Le péché originel choque ceux qui ne connaissent pas bien l'Évangile de Christ. Il leur paraît injuste de mourir à cause de la faute d'un autre et d'un inconnu, qui plus est. Mais la bonne nouvelle réside dans le contre-choc : Dieu rétablit Sa justice en nous vivifiant, si nous appartenons à Christ par la foi. Et cette vie qu'Il nous donne est éternelle, indestructible, car elle est hors d'atteinte des griffes de Satan.

 

Il reste un point à éclaircir : Comment être fort et bien armé pour garder notre maison contre les esprits impurs ? Comment éviter que ces esprits méchants reviennent squatter notre maison ? (Luc 11/21-22) : « Quand un homme fort et bien armé garde son hôtel, les choses qu'il a sont en sûreté. Mais s'il en survient un autre plus fort que lui, qui le surmonte, il lui ôte toutes ses armes auxquelles il se confiait, et fait le partage de ses dépouilles ». Nous ne pouvons pas compter sur nos propres armes, notre self-défense, mais seulement sur la puissance de Christ qui chasse les démons (Luc 11/20) : « Mais si je chasse les démons par le doigt de Dieu, certes le Règne de Dieu est parvenu à vous ». Et quel est ce doigt de Dieu, sinon ce même doigt qui a gravé les Tables de la Loi ? (Exode 31/18) : « Et Dieu donna à Moïse, après qu'il eut achevé de parler avec lui sur la montagne de Sinaï, les deux Tables du Témoignage ; Tables de pierre, écrites du doigt de Dieu ».

 

Pour rester fort dans la foi et bien armé pour résister aux esprits impurs, il nous faut retourner sans cesse à la Parole de Dieu, comme à la pompe à essence, sans quoi nous serons bientôt en panne sèche, et nous serons des proies faciles pour Satan. « … bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent », répond Jésus, Notre Seigneur et Sauveur. C'est la Loi de Dieu qui nous sauve, incarnée en Jésus-Christ. Une vraie Loi d'amour-charité envers Dieu, nos parents, notre prochain. C'est pourquoi le Livre de la Prière commune nous fait répéter le Décalogue une fois par mois et lors des grandes fêtes de l'année liturgique, afin de nous aider à surmonter les tentations et à éviter les pièges du Menteur et de ses esprits impurs.

 

Saint Augustin le dit dans ses Confessions, "Aime et fais ce que tu veux". Si nous aimons Dieu, alors nous voulons ce que Dieu veut. Et Dieu nous révèle Sa volonté dans la Bible, dont il a inspiré les textes aux prophètes-écrivains et aux Apôtres. Mais si nous ne nous nourrissons pas quotidiennement de l'Écriture Sainte, le démon ne tarde pas à revenir : « Alors il s'en va, et prend avec soi sept autres esprits plus méchants que lui, et ils entrent et demeurent là ; de sorte que la dernière condition de cet homme-là est pire que la première » (Luc 11/26).

 

Laissons-là l'orgueil et la vantardise. Restons simples et humbles, sachant que nous devons tout à Dieu notre Créateur et à Jésus-Christ notre Sauveur et Seigneur. (2 Corinthiens 4/1-7) : « C'est pourquoi ayant ce Ministère selon la miséricorde que nous avons reçue, nous ne nous relâchons point. Mais nous avons entièrement rejeté les choses honteuses que l'on cache, ne marchant point avec ruse, et ne falsifiant point la parole de Dieu, mais nous rendant approuvés à toute conscience des hommes devant Dieu, par la manifestation de la vérité. Que si notre Évangile est encore voilé, il ne l'est que pour ceux qui périssent. Desquels le Dieu de ce siècle a aveuglé les entendements, [c'est-à-dire], des incrédules, afin que la lumière de l'Évangile de la gloire de Christ, lequel est l'image de Dieu, ne leur resplendît point. Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais [nous prêchons] Jésus-Christ le Seigneur ; et [nous déclarons] que nous sommes vos serviteurs pour l'amour de Jésus. Car Dieu qui a dit que la lumière resplendît des ténèbres, est celui qui a relui dans nos cœurs, pour manifester la connaissance de la gloire de Dieu qui se trouve en Jésus-Christ. Mais nous avons ce trésor dans des vaisseaux de terre, afin que l'excellence de cette force soit de Dieu, et non pas de nous ».

 

Rendons grâce au Seigneur pour Sa Miséricorde envers nous qui sommes pécheurs. Amen.

bottom of page