SERMON pour le Vendredi Saint
Traduction d’une méditation biblique éditée par le Révérendissime Jerry Levon OGLES,
Docteur en Théologie et Évêque Métropolite de l’Anglican Orthodox Church.
« Pilate fit donc alors prendre Jésus, et le fit fouetter. Et les soldats firent une couronne d'épines qu'ils mirent sur sa tête, et le vêtirent d'un vêtement de pourpre. Puis ils lui disaient : Roi des Juifs, nous te saluons ; et ils lui donnaient des coups avec leurs verges. Et Pilate sortit encore dehors, et leur dit : Voici, je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve aucun crime en lui. Jésus donc sortit portant la couronne d'épines, et le vêtement de pourpre ; et Pilate leur dit : Voici l'homme. Mais quand les principaux Sacrificateurs et leurs huissiers le virent, ils s'écrièrent, en disant : Crucifie, crucifie. Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le crucifiez ; car je ne trouve point de crime en lui. Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, car il s'est fait Fils de Dieu. Or quand Pilate eut ouï cette parole, il craignit encore davantage. Et il rentra dans le Prétoire, et dit à Jésus : D'où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse. Et Pilate lui dit : Ne me parles-tu point ? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te crucifier, et le pouvoir de te délivrer ? Jésus lui répondit : Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'était donné d'en haut ; c'est pourquoi celui qui m'a livré à toi, a fait un plus grand péché. » (Jean 19.1-11).
Certains antinomiens parmi nous, considérant que la Loi est périmée, peuvent être surpris d’apprendre que Jésus a observé la Loi de Dieu à la perfection – même dans la mort. En fait, Jésus nous a sauvés en satisfaisant aux termes de la Loi. La loi exige que tous ceux qui pèchent soient condamnés à mort. « Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu est la vie éternelle par Jésus-Christ notre Seigneur. » (Romains 6.23). Vous vous êtes peut-être vu comme une exception à la race humaine, exempt de péché, mais que dit la Parole de Dieu d’une hypothèse aussi insensée ? « Selon qu'il est écrit : Il n'y a point de juste, non pas même un seul. Il n'y a personne qui ait de l'intelligence, il n'y a personne qui recherche Dieu. Ils se sont tous égarés, ils se sont tous ensemble rendus inutiles : Il n'y en a aucun qui fasse le bien, non pas même un seul. » (Romains 3.10-12). Peu importe la diligence avec laquelle nous recherchons entre les lignes, nous ne trouverons aucune exception à ce défaut fondamental de la nature humaine, ni en nous-mêmes, ni chez d’autres. Nous sommes donc reconnus coupables et méritons la peine de mort. Dieu est juste et ne peut pas supporter le péché dans le Ciel. La loi doit donc être accomplie. La mort doit être la sentence pour nos péchés. En fait, en tant que pécheurs, nous sommes déjà morts ! Mais Christ est venu pour subir cette peine de mort, pour nous. S’Il était Lui aussi pécheur, Il serait mort pour Ses propres péchés ; mais Il était pur et sans péché et le Seul qui pouvait être qualifié de Rédempteur. Et donc Il est venu et a payé ce prix horrible, au Calvaire.
Bien que le gouvernement romain ait été complice d’un simulacre de procès, le procurateur romain, Ponce Pilate, a tenté de trouver une raison de libérer Jésus. Il a proclamé publiquement qu’il avait déclaré Jésus innocent de toutes les accusations. Mais la plus grande culpabilité était endossée par les chefs religieux des Juifs, qui étaient religieux dans leur fierté, leur prestige et leur richesse ; mais très pauvres pour ce qui était de la foi en Dieu. J’ai entendu des Chrétiens sincères dire qu’il n’y a pas de degrés dans le péché – que chaque péché a le même poids que tous les autres. Cela est vrai en ce qui concerne le Salut, mais pas pour le degré de mauvaises intentions chez les auteurs du péché. « Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'était donné d'en haut ; c'est pourquoi celui qui m'a livré à toi, a fait un plus grand péché. ». Jésus déclare clairement que certains péchés sont plus graves que d’autres ; et il ne peut y avoir de plus grand péché que de déshonorer et de blasphémer le Fils de Dieu !
Il y a eu plus de 2.000 Vendredis saints, depuis le premier Vendredi saint. Beaucoup crucifieraient Christ à nouveau en acceptant apparemment Sa Seigneurie et Sa Souveraineté dans leur vie puis, par leurs actions pécheresses et leur hypocrisie, renient le sang versé pour eux. Nous savons tous que le mal doit venir et viendra, mais malheur à ceux par qui il vient. Notre Seigneur Jésus-Christ est venu mourir à notre place. C’est un fait absolu ! Mais Il est venu mourir par Sa propre volonté, et non par l’autorité de l’homme mortel. L’intention de l’homme envers Christ était mauvaise, mais l’homme n’avait pas le pouvoir de crucifier Jésus. Notre Seigneur l’a permis de Sa propre volonté et de Son propre dessein. « Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'était donné d'en haut ». Il est venu pour accomplir la Loi et nous imputer la justice parfaite, requise par le Père pour que nous entrions dans le Ciel. Son sacrifice était un sacrifice ‘une fois pour toutes’, qui est tout à fait différent de celui de la messe romaine. Mais Son sacrifice de sang au Calvaire porte des fruits permanents pour tous ceux qui recherchent la rédemption. Bien que, dans notre faiblesse de mortels, nous puissions échouer et faillir, Notre Seigneur Se tient sur les mers orageuses de la vie pour atteindre son enfant adoptif et nous sortir de la mer de péché dans laquelle nous pouvons souvent sombrer. Il n’a présenté aucune défense lors de Son procès devant Pilate parce que c’était Son intention d’aller jusqu’au bout, pour notre Salut. Il n’a jamais hésité ni jeté un regard nostalgique en arrière.
Il ‘rendit l’Esprit’ à 15 heures, à l’extérieur de Jérusalem, au moment même où l’Agneau pascal était sacrifié dans le Temple ; mais cet agneau du Temple n’apportait aucun avantage à quiconque. C’était l’Agneau de Dieu Jésus-Christ que cet agneau du Temple représentait, crucifié pour la guérison des nations. Le fidèle centurion qui avait été témoin de tous les événements de la journée fut forcé de le confesser et de glorifier Dieu : « En vérité, cet homme était le Fils de Dieu. » (Marc 15.39).
Au moment du décès de notre Seigneur, un événement singulier s’est produit qui est souvent négligé par les érudits bibliques occasionnels : « Et le voile du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas » (Marc 15.38). Certains considèrent cela comme un petit détail auquel il ne faut pas attacher d’importance particulière. Mais une telle hypothèse manque gravement la cible. Jusqu’au moment même de la mort sacrificielle de notre Seigneur, seul le souverain sacrificateur était autorisé à pénétrer derrière le voile du Saint des Saints et à intercéder en notre faveur auprès de Dieu, après le sacrifice de l’agneau pascal. Mais maintenant que le sacrifice unique et véritable que l’Agneau pascal illustrait depuis l’Exode de Goshen en Terre d’Égypte avait été accompli, il n’y avait plus besoin du voile de séparation entre Dieu et Son peuple. L’ayant déchiré de haut en bas (il n’aurait pas pu être déchiré de bas en haut puisque l’homme n’avait pas le pouvoir de supprimer la séparation), Dieu s’est rendu disponible pour Se laisser approcher directement par Son peuple, dans le Saint des Saints. Notre seul intercesseur, avocat et souverain sacrificateur est devenu notre Seigneur Jésus-Christ. Le Trône de Grâce est ainsi mis à la portée de tous ceux qui viennent à Lui. Nous n’avons besoin d’aucun homme ou prêtre pour nous absoudre du péché – seulement du Seigneur Jésus-Christ. Dans notre culte anglican, le ministre ne fait que prononcer la volonté de Dieu en absolvant tous ceux qui se repentent vraiment de leurs péchés.
Ce jour doit être considéré comme un jour des plus joyeux, pour ceux d’entre nous qui ont trouvé le pardon et la rédemption pour leurs péchés ; mais ce fut le jour le plus terriblement douloureux de toute l’éternité pour Dieu le Père que de voir son fils traité avec tant de déshonneur, de mépris et de cruauté. Aucun bienfait aussi grand n’a jamais été fait pour l’humanité, qu’il y a 2 000 ans.