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La pratique néo-testamentaire

II- LA PRATIQUE NÉOTESTAMENTAIRE

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Baptiser les enfants en général, sans distinguer les enfants de croyants des enfants de païens, fut une erreur de l'empereur Charlemagne, roi de France, à la suite de l'empereur romain Théodose qui rendit le christianisme obligatoire dans tout l'empire. Ce très catholique abus a ouvert la porte à bien des excès, en particulier lors des colonisations. Cependant, la pratique néotestamentaire du Baptême chrétien est plus nuancée. Elle se conforme à un ordre formel de Notre Seigneur Jésus-Christ, auquel les Apôtres ont obéi - Paul en particulier - et que certaines Églises remettent en cause en présentant des objections fondées sur la culture mondaine contemporaine.

 

A- L'ordre de baptiser

Contrairement à une idée répandue dans les milieux Chrétiens, Jésus-Christ n'a pas donné d'ordre de baptiser mais de former des disciples ; dans Son ordre missionnaire, le Baptême n'est donné que comme un moyen de faire entrer les peuples dans la famille de Dieu, l'Église. À la fin de l'Évangile de Matthieu, Jésus déclare en effet à Ses disciples : « Allant donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; [et] les enseignant de garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici, je suis toujours avec vous jusques à la fin du monde. Amen. » (Matthieu 28/19-20) (10). Le seul impératif est d'enseigner, en baptisant premièrement et en catéchisant ensuite. Ce verbe revient deux fois dans le même verset ! Les autres verbes sont au mode participe, ce qui indique qu'ils sont dépendants du verbe principal et donc secondaires par rapport à lui.

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Non seulement il s'agit d'enseigner ou d'instruire tous les peuples, mais de les discipliner, c'est à dire de les amener à une parfaite obéissance à la volonté du Dieu de justice, de pureté, de piété et de sainteté, pour tous Ses sujets. Un disciple doit être discipliné, faute de quoi il n'est qu'un hypocrite. Notre Seigneur Jésus-Christ met donc l'accent sur le comportement cohérent des disciples avec l'instruction reçue des Apôtres missionnaires. Ce changement de comportement, généralement appelé 'repentance', constitue à la fois un témoignage de conversion sincère et une sainte provocation adressée aux gens du dehors, les Juifs et les 'Gentils'. Pierre, appliquant ce principe, conclut ainsi sa première prédication devant les Juifs d'Israël et pèlerins de la Diaspora venus de toutes les parties du monde connu, le jours de la Pentecôte : « Et Pierre leur dit : Amendez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au Nom de Jésus-Christ, pour obtenir le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2/38). Son premier conseil est bien de s'amender, ce qui signifie changer d'état d'esprit, de manière de penser et de comportement, en se reconnaissant pécheur et dépendant pour son propre Salut de la seule grâce de Dieu, opérée par la mort sacrificielle de Jésus-Christ au Calvaire.

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Et c'est bien à ce même Jésus-Christ que le Baptême fait référence, et plus précisément à Son Nom : le nom de Jésus-Christ est déjà une déclaration de foi, puisqu'il signifie 'Dieu Sauveur, Messie, oint de Dieu'. Dans Son Nom réside tout Son pouvoir salvifique, comme l'exprime la doxologie qui accompagne la prière enseignée et ordonnée par le Seigneur : « Car à toi est le règne, et la puissance, et la gloire à jamais. Amen. » (Matthieu 6/13).

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Le pardon des péchés doit alors être conçu et vu comme une pure grâce d'en-haut, reçue de Dieu par fidélité à Sa Promesse, consécutivement à une repentance sincère : « Le Père aime le Fils, et il lui a donné toutes choses en main. Qui croit au Fils, a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils, ne verra point la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jean 3/35-36) ; et à cette promesse le croyant fidèle répond par une autre promesse en retour, venant d'un cœur contrit et soumis par l'Esprit de Dieu : « À quoi aussi maintenant répond la figure qui nous sauve, [c'est-à-dire], le Baptême ; non point celui par lequel les ordures de la chair sont nettoyées, mais la promesse faite à Dieu d'une conscience pure, par la résurrection de Jésus-Christ » (1 Pierre 3/21). Mais ce verset ne précise pas si cette conscience est celle du baptisé, de ses parents, ou de l'Église ; il laisse la porte ouverte à ces trois options, qui sont cumulables entre elles.

 

Le Saint-Esprit de Dieu n'est pas conféré lors du Baptême sacramentel, mais en raison du Baptême, ou plus exactement de la déclaration de foi avec promesse de soumission à la volonté de Dieu qui en est la condition. Le Saint-Esprit peut être conféré avant, pendant ou après le Baptême, à la seule discrétion du Père. Dieu, Notre Père, est saint. Nul ne peut entrer dans Son royaume s'il n'est pas sanctifié par la grâce qui est en Jésus-Christ, moyennant la foi en Son œuvre rédemptrice au Calvaire : Jésus, Lui qui était innocent, fut condamné à mourir sur une Croix à la place des pécheurs que le Père Lui donne : « J'ai manifesté ton Nom aux hommes que tu m'as donnés du monde ; ils étaient tiens, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole » (Jean 17/6). La peine de mort que nous méritions est retombée sur Lui ; ayant été exécutée, elle ne doit plus l'être à nouveau, ce qui libère le pécheur non seulement de la condamnation, mais encore de la culpabilité et de la mauvaise conscience que procure le péché.

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Ainsi, le Baptême lave l'âme du pécheur repentant, et l'eau est le signe de purification donné à Moïse pour ceux qui entrent dans le Temple de Dieu : « Quand ils entreront au Tabernacle d'assignation ils se laveront avec de l'eau, afin qu'ils ne meurent point » (Exode 30/20). Ceux qui ne sont pas nés de nouveau et purifiés par le Baptême restent dans l'état où ils ont été conçus et sont nés : morts spirituellement ; ils sont des morts-vivants, des cadavres ambulants, et « Quiconque aura touché le corps mort de quelque personne morte, et qui ne se sera point purifié, il a souillé le pavillon de l'Éternel ; c'est pourquoi une telle personne sera retranchée d'Israël ; car il sera souillé, parce que l'eau de séparation n'aura pas été répandue sur lui ; sa souillure [demeure donc] encore sur lui. » (Nombres 19/13).

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L'eau du Baptême est donc nécessaire au rite de purification et permet d'entrer dans le Temple de Dieu, Son pavillon céleste, mais elle est loin d'être le seul élément du rite baptismal ni même le principal qui est un engagement à vivre selon la douce volonté de Notre Père des Cieux. « … la figure qui nous sauve, [c'est-à-dire], le Baptême ; non point celui par lequel les ordures de la chair sont nettoyées, mais la promesse faite à Dieu d'une conscience pure, par la résurrection de Jésus-Christ » (1 Pierre 3/21). Et cette promesse est faite par les baptisés ou leur représentants légaux : leurs parents, assistés des parrains et marraines qui s'engagent à élever l'enfant dans la connaissance de la Bible et l'obéissance à la volonté de Dieu exprimée dans Sa Parole (11). Car lorsque Notre Seigneur Jésus-Christ ordonne à Ses Apôtres de baptiser toutes les nations, il ne leur commande pas de leur faire prendre un bain ni une douche, mais de les plonger dans la connaissance de Celui qui est Père, Fils, Esprit-Saint - le texte dit littéralement : « dans le Nom du Père et Fils et Saint-Souffle. » (12) (Matthieu 28/19). Le catéchisme est la première obligation liée au baptême et n'a rien de facultatif ni de secondaire. Notez qu'il n'y a qu'un seul Nom pour les trois personnes de la Trinité : un seul Dieu qui est Père, Fils, Souffle vital.

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L'ordre missionnaire de faire des disciples et de les faire entrer dans l'Alliance du Dieu saint avec Son peuple de rachetés, spirituellement purifiés et vivifiés par le Saint-Esprit, ne vise pas tant des individus isolés que des nations, c'est-à-dire des tribus, des familles, voire des pays tout entiers. Le terme grec « ethnê» a donné le mot français 'ethnie', qui désigne un "ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture" (13). Il s'agit donc d'évangéliser des groupes humains, grands ou petits, dans leurs cultures et langues respectives. Le don des langues, au jour de la Pentecôte, a permis cela. Et qui dira que les enfants ne font pas partie de ces groupes humains, dès lors qu'ils y grandissent, qu'ils y sont élevés et instruits dans une langue 'maternelle' ? Dans quel but croyez-vous que la Bible soit traduite dans toutes les langues de la terre, sinon pour discipliner toutes les ethnies (14) humaines, selon l'ordre missionnaire de Notre Seigneur ? C'est dans ce sens que l'apôtre des Gentils, Paul, l'a compris et vécu.

 

 

B- La pratique paulinienne

Paul faisait partie d'une ethnie bien définie : Juif de la Diaspora, né à Tarse en Asie Mineure - aujourd'hui en Turquie - Pharisien converti à Jésus-Christ sur la route de Damas, il parlait plusieurs langues, dont l'hébreu et le grec, ce qui le qualifiait pour prêcher l'Évangile de la grâce à ces deux ethnies, selon qu'il se décrit lui-même : « Certes je suis Juif, né à Tarse de Cilicie, mais nourri en cette ville aux pieds de Gamaliel, ayant été exactement instruit dans la Loi de nos pères, et étant zélé [pour la Loi] de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui » (Actes 22/3). Mais quelle était sa pratique du Baptême ?

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Paul n'est pas Jean-Baptiste. Il ne baptisait pas à tour-de-bras, préférant laisser cela à d'autres venant après lui, car il se spécialisait dans la prédication. Toutefois, il lui est arrivé de baptiser quelques individus : « Je rends grâces à Dieu que je n'ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaïus ; afin que personne ne dise que j'ai baptisé en mon nom » (1 Corinthiens 1/14-15), mais il continue au verset suivant en avouant ceci : « J'ai bien aussi baptisé la famille de Stéphanas ; du reste, je ne sais pas si j'ai baptisé quelque autre. » (1 Corinthiens 1/16). Dans le texte original grec, le mot ici traduit par famille est oikon, qui se traduit par 'maison', ou plutôt 'maisonnée' d'après le contexte (quand Paul baptise une 'maison', il ne mouille pas 4 murs et un toit !). Le terme famille est un peu trop réducteur, car une maisonnée englobe tous les habitants d'une maison, y compris les domestiques, ouvriers agricoles, esclaves et serviteurs pratiquant la même langue et vivant en communauté. De toute évidence, les petits enfants en font partie (15). Il n'est pas précisé si Stéphanas était eunuque, ni si ses enfants étaient déjà adultes (16). Le contraire est plus plausible, compte-tenu de l'espérance de vie réduite dans l'Antiquité.

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La culture juive de Paul était surtout biblique, étant zélé [pour la Loi] de Dieu (Actes 22/3). Il ne pouvait pas ignorer que dans la Bible, c'est justement la présence d'enfants qui définit une famille. Un couple sans enfants n'est pas une famille, mais un ménage s'ils sont mariés, ou un concubinage s'ils ne sont pas mariés. Et ce terme de famille figure au Psaume 113, expressément en rapport avec le fait d'avoir des enfants : « Lequel {l'Eternel} donne une famille à la femme qui était stérile, [la rendant] mère d'enfants, [et] joyeuse. » (Psaume 113/9). Là encore, le terme hébreu traduit par famille est baït, qui signifie 'maison', exactement comme le mot grec oikon. Or, quand on dit qu'une femme est stérile, on ne dit pas qu'elle manque d'une maison, ni qu'elle est à la rue ! 'Stérile' désigne une femme biologiquement incapable d'enfanter. Par un des nombreux miracles conceptionnels (17) par lesquels Dieu a manifesté non seulement Sa puissance, amis aussi Sa compassion et Sa miséricorde, Il donne des enfants à une femme vierge ou stérile, non pas par adoption, mais bien par génération. Il la fait devenir féconde en son sein. Car ce qui lui manquait jusque-là, c'était justement d'avoir des enfants bien à elle. Il en résulte que dans la double culture ethnique gréco-hébraïque de Paul, une maisonnée comprend aussi des petits enfants, et que ces derniers constituent une famille en tant que telle. Les traducteurs de la Bible n'ont donc pas eu tort de rendre 'maison' par famille, d'une part, et une famille comprend par définition des petits enfants, d'autre part.

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Nulle part Paul ne précise qu'il aurait baptisé la famille de Stéphanas sauf les enfants, ou seulement les adultes. Ce serait un ajout blasphématoire à la Parole de Dieu, car qui sommes-nous, humains, pour en remontrer ainsi à Notre Père ? Ceux qui interprètent faussement ce verset de 1 Corinthiens 1/16 devraient méditer l'avertissement donné à la fin de la même Bible : « Or je proteste à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce Livre, que si quelqu'un ajoute à ces choses, Dieu fera tomber sur lui les plaies écrites dans ce Livre. » (Apocalypse 22/18).

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D'autres passages des Actes des Apôtres mentionnent ces baptêmes de maisonnées entières, comme chez Lydie « Et une femme, nommée Lydie, marchande de pourpre, qui était de la ville de Thyatire, et qui servait Dieu [nous] ouit, et le Seigneur lui ouvrit le cœur, afin qu'elle se rendît attentive aux choses que Paul disait. Et après qu'elle eut été baptisée, avec sa famille, elle nous pria, disant : Si vous m'estimez être fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et y demeurez. Et elle nous y contraignit. » (Actes 16/14-15) ; ou chez le geôlier de Philippes : « Et les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? Ils dirent : crois au Seigneur Jésus-Christ ; et tu seras sauvé, toi et ta maison. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui étaient en sa maison. Après cela, les prenant en cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt après il fut baptisé, avec tous ceux de sa maison. » (Actes 16/30-33).

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Dans l'Antiquité gréco-romaine, le père de famille avait le droit de vie et de mort sur ses enfants. Il est inconcevable qu'il n'ait pas eu une pleine autorité sur ses enfants, comme sur ses esclaves. C'est donc le père de famille qui décidait de se faire baptiser, ce qui impliquait de baptiser toute la maisonnée, y compris les enfants, sans quoi la petite ethnie familiale aurait été divisée et son unité culturelle rompue. On était loin alors de l'individualisme forcené que les mondialistes veulent inculquer à tous aujourd'hui ; les familles chrétiennes résistent, ce qui constitue un véritable témoignage de foi biblique, et c'est tout à l'honneur de Dieu.

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Cependant, des esprits chagrins qui se disent chrétiens, influencés par la culture mondaine, soulèvent des objections contre le Baptême des petits enfants. Ce serait les accabler de mépris que de ne pas leur répondre.

 

 

C- Les objections (18)

La Charité commande de prendre au sérieux les objections fréquemment avancées contre le baptême des petits enfants en tordant la Parole de Dieu ou en s'appuyant sur des versets sortis de leur contexte. Des Églises entières s'en font gloire, et ce qui est pire : les propagandistes.

  1. Le Péché d'Adam n'atteindrait pas les enfants, ou moindrement : Aucun passage biblique ne vient appuyer cette théorie fondée sur un sentiment purement humain, bien au contraire. Invention !

  2. Le Baptême ne sauve pas, mais la foi seule : Effectivement, ce n'est pas le baptême qui sauve le pécheur, mais la nouvelle naissance. Pourquoi lier ces deux éléments, ce que la Bible ne fait pas ? « Jésus répondit : En vérité, en vérité je te dis : si quelqu'un n'est né d'eau ET d'esprit, il ne peut point entrer dans le Royaume de Dieu » (Jean 3/5). Le baptême fait entrer dans la famille de Dieu, l'Église ; il ne rend pas parfait mais impute au baptisé les mérites acquis par Christ à la Croix. Nuance !

  3. Un nouveau-né qui meurt sans avoir été baptisé serait sauvé : Aucune justification biblique ne vient appuyer cette théorie sentimentale et compassionnelle, certes, mais erronée. Pour les Réformés, un enfant qui meurt sans baptême n'était pas prédestiné à Salut. On se demande pourquoi, quand et comment un enfant non-baptisé perdrait son Salut au cours de sa croissance, et aurait alors besoin d'être baptisé, une fois adulte. Mystère.

  4. Le Baptême n'aurait rien à voir avec la circoncision vétérotestamentaire : Cependant, les deux sont un signe d'Alliance avec Dieu, et font entrer respectivement dans le peuple d'Israël (l'Église de l'Ancien Testament) où Christ est né, ou dans le Nouvel Israël - l'Église Universelle, l'épouse de Christ. Le parallèle est très défendable sur le plan de l'autorité du père de famille sur ses enfants. Seuls les rites extérieurs diffèrent, mais tous deux se réfèrent au même sacrifice de Christ à la Croix, soit avant cet événement central de toute la Bible, soit après « Il est entré une fois dans les lieux Saints avec son propre sang, et non avec le sang des veaux ou des boucs, après avoir obtenu une rédemption éternelle » (Hébreux 9/12). Les sacrifices du Temple préfiguraient celui de Christ au Calvaire, comme la circoncision des petits garçons préfigurait le Baptême.

  5. La foi serait individuelle et non collective : Si la foi est un don de Dieu reçu individuellement, cette réception peut être collective, comme dans les Actes des Apôtres où des foules de 3.000 et 5.000 personnes se sont converties en groupe et furent baptisées ensemble, comme à Jérusalem le jour de la Pentecôte (Actes 2/41), à Samarie (Actes 8/5s. : « Et Philippe étant descendu en une ville de Samarie, leur prêcha Christ. Et les troupes étaient toutes ensemble attentives à ce que Philippe disait, l'écoutant, et voyant les miracles qu'il faisait. Car les esprits immondes sortaient, en criant à haute voix, hors de plusieurs qui en étaient possédés, et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris. Ce qui causa une grande joie dans cette ville-là. »), à Lydde (Actes 9/35 : « Et tous ceux qui habitaient à Lydde et à Saron, le virent ; et ils furent convertis au Seigneur »), à Joppé (Actes 9/42 : « Et cela fut connu dans tout Joppé ; et plusieurs crurent au Seigneur »), à Icônie (Actes 14/1 : « Or il arriva qu'étant à Iconie, ils entrèrent ensemble dans la Synagogue des Juifs, et ils parlèrent d'une telle manière, qu'une grande multitude de Juifs et de Grecs crut. »).

  6. La foi vient de ce qu'on entend, or un nouveau-né ne comprend pas les discours des prédicateurs de l'Évangile : Encore une fois, dans l'Antiquité c'est le père de famille qui entend la prédication, croit et décide de se faire baptiser avec toute sa maisonnée. Un enfant n'a ni le droit ni la force de lui résister.

  7. Une ethnie ne pourrait pas devenir chrétienne, mais seulement des individus : Outre que cette prétention contredit l'ordre missionnaire de Jésus-Christ donné en Matthieu 28/19 de baptiser des nations ou ethnies, elle comporte de plus un penchant à l'anarchie dans la mesure où la foi et la religion seraient des affaires purement privées, et où l'État n'aurait pas à y intervenir. Heureusement que les empereurs romains chrétiens sont intervenus pour convoquer les 8 premiers conciles (19), à l'époque où les évêques ne parvenaient pas à s'entendre entre eux !

  8. Une décision individuelle serait nécessaire : C'est encore un anachronisme culturel excessivement individualiste. La décision d'un homme est totalement inefficace en vue du Salut, parce que l'homme naturel, non né de nouveau, est un cadavre spirituel, incapable de prendre la moindre décision tant que la foi ne lui est pas infusée par le Saint-Esprit de Dieu. Il n'y a pas de différence fondamentale entre un bébé et un adulte car ils sont spirituellement morts. Les deux sont dans le même cas, spirituellement inertes, et c'est Dieu qui décide de convertir Ses élus, et pas ces derniers eux-mêmes dont le rôle est entièrement passif, au départ. La foi n'est pas offerte en libre-service, comme dans un supermarché où il n'y aurait plus qu'à passer à la caisse en se faisant baptiser. Le message de l'Évangile est comme un filet jeté dans la mer, et c'est Dieu qui y enferme les poissons qu'Il a choisis de toute éternité, pas le pêcheur « … il dit à Simon : mène en pleine eau, et lâchez vos filets pour pêcher. Et Simon répondant, lui dit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit, et nous n'avons rien pris ; toutefois à ta parole je lâcherai les filets. Ce qu'ayant fait, ils enfermèrent une si grande quantité de poissons, que leurs filets se rompaient. » (Luc 5/4-6).

  9. Le baptême des enfants a été dévoyé en le généralisant à tous les enfants : Ceci est une vérité maintes fois constatée. Mais elle concerne surtout l'Église catholique qui, dans son effort missionnaire, et notamment depuis Charlemagne, a considéré que le baptême sauve en soi (20), qu'il est rigoureusement nécessaire pour être sauvé (21) et que la foi de l'Église suffit à le valider (22). Tel n'est pas le cas dans le Nouveau Testament ni dans les Églises protestantes de confessants, pour lesquelles l'argument tombe à plat. Que ce soit dans les Actes de apôtres ou dans la majorité des Églises de confessants, le baptême des enfants n'est accordé qu'aux enfants de parents chrétiens dont le témoignage de vie donne la pleine assurance qu'ils seront instruits et élevés dans la connaissance de la Parole de Dieu et l'obéissance à Ses commandements. "Par ce baptême où c'est la main de Dieu et sa parole vivante qui baptisent, le monstre-serpent, le mauvais Adam, est pris et enseveli dans la mort avec Christ, et jeté dans l'enfer où Christ par sa mort pénétra... et le corps adamique d'avant la chute est ensemencé d'une nouvelle volonté, soumise à Dieu" (23).

  10. Le Baptême néotestamentaire n'aurait rien de commun avec la circoncision. On voit ici pointer une tendance au marcionisme qui déclare l'Ancien Testament périmé par le Nouveau. Il n'en est rien, dans la bouche même de Jésus qui affirme être venu pour accomplir la Loi, et non pour l'abolir « Ne croyez pas que je sois venu anéantir la Loi, ou les Prophètes ; je ne suis pas venu les anéantir, mais les accomplir. » (Matthieu 5/17). Les deux rites ont en commun de faire entrer dans la communauté des croyants selon la foi d'Abraham, l'Ancien et le Nouvel Israël qu'est l'Église de Christ, annoncé dès longtemps par les prophètes. Les baptisés croyants ont reçu une circoncision du cœur ; en effet, Paul déclare : « … la [véritable] Circoncision est celle qui est du cœur en esprit… » (Romains 2/29).

  11. Le Baptême d'enfant n'aurait pas de sens, car l'enfant est trop jeune pour entendre la prédication de l'Évangile et avoir la foi. D'après un sentiment humain, cela semble logique ; mais ce qui est vérité pour Dieu est folie pour l'homme « Où est le sage ? Où est le Scribe ? Où est le Disputeur de ce Siècle ? Dieu n'a-t-il pas manifesté la folie de la sagesse de ce monde ? » (1 Corinthiens 1/20). Quand la Parole de Dieu incarnée, Christ, dit que celui qui croira et sera baptisé sera sauvé (24), Il ne s'oppose pas à ce que l'ordre des choses soit inversé, le baptême et la foi étant également nécessaires, sans qu'il y ait préséance de l'un par rapport à l'autre dans le temps. On peut dès lors baptiser un enfant, c'est-à-dire le faire entrer dans l'Église, même s'il n'a pas encore la foi, et c'est au contraire un manque de foi que d'imaginer que Dieu ne sera pas fidèle à Ses Promesses, en particulier d'octroyer le don de la foi à un adulte qui a été baptisé, catéchisé, enseigné, prêché et qui a une pratique religieuse régulière. Si l'on voit des contre-exemples, c'est que l'Église ou les parents n'ont pas tenu leur engagement. Mais il arrive aussi que des baptisés adultes ne tiennent pas leurs engagements baptismaux, l'argument n'est donc pas déterminant. Ce sont alors des croyants qui rejettent la foi qu'ils ont reçue et renient le Saint-Esprit qui la leur a conférée. Ne serait-ce pas cela le péché contre l'Esprit, impardonnable ?

 

Il faut ajouter à ces arguments des corrections sur l'interprétation de certains versets bibliques.

  • Actes 8/12 : « Mais quand ils eurent cru ce que Philippe leur annonçait touchant le Royaume de Dieu, et le Nom de Jésus-Christ, et les hommes et les femmes furent baptisés. ». Certes, il n'est pas fait expressément mention des enfants dans ce verset. Mais ils sont inclus dans le groupe des adultes, deux versets plus haut : « Mais quand ils eurent cru ce que Philippe leur annonçait touchant le Royaume de Dieu, et le Nom de Jésus-Christ, et les hommes et les femmes furent baptisés. « Auquel tous étaient attentifs, depuis le plus petit jusques au plus grand » (Actes 8/10). Les enfants étaient bien présents lors de cet épisode où Philippe conduit à Christ les auditeurs de Simon le Magicien. Et les termes grecs anir et gunê employés dans le texte original et traduits ici par « les hommes et les femmes » désignent des humains mâles et femelles, "sans considération d'âge ni de condition" (25). Il est donc très vraisemblable que les enfants des deux sexes aient été baptisés avec les adultes. Rien, dans le texte, ne le contredit.

  • Actes 10/47 : « Alors Pierre prenant la parole, dit : Qu'est-ce qui pourrait s'opposer à ce que ceux-ci, qui ont reçu comme nous le Saint-Esprit, ne soient baptisés d'eau ? ». Ici, le baptême d'Esprit précède le baptême dans l'eau. Mais est-ce une règle générale imposable à tous, sans autre ? Il s'agit au contraire d'un événement exceptionnel qui ne s'est pas systématiquement reproduit, par lequel la Providence de Dieu a poussé Pierre et les Apôtres - tous Juifs - à ouvrir les portes de l'Église aux non-Juifs. Une intervention directe de Dieu était alors nécessaire, qui ne se justifie plus ensuite, la décision de baptiser les non-Juifs étant dès lors acquise.

  • Romains 6/4 : « Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort par le Baptême ; afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous marchions aussi en nouveauté de vie. », et « Étant ensevelis avec lui par le Baptême ; en qui aussi vous êtes ensemble ressuscités par la foi de l'efficace de Dieu, qui l'a ressuscité des morts. » (Colossiens 2/12). Les mêmes esprits chagrins, effrayés par la gravité funèbre de ces versets, refusent de baptiser des enfants car ce serait les faire mourir à eux-mêmes sans leur consentement. Ils oublient que le père de famille avait droit de vie et de mort sur ses enfants, comme notre Père céleste a droit de vie et de mort sur toutes les créatures que nous sommes. Ils omettent surtout de lire la fin de ces versets. Faut-il leur rappeler que le Sola Scriptura  (26) des Réformateurs va de pair avec le Tota Scriptura (27) ? L'Écriture sainte est un tout, qui ne saurait être démembré sans encourir le châtiment prévu en Apocalypse 22/19 : « Et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du Livre de cette prophétie, Dieu lui enlèvera la part qu'il a dans le Livre de vie, dans la sainte Cité, et dans les choses qui sont écrites dans ce Livre. ». La résurrection est-elle trop belle pour les enfants ?

  • 1 Pierre 3/21 : « À quoi aussi maintenant répond la figure qui nous sauve, [c'est-à-dire], le Baptême ; non point celui par lequel les ordures de la chair sont nettoyées, mais la promesse faite à Dieu d'une conscience pure, par la résurrection de Jésus-Christ ». On pourra objecter en effet que les petits bébés n'ont pas une conscience bien éveillée. Mais c'est juger selon les apparences. Comme les adultes plongés dans le coma, ils entendent et ressentent tout ce qui les entoure. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas encore capables de s'exprimer avec des mots qu'ils n'ont pas de conscience du tout. Et qui sait si Dieu ne leur parle pas, ne communique pas avec eux, dans le secret de leur cœur ? « Ne jugez point sur les apparences, mais jugez suivant l'équité. » (Jean 7/24). Pourquoi et au nom de qui priver les petits enfants d'un jugement équitable ?

  • Hébreux 5/13 : « Or quiconque use de lait, ne sait point ce que c'est de la parole de la justice ; parce qu'il est un enfant ». Qu'un petit enfant ne soit pas encore capable de discerner le bien et le mal, « Éprouvant ce qui est agréable au Seigneur » (Éphésiens 5/10), personne ne le conteste. Mais il ne vient pas tout seul au monde. Il a des parents et une famille pour l'instruire, le guider et le faire grandir. D'ailleurs, la Parole infaillible de Dieu révèle que bien des adultes ne valent pas mieux que des enfants : « Car au lieu que vous devriez être maîtres, vu le temps, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne quels sont les rudiments du commencement des paroles de Dieu ; et vous êtes devenus tels, que vous avez encore besoin de lait, et non de viande solide » (Hébreux 5/12). Au sujet du discernement, le baptême d'adulte ne présente pas plus de garantie que le baptême d'enfant.

  • Hébreux 6/1-2 : « C'est pourquoi laissant la parole qui n'enseigne que les premiers principes du Christianisme, tendons à la perfection, [et ne nous arrêtons pas] à jeter tout de nouveau le fondement de la repentance des œuvres mortes, et de la foi en Dieu ; de la doctrine des Baptêmes, et de l'imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel. ». Tout est résumé ici en quelques mots : la doctrine des Baptêmes ne doit pas être remise en question, ni modifiée. Et si les petits enfants n'ont pas beaucoup de motifs de se repentir, c'est tant mieux pour eux. Ils auront bien le temps, en grandissant, de prendre cette bonne habitude de se repentir de leurs péchés et de se corriger, comme les adultes.

  • Romains 6/15 : « Car le péché n'aura point d'empire sur vous, parce que vous n'êtes point sous la Loi, mais sous la Grâce ». La grâce de Dieu est donnée à tous, et dans une plus forte mesure aux baptisés, car le baptême fait entrer l'enfant dans la famille adoptive du Père céleste : l'Église. Pourquoi rejeter les enfants de l'Église, quand leurs parents y sont ? Dans certaines églises, on laisse les enfants à la garderie, où on les abrutit de coloriages ; mais on ne les laisse pas entendre la prédication de la Parole de Dieu… est-ce parce que la prédication n'y serait pas biblique ? Que sait-on exactement de ce que Dieu leur permet de comprendre ? Et c'est aussi une bonne habitude à leur faire prendre que d'être présents au culte divin. Jésus rabrouait ceux qui les empêchaient d'écouter Sa prédication : « Et Jésus voyant cela, en fut indigné, et il leur dit : Laissez venir à moi les petits-enfants, et ne les en empêchez point ; car le Royaume de Dieu appartient à ceux qui leur ressemblent. » (Marc 10/14).

 

On l'aura compris, aucune objection au baptême d'enfants de Chrétiens ne résiste à un examen approfondi des Écritures saintes, et spécialement du Nouveau Testament. Si ces objections, maintes fois répétées persistent, c'est que les prédicateurs sont insuffisamment ou mal formés, ignorant les langues bibliques originelles et les cultures antiques ; ou bien qu'ils ne se pressent pas de progresser dans la connaissance de la Bible, ou encore qu'ils sont retenus par un conseil presbytéral ou des Anciens peu instruits qui les en empêchent, par un funeste parti-pris contre le Baptême d'enfant.

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Il faut encore noter qu'à différentes périodes des trois premiers siècles de l'ère chrétienne, des Églises hésitaient, voire refusaient de baptiser les enfants en raison des fréquentes vagues de persécutions contre les Chrétiens. Elles ressentaient quelques scrupules à exposer des enfants innocents à la mort, d'une part, et craignaient qu'instruits dans la communauté, ils n'en dénoncent les membres sous la torture, d'autre part, ce qui aurait eu pour effet de voir disparaître de la terre une Église naissante et encore fragile. Mais il s'agissait là de circonstances exceptionnelles.

Ordinairement, les précédents bibliques ne manquent pas pour justifier l'intégration des enfants de Chrétiens dans l'Église, même par le Baptême.

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10. Traduction littérale d'après le grec. Toutes les citations bibliques sont tirées de La Sainte Bible de David Martin (1744), version libre de droits : www.bibliorama.fr - 1ère édition, janvier 2014.

11. "Parents et assistants, baptiseurs et parrains fidèles agissent sur l'enfant par leur foi qui enceint la volonté inintelligente de l'enfant et la porte." Jacob BOEHME, De testamentis Christi oder Von Christi Testamenten, (1623), trad. Daniel RENAUD d'après l'édition des œuvres complètes de 1730 (Lausanne : L'Âge d'Homme, 1984), p. 43.

12. « eis to onoma tou patros kai tou uiou kai tou agiou pneumatos ».

13. Dictionnaire Le ROBERT, (Paris : Société du Nouveau Littré- Le Robert, 1975), T.2, p. 676, col. A.

14. … et non de faire des disciples au sein toutes les ethnies, comme certains semblent le croire. Discipliner toutes les ethnies devrait impliquer leurs chefs respectifs : empereurs, rois, présidents, dictateurs, chefs de tribus, etc. qui ont un rôle à jouer en imposant légalement la culture chrétienne biblique, comme les empereurs romains Constantin et Théodose l'ont fait, et Édouard VI d'Angleterre pour ce qui est de la Réforme anglicane.

15. Qu'on se rappelle ici la confusion entre enfant et esclave sous le même terme hébraïque ‘ébed’…

16. À l'époque de Paul, la vie était courte, et les personnes âgées des exceptions. On mourait généralement avant trente ans, laissant des enfants encore petits après soi.

17. Isaac, Samuel, Jean-Baptiste, Jésus ont ainsi été conçus de mères stériles ou vierges.

18. La liste des objections au baptême d'enfant est reprise de l'ouvrage d'André GOUNELLE, Le Baptême, le débat entre les Églises (Paris : les Bergers et les Mages, 1997), pp. 66s et 88s. Les réponses sont personnelles.

19. Hormis le "Concile de Jérusalem" sur la circoncision, qui ne comportait qu'un seul évêque : Jacques, le frère du Seigneur, et ne constituait pas à proprement parler un Concile.

20. Le Catéchisme de l'Église catholique lie expressément la nouvelle naissance en la foi au baptême d'eau : "car il signifie et réalise cette naissance de l'eau et de l'Esprit" : Catéchisme de l'Église Catholique (Lonrai : Mame/Plon, 1992), n°1215, p. 266.

21. Ibid., n°1257-1261, p. 273-4 et n° 1277, p. 277., sauf pour les catéchumènes (ibid, n° 1259, p. 273) et en cas de martyre subi avant le Baptême (ibid, n°1281, p. 277). Les exceptions sont très nombreuses dans ce catéchisme…

22. Ibid., n°1282, p. 277.

23. Jacob BOEHME, op. cit., p.38.

24. "Celui qui aura cru, et qui aura été baptisé, sera sauvé" ; (Marc 16/16a).

25. A. BAILLY, Dictionnaire grec-français (Paris : Hachette, 1950), p. 423, col. a.

26. "L'Écriture seule".

27. "Toute l'Écriture".

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