
SERMON pour le 4ème dimanche du Carême
Galates 4/21-31 ; Jean 6/1-14
LA CITÉ DES ENFANTS DE DIEU
Quand le Fils de Dieu se fait homme, il est naturel que naisse un quiproquo à Son sujet, tant les hommes terriens ou mondains sont peu habitués à côtoyer un envoyé du Ciel. Notre Seigneur Jésus-Christ a joué de ce quiproquo durant les trois années de Son ministère public. Il n'a jamais cessé de donner des signes et des preuves de Son identité céleste, tout en évitant constamment de Se laisser introniser sur le trône terrestre de Son ancêtre le roi David. Cependant, Christ attend l'heure de Son procès pour dévoiler Sa véritable identité ; d'abord devant Caïphe, puis devant Pilate, car Il sait que Son passeport du Royaume de Dieu est de nature à Lui attirer l'incompréhension, la jalousie et la colère des hommes incroyants. Voyez-Le devant Caïphe, le Grand-Prêtre (Matthieu 26/63-66) : « Mais Jésus gardait le silence. Le grand-prêtre lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit : Tu le dis. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel. Alors le grand-prêtre déchira ses vêtements en disant : Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème. Qu’en pensez-vous ? Ils répondirent : Il mérite la mort ». La réaction est violente, mais prévisible, et c'est la raison pour laquelle Jésus a attendu que Son heure fût venue pour Se déclarer « Fils de Dieu, Messie ». Caïphe L'expédie alors à Pilate, qui avait seul le droit de haute justice en tant que représentant de l'autorité civile en Judée occupée par la puissance romaine. Le voici maintenant devant Pilate (Jean 18/36-37) : À Pilate, « Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais en réalité, mon royaume n’est pas d’ici-bas. Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité. Toute personne qui est de la vérité écoute ma voix ». Mes amis, êtes-vous de la Vérité ? Entendez-vous la voix du Seigneur vous dire « Mon royaume n’est pas de ce monde… en réalité, mon royaume n’est pas d’ici-bas » ? Croyez-vous que ce Jésus, né dans une crèche à Bethléem en Judée, rejeté par les dirigeants de son temps et mort crucifié hors les murs de Jérusalem soit véritablement le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs, et le Fils unique engendré du Père, Dieu fait homme ?
Croyez-vous vraiment qu'il existe dans le Ciel un Royaume éternel, dont notre Père est Roi, et où une place de choix nous est réservée, à chacun de nous qui avons été choisis par Dieu et qui croyons en Lui ? C'est pourtant pour nous dire cela que Christ est venu marcher sur la terre des Juifs, au risque bien compris et entièrement assumé d'être maltraité, rejeté et cloué sur une vulgaire croix de bois par des étrangers païens, ennemis des Juifs et de leur Dieu : l'Éternel, le seul Dieu vivant et vrai ; le seul Dieu Créateur et Rédempteur ; le seul digne d'être loué et glorifié, et surtout le seul qui nous aime et le prouve en venant Lui-même livrer Son corps à la mort pour ressusciter ensuite en prouvant par là qu'il est véritablement le Dieu vivant et vrai, le Tout-Puissant. Voyez donc ce Dieu tout-puissant S'abaisser à descendre sur terre pour nous visiter, nous enseigner et nous racheter en nous arrachant des griffes du Mauvais ! Il endosse le costume d'homme, ce nouvel Adam venu réparer la faute de notre premier ancêtre. Car il n'y a pas de pardon sans réparation. C'est la logique même : ce qui a été abîmé doit être réparé pour que le délit soit pardonné. Subir une peine de mortification ne suffit pas. Il faut rétablir dans son état primitif ce qui peut encore l'être. Et c'est ce que Christ a fait : Il ne S'est pas contenté de subir la peine méritée par notre péché ; Il nous a ouvert les portes du Ciel, faisant de Ses élus des sujets de plein droit du Royaume des Cieux, dès maintenant, en espérance, et pour l'éternité, avec un accès direct auprès du Père, au moyen de ce téléphone rouge qu'est la prière (Éphésiens 2/15-19) : « Par sa mort, il a rendu sans effet la loi avec ses commandements et leurs règles, afin de créer en lui-même un seul homme nouveau à partir des deux, établissant ainsi la paix. Il a voulu les réconcilier l’un et l’autre avec Dieu en les réunissant dans un seul corps au moyen de la croix, en détruisant par elle la haine. Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient près. À travers lui, en effet, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des résidents temporaires ; vous êtes au contraire concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu ». Plus qu'une réparation et un rétablissement, Christ nous offre une promotion dans Son Royaume en faisant de nous Ses frères par adoption du Père.
Mais n'allez pas imaginer que ceux qui ont livré et tué Jésus-Christ étaient des athées ! Ils étaient des Juifs servant le vrai Dieu, et des Romains servant de faux dieux. N'allez pas imaginer qu'ils ont éliminé Jésus-Christ en le livrant aux bourreaux parce qu'ils ne croyaient pas qu'Il fût le Fils de Dieu, le Messie tant attendu ! Tout au contraire, ils savaient que Christ était ce fameux Messie-Dieu, mais ils ne voulaient pas s'humilier devant Lui ; ils ne voulaient pas renoncer à leurs privilèges de caste dirigeante ; ils préféraient se servir que de Le servir.
Ils ont même été les premiers à croire à la résurrection de notre Seigneur, avant les Apôtres (Matthieu 28/11b-15) : « … quelques hommes de la garde entrèrent dans la ville et annoncèrent aux chefs des prêtres tout ce qui était arrivé. Après s’être réunis avec les anciens pour tenir conseil, ceux-ci donnèrent une forte somme d’argent aux soldats avec cette consigne : Dites que ses disciples sont venus de nuit voler le corps pendant que vous dormiez. Et si le gouverneur l’apprend, nous l’apaiserons et nous ferons en sorte que vous n’ayez pas d’ennuis. Les soldats prirent l’argent et se conformèrent aux instructions reçues. Et ce récit des événements s’est propagé parmi les Juifs jusqu’à aujourd’hui ». Leur première réaction était donc de croire à la résurrection de Christ, comme s’ils s'y attendaient - et c'est pourquoi ils ont fait garder le sépulcre où le corps de Jésus était enfermé - et leur première action fut d'inventer un mensonge officiel en achetant à prix d'argent le silence des témoins de l'événement. Matthieu nous fait comprendre par cette omerta tarifée que l'élite avait un comportement mafieux, comme c'est souvent le cas quand une caste reste trop longtemps au pouvoir.
Les Romains païens ont même cru en Jésus-Christ avant tout ce joli monde, avant même la résurrection de notre Seigneur (Matthieu 27/54) : « À la vue du tremblement de terre et de ce qui venait d’arriver, l’officier romain et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus furent saisis d’une grande frayeur et dirent : Cet homme était vraiment le Fils de Dieu ». Cet officier avait raison de craindre Dieu, et il fait pendant à cet autre officier romain dont il vaut la peine d'écouter le dialogue avec Jésus (Luc 7/2-9) : « Un officier romain avait un esclave auquel il était très attaché et qui était malade, sur le point de mourir. Il entendit parler de Jésus et il lui envoya quelques anciens des Juifs pour lui demander de venir guérir son esclave. Ils arrivèrent vers Jésus et le supplièrent avec insistance, disant : Il mérite que tu lui accordes cela, car il aime notre nation et c’est lui qui a fait construire notre synagogue. Jésus partit avec eux. Il n’était plus très loin de la maison quand l’officier envoya des amis pour lui dire : Seigneur, ne prends pas tant de peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C’est aussi pour cela que je n’ai pas jugé bon d’aller en personne vers toi. Mais dis un mot et mon serviteur sera guéri. En effet, moi aussi je suis un homme soumis à des supérieurs et j’ai des soldats sous mes ordres ; je dis à l’un : ‘Pars !’ et il part, à un autre : ‘Viens !’ et il vient, et à mon esclave : ‘Fais ceci !’ et il le fait. Lorsque Jésus entendit ces paroles, il admira l’officier et, se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : Je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi ». Notez que si l'officier romain croyait en Jésus, les "Anciens des Juifs" - l'élite - ont trouvé tout naturel d'intercéder pour cet officier auprès de Christ, comme s'Il était Dieu…
En revanche, le petit peuple des Hébreux, qui avait été appelé à la repentance et baptisé par Jean-Baptiste, suivait Jésus partout où Il allait, car il s'était attaché à Celui qui l'avait sauvé de ses maladies, délivré de ses démons, et lui avait remis ses péchés (Jean 6/2) : « Une grande foule le suivait, parce que les gens voyaient les signes miraculeux qu’il faisait sur les malades » ; (Jean 6/8-14) : « Un de ses disciples, André, le frère de Simon Pierre, lui dit : Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? Jésus dit : Faites asseoir ces gens. Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ 5000 hommes. Jésus prit les pains, remercia Dieu et les distribua aux disciples, qui les donnèrent à ceux qui étaient là ; il leur distribua de même des poissons, autant qu’ils en voulurent. Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde. Ils les ramassèrent donc et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restaient des cinq pains d’orge après que tous eurent mangé. À la vue du signe miraculeux que Jésus avait fait, ces gens disaient : Cet homme est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. ».
Voyant ce miracle, et pour reprendre l'expression de Caïphe, nous pourrions dire (Matthieu 26/65) : « Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème ». En faisant les œuvres que seul Dieu peut faire, Christ se place comme Fils de Dieu, dans les faits comme en paroles. Et cela déplaît à l'élite car elle a pris le mauvais parti : celui du pouvoir religieux, plutôt que celui du service de Dieu et de Ses créatures. Mais Christ s'éloigne afin d'éviter tout quiproquo à Son endroit (Jean 6/15) : « Cependant Jésus, sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, tout seul ». Christ empêche ainsi la foule de se servir de Lui, ce qui serait un renversement des rôles : Nous sommes là pour Le servir, nous qui avons été appelés, choisis, élus, prédestinés dans ce seul but ! Il y a donc deux sortes d'humains sur la terre : d'un côté ceux qui se servent de Dieu, Lui demandant toujours de les bénir, guérir, mais pas de les régir ; et de l'autre côté il y a ceux qui acceptent de Le servir.
Paul explique cela aux Galates que nous sommes au moyen d'une comparaison entre les fils de Sarah par Isaac, et ceux d'Agar par Ismaël. Agar était l'esclave de Sarah, et en tant qu'esclave, elle n'héritait pas de la promesse faite à Abraham à Mambré, contrairement au fils de la promesse qu'était Isaac (Galates 4/22-23) : « En effet, il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, un de la femme esclave et un de la femme libre. Mais celui de l’esclave est né par volonté humaine, et celui de la femme libre est le fruit de la promesse ». Et Paul fait un parallèle entre l'Ancienne Alliance (Agar et Ismaël n'ont que la Loi, à défaut de promesse divine) et la nouvelle Alliance : Sarah et Isaac (Galates 4/24-26) : « Ces faits ont une valeur allégorique, car ces femmes représentent deux alliances. L’une vient du mont Sinaï et donne naissance à des esclaves : c’est Agar. En effet, Agar, c’est le mont Sinaï en Arabie, et elle correspond à la Jérusalem actuelle qui vit dans l’esclavage avec ses enfants. Mais la Jérusalem d’en haut est libre, c’est elle qui est notre mère ». Ainsi, les Ismaéliens sont esclaves de la Loi (la charia), alors que les Juifs et les Chrétiens sont libres par rapport à la Loi, étant au bénéfice de la grâce de Dieu (mais ils ne sont pas sans la Loi - les Dix Commandements - qu'ils appliquent dans leur vie pour plaire à Dieu). C'est ce que Paul précise ensuite (Galates 4/28…31) : « Nous, frères et sœurs, comme Isaac nous sommes les enfants de la promesse … Ainsi, frères et sœurs, nous ne sommes pas les enfants de l’esclave, mais de la femme libre ». Les enfants de la promesse sont ceux qui en bénéficient par la foi, c'est-à-dire nous, les croyants en Jésus-Christ fils de Dieu, Seigneur et Sauveur.
Et Paul remet à leur place les mécréants de tout poil, même Juifs, ceux qui croient en refusant de se soumettre et de servir Dieu en Christ, comme Satan le rebelle à Dieu "Non serviam - je ne [Le] servirai pas" et tous ceux qui, à sa suite, ne veulent avoir "ni Dieu, ni Maître". Et si seulement ils se contentaient de se rebeller contre l'Éternel, la belle affaire ! Mais ils ne cessent pas de persécuter les Juifs et les Chrétiens, les véritables héritiers d'Abraham via Sarah et Isaac par l'Esprit de Dieu, depuis l'époque d'Abraham jusqu'à aujourd'hui (Galates 4/29) : « Le fils né par volonté humaine persécutait alors celui qui était né grâce à l’Esprit, et il en va de même maintenant encore ». Et pour notre malheur, « Il est écrit : … les enfants de la femme délaissée [Agar] seront plus nombreux que ceux de la femme mariée [Sarah] » (Galates 4/27a & c). Et Ésaïe nous invite à la joie des enfants de la promesse faite à Abraham et Sarah (Ésaïe 54/1…3…8) : « Réjouis-toi, stérile, toi qui n’as pas eu d’enfant ! Éclate de joie et pousse des cris de triomphe, toi qui n’as pas connu les douleurs de l’accouchement ! … En effet, tu déborderas à droite et à gauche, ta descendance envahira des nations et peuplera des villes désertes … Dans un débordement de colère, je m’étais un instant caché à toi, mais avec un amour éternel j’aurai compassion de toi, dit l’Éternel, celui qui te rachète ». Oui, nous sommes le peuple des rachetés, la tribu d'Abraham, les enfants du Père ; et Ses promesses sont pour nous qui croyons en Lui et qui Le servons jour et nuit, dans la prière de louange et d'adoration. Amen.