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SERMON pour le 15ème dimanche après la Trinité

Galates 6/11-18 ; Matthieu 6/24-34

 

LE CHOIX DE JÉSUS

 

Il y a des gens qui font tout à moitié, et qui abandonnent, désespérant d'arriver au but. Il y a des gens qui hésitent longtemps, parfois une vie entière, avant de s'engager définitivement. Il y a des gens qui ont peur de tout, de l'avenir et même du présent. Nous en connaissons tous. Je ne parle pas ici des nécessaires périodes d'essai, indispensables pour juger "au pied du mur" des capacités d'un candidat. Je parle de ceux que notre Seigneur Jésus-Christ invite à cesser de clocher des deux côtés : Ils veulent entrer dans Son Église pour devenir saints, sans pour autant quitter leurs habitudes d'avant et leurs principes mondains. Ils espèrent pouvoir indéfiniment servir Dieu et l'argent. Mais c'est une erreur fatale !

 

Que disons-nous lorsque nous récitons la prière du Notre Père ? (Matthieu 6/10) : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Si nous prions « notre Père qui es aux cieux… que ta volonté soit faite » (Matthieu 6/9-10), nous devons donc renoncer à notre volonté propre, tout au moins pour ce qui est des choses spirituelles et leurs implications dans notre vie de tous les jours. C'est une simple question de cohérence. L'Éternel ne va pas nous dire comment cuire nos brochettes, ni à quel moment faire notre vaisselle. Mais Il veut changer nos habitudes pour changer notre mode de pensée.

 

Jésus n'aime pas l'argent ; Il n'y touche pas de ses mains ; Il confie sa bourse à Judas. Et Paul le confirme (1 Timothée 6/10-11) : « L’amour de l’argent est en effet à la racine de tous les maux. En s’y livrant, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé eux-mêmes bien des tourments. Quant à toi, homme de Dieu, fuis ces choses et recherche la justice, la piété, la foi, l’amour, la persévérance, la douceur ». L'amour de l'argent conduit à l'envie, au faux témoignage, au vol, à la violence et au meurtre, et finalement à la haine de Dieu qui condamne ces comportements dans Ses Dix Commandements ; tout le contraire des vertus chrétiennes. Voilà pourquoi notre Seigneur déclare (Matthieu 6/24) : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent ». Si vous me dites que dans notre société, on ne peut plus vivre en autarcie et que "de l'argent, il en faut pour vivre", ne serait-ce que pour payer nos impôts et taxes ; je vous répondrai que l'argent doit rester une monnaie d'échange, et non une idole qu'on pourrait garder chez soi, sous le matelas ou à la banque, en l'accumulant comme si l'argent était un but en soi, utile, louable, alors que c'est juste une marque d'avarice.

 

Le monde juge les gens à leurs possessions, à leurs revenus, à leur pouvoir d'achat. On pense s'élever dans la société en augmentant ses revenus et ses biens, mais c'est s'élever dans la hiérarchie de l'enfer. Car en s'élevant dans le royaume de Satan, on s'éloigne du royaume de Dieu (Matthieu 23/12) : « Celui qui s’élèvera sera abaissé et celui qui s’abaissera sera élevé ». C'est pourquoi Jésus dit que « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent ». De toute façon nous n'emporterons rien avec nous dans le Royaume de Dieu ; rien de ce que nous aurons acheté, accumulé, économisé. C'est bien connu, et on le constate chaque jour : les riches ont une vie facile, mais ils ne sont pas heureux parce qu'ils sont rongés par les soucis, l'angoisse constante de tout perdre ou ne serait-ce qu'une partie de leurs biens. L'esprit de pauvreté, Christ en parle dans Ses Béatitudes en Matthieu 5/3 : « Bénis les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! », c'est même la première béatitude de la liste ! Il ne faut jamais s'attacher à l'argent, car c'est par ce moyen que Satan nous attire en enfer (Luc 12/34) : « En effet, là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur ».

 

Soyons comme Job quand il déclarait (Job 1/21) : « C’est nu que je suis sorti du ventre de ma mère, et c’est nu que je repartirai. L’Eternel a donné et l’Eternel a repris. Que le nom de l’Eternel soit béni ! ». Même Abraham, le père des croyants, se souciait de ses grands biens auprès de l'Eternel (Genèse 15/3) : « Tu ne m’as pas donné de descendance, et c’est un serviteur de ma famille qui sera mon héritier ». Abraham fut tenté, c'est dire si nous sommes tous tentés par l'Argent, autrement dit : nous sommes tous plus ou moins attirés par Satan.

 

Christ nous a donné des remèdes : d'abord Son exemple. Il a méprisé l'argent et a refusé d'y toucher, préférant mourir sur une croix que de céder à la passion de Judas pour l'argent. Ensuite, nous devons prier chaque jour, matin et soir, afin de résister à la tentation (Matthieu 26/41) : « Restez vigilants et priez pour ne pas céder à la tentation. L’esprit est bien disposé, mais par nature l’homme est faible ». Enfin nous devons nourrir notre esprit de la Parole de Dieu, lue, enseignée et prêchée. La Bible nous libère de la tentation. La Bible est la Parole de Dieu écrite, et Jésus-Christ est la Parole de Dieu incarnée. L'une comme l'autre nous libère de Satan, de ses œuvres et de ses pompes, pour nous orienter et nous diriger vers le Royaume des Cieux, dans la vérité. En tant que croyants, nous avons cette espérance, fondée sur le Roc des promesses de Christ ; Christ est ce Rocher d'où coulent des fleuves d'eau vive (1 Corinthiens 10/4) : « ils ont tous bu la même boisson spirituelle. En effet, ils buvaient à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher était Christ ». Et nous serons comme lui, des sources d'eau vive qui prêchent le don de la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur (Jean 7/38) : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’a dit l’Écriture ».

 

Jésus nous dit de ne pas nous inquiéter. Il faut cependant une bonne dose de foi pour lâcher prise complètement et s'en remettre à notre Père du Ciel pour tous nos besoins réels, et pas seulement spirituels. Mais que ceci ne devienne pas un prétexte à la paresse ! Dieu ne nous interdit pas de travailler, comme Paul et ses compagnons nous en donnent l'exemple en avouant : « nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains » (1 Corinthiens 4/12a). Le travail manuel occupe les mains et les éloignent des mauvaises actions… Bienheureux les bricoleurs, les jardiniers, cuisiniers, musiciens et tous ceux qui occupent leurs mains à de saines activités ! Chez les rabbins, un travail manuel est obligatoire, car il permet de penser à Dieu en libérant l'esprit.

 

(Matthieu 6/31-32,34) : « Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas : "Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? Avec quoi nous habillerons-nous ?" En effet, tout cela, ce sont les membres des autres peuples qui le recherchent. Or, votre Père céleste sait que vous en avez besoin … Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine ». Notre Père qui est aux Cieux sait. Il sait tout. Et il bénit ceux qui Lui sont fidèles. Qu'avons-nous besoin de plus pour être délivrés de tout souci, de toute inquiétude ? Faisons-Lui confiance, et tout ira bien (Matthieu 6/33) : « Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus ». Avec une telle promesse, nous sommes les plus riches de la terre ! Nous sommes assurés d'avoir de quoi manger, boire, nous habiller. C'est l'essentiel pour nous maintenir en vie et dans la société. C'est quand ces choses viennent à manquer que les Croyants bénéficient de petits miracles défiant la raison, et se retrouvent pourvus par la Providence divine. La grâce de Dieu pourvoit à tout, et Dieu ne nous abandonne que si nous L'abandonnons en premier lieu.

 

Après la confiance, vient l'assurance. Notre Père des Cieux nous a donné la foi et la force de témoigner par notre vie, et de résister à ceux qui voudraient nous convertir à d'autres religions du Livre, ou nous contraindre à des pratiques contraires à notre foi chrétienne. C'est ainsi que Paul juge et condamne sans hésiter ceux qui veulent circoncire les Chrétiens pour motif de religion. Juifs et Musulmans partagent cette volonté. C'est pourquoi Paul nous rassure : la circoncision n'est rien en soi. Elle ne sauve personne en soi ; elle ne condamne personne en soi. C'est juste un rite périmé par le baptême, qui est une circoncision spirituelle universelle, concernant aussi bien les filles que les garçons (Jean 6/63) : « C'est l'Esprit qui vivifie ; la chair ne profite en rien ».

 

Et ceci est si vrai que les circoncis pour motif de religion n'obéissent pas à Dieu, ne reconnaissent par Son Fils unique engendré Jésus-Christ, et persécutent Ses fidèles à qui-mieux-mieux, croyant bien faire (Jean 16/2-3) : « On vous exclura des synagogues, et même l’heure vient où tous ceux qui vous feront mourir croiront offrir un culte à Dieu. Ils agiront ainsi parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi ». Il n'y a donc aucune raison de se vanter de la circoncision, ni d'envier les circoncis. Avec le baptême, nous avons un meilleur signe de l'Alliance que Dieu a faite avec Abraham, pourvu que l'enseignement de la Parole de Dieu suive.

 

Et Paul le premier ne trouve rien de glorieux dans sa propre circoncision (Galates 6/14) : « En ce qui me concerne, jamais je ne tirerai fierté d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. Par elle le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ». Ici, Paul fait référence à la crucifixion de notre Seigneur Jésus-Christ. Sa mort est l'amputation totale du corps, et pas seulement du prépuce. La mort du prépuce symbolise la mort du corps. C'est ainsi que nous sommes baptisés dans la mort mais dans la mort de Christ (Romains 6/3-5) : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Par le baptême en sa mort nous avons donc été ensevelis avec lui afin que, comme Christ est ressuscité par la gloire du Père, de même nous aussi nous menions une vie nouvelle. En effet, si nous avons été unis à lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable à la sienne ». Et Paul ajoute : (Galates 6/15) : « En effet, ce qui a de l’importance, ce n’est ni la circoncision ni l’incirconcision, mais c’est le fait d’être une nouvelle créature ».

 

Les esprits chagrins verront dans le verset suivant un caprice de Paul, cherchant à imposer sa dictature personnelle sur les Chrétiens (Galates 6/16) : « Paix et grâce sur tous ceux qui suivront cette règle et sur l’Israël de Dieu ! ». La question est de savoir si « cette règle » est d'origine divine ou humaine. Grave question, car elle a fait couler beaucoup d'encre et de sang. Rappelons la règle :

Galates 6/15) : « En effet, ce qui a de l’importance, ce n’est ni la circoncision ni l’incirconcision, mais c’est le fait d’être une nouvelle créature ». Vient-elle de Paul ou de Christ ? La réponse est assez claire, et vous la connaissez puisque nous l'avons déjà évoquée (Jean 6/63) : « C'est l'Esprit qui vivifie ; la chair ne profite en rien ». Paul est donc inspiré par l'Esprit de Christ quand il écrit aux églises. La règle, c'est que ce qui est spirituel est plus important que ce qui est charnel, car Dieu est Esprit et « l’Esprit vivifie » (2 Corinthiens 3/6c).

 

Accessoirement, Paul parle ensuite des stigmates de la croix qu'il aurait portées. Ce ne serait pas un cas isolé. Il formule en effet cette demande : (Galates 6/17) : « Que personne désormais ne me fasse de peine, car je porte sur mon corps les marques de Jésus ». On pourrait penser à la circoncision, car Paul et Jésus ont tous deux été circoncis comme tout garçon juif. Or Paul ne parle pas d'une marque mais de plusieurs marques de Jésus. Il n'en précise ni le nombre ni le lieu sur son corps. Nous en sommes réduits à des suppositions ; reste le fait qu'il affirme porter ces marques sur son corps, ce que personne ne conteste.

 

L'Épître de Paul aux Galates se termine par une bénédiction (Galates 6/18) : « Frères et sœurs, que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit ! Amen ! ». Et cette bénédiction est spirituelle. Il ne dit pas "Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous, ni avec votre corps", mais que la grâce soir avec votre esprit. Finalement, nous avons ici la confirmation de ce que notre esprit est la chose la plus importante que le Dieu créateur nous ait donnée. C'est notre principale richesse. C'est notre esprit qu'il faut cultiver, nourrir de la Parole de Dieu, arroser de même, et Dieu le fera fructifier.

 

L'esprit est supérieur au corps. L'esprit est plus fort que la chair. Notre esprit n'a pas de muscle, mais il bénéficie en revanche de la grâce d'un Dieu éternel et tout-puissant. Tel est le choix de notre Créateur et de Jésus-Christ, Son fils, notre Seigneur et Sauveur.

 

Mes amis, débarrassons-nous de tous nos soucis ; rejetons-les au pied de la Croix de Christ et Il les fera périr avec lui, en les entraînant dans Sa mort douloureuse. Ce sera une grande grâce. Christ fera cela pour nous parce qu'Il nous aime. Et rien ni personne ne pourra l'en empêcher, car Christ aime tous ceux que le Père Lui a donnés (Jean 10/27-30) : « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle. Elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher à ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous et personne ne peut les arracher à la main de mon Père. Le Père et moi, nous sommes un ». Soyons-Lui fidèles et reconnaissants, et louons Son saint Nom, car c'est à Lui, avec le Père et le Saint-Esprit, qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire. Amen.

 

Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.

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