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Vers l'unité ?

V- VERS L'UNITÉ ?

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Pour retrouver l'unité apostolique, il faut remonter à Christ, et non à une Église primitive qui était marquée par des dissensions sans nombre. Cependant, des Pères de l'Église, et pas les moindres, ont soutenu le baptême d'enfants. Voici quelques extraits des écrits de ces Pères de l'Église, réfutant les adversaires du Baptême d'enfant (83) :

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  1.  : « Il [Jésus] est venu pour sauver tout par lui-même ; tous, dis-je, qui, par lui, renaissent en Dieu : les petits enfants, les enfants, les jeunes et les vieillards. C'est pourquoi il a traversé tous les âges, devenant un enfant comme les nourrissons, sanctifiant les enfants ; un enfant comme les enfants, sanctifiant ceux qui sont de cet âge... [afin qu'il] soit l'enseignant parfait en toutes choses, parfait non seulement en ce qui concerne l'énoncé de la vérité, parfait aussi en ce qui concerne l'âge relatif » (Contre les hérésies 2/22/4 [an 189]).

  2.  : « Baptisez d'abord les enfants, et s'ils peuvent parler pour eux-mêmes, qu'ils le fassent. Sinon, laissez leurs parents ou d'autres membres de leur famille parler en leur nom » (La Tradition apostolique 21/16 [an 215]).

  3. Cyprien de Carthage : « En ce qui concerne le cas des enfants : Vous [Fidus] avez dit qu'ils ne devaient pas être baptisés dans le deuxième ou le troisième jour après leur naissance, que l'ancienne loi de la circoncision devait être prise en considération, et que vous pensiez que quelqu'un devrait être baptisé et sanctifié dans le huitième jour après sa naissance. Dans notre conseil, il nous semblait bien autrement. Personne n'a accepté la voie que vous pensiez devoir suivre. Au contraire, nous jugeons tous que la miséricorde et la grâce de Dieu ne doivent être refusées à aucun homme né » (Lettres 64/2 [A.D. 253]).

  4. Grégoire de Nazianze : « Avez-vous un enfant en bas âge ? Ne laissez aucune occasion au péché ; laissez plutôt l'enfant être sanctifié dès l'enfance. Dès son plus jeune âge, qu'il soit consacré par l'Esprit. Craignez-vous le sceau [du baptême] à cause de la faiblesse de la nature ? Oh, quelle mère pusillanime et de peu de foi ! » (Oraison sur le saint baptême 40/7 [an 388]). « "Assez bien, diront certains, pour ceux qui demandent le baptême, mais qu'avez-vous à dire sur ceux qui sont encore des enfants, et qui ne sont conscients ni de la perte ni de la grâce ? Allons-nous les baptiser aussi ?". Certainement [je réponds], s'il y a un danger pressant. Mieux vaut qu'ils soient sanctifiés sans le savoir, plutôt que de partir sans être scellés et non initiés » (ibid., 40/28).

  5. Jean Chrysostome : « Vous voyez combien sont nombreux les bienfaits du baptême, et certains pensent que sa grâce céleste consiste seulement dans la rémission des péchés, mais nous avons énuméré dix honneurs [qu'il accorde] ! C'est pourquoi nous baptisons même les enfants, bien qu'ils ne soient pas souillés par des péchés [personnels], afin que leur soit donnés la sainteté, la justice, l'adoption, l'héritage, la fraternité avec Christ, et qu'ils soient ses membres » (Catéchèses baptismales à Augustin, contre Julien 1/6/21 [an 388]).

  6.  : « Ce que l'Église universelle tient, non pas comme institué par les conciles, mais comme quelque chose qui a toujours été tenu, est très correctement considéré comme ayant été transmis par l'autorité apostolique. Puisque d'autres répondent pour les enfants, afin que la célébration du sacrement soit complète pour eux, c'est certainement utile à eux pour leur consécration, parce qu'eux-mêmes ne sont pas capables de répondre » (Sur le baptême, contre les Donatistes 4/24/31 [400 après J.-C.]). « La coutume de l'Église Mère de baptiser les enfants ne doit certainement pas être méprisée, ni être considérée comme superflue, ni croire que sa tradition est autre chose qu'apostolique » (L'interprétation littérale de Genèse 10/23/39 [an 408]). « Cyprien ne publiait pas un nouveau décret, mais s'en tenait à la croyance la plus solide de l'Église afin de corriger certains qui pensaient que les enfants ne devaient pas être baptisés avant le huitième jour après leur naissance. Il était d'accord avec certains de ses collègues évêques qu'un enfant peut être dûment baptisé dès sa naissance » (Lettres 166/8/23 [an 412]). « Par cette grâce, les enfants baptisés sont eux aussi greffés dans son corps [le Christ], des enfants qui ne sont certainement pas encore capables d'imiter qui que ce soit. Le Christ, en qui tous sont rendus vivants... donne aussi la grâce la plus cachée de son Esprit aux croyants, grâce qu'il infuse secrètement même dans les enfants. Si quelqu'un se demande pourquoi les enfants nés des baptisés devraient eux-mêmes être baptisés, qu'il s'en occupe brièvement. Le sacrement du baptême est assurément le sacrement de la régénération » (Le pardon et les justes déserts du péché, et le baptême des enfants 1/9/10 ; 1/24/34 ; 2/27/43 [an 412]).

  7. Concile de Carthage V : « Il semblait bon que, chaque fois qu'il n'y avait pas de témoins fiables qui pouvaient témoigner qu'il ne faisait aucun doute qu'ils [les enfants abandonnés] étaient baptisés et que les enfants eux-mêmes n'étaient pas, en raison de leur jeune âge, capables de répondre au sujet de la remise des sacrements à eux, tous ces enfants soient baptisés sans scrupules, de peur qu'une hésitation ne les prive de la purification des sacrements. Cela a été exhorté par les légats [nord-africains], nos frères, puisqu'ils rachètent beaucoup de ces [enfants abandonnés] des barbares » (Canon 7 [401 apr. J.-C.]).

  8. Concile de Mileum II : « Quiconque dit que les enfants fraîchement sortis du ventre de leur mère ne doivent pas être baptisés, ou qui disent qu'ils sont effectivement baptisés pour la rémission des péchés, mais qu'ils ne tirent rien du péché originel d'Adam, qui est expié dans le bain de la régénération... Qu'il soit anathème [excommunié]. Car ce que dit l'apôtre [Paul], "Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et la mort par le péché, et ainsi est passé à tous les hommes, en qui tous ont péché" [Rom. 5/12], ne doit pas être compris autrement que l'Église catholique répandue partout l'a toujours compris. Car à cause de cette règle de foi, même les enfants, qui jusqu'à présent n'ont pas été capables de commettre aucun péché, sont donc vraiment baptisés pour la rémission des péchés, afin que ce qu'ils ont contracté de génération en génération puisse être purifié en eux par la régénération » (Canon 3 [an 416]).

 

Tous ces écrits datent d'avant la chrétienté médiévale et soulèvent le problème des limites qu'il convient d'imposer à la liberté, afin qu'elle ne tourne pas à la licence. « Car, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement ne [prenez] pas une telle liberté pour une occasion de vivre selon la chair » (Galates 5/13) ; « Car Dieu n'est point un [Dieu] de confusion, mais de paix » (1 Corinthiens 14/33a).

 

A- Les limites à la liberté

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Les disputes orgueilleuses entre théologiens de plusieurs bords et leurs partisans respectifs constituent un puissant contre-témoignage et produisent de la confusion et du désordre. Or Paul nous commande « Que toutes choses se fassent avec bienséance, et avec ordre. » (1 Corinthiens 14/40). La liberté doit donc être contenue dans les limites de la Sagesse et de la Vérité : la Parole de Dieu révélée dans l'Écriture Sainte.

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Une confusion certaine règne depuis le XIXème siècle scientiste dans les Églises libérales, influencées par des théologiens matérialistes ou marxistes issus de l'école de Tübingen, en Allemagne. Et cette confusion gagne maintenant Rome, sous nos propres yeux. Ces Églises dévient de la Parole de Dieu et se laissent envahir par les modes mondaines, lesquelles tendent à tout tolérer, tout accepter et finalement tout approuver venant de l'Ennemi de la foi, afin que ce dernier ne se sente pas frustré dans ses attentes ; Il est en effet plus commode de céder que de lutter contre l'erreur et le mensonge. Ces Églises sont devenues membres de la Synagogue de Satan, clairement. Pourtant, Paul avait lancé à plusieurs reprises cet avertissement : « Car si quelqu'un venait qui vous prêchât un autre Jésus que nous n'avons prêché ; ou si vous receviez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre Évangile que celui que vous avez reçu, feriez-vous bien de l'endurer ? » (2 Corinthiens 11/4) ; « Je m'étonne qu'abandonnant [Jésus-] Christ, qui vous avait appelés par sa grâce, vous ayez été si promptement transportés à un autre Évangile. Qui n'est pas un autre [Évangile], mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l'Évangile de Christ Mais quand nous-mêmes [vous évangéliserions], ou quand un Ange du Ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu'il soit anathème. Comme nous l'avons déjà dit, je le dis encore maintenant : si quelqu'un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu'il soit anathème (84) » (Galates 1/6-9).

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Pierre en donne une description saisissante dans sa deuxième Épître : « Ce sont des fontaines sans eau, et des nuées agitées par le tourbillon, et des gens à qui l'obscurité des ténèbres est réservée éternellement. Car en prononçant des discours fort enflés de vanité, ils amorcent par les convoitises de la chair, et par leurs impudicités, ceux qui s'étaient véritablement retirés de ceux qui vivent dans l'erreur ; leur promettant la liberté, quoiqu'ils soient eux-mêmes esclaves de la corruption ; car on est réduit dans la servitude de celui par qui on est vaincu. Parce que si après s'être retirés des souillures du monde par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, toutefois étant de nouveau enveloppés par elles, ils en sont surmontés, leur dernière condition est pire que la première. Car il leur eût mieux valu n'avoir pas connu la voie de la justice, qu'après l'avoir connue se détourner du saint commandement qui leur avait été donné. Mais ce qu'on dit par un proverbe véritable, leur est arrivé : le chien est retourné à ce qu'il avait vomi ; et la truie lavée est retournée se vautrer dans le bourbier. » (2 Pierre 2/17-22). Peut-on être plus clair ?

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La seule liberté évangélique est la liberté de bien faire, ou de faire le bien selon la volonté de Dieu, et de progresser dans la voie de la sainteté. « Car c'est là la volonté de Dieu, qu'en faisant bien, vous fermiez la bouche à l'ignorance des hommes fous. Comme libres, et non pas comme ayant la liberté pour servir de voile à la méchanceté, mais comme serviteurs de Dieu. » (1 Pierre 2/15-16). L'Épître aux Hébreux autorise les Chrétiens à un certain dépassement de l'Évangile et de soi-même, mais avec cette limite qui est de conserver l'essentiel de la pratique des rites et de la foi : « C'est pourquoi laissant la parole qui n'enseigne que les premiers principes du Christianisme, tendons à la perfection, [et ne nous arrêtons pas] à jeter tout de nouveau le fondement de la repentance des œuvres mortes, et de la foi en Dieu ; de la doctrine des Baptêmes, et de l'imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel » (Hébreux 6/1-2). Cette déclaration péremptoire, ajoutée à celles de l'Apôtre Paul aux Corinthiens et aux Galates ci-dessus, dénote l'existence de contestations et de divergences au sein même de l'Église primitive, comme il en a été de tout temps, depuis plus de 2.000 ans. Ce fait prouve que la transmission du péché d'Adam est bien réelle, constante, et perdure même chez les baptisés, car les capacités intellectuelles de l'homme restent limitées. Raison de plus pour limiter la liberté des enfants de Dieu, par prudence, ce qui relève de la sagesse la plus élémentaire. « Mais prenez garde que cette liberté que vous avez, ne soit en quelque sorte en scandale aux faibles » (1 Corinthiens 8/9). « Car, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement ne [prenez] pas une telle liberté pour une occasion de vivre selon la chair ; mais servez-vous l'un l'autre avec charité. » (Galates 5/13).

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D'un autre côté, les Églises évangéliques, dites 'fondamentalistes', tendent à s'enfermer dans leurs convictions. Or ces convictions sont généralement fondées sur une opposition systématique au libéralisme où les grandes Églises sont tombées, plus que sur la Bible, quoi qu'elles prétendent à cet égard (85). La vérité se situe peut-être quelque part entre les deux extrêmes : au centre de la Croix de Jésus-Christ qui dit : « Je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14/6) et « si vous persistez en ma parole, vous serez vraiment mes disciples. Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jean 8/31-32). La liberté selon Christ n'est donc pas une chose dont on peut user et abuser à son gré, en suivant ses envies (en fait, des tentations), mais une soumission de la volonté humaine à la volonté de Dieu. Qu'Il « Vous rende accomplis en toute bonne œuvre, pour faire sa volonté, en faisant en vous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ ; auquel soit gloire aux siècles des siècles, Amen ! ». (Hébreux 13/21). Telle est la vertu du saint Baptême, et ce qu'il signifie, « Afin que durant le temps qui reste en la chair, vous ne viviez plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu » (1 Pierre 4/2).

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Cependant, l'unité n'est pas à confondre avec l'uniformité.

 

B- Uniformité et unité

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La multiplicité des baptêmes et des rites baptismaux de l'Église primitive a conduit les Pères conciliaires de Nicée-Constantinople à insérer cette formule dans leur Credo : "Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés". Il était temps de mettre de l'ordre dans un rite sacramentel rapidement devenu multiforme en y introduisant une uniformité minimale, gage d'unité, laquelle se résume principalement à la formule consacrée, puisque venant de la bouche de Notre Seigneur Jésus-Christ en Matthieu 28/19 : "Je te baptise au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit" (86) et à l'usage de l'eau (87), soit par immersion, soit par aspersion (88). Au sein même de l'uniformité ainsi créée, il y a de la place pour une certaine variété. L'uniformité est somme toute assez relative, mais essentielle quant à la parole prononcée.

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L'Écriture sainte est plutôt discrète sur les détails du rite baptismal. Ainsi, le jour de la Pentecôte, Pierre ne dit rien de la forme du baptême, se contentant de déclarer : « Et Pierre leur dit : Amendez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au Nom de Jésus-Christ, pour obtenir le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2/38). Il est vrai qu'il était Juif, s'adressant à des pèlerins Juifs qui savaient parfaitement ce que baptiser voulait dire, pour avoir été baptisés eux-mêmes à plusieurs reprises, mais sous d'autres vocables :

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« Peu avant le Christ, en effet, la conscience religieuse du peuple juif s'est interrogée sur le meilleur moyen d'attendre activement l'envoyé de Dieu, le Messie. Le Temple était entre les mains d'un haut clergé riche et politique ; les sacrifices d'animaux paraissaient des convenances externes depuis longtemps critiquées par les prophètes. La fidélité à la loi de Moïse croulait sous des exigences sans cesse multipliées et, de fait, inapplicables par la majorité des travailleurs. C'est alors que surgit un mouvement populaire de retour au désert (donc aux portes de la Terre promise), animé d'un profond désir de conversion intérieure, soutenu par une vive espérance messianique. Au désert, le peuple venu en foule répétait le geste qui avait conclu l'Exode de ses ancêtres - les Hébreux - et leur séjour au désert : se plonger dans le Jourdain. Plus qu'une simple ablution indéfiniment répétée, ce baptême manifestait la volonté de préparer à Dieu un peuple renouvelé, un peuple capable d'accueillir son envoyé. Ces baptêmes étaient donnés "au nom de" personnages religieux, ascètes vivant au désert, prophètes dans la ligne de leurs devanciers. Le plus célèbre d'entre eux, mais non le seul, est Jean-Baptiste. » (89).

 

Plus loin, Philippe baptise l'eunuque éthiopien avec de l'eau, sans préciser le mode ni la quantité : « Et comme ils continuaient leur chemin, ils arrivèrent à [un lieu où il y avait] de l'eau ; et l'Eunuque dit : Voici de l'eau, qu'est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? Et Philippe dit : si tu crois de tout ton cœur, cela t'est permis ; et [l'Eunuque] répondant, dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Et ayant commandé qu'on arrêtât le chariot, ils descendirent tous deux dans l'eau, Philippe et l'Eunuque ; et [Philippe] le baptisa » (Actes 8/36-38). Mais ce serait méconnaître la rareté et la faible profondeur des cours d'eau - souvent intermittents - et des lacs de la Palestine que d'imaginer qu'ils pouvaient s'y immerger totalement. Raison pour laquelle le peuple juif marchait jusqu'au Jourdain pour s'y faire immerger. Ils descendaient dans l'eau, où seul le bas du corps était immergé, et les baptiseurs leur versaient de l'eau sur la tête en prononçant leur phrase rituelle. Il ne semble pas que Philippe ait baptisé l'eunuque éthiopien autrement.

 

Comment Paul a-t-il été baptisé, au moment de sa conversion ? L'Écriture précise qu'il a d'abord reçu le rite de la Confirmation par l'imposition des mains, et le rite du baptême seulement après : « Ananias donc s'en alla, et entra dans la maison ; et lui imposant les mains, il lui dit : Saul mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu dans le chemin par où tu venais, m'a envoyé, afin que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli du Saint-Esprit. Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles ; et à l'instant il recouvra la vue ; puis il se leva, et fut baptisé » (Actes 9/17-18). L'ordre de réception des deux rites a donc été inversé par Dieu, pour Paul comme pour Corneille (90), car Dieu n'est pas lié par nos coutumes ni même par la Loi de Moïse : « le Fils de l'homme est Seigneur même du Sabbat. » (Marc 2/28). Mais il s'agissait des premières conversions, justifiant l'intervention directe de Dieu. Sans ces interventions divines, ni Pierre ni Paul ni les autres Apôtres n'auraient imaginé ouvrir les portes de l'Église et du Salut aux non-Juifs.

 

Mais l'ordre inverse est également attesté dans le même Livre des Actes des Apôtres. À Éphèse, Paul s'adresse à ceux qui avaient reçu le baptême de Jean-Baptiste : « Alors Paul dit : Il est vrai que Jean a baptisé du Baptême de repentance, disant au peuple, qu'ils crussent en celui qui venait après lui, c'est-à-dire, en Jésus- Christ. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au Nom du Seigneur Jésus. Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ainsi ils parlèrent divers langages, et prophétisèrent » (Actes 19/4-5). C'est ici la preuve que l'ordre de réception des rites n'a pas toute l'importance que certains le prétendent. Partant, les Églises sont libres de choisir leur procédure, sans s'exposer à la critique à ce sujet ; il y a bien unité et une certaine uniformité qui n'exclut pas une variété limitée sur les point secondaires. Car ce qui fait le sacrement, c'est la Parole et l'action de Dieu, pas la parole des hommes ni leurs actes qui, par eux-mêmes, sont totalement insuffisants et inefficaces.

 

Il y a donc unité pour toutes les Églises historiques et Réformées, et uniformité pour la formule sacramentelle. Mais les anabaptistes et les baptistes se maintiennent en dehors de cette unité, pour des raisons plus humaines que bibliques et donc discutables (91).

 

Car le Baptême, comme sacrement, renvoie à une autre réalité, qui est de nature spirituelle et surnaturelle.

 

 C- Le sacrement, signe d'une réalité eschatologique

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Dieu a promis ; cela devrait nous suffire. Quand Dieu agit dans notre monde, c'est toujours un miracle, une intervention surnaturelle. Et si Dieu nous promet d'agir lors des sacrements ; alors, chaque fois qu'un sacrement est célébré, un miracle se produit. Les éléments concrets sont des signes qui représentent les choses spirituelles - indescriptibles autrement - mais ils ne sont que l'ombre de la réalité, comme dans le Mythe platonicien de la Caverne.

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Le mot sacrement est la transposition en français du mot latin sacramentum, lui-même étant la traduction latine du mot grec musterion qui a donné le mot 'mystère'. Mais, contrairement au français 'mystère', musterion ne signifie pas que quelque chose est caché, voilé ; bien au contraire, puisqu'il exprime une révélation, un dévoilement qui peut être partiel (92), dans l'attente du Grand Jour où nous verrons les réalités célestes bien en face.

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« Le sacrement fonctionne un peu comme un poste de radio qui diffuse de la musique. Le poste ne produit pas lui-même de la musique. La musique vient d'ailleurs, de l'orchestre qui joue, de l'émetteur. Le poste permet à cette musique de venir jusqu'à moi… Ce n'est pas le geste effectué qui opère, c'est Dieu qui agit… » (93).

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On pourrait entendre la musique de Dieu directement - et c'est ce que nous ferons dans l'au-delà. Mais il s'agit d'une musique céleste qu'il est impossible à un homme d'entendre, tant qu'il n'est pas mort. Le sacrement est donc la figure ou image d'une réalité qui se produit au Ciel, et qui est beaucoup plus importante que l'image que nous pouvons en avoir par le 'dévoilement' sacramentel. Car ce qui compte vraiment, dans le cas du Baptême surtout, c'est que nos noms soient inscrits sur le Livre de Vie : « Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône, un Livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux. Je vis aussi un Ange [remarquable] par sa force, qui criait à haute voix : Qui est-ce qui est digne d'ouvrir le Livre, et d'en délier les sceaux ? Mais nul ne pouvait ni dans le Ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de la terre ouvrir le Livre, ni le regarder » (Apocalypse 5/1-3).

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Lorsque notre nom de baptême est inscrit sur le registre paroissial, il est en même temps souligné en rouge sur la longue liste que contient le Livre de Vie ! Et cette encre rouge n’est autre que le sang de l’Agneau. Et Jean continue son récit : « Et je regardai, et voici il y avait au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des Anciens, un agneau qui se tenait là comme mis à mort… » (Apocalypse 5/6a) ; « Et il vint, et prit le Livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône. » (Apocalypse 5/7) ; « Puis je regardai, et j'entendis la voix de plusieurs Anges autour du trône et des Anciens, et leur nombre était de plusieurs millions (94). Et ils disaient à haute voix : L'agneau qui a été mis à mort est digne de recevoir puissance, richesses, sagesse, force, honneur, gloire et louange. » (Apocalypse 5/11-12). Ce Livre de Vie est un peu la "liste de Schindler", le livre de comptes de Christ qui nous a rachetés, arrachés aux griffes de Satan, sauvés du déluge, du couteau sacrificiel d'Abraham, du pays de l'esclavage de Pharaon, du désert sans eau en passant le Jourdain où Jésus fut baptisé, et où Il nous attend à notre second passage, lorsque nous serons baptisés dans la mort, nous tous qui avons été baptisés d'une eau terrestre rappelant l'eau céleste avec laquelle Dieu nous bénit, lors de notre Baptême sacramentel.

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Et cette eau céleste remplace le sang, non pas le nôtre, mais le sang de l'Agneau : Jésus-Christ crucifié, mort à notre place pour nous arracher à l'enfer où nos péchés nous conduisaient, et dont le corps transpercé par une lance païenne révéla l'eau du Baptême céleste et le sang de la Communion - le repas des noces de l'Agneau - qu'Il tenait en réserve pour tous les croyants fidèles. « Mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et d'abord il en sortit du sang et de l'eau » (Jean 19/34).

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Ce qu'on oublie facilement, c'est que toute l'humanité finira un jour par croire et chanter les louanges de l'Agneau, « Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, que tout genou se ploiera devant moi, et que toute langue donnera louange à Dieu » (Romains 14/11), et cela, même depuis le fond de l'enfer : « J'entendis aussi toutes les créatures qui sont au Ciel, et en la terre, et sous la terre, et dans la mer, et toutes les choses qui y sont, disant : À celui qui est assis sur le trône, et à l'agneau, soit louange, honneur, gloire, et force, aux siècles des siècles ! » (Apocalypse 5/13). Mais pour ceux qui n'auront pas voulu écouter la prédication de l'Évangile, ni croire en Jésus-Christ, Dieu fait Homme (95), Image du Père (96), Sauveur (97), dès cette vie sur terre, il sera alors TROP TARD. Ils passeront l'éternité dans les larmes du remords, devant l'évidence qui sera alors clairement visible, même pour eux. Ils chanteront les louanges de l'Agneau comme tout le monde, mais hors de la Cité de Dieu, la Jérusalem céleste, car ils seront enfermés avec Satan et ses anges méchants en enfer, pour toujours.

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« Amendez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au Nom de Jésus-Christ, pour obtenir le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2/38) et ce don, c'est la Vie éternelle que seul Jésus-Christ donne gratuitement (98) à ceux qui croient en Lui et L'adorent avec le Saint-Esprit et avec le Père, par Jésus-Christ, avec Jésus-Christ et en Jésus-Christ. Amen.

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83. Cette liste publiée en anglais par un Anglican sur Facebook est simplement copiée-collée et traduite par Y. Méra : https://www.facebook.com/AOC.France - publiée le 17/07/2023 à 19h07.

84. "Anathème" signifie une condamnation totale et une mise au ban de la société, et finalement à la peine de mort.

85. J'ai personnellement assisté à des prédications surprenantes dans des Églises évangéliques, où le pasteur disait que tel auteur biblique s'était certainement trompé et qu'il avait écrit cela par erreur… (au sujet de la prédestination)

86. Les Orthodoxes disent ceci : "Le serviteur de Dieu '…' est baptisé au nom du Père et du fils et de l'Esprit-Saint", ce qui met l'accent sur l'action de Dieu, et non sur celle de l'officiant.

87. Eau bénite pour les catholiques, quelconque pour les Protestants qui n'attachent pas tant d'importance à la matière en tant que telle.

88. "Le baptême par aspersion (verser de l'eau sur la tête) a été introduit au IIIe siècle pour baptiser les malades. Il s'est étendu aux baptêmes d'enfants." In Théo, l'Encyclopédie catholique pour tous, op. cit., p. 948, col. ab.

89. Théo, l'Encyclopédie catholique pour tous, op. cit., p. 947, col. a.

90. « Alors Pierre prenant la parole, dit : Qu'est-ce qui pourrait s'opposer à ce que ceux-ci, qui ont reçu comme nous le Saint-Esprit, ne soient baptisés d'eau. Il commanda donc qu'ils fussent baptisés au Nom du Seigneur » (Actes 10/47-48).

91. « Calvin ne pense pas que le débat soit possible. A ses yeux, ils se trompent complètement… parce que…ils mettent … leurs prétendues inspirations, au-dessus, voire à la place de celle de l’Écriture ». André GOUNELLE, op. cit., p. 54.

92. "Un signe n'est jamais aussi parfait que ce qu'il signifie", Théo, l'Encyclopédie catholique pour tous, op. cit., p. 582, col. a.

93.André GOUNELLE, op. cit., p. 16.

94. "Plusieurs millions", et non 144.000 comme le prétendent les Témoins de Jéhovah.

95. « Et la Parole a été faite chair, elle a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, [qui a été] une gloire, comme la gloire du Fils unique du Père, pleine de grâce et de vérité. » (Jean 1/14).

96. « Celui qui m'a vu, a vu mon Père » (Jean 14/9).

97. « Nous savons que celui-ci est véritablement le Christ, le Sauveur du monde » (Jean 4/42).

98. « À celui qui aura soif je lui donnerai de la fontaine d'eau vive, sans qu'elle lui coûte rien. » (Apocalypse 21/6).

« À celui qui aura soif je lui donnerai de la fontaine d'eau vive, sans qu'elle lui coûte rien. » (Apocalypse 21/6).

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