LES TABLES RENVERSÉES.
SERMON pour le 23° Dimanche après la Trinité.
Traduction d'une méditation biblique originale de Jerry Ogles, Docteur en Théologie
et évêque métropolite de l'Anglican Orthodox Church.
COLLECTE : « Ô Dieu, notre force et notre refuge, qui es l’auteur de toute piété ; prête, nous t’en supplions, une oreille attentive aux ferventes prières de ton Église, et fais que les choses que nous demandons avec foi, nous les obtenions effectivement ; par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen ».
ÉVANGILE : « Alors les pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles. Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les Hérodiens, qui dirent: Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes. Dis-nous donc ce qu’il t’en semble: est-il permis, ou non, de payer le tribut à César? Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit: Pourquoi me tentez-vous, hypocrites? Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier. Il leur demanda: De qui sont cette effigie et cette inscription? De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Étonnés de ce qu’ils entendaient, ils le quittèrent, et s’en allèrent » (Matthieu 22/15-22).
Je voudrais commencer par un hommage à nos Anciens Combattants : « La guerre est une chose horrible, mais pas la pire de toutes. Le sentiment patriotique et moral décadent et dépravé qui fait penser que rien ne justifie la guerre est bien pire. Celui qui n’a aucune raison de se battre, rien de plus important que sa sécurité personnelle, est une créature misérable et ne risque pas d’être libre, à moins d’être mis et maintenu dans cet état par les exploits d’hommes meilleurs que lui » (John Stuart Mill, Philosophe et économiste anglais 1806-1873).
Comme hommage à nos Vétérans, je voudrais lire quelques vers de Rudyard Kipling. Vous savez, quand j’étais jeune, le fait de lire Kipling vous étiquetait comme instruit et éclectique. Mais aujourd’hui, cela soulève une question difficile : Qui est le diable, dans Kipling ? Écoutez ces paroles et soyez-y attentifs, jeune génération – comme l’auteur favori de mon enfance, Rudyard Kipling, les priait :
« Car nous adorons Dieu et le soldat,
En temps de danger, pas avant !
Le danger passé, et toutes choses rétablies,
Dieu est oublié et le soldat dédaigné. »
Remercions Dieu pour ces âmes vaillantes dont les croix peuplent les collines d’Arlington, des Flandres, et de centaines d’autres cimetières militaires autour du monde. En visitant le cimetière du Corps des Marines à Guadalcanal, nous l’avons trouvé envahi par la végétation et mal entretenu...
Maintenant, passons à l’Évangile d’aujourd’hui en Matthieu 22/15-22. Nous y lisons comment ces méchants Pharisiens conspiraient avec leurs ennemis mortels, les Hérodiens, pour piéger Christ dans Sa Parole et Son ministère. Il est étrange que des ennemis s’unissent contre Celui qu’ils considèrent comme une menace plus grande. Ils craignent que Celui qui dit la vérité ne puisse être dominé par ceux dont les œuvres sont charnelles. Ils craignent pour leur petite position d’autorité et cherchent à tuer Celui à qui TOUTE vérité et autorité appartiennent. C’est en faisant la sourde oreille qu’ils écoutent l’Évangile de Christ. Ils ne cherchent qu’un motif de l’accuser ou de porter plainte contre Lui. Ils ont été témoins de plus de miracles de guérison, de résurrection et d’actes de miséricorde que la plupart de Ses propres disciples, et cependant ils ne réussissent pas à croire – POURQUOI ? Parce qu’ils refusent de croire ! Des hommes aussi polémiques n’ont ni l’esprit ni l’amour de Christ dans le cœur. Le véritable amour et la miséricorde sont indivisibles. L’amour que nous avons reçu de Christ est authentifié par un même amour et une même compassion envers les autres. « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ » (Philippiens 2/5). Là où il y a l’amour de Christ, il n’y a pas de divisions. Christ n’est pas divisé contre Lui-même ! Son Esprit est constant – le même hier, aujourd’hui et toujours, éternellement.
Les Pharisiens disent sournoisement à Jésus : « Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes. Dis-nous donc ce qu’il t’en semble: est-il permis, ou non, de payer le tribut à César? » En bon politiciens, ces hommes usent de tromperie, et même de flatterie pour piéger un homme juste. Nous payons aujourd’hui le tribut sous forme de taxes. Les impôts sont essentiels pour assurer des services publics limités à ce qui est nécessaire comme la défense, le maintien de l’ordre et de conditions favorables au commerce. C’est ce que nous devons à César, si nous voulons vivre à l’intérieur des frontières de ce pays. Si Christ insiste pour que nous payions le tribut à César, Il perd le soutien du peuple. Mais s’Il dit que nous ne devrions pas le payer, Il encourt la colère de Rome.
Qu’est-ce que Christ répond à ces gredins ? « Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit: Pourquoi me tentez-vous, hypocrites? ». Christ n’hésitait jamais à appeler un chat, un chat. Il n’était pas très politiquement correct, n’est-ce pas ? Il dit alors : « Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier. Il leur demanda: De qui sont cette effigie et cette inscription? ». À Rome, la monnaie de César, à son effigie, était la monnaie officielle de l’empire. Mais ne sommes-nous pas des citoyens d’un autre royaume ? N’avons-nous pas une double nationalité ? Bien que nous soyons DANS le monde, nous ne devons pas en faire partie ni nous compromettre avec lui.
Les navires sont de merveilleux bateaux construits dans le but de traverser les mers avec de grands chargements de marchandises. Ils sont faits pour voguer sur l’eau. Tant qu’ils naviguent, tout va bien. Mais quand la mer pénètre dans le bateau, la tragédie frappe à la porte. Les navires sont comme l’Église. L’Église est faite pour donner de la saveur au monde et pour lui apporter de la douceur ; mais quand le monde pénètre dans l’Église, elle perd sa saveur.
« De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
L’image et l’effigie de Dieu.
Dans les ateliers de la Monnaie, il y a un instrument qui ressemble à une main, rempli avec des jetons de métal nu et lisse, et il les emporte vers une presse qui les imprime un par un avec une image nette et claire, et ils sont ainsi changés en pièces de monnaie portant la marque et l’autorité du gouvernement. De même, tout bienfait nous parvient avec une image de Dieu imprimée dessus, et l’inscription de Son amour. Il n’y a rien de bon dans notre vie qui ne porte ainsi la marque du Ciel, exigeant que nous Lui rendions notre tribut d’amour, en retour. La monnaie américaine est la seule au monde qui ait constamment fait référence à la confiance en Dieu avec son inscription « In God We Trust » ! En Amérique, le peuple est César. Nous choisissons nos dirigeants, et nous les démettons en exerçant notre franchise. Nous n’avons personne à qui reprocher l’impiété de nos dirigeants... sinon nous-mêmes. Nous avons toujours les dirigeants que nous méritons !
« Étonnés de ce qu’ils entendaient, ils le quittèrent, et s’en allèrent ». La Parole de Dieu fait taire les savants et les malins. On ne trouve aucune espèce de tromperie ni de changement sortant de Sa bouche. Sommes-nous des citoyens du Royaume de Dieu ? Sommes-nous imprimés avec Son image de propriétaire et Son inscription d’autorité ? Que devons-nous rendre à Dieu pour recevoir ce titre de monnaie du Royaume ? Nous-mêmes, en entier ; notre être et notre pratique quotidienne devraient refléter Son image juste comme la monnaie d’une nation représente l’image et l’autorité de cette nation. Quand les gens vous connaissent, ils devraient aussi connaître Christ à travers vous. Je prie pour que la marque de Christ soit apparente sur tous ceux qui sont à portée de ma voix aujourd’hui.