top of page

SERMON pour la Septuagésime

 

1 Corinthiens 9/24-27 ; Matthieu 20/1-16

 

L'APPEL AU SALUT

 

 

L'Épître choisie pour la Septuagésime - environ 70 jours avant Pâques - pourrait être interprétée comme une incitation à faire des œuvres méritoires, de façon à gagner notre entrée au paradis. Tel n'est pas le cas, je vous l'assure. Si Paul court de manière à remporter le prix, c'est une image. Cela ne veut pas dire qu'il faille courir dans un stade pour être sauvé ! Le prix, c'est la joie du Seigneur qui nous appelle au Salut, comme le montre l'Évangile de la même Septuagésime.

 

Paul nous invite à une sérieuse mise en pratique de la foi, ce qui est le meilleur témoignage de foi. Il n'estime pas avoir mérité le confort du repos pour être converti, ni des vacances prolongées. Il ne prend pas sa retraite. Il continue à évangéliser le monde païen. Il sème la Parole de Dieu, sachant que d'autres viendront après lui pour faire la moisson, après qu'il aura arrosé ses semis de son propre sang, lorsqu'il sera décapité à Rome.

 

Paul ne court pas à l'aventure, au hasard. Il frappe dur et précis sur les fausses religions païennes et idolâtres. Non pas avec un marteau, mais avec l'épée de la parole de Dieu (Éphésiens 6/13-17) : « C'est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister au mauvais jour, et après avoir tout surmonté, demeurer fermes. Soyez donc fermes, ayant vos reins ceints de la vérité, et étant revêtus de la cuirasse de la justice. Et ayant les pieds chaussés de la préparation de l'Évangile de paix ; prenant surtout le bouclier de la foi, par lequel vous puissiez éteindre tous les dards enflammés du malin. Prenez aussi le casque du salut, et l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu ». En écrivant son Épître aux Éphésiens, Paul parle de sa propre expérience de missionnaire itinérant.

 

Il écrit ceci (1 Corinthiens 9/27) : « Je mortifie mon corps, et je me le soumets ; de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois trouvé moi-même en quelque sorte non recevable ». Paul sait que ses actes parlent plus fort que ses mots. Si son comportement trahit et contredit l'Évangile qu'il prêche, alors il ne sera pas qualifié pour la mission. Cela ne remet pas en cause son élection ni son Salut (1 Timothée 3/2-13) : « Il faut que l'Évêque soit irrépréhensible, mari d'une seule femme, vigilant, modéré, honorable, hospitalier, propre à enseigner ; non sujet au vin, non batteur, non convoiteux d'un gain déshonnête, mais doux, non querelleur, non avare. Conduisant honnêtement sa propre maison, tenant ses enfants soumis en toute pureté de mœurs. Car si quelqu'un ne sait pas conduire sa propre maison, comment pourra-t-il gouverner l'Église de Dieu ? Qu'il ne soit point nouvellement converti ; de peur qu'étant enflé d'orgueil, il ne tombe dans la condamnation du calomniateur. Il faut aussi qu'il ait un bon témoignage de ceux de dehors, qu'il ne tombe point dans des fautes qui puissent lui être reprochées, et dans le piège du Démon. Que les Diacres aussi soient graves, non doubles en parole, non sujets à beaucoup de vin, non convoiteux d'un gain déshonnête. Retenant le mystère de la foi dans une conscience pure. Que ceux-ci aussi soient premièrement éprouvés, et qu'ensuite ils servent, après avoir été trouvés sans reproche. De même, que leurs femmes soient honnêtes, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. Que les Diacres soient maris d'une seule femme, conduisant honnêtement leurs enfants, et leurs propres familles. Car ceux qui auront bien servi, acquièrent un bon degré pour eux, et une grande liberté dans la foi qui est en Jésus-Christ ». Ce que Paul recherche en ne se ménageant pas, ce ne sont ni les honneurs, ni le Salut éternel, puisqu'il l'a déjà, mais la liberté de prêcher la vérité de Jésus-Christ mort et ressuscité en subissant la punition de nos péchés sur une croix, à notre place.

 

À l'inverse, si le comportement de Paul contredisait l'Évangile de Jésus-Christ, alors sa prédication ne serait plus recevable par les auditeurs. Ici, il ne s'agit pas d'être accepté au Paradis, mais de ne pas être pris pour un hypocrite. Même en faisant attention à être cohérent dans sa vie de foi, il lui est arrivé d'être rejeté et repoussé par les raisonneurs grecs d'Athènes (Actes 17/30-33) : « Mais Dieu passant par-dessus ces temps de l'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes en tous lieux qu'ils se repentent. Parce qu'il a arrêté un jour auquel il doit juger selon la justice le monde universel, par l'homme qu'il a destiné [pour cela] ; de quoi il a donné une preuve certaine à tous, en l'ayant ressuscité d'entre les morts. Mais quand ils ouïrent ce mot de la résurrection des morts, les uns s'en moquaient, et les autres disaient : Nous t'entendrons encore sur cela. Et Paul sortit ainsi du milieu d'eux ». Paul a donc tout lieu de veiller sur sa conduite, et cette vigilance nous concerne tous, n'est-ce pas ?

 

Et Paul ne veut pas se décourager dans ses efforts, car même si le résultat de sa prédication à Athènes est infime, il n'est pas nul (Actes 17/34) : « Quelques-uns pourtant se joignirent à lui, et crurent ; entre lesquels même était Denis l'Aréopagite, et une femme nommée Damaris, et quelques autres avec eux ». Un Aréopagite est un magistrat qui siège au tribunal d'Athènes, lequel se réunissait sur un rocher appelé l'Aréopage (Arios-Pagos, en grec), situé au pied de l'Acropole et de ses temples. Denis est donc un personnage important, et si une seule femme est nommée avec lui - Damaris - c'est qu'elle avait suffisamment d'influence pour être ainsi distingués des « quelques autres avec eux » dont le nombre exact n'est même pas rapporté.

 

Le passage de l'Évangile de Matthieu 20/1-16 est une parabole décrivant le Royaume des cieux (Matthieu 20/1) : « le Royaume des cieux est semblable à ». Il s'agit d'une comparaison - pas d'une description.

 

(Matthieu 20/1) : « Car le Royaume des cieux est semblable à un père de famille… ». Bonne nouvelle ! Nous avons un Père éternel qui nous attend au ciel ; ainsi, nous ne sommes pas orphelins ; « … qui sortit dès le point du jour afin de louer des ouvriers pour sa vigne ». Notez que ce ne sont pas les ouvriers qui font la démarche d'embauche, mais le patron qui sort de chez lui pour visiter la terre et choisir Ses élus.

 

(Matthieu 20/2-7) : « Et quand il eut accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya à sa vigne. Puis étant sorti sur les trois heures, il en vit d'autres qui étaient au marché, sans rien faire ; auxquels il dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Puis il sortit encore environ sur les six heures, et sur les neuf heures, et il en fit de même. Et étant sorti sur les onze heures, il en trouva d'autres qui étaient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ? Ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Et il leur dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et vous recevrez ce qui sera raisonnable ». Avez-vous compté les sorties du Père ? Non, bien sûr, il y en a trop. Il est sorti toutes les trois heures, à la troisième heure, puis à la sixième, puis encore à la neuvième et enfin à la onzième. Cela fait 4 sorties. 4, comme les 4 Évangiles. Le Père appelle Ses élus par le moyen de quatre évangélistes qu'Il nous envoie, pour faire bonne et suffisante mesure. Notez encore que chaque fois, c'est le Père qui sort de chez lui et embauche des ouvriers attendant sans rien faire qu'Il vienne les chercher. Il n'a pas institué sur terre une agence de Pôle-Emploi par laquelle les ouvriers de la Vigne du Seigneur feraient acte de candidature, en envoyant au ciel leur CV et leur lettre de motivation ! Le Père seul prend toute l'initiative (Jean 5/21) : « Car comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu'il veut ». Il n'est pas écrit "ceux qui le veulent" mais bien « ceux qu'il veut ». Nuance. N'inversons pas les rôles !

 

Dans une autre parabole vigneronne, Jésus-Christ se définit comme le Fils du Vigneron, envoyé par le Père auprès des ouvriers, et qui finit massacré par ces derniers (Matthieu 21/37-39) : « Enfin, il envoya vers eux son [propre] fils, en disant : Ils auront du respect pour mon fils. Mais quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux : Celui-ci est l'héritier ; venez, tuons-le, et saisissons-nous de son héritage. L'ayant donc pris, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent ». Et ailleurs, il affirme que le Père est en Lui (Jean 14/7-10) : « Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; dès maintenant vous le connaissez, et vous l'avez vu. Philippe lui dit : Seigneur ! Montre-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus lui répondit : Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as point connu ? Philippe, celui qui m'a vu, a vu mon Père ; et comment dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis en [mon] Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais le Père qui demeure en moi, est celui qui fait les œuvres ». Le Père est dans le Fils, et c'est le Père qui accomplit les œuvres du Salut, en étant en Son Fils.

 

(Matthieu 20/8-15) : « Et le soir étant venu, le maître de la vigne dit à celui qui avait la charge de ses affaires : Appelle les ouvriers, et leur paye leur salaire, en commençant depuis les derniers jusques aux premiers. Alors ceux qui avaient été loués vers les onze heures étant venus, ils reçurent chacun un denier. Or quand les premiers furent venus ils croyaient recevoir davantage, mais ils reçurent aussi chacun un denier. Et l'ayant reçu, ils murmuraient contre le père de famille, en disant : Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les as faits égaux à nous, qui avons porté le faix du jour, et la chaleur. Et il répondit à l'un d'eux, et lui dit : Mon ami, je ne te fais point de tort, n'as-tu pas accordé avec moi à un denier ? Prends ce qui est à toi, et t'en va ; mais si je veux donner à ce dernier autant qu'à toi, ne m'est-il pas permis de faire ce que je veux de mes biens ? Ton œil est-il malin de ce que je suis bon ? ». Les ouvriers sont choqués parce que le Père est bon. Ils ne comprennent pas que la monnaie du Ciel est un denier pour tous, et rien d'autre. Il n'y a ni gros billets, ni pièces jaunes. Rien d'autre que des pièces d'un denier. Mais que vaut un denier ? Peu de chose, en vérité ! Judas a vendu son Maître, notre Seigneur, pour la bagatelle de trente deniers… (Matthieu 26/15) : « Et leur dit : Que me voulez-vous donner, et je vous le livrerai ? Et ils lui comptèrent trente pièces d'argent ». Or un denier vaut dix as - dix centimes ! (Trente deniers = 30 centimes et un Talent = 6.000 deniers). Les ouvriers qui ont travaillé toute la journée ont-ils raison de se croire sous-payés et d'espérer plus ? Oui et non. Oui à vue humaine, car un denier est à peine suffisant pour nourrir son homme. Non selon le Père, car dans cette parabole, chaque denier vaut une éternité de vie dans le royaume des cieux. Peut-on ajouter quoi que ce soit à une éternité ? Non, bien sûr. Et peut-on découper l'éternité en tranches pour en donner plus à certains, et moins à d'autres ? Non plus, car l'éternité ne serait plus éternelle.

 

(Matthieu 20/16) :  « Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers, car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus ». La conclusion de notre Seigneur peut surprendre. Christ veut-il renverser la société, faire la révolution ? Pas du tout. Rappelez-vous des 4 heures différentes auxquelles le Père est sorti pour embaucher Ses ouvriers ; elles correspondent, dans la parabole, aux 4 âges de la vie : enfance - adolescence - maturité - vieillesse. Dieu appelle Ses élus à tout âge, et les plus anciens arriveront en effet les premiers au Royaume des cieux, étant plus près de ce que les païens appellent la mort, tandis que les Chrétiens préfèrent parler du sommeil du Juste (1 Thessaloniciens 4/13-15) : « Or, mes frères, je ne veux point que vous ignoriez ce qui regarde ceux qui dorment, afin que vous ne soyez point attristés comme les autres qui n'ont point d'espérance. Car si nous croyons que Jésus est mort, et qu'il est ressuscité ; de même aussi ceux qui dorment en Jésus, Dieu les ramènera avec lui. Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur, que nous qui vivrons et resterons à la venue du Seigneur, ne préviendrons point ceux qui dorment ».

 

Le Père appelle tous les ouvriers qu'Il veut. Nous n'avons que le pouvoir de refuser ou d'accepter Son appel. Serez-vous ce ceux qui l'auront refusé, ou bien des élus qui l'auront entendu et écouté ? Amen.

bottom of page