top of page

SERMON pour le 3ème dimanche après Pâques

 

1 Pierre 2/11-17 - Jean 16/16-22

 

LA TRISTESSE ET LA JOIE

 

 

Notre Seigneur Jésus-Christ ne fait rien sans prévenir. Sa délicatesse envers Ses élus est irréprochable. L'Évangile de Jean nous rapporte un des avertissements de Christ à Ses disciples : « votre tristesse sera changée en joie » (Jean 16/20d). Et cette tristesse ne sera pas petite ; ce sera un grand désespoir : « Vous pleurerez et vous vous lamenterez » dit Jésus au même verset. Luc rapporte cette tristesse totale des compagnons d'Emmaüs au chapitre 24 de son Évangile, au verset 17 : « Il leur dit : Quels sont ces discours que vous tenez entre vous en marchant ? et pourquoi êtes-vous tout tristes ? ». Jésus ne dit pas simplement "tristes", mais "tout tristes". Ils sont complètement déprimés.

 

Les discours ne sauvent personne, et ne consolent même pas. Faire la liste des événements et les ressasser n'apporte aucune vision d'ensemble, tant que l'on n'a pas la clé pour en interpréter le sens. Et cette clé est l'Écriture Sainte. Cette clé divine, surnaturelle, est tout ce qui manque aux journaux télévisés ! C'est pourquoi les téléspectateurs qui s'y fient sont tristes et angoissés comme les compagnons d'Emmaüs.

 

Voyez plutôt ce qu'ils marmonnent entre eux (Luc 24/18-21) : « Et l'un d'eux, qui avait nom Cléopas, répondit, et lui dit : Es-tu seul étranger dans Jérusalem, qui ne saches point les choses qui y sont arrivées ces jours-ci ? Et il leur dit : Quelles ? Ils répondirent : C'est touchant Jésus le Nazaréen, qui était un Prophète, puissant en œuvres et en paroles devant Dieu, et devant tout le peuple. Et comment les principaux Sacrificateurs et nos Gouverneurs l'ont livré pour être condamné à mort, et l'ont crucifié. Or nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; mais avec tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour que ces choses sont arrivées ». Nos deux pèlerins voyaient leur plus chers espoirs déçus. Mais ces espoirs étaient erronés, car à courte-vue. Ils croyaient en Dieu, ils avaient vu les miracles et entendu les enseignements de Christ. Mais ils ne pouvaient pas concevoir ni croire en un autre monde. Ils attendaient un salut matériel et immédiat. La mort de Jésus en croix a ruiné leurs espérances, or ces espérances étaient vaines. En Jean 18/36, lors de Son procès public, Jésus dit à Pilate : « Mon Règne n'est pas de ce monde ; si mon Règne était de ce monde, mes gens combattraient afin que je ne fusse point livré aux Juifs ; mais maintenant mon Règne n'est point d'ici-bas ».

 

Cent fois, Christ avait parlé du Royaume des Cieux d'où Il était descendu pour S'incarner dans le sein d'une jeune fille vierge. Mais Ses disciples ne L'ont pas compris. Pour les Juifs, le Royaume de Dieu est ici-bas sur terre : c'est l'État d'Israël, promis à Abraham en Genèse 15/7 : « Il lui dit : Je suis l’Éternel qui t'ai fait sortir d'Ur des Chaldéens, afin de te donner ce pays-ci pour le posséder ». Les Compagnons d'Emmaüs attendaient que Dieu réalise cette promesse en libérant Israël de l'occupation romaine (Luc 24/21) : « Or nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; mais avec tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour que ces choses sont arrivées ». Ils ne s'attendaient pas à ce que Christ les libère de l'infestation démoniaque du péché. Or le péché rend esclave du péché et des démons. Pécher volontairement en est le signe évident. Le pécheur impénitent VEUT faire ce que le diable lui dicte.

 

Au jour de Sa tentation au désert, après 40 jours passés en prière et à jeûner, Jésus a résisté au diable en citant la Bible. Prier et méditer la Parole de Dieu sont les armes que Dieu nous donne non seulement pour lutter contre la tentation, mais aussi pour VAINCRE le démon ! (Matthieu 26/41) : « Veillez, et priez que vous n'entriez point en tentation : car l'esprit est prompt, mais la chair est faible ». Celui qui ne prie pas, ou pire encore : qui cesse de prier, se prive des armes spirituelles que Dieu lui avait confiées, il devient faible, il chute et se soumet à Satan ; il est terrassé, il est vaincu. Ceci vous paraît peut-être trop simple, ou même magique, mais cela fonctionne ainsi, parce que Dieu l'a voulu ainsi. Et c'est ce que Christ nous enseigne en Marc 9/28-29 : « Jésus étant entré dans la maison, ses Disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi ne l'avons-nous pu chasser ? Et il leur répondit : Cette sorte de [démons] ne peut sortir si ce n'est par la prière et par le jeûne ».

 

N'écoutez pas ceux qui prétendent que les démons n'existent pas ! Ils mentent à ce sujet, car ils sont eux-mêmes des agents secrets du diable, le Grand Menteur et le père du mensonge. Ils tentent de se rassurer en se mentant à eux-mêmes. Et ils finissent par s'auto-persuader. Ce n'est ni plus ni moins que la méthode Coué appliquée à la propagande infernale.

 

Et que fait Jésus en pareil cas ? Il fait le pasteur. Il explique l'Écriture Sainte à Ses disciples d'Emmaüs (Luc 24/25-27) : « Alors il leur dit : Ô gens dépourvus de sens, et tardifs de cœur à croire toutes les choses que les Prophètes ont prononcées ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât en sa gloire ? Puis commençant par Moïse, et [continuant] par tous les Prophètes, il leur expliquait dans toutes les Écritures les choses qui le regardaient ». Il tire de l'Écriture Sainte la clé de Son mystère : Christ est bien le Messie promis, annoncé et attendu par la nation juive. C'est Lui seul qu'il faut prêcher, écouter, aimer, prier et adorer. Si nous faisons cela, alors notre tristesse se changera en joie durable, comme la douleur de la parturiente se transforme en joie en voyant l'enfant qu'elle portait depuis 9 mois, et qui lui était invisible jusqu'à la naissance. Nous avons ici une image de la foi en Dieu : on ne voit pas Dieu, mais ceux qui Le prient en constatent les effets comme la femme enceinte sent son bébé bouger dans son ventre. Et un jour, nous verrons Dieu, dans un autre monde, comme la jeune mère voit enfant son enfant, venu dans notre monde (Jean 16/21) : « Quand une femme accouche, elle sent des douleurs, parce que son terme est venu, mais après qu'elle a fait un petit enfant, il ne lui souvient plus de ses douleurs, à cause de la joie qu'elle a de ce qu'elle a mis un homme au monde ». Et il n'y a pas de plus grande joie sur terre que de donner la vie à son enfant. Pensez à la joie de Notre Père céleste quand nous naissons de nouveau par la foi et que nous devenons Ses enfants ! (Jean 3/3) : « Jésus répondit, et lui dit : En vérité, en vérité je te dis : si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut point voir le Royaume de Dieu ». N'ayons pas honte de partager la joie de Notre Père !

 

Oui, nous connaîtrons alors la joie, la vraie, la grande joie et cette joie sera éternelle (Jean 16/22) : « Vous avez donc aussi maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai encore, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ôtera votre joie ». En naissant de nouveau par la foi, nos yeux spirituels commencent à voir ce qui est invisible aux yeux de chair (Luc 24/31) : « Alors leurs yeux furent ouverts, en sorte qu'ils le reconnurent ». Ayant reconnu Christ ressuscité, vivant après avoir surmonté la mort, les compagnons d'Emmaüs se précipitent à Jérusalem témoigner de leur rencontre avec Christ (Luc 24/33) : « Et se levant dans ce moment, ils s'en retournèrent à Jérusalem, où ils trouvèrent les onze assemblés, et ceux qui étaient avec eux ».

 

Ce qui marque les hommes incroyants, c'est leur impatience. Ils désespéraient de revoir leur Seigneur Jésus-Christ, alors qu'il est réapparu deux jours après. Deux jours… qu'est-ce que cela à côté de toute une vie, et de l'éternité ? Leur impatience encore les pousse à aller informer illico l'Église en gestation de leur rencontre avec Christ. Encore des discours ! (Luc 24/36-40) : « Et comme ils tenaient ces discours, Jésus se présenta lui-même au milieu d'eux, et leur dit : Que la paix soit avec vous ! Mais eux tout troublés et épouvantés croyaient voir un esprit. Et il leur dit : Pourquoi vous troublez-vous, et pourquoi monte-t-il des pensées dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; car c'est moi-même : touchez-moi, et me considérez bien ; car un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'ai. Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds ».

 

Christ ne se contente pas de prononcer des discours. Il est la Parole qui agit, comme au temps de la Création. (1 Pierre 1/23) : « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais [par une semence] incorruptible, [savoir] par la parole de Dieu, vivante, et permanente à toujours ». Christ vient parmi Ses disciples ; Il revient parmi eux quand ils prient (Matthieu 18/20) : « Car là où il y en a deux ou trois assemblés en mon Nom, je suis là au milieu d'eux ». Et Christ reviendra encore à la fin du temps, comme Il l'a promis, et comme nous avons cette espérance (Apocalypse 22/20) : « Celui qui rend témoignage de ces choses, dit : Certainement je viens bientôt, Amen ! Oui, Seigneur Jésus, viens ! ». Alors notre joie sera parfaite (Jean 115/11) : « Je vous ai dit ces choses afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit parfaite ».

 

Mes amis, nous sommes tous des témoins d'Emmaüs. Et la méditation de la Bible nous fait chaud au cœur (Luc 24/32) : « Et ils dirent entre eux : Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait par le chemin, et qu'il nous expliquait les Écritures ? ». Tel est en effet le but de la prédication de la Parole : expliquer les Écritures, sans chercher à plaire, ni à complaire. Cela n'attire pas les foules, car la vérité rebute les pécheurs impénitents, et ils sont nombreux. Mais c'est ce que Notre Seigneur nous demande de faire et de dire : (1 Pierre 2/11,15-16) : « Mes bien-aimés, je vous exhorte, que comme étrangers et voyageurs, vous vous absteniez des convoitises charnelles, qui font la guerre à l'âme … Car c'est là la volonté de Dieu, qu'en faisant bien, vous fermiez la bouche à l'ignorance des hommes fous. Comme libres, et non pas comme ayant la liberté pour servir de voile à la méchanceté, mais comme serviteurs de Dieu ». La méchanceté, c'est ici le péché.

 

Cependant, le même Pierre nous invite à nous soumettre aux autorités de ce monde. Et à son époque, elles étaient païennes. Pourquoi et comment obéir aux païens, nous qui sommes Chrétiens ? Parce que Christ nous le demande (1 Pierre 23/13-15) : « Soyez donc soumis à tout établissement humain, pour l'amour de Dieu : soit au Roi, comme à celui qui est pardessus les autres ; soit aux Gouverneurs, comme à ceux qui sont envoyés de sa part, pour punir les méchants et pour honorer les gens de bien. Car c'est là la volonté de Dieu, qu'en faisant bien, vous fermiez la bouche à l'ignorance des hommes fous ». Le but de Notre Seigneur n'est pas que nous rampions aveuglément devant l'Autorité, mais que nous témoignions devant elle de la pureté de notre vie et du bien que nous faisons, et surtout de l'amour que nous avons les uns pour les autres, dans l'Église (1 Pierre 2/12) : « Ayant une conduite honnête avec les Gentils, afin qu'au lieu qu'ils médisent de vous comme de malfaiteurs, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, pour vos bonnes œuvres qu'ils auront vues ».

 

Notre Seigneur ne nous engage pas pour autant à pécher, ni à approuver le péché, mais à témoigner du Bien, pendant que Dieu observe et juge le monde. Les martyrs chrétiens ont préféré se laisser trucider plutôt que d'obéir à des ordres contraires à la Parole de Dieu. Et le Père éternel leur a donné la force de résister au mal, jusqu'à leur dernier souffle. Mais tant que les ordres des représentants de l'autorité - qui leur est conférée par Dieu - nous ordonnent des choses compatibles avec la Bible, alors nous devons nous y soumettre comme si ces ordres venaient de Notre Père céleste, ainsi que Paul nous y invite en Romains 13/1-9 : « Que toute personne soit soumise aux Puissances supérieures : car il n'y a point de Puissance qui ne vienne de Dieu, et les Puissances qui subsistent, sont ordonnées de Dieu. C'est pourquoi celui qui résiste à la Puissance, résiste à l'ordonnance de Dieu ; et ceux qui y résistent, feront venir la condamnation sur eux-mêmes. Car les Princes ne sont point à craindre pour de bonnes actions, mais pour de mauvaises. Or veux-tu ne point craindre la Puissance ? fais bien, et tu en recevras de la louange. Car [le Prince] est le serviteur de Dieu pour ton bien ; mais si tu fais le mal, crains ; parce qu'il ne porte point vainement l'épée, car il est le serviteur de Dieu, ordonné pour faire justice en punissant celui qui fait le mal. C'est pourquoi il faut être soumis, non seulement à cause de la punition, mais aussi à cause de la conscience. Car c'est aussi pour cela que vous [leur] payez les tributs, parce qu'ils sont les ministres de Dieu, s'employant à rendre la justice. Rendez donc à tous ce qui leur est dû : à qui le tribut, le tribut ; à qui le péage, le péage ; à qui crainte, la crainte ; à qui honneur, l'honneur. Ne devez rien à personne, sinon que vous vous aimiez l'un l'autre ; car celui qui aime les autres, a accompli la Loi. Parce que ce [qui est dit] : Tu ne commettras point adultère, Tu ne tueras point, Tu ne déroberas point, Tu ne diras point de faux témoignage, Tu ne convoiteras point, et tel autre commandement, est sommairement compris dans cette parole : Tu aimeras ton Prochain comme toi-même ».

 

Dieu choisit ceux qui nous gouvernent. Aux peuples saints, il donne des Saints, comme St Louis. Aux peuples méchants, il donne des tyrans. Bien voter ne suffit pas. Encore faut-il nous comporter saintement, en imitant Christ, Dieu fait homme parfait. (Ésaïe 65/18) : « … Vous vous réjouirez, et vous vous égayerez à toujours en ce que je m'en vais créer ; car voici, je m'en vais créer Jérusalem, pour n'être que joie, et son peuple, pour n'être qu'allégresse ». Dieu bénit ceux qui Lui obéissent. Amen.

bottom of page