
SERMON pour le 1er dimanche après la Trinité
1 Jean 4/7-21 ; Luc 16/19-30
AIMONS LES FRÈRES
Mes bien chers frères et sœurs. Il est facile de dire : "Je vous aime". Et il est beaucoup moins facile d'agir en conséquence, car nous sommes tous imparfaits. Nous avons nos petits et nos grands défauts, nous avons nos insupportables tics et nos exaspérantes marottes, et il est difficile d'aimer parfaitement des gens imparfaits.
Notre premier devoir d'aimer - et le plus facile pour nous - est d'aimer Dieu. En effet, seul Dieu est parfait. En conséquence, nous pouvons L'aimer parfaitement, sans aucune crainte d'être déçus. Jamais Dieu ne nous reprochera de L'aimer, ni même de trop L'aimer. (1 Jean 4/19) : « Quant à nous, nous |l’|aimons parce qu’il nous a aimés le premier ». Curieusement, le texte grec ne dit pas "nous L'aimons", mais "nous aimons" « hmeis agapwmen » ; nous chérissons, nous donnons du prix à ceux qui nous sont chers, à tous nos frères et sœurs dans la foi, certes, mais surtout à notre Père du Ciel, Celui qui nous a créés et fait naître de nouveau, nous qui croyons en Son Nom grâce à l'illumination spirituelle à nous conférée par Son Saint-Esprit qui demeure en chacun de nous.
Lorsque nous aimons les frères Chrétiens, nous n'aimons pas seulement leurs petites personnes, mais nous aimons par-dessus tout le Saint-Esprit qui demeure en eux. Nous apprécions tout ce qui vient de l'Esprit-Saint, présent dans le cœur des vrais Chrétiens, et nous fermons les yeux sur les imperfections de la nature humaine, toujours marquée par le péché d'Adam. Cette habitation du Saint-Esprit dans le cœur des croyants les rend différents des infidèles, de ceux qui ne connaissent pas Dieu et par suite ne peuvent pas L'aimer, car on n'aime que ce que l'on connaît et reconnaît.
N'ayons donc aucun complexe à marquer - même publiquement - une différence entre les frères et sœurs chrétiens, d'une part, et le reste de l'humanité, d'autre part, pour qui nous ressentons de la pitié, car nous ne savons que trop bien à quel sort ils se destinent eux-mêmes. Comme le mauvais riche de la parabole, ils mourront aussi, ils seront ensevelis. Comme le riche égoïste, ils seront « en proie aux tourments » (Luc 16/23). Comme le riche insensible à la misère de Lazare, son frère Juif israélite, ils souffriront « cruellement dans cette flamme » (verset 24), car ils seront « aussi dans ce lieu de tourments » (verset 28), au pluriel !
Vous avez noté que Lazare est Juif, et que le mauvais riche l'est aussi. Ils sont donc frères en religion, mais ils pratiquent des rites extérieurs de façon légaliste, sans cœur, c'est-à-dire sans avoir le Saint-Esprit dans le cœur, le véritable Esprit d'Amour. À tous les deux il manque une seule chose : l'amour que Jésus-Christ a enseigné et pratiqué en se livrant à la mort sur une croix, pour sauver Ses élus. (Luc 16/29) : « Ils ont Moïse et les prophètes », mais ils ne les écoutent pas. Ils ne lisent pas leur bible. Ils pratiquent une religion "petit bras", à courte vue, sans la hauteur de vue que donne l'espérance de la vie éternelle dans le Royaume des Cieux.
Ce n'est pas faire de la discrimination que de traiter chacun selon ce qu'il est, car devant Dieu, les hommes ne se valent pas tous. (Romains 13/7-8) « Rendez à chacun ce qui lui est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, la taxe à qui vous devez la taxe, le respect à qui vous devez le respect, l’honneur à qui vous devez l’honneur. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime les autres a accompli la loi ». Ici, la Loi, c'est la Loi de Moïse - les Dix Commandements. Paul continue en effet (Romains 13/9-10) : « En effet, les commandements : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne convoiteras pas, ainsi que tous les autres, se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour est donc l’accomplissement de la loi ». L'amour ne dispense pas de l'accomplissement de la Loi. Bien au contraire, l'amour se manifeste par un juste accomplissement de la Loi, mais avec discernement.
Lazare aimait-il le mauvais riche ? L'Évangile ne dit pas cela. Lazare n'avait d'yeux que pour les miettes qui tombaient de la table du mauvais riche. L'un et l'autre étaient figés dans un matérialisme fermé à toute spiritualité authentique. Ils observaient les Commandements de Dieu pour être quittes envers Dieu et envers le peuple. Cela leur suffisait. Or, notre richesse de Chrétiens n'est pas de ce monde ; nous avons un trésor dans le Ciel, comme Jésus-Christ le dit au jeune homme riche bien-aimé de Dieu (Marc 10/20-21) : « Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Jésus, l’ayant regardé, l’aima, et lui dit : Il te manque une chose ; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi ». Par ces mots, Christ nous enseigne que les richesses de ce monde passeront, mais que la richesse de la vie éternelle est sans prix. La grâce que Dieu donne ne peut pas s'acheter avec de l'argent, de l'or, ni rien de matériel. Ne vous attachez pas à ces valeurs passagères, et « Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus » (Matthieu 6/33).
L'Évangile de Luc fait une distinction subtile entre Lazare et le mauvais riche (Luc 16/22-23) : « Le pauvre mourut et fut porté par les anges auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi et fut enterré. Dans le séjour des morts, en proie à une grande souffrance ». Si les deux personnages meurent, un seul est enterré et relégué au séjour des morts. Lazare en est exempté, et enlevé au Ciel par des anges, tout comme Jésus est monté au Ciel, en présence des Anges de Dieu (Actes 1/9-10) : « Après avoir dit cela, il s’éleva dans les airs pendant qu’ils le regardaient et une nuée le cacha à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, deux hommes habillés de blanc leur apparurent ». Cette similitude nous révèle que le Lazare de la parabole est un type de Christ qui S'est fait pauvre en quittant le Ciel pour S'incarner en Jésus. Et ce même Jésus-Christ a récupéré au-delà de tout ce qu'Il possédait dans le Ciel en y remontant, comme Job - un autre type de Christ - après son épreuve (Job 42/10) : « L’Eternel rétablit la situation de Job quand celui-ci eut prié pour ses amis ; il lui accorda le double de tout ce qu’il avait possédé ». De même, Notre Seigneur est rétabli dans son règne (Apocalypse 19/6) : « Et j’entendis comme la voix d’une foule immense. Elle ressemblait au bruit de grosses eaux, au grondement de forts coups de tonnerre, et elle disait : Alléluia ! Car le Seigneur, notre Dieu tout-puissant, a établi son règne ; et aussi ceci : (Apocalypse 12/10a) : Puis j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : Maintenant le salut est arrivé, ainsi que la puissance, le règne de notre Dieu et l’autorité de son Messie ». Quel trésor incomparable ! Que pouvons-nous espérer de meilleur que de croire en Jésus-Christ-Messie, notre Seigneur et Sauveur, et de faire un jour partie de Sa Suite royale, dans le Ciel, pour l'éternité ?
Jésus conclut Sa parabole par ces mots (Luc 16/31b) : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscite ». Mes amis, vous savez ce qu'il vous reste à faire : écoutez Moïse et les prophètes - Lisez la Bible ! L'Écriture Sainte est la clé de la foi qui ouvre la porte du Ciel. (Article de la Religion Anglicane n° 6) : "L'Écriture" Sainte contient tout ce qui est nécessaire au Salut". N'allez pas chercher dans la Gnose ou l'ésotérisme des choses qui ne sont pas bibliques. Et le même article 6 précise : "On ne doit point exiger d'un homme qu'il croie comme article de Foi, ou qu'il considère comme essentiel ou nécessaire au Salut, la moindre chose de ce qui ne s'y lit pas, ou qui ne peut pas se prouver par elle". N'écoutez pas les prétendues révélations particulières (particulièrement tardives !) qui prétendent ajouter quoi que ce soit à la Bible. Ce sont au mieux des paraphrases de ce vous avez déjà dans la Bible, et au pire des mensonges, voire de purs blasphèmes.
La Bible ne prétend pas nous inculquer une science supérieure qui ferait de nous des surhommes. Bien au contraire, la Bible nous révèle que nous sommes de simples créatures tirées de la poussière de la terre, et qui retournerons en poussière. (Hébreux 2/6) : « Quelqu’un a d’ailleurs rendu quelque part ce témoignage : Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui, ou le fils de l’homme, pour que tu prennes soin de lui ? » (Psaume 8, de David, verset 5). Si nous nous élevons par l'orgueil, nous n'atteindrons jamais le Ciel. En revanche, si nous sommes unis à Christ par la foi en Lui, nous monterons avec Lui dans Son Royaume, comme au jour de l'Ascension. Et nul ne pourra nous en déloger (Jean 10/27-29) : « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle. Elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher à ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous et personne ne peut les arracher à la main de mon Père ».
Et c'est par amour que Dieu nous sauve ; notre Salut est même la preuve que Dieu nous aime (1 Jean 4/9-10) : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté envers nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que par lui nous ayons la vie. Et cet amour consiste non pas dans le fait que nous, nous avons aimé Dieu, mais dans le fait que lui nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés ». Nul homme ne peut se sauver par ses propres mérites. Pour que notre Salut soit parfait, un Sauveur Lui-même parfait est nécessaire, et il n'y en a aucun autre en dehors de Jésus-Christ (Hébreux 5/9) : « … parfaitement qualifié, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel ». Christ S'est sacrifié par amour pour nous, et Il nous met au bénéfice de Son Sacrifice unique, offert une fois pour toutes (Hébreux 10/14…19) : « En effet, par une seule offrande il a conduit à la perfection pour toujours ceux qu’il rend saints … Ainsi, frères et sœurs, nous avons par le sang de Jésus l’assurance d’un libre accès au sanctuaire ». Et non seulement, nous sommes déclarés saints si nous croyons en Jésus-Christ, mais nous sommes invités à nous aimer les uns les autres d'une manière parfaite (Hébreux 10/22-24) : « Approchons-nous donc avec un cœur sincère, une foi inébranlable, le cœur purifié d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’une eau pure. Retenons fermement l’espérance que nous proclamons, car celui qui a fait la promesse est fidèle. Veillons les uns sur les autres pour nous inciter à l’amour et à de belles œuvres ». Jean ne dit pas autre chose (1 Jean 4/11) : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres ». Nous pouvons également dire avec le même Jean que la foi sauve (1 Jean 4/15) : « Celui qui déclare publiquement que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu ». Là aussi, c'est très clair.
Lazare et le mauvais riche craignaient Dieu. Or « Il n’y a pas de peur dans l’amour ; au contraire, l’amour parfait chasse la peur, car la peur implique une punition. Celui qui éprouve de la peur n’est pas parfait dans l’amour » (1 Jean 4/18). Comment pourrions-nous avoir peur de Celui qui nous aime le plus au monde ? Celles et ceux qui ont peur de Dieu se réfugient dans les bras de Marie, car qui a peur d'une mère ? Il s'agit-là d'une erreur consécutive à un enseignement lacunaire ou erroné sur Dieu, et par l'ignorance de la Parole de Dieu. (1 Jean 4/16) : « Or nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. Dieu est amour et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui ».
Frères et sœurs en Christ, tant d'amour reçu entraîne des implications pour nous. Il ne s'agit pas de conditions, car Dieu nous aime inconditionnellement, mais de simple cohérence. En effet « Si quelqu’un dit : "J’aime Dieu", alors qu’il déteste son frère, c’est un menteur. En effet, si quelqu’un n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Or, voici le commandement que nous avons reçu de lui : celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère. Quiconque croit que Jésus est le Messie est né de Dieu, et si quelqu’un aime un père, il aime aussi son enfant » (1 Jean 4/20-5/1). On ne peut dire plus clairement que nous aimons nos frères chrétiens d'un amour spécial, car ils sont véritablement nos frères ou nos sœurs en Christ, et nous avons le même Père adoptif, le Roi des Rois et le Seigneur des Seigneurs. En revanche, nous aimons d'un autre amour ceux qui n'appartiennent pas à Christ, nous les respectons en tant que créatures de Dieu, mais nous n'approuvons pas le péché qui leur colle à la peau, et nous les plaignons de ne pas avoir lavé leur robe dans le sang de l'Agneau pascal. Nous ne sommes pas du même monde !
Mais comme Jean nous le dit, l'amour ne dispense pas de l'obéissance aux Commandement de Dieu, bien au contraire (1 Jean 5/2-3a) : « Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu au fait que nous aimons Dieu et respectons ses commandements. En effet, l’amour envers Dieu consiste à respecter ses commandements ». Avec le Salut par la foi, et par Sa grâce, Dieu nous donne même d'aimer Ses Commandement ! Amen.