
SERMON pour le 24ème dimanche après la Trinité
Colossiens 1/3-12 ; Matthieu 9/18-26
FOI, ESPÉRANCE, CHARITÉ et GUÉRISON
Les deux lectures choisies pour le 24ème dimanche après la Trinité se recoupent merveilleusement. L'Évangile nous parle de deux miracles : une guérison et une résurrection. L'Épître nous parle de la foi, de l'espérance et de la charité, qui sont les trois vertus théologales, et trois dons du Saint-Esprit. Celui qui a la foi ne peut manquer d'espérance ni de charité. La foi est une inébranlable confiance en Christ qui promet le Ciel à ceux qui croient en Lui. Ayant cette espérance des biens à venir sur la nouvelle terre, dans la nouvelle Jérusalem, nous relativisons les biens de ce monde qui passe, et que nous quitterons de toute façon, tôt ou tard ; il est donc vain de s'y accrocher.
ÉPÎTRE (Colossiens 1/3-12) ; (v. 3) : « Nous rendons grâces à Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et nous prions toujours pour vous ». Paul parle au nom de l'Église, en s'exprimant au pluriel. Ce n'est pas un pluriel de majesté - ce n'est vraiment pas son genre, lui qui se dit le plus indigne de tous, un avorton - mais un pluriel collectif représentant tous les croyants en Jésus-Christ, Dieu fait homme, véritable image du Père.
(vv. 4-5) : « Ayant ouï parler de votre foi en Jésus-Christ, et de votre charité envers tous les Saints ; à cause de l'espérance [des biens] qui vous sont réservés dans les Cieux, et dont vous avez eu ci-devant connaissance par la parole de la vérité, [c'est-à-dire], par l'Évangile ». Immédiatement, Paul parle des trois vertus théologales de foi, espérance et charité. Ces trois vertus sont la marque des Chrétiens. C'est à cela qu'on les reconnaît. Notez que la foi n'est pas une croyance vague, mais une confiance assurée en Dieu, en Sa sagesse, en Sa puissance et en Sa sainteté. Il est le Créateur et la source de tout bien, Lui-même étant le bien suprême, la perfection absolue. Et c'est sur cette confiance en Dieu, à qui tout est possible, que repose notre espérance : Dieu tiendra toutes Ses promesses, contenues dans l'Évangile de Christ parce qu'Il est tout-puissant et fidèle.
Enfin, la charité découle naturellement, logiquement, de cette confiance que Dieu nous donnera le double de tout ce que nous abandonnons aux autres dans cette vie, comme Il le fit pour Job quand Il l'a rétabli après son épreuve : « Et l’Éternel tira Job de sa captivité quand il eut prié pour ses amis ; et il rendit à Job le double de tout ce qu'il avait eu… Ainsi l’Éternel bénit le dernier état de Job plus que le premier » (Job 42/10 & 12a). Les Chrétiens n'ont rien à perdre, et c'est ce qui inquiète l'Autorité politique de ce monde. Ils ne sont ni manipulables, ni influençables. Nul n'a prise sur nous, car nous appartenons au royaume des Cieux ; nous sommes les sujets du Roi des Rois. C'est pourquoi notre charité s'exerce avant tout envers "tous les saints", dit Paul, c'est-à-dire entre sujets du même Dieu. Ne jetons pas nos perles aux pourceaux, mais donnons plutôt l'exemple d'une société unie et fraternelle : l'Église de Christ, qui est celle où l'Évangile est prêché, comme Paul et Épaphras l'ont fait.
Et Paul nous parle en effet de l'Évangile (v. 6) : « Qui est parvenu jusqu'à vous, comme il l'est aussi dans tout le monde ; et il y fructifie, de même que parmi vous, depuis le jour que vous avez entendu et connu la grâce de Dieu dans la vérité ». Dès le temps des Apôtres, l'Évangile a été répandu dans tout le monde connu, et même au-delà des frontières de l'Empire romain. Un travail qui est à reprendre à chaque génération, à commencer par nos propres enfants. Mais tous ne fructifient pas pareillement. Tous n'entendent pas l'Évangile de la même oreille, car c'est Dieu qui ouvre l'oreille de Ses élus… et l'oreille donne accès au cœur qui devient alors croyant : « la foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu » (Romains 10/17).
(vv. 7-8) : « Comme vous avez été instruits aussi par Épaphras notre cher compagnon de service, qui est fidèle Ministre de Christ pour vous ; et qui nous a appris quelle est la charité que vous avez par le [Saint-] Esprit. ». Il existe deux sortes de charité… ne vous y trompez pas ! Il y a la celle que donne le Saint-Esprit, qui est une conséquence de la foi donnée par le même Saint-Esprit, et il y a une charité mondaine, vantarde, envieuse, jalouse, qui veut battre tous les records de générosité en gaspillant à fonds perdus l'argent durement gagné par d'autres, dans le but avoué de montrer que leur charité laïque est meilleure que celle des Chrétiens, alors qu'il s'agit en réalité d'un énorme péché d'orgueil, même s'il profite aux bénéficiaires, dont la conscience est ainsi achetée à prix d'argent. Ce n'est ni plus ni moins que de la corruption généralisée et de la propagande électorale athéiste.
(vv. 9-10) : « C'est pourquoi depuis le jour que nous avons appris ces choses, nous ne cessons point de prier pour vous, et de demander [à Dieu] que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle ; afin que vous vous conduisiez dignement comme il est séant selon le Seigneur, pour lui plaire à tous égards, fructifiant en toute bonne œuvre, et croissant en la connaissance de Dieu ». En 1 Thessaloniciens 5/17-18, Paul nous commande de faire ceci : « Priez sans cesse. Rendez grâces pour toutes choses, car c'est la volonté de Dieu par Jésus-Christ. ». Et il ne se contente pas de nous le commander, car il applique lui-même ce conseil évangélique, en se soumettant, lui aussi, à la volonté de Dieu, exprimée par Jésus-Christ qui déclare en Matthieu 24/42 : « Veillez donc ; car vous ne savez point à quelle heure votre Seigneur doit venir ».
(vv. 11-12) : « Étant fortifiés en toute force selon la puissance de sa gloire, en toute patience, et tranquillité d'esprit, avec joie. Rendant grâces au Père, qui nous a rendus capables de participer à l'héritage des Saints dans la lumière ». Dieu nous donne Sa force pour L'aimer et Le servir, dans l'obéissance à Sa volonté. Nous sommes ainsi transformés de jour en jour et configurés à Christ et nous sommes ainsi rendus conformes à l'image de Dieu, comme au temps de la Création où Dieu fit l'homme à Son image ; Genèse 1/27 : « Dieu donc créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il les créa mâle et femelle ». L'Éternel a voulu créer chacun et chacune de nous à Son image, ce qui signifie : parfaitement bien et bons - Tov Méod. Mais le péché a défiguré cette image de Dieu en nous, détruit la perfection que Dieu avait mise en Adam en le créant, parce que, comme Adam, nous avons tous désobéi à Dieu. Comprenez-vous maintenant l'importance qu'il y a d'obéir à Dieu ? C'est précisément en étant soumis à Dieu que nous reproduisons l'image de Dieu en nous. Jésus-Christ n'a rien fait d'autre que d'obéir au Père… et qui est plus à l'image de Dieu que Son propre Fils ?
Christ, image du Père, est revêtu de Sa puissance et Il la met en œuvre par Ses œuvres de compassion et de charité pour ceux qui croient et espèrent. C'est ce que nous dit l'Évangile d'aujourd'hui :
ÉVANGILE (Matthieu 9/18-26) ; (v. 18a) : « Comme il leur disait ces choses, voici venir un Seigneur qui se prosterna devant lui ». Un seigneur est quelqu'un d'important, un noble, un aristocrate, un membre de l'élite, habitué à commander et à se faire respecter au moyen de l'épée qu'il porte à son côté, et qui est la marque de sa dignité supérieure. Or, voilà-t-il pas que ce Seigneur se prosterne devant Jésus ; il se jette à terre et rampe à ses pieds. Il oublie qui il est, quelle est son autorité, sa dignité, sa fonction, car une seule chose compte pour lui : que Christ ranime sa fille morte. Il renonce à tout, par charité pour sa fille, même si elle est morte. Ce Seigneur malheureux est désespéré, sans espoir, mais pas sans espérance, car la lueur de la foi brille déjà dans son cœur. Il ne se prosterne pas devant un médecin ordinaire, mais devant Celui par Qui tout a été créé ; Il est donc capable de recréer sa petite fille à l'état de perfection, comme aux six jours de la Création.
Il se prosterne devant Christ, « en lui disant : Ma fille est déjà morte, mais viens, et pose ta main sur elle, et elle vivra » (v. 18b). Quelle déclaration ! Quelle foi en Jésus-Christ ! Quelle confiance en la puissance de Dieu, toujours disponible ; et quelle charité, quel amour pour sa petite fille innocente, victime d'un mal que Dieu seul peut guérir ! Et nous savons d'où vient ce mal ; (Job 2/4-7) : « Et Satan répondit à l’Éternel, en disant : Chacun donnera peau pour peau, et tout ce qu'il a, pour sa vie. Mais étends maintenant ta main, et frappe ses os et sa chair, et tu verras s'il ne te blasphème point en face. Et l’Éternel dit à Satan : Voici il est en ta main ; seulement ne touche point à sa vie. Ainsi Satan sortit de devant l’Éternel, et frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante de son pied jusqu'au sommet de la tête ». Notez que là où Dieu attend la charité, Satan ne voit qu'un marchandage mercantile où le Salut s'achèterait à force de bonnes œuvres et d'argent : « Chacun donnera peau pour peau, et tout ce qu'il a, pour sa vie ». Or, le Salut est une grâce ; il est gratuit. Il ne se mérite pas. Il est un don de Dieu pour ceux qu'Il a élus, dès avant la Création du monde. Le but de l'Adversaire est de nous pousser à maudire Dieu avant de mourir et de finir en enfer. "Renie Dieu et meurs !" dit la femme de Job (Job 2.9). Et beaucoup sont dans ce cas, hélas. Mais Dieu a certainement élu ce Seigneur dont la fille est morte, puisque loin de maudire Dieu, il se prosterne devant Son Fils unique engendré.
(v. 19) : « Et Jésus s'étant levé le suivit avec ses Disciples ». Christ ne Se soumet pas à Son requérant, comme on pourrait l'imaginer, mais à la volonté du Père, qui est de manifester Sa puissance, Sa compassion et Sa gloire par des œuvres exceptionnelles de charité. Il ne perd pas une occasion de montrer la bonté divine qui est en Lui et Sa puissance, afin de susciter en nous une confiance inébranlable : la confiance de la foi en Dieu, Père, Fils, Esprit-Saint.
(vv. 23-24) : « Or, quand Jésus fut arrivé à la maison de ce Seigneur, et qu'il eut vu les joueurs d'instruments, et une troupe de gens qui faisait un grand bruit, Il leur dit : Retirez-vous, car la jeune fille n'est pas morte, mais elle dort ; et ils se moquaient de lui ». Telle est la réaction des laïques qui nous entourent, devant notre foi, notre espérance, et même notre charité : Ils se moquent de nous, comme de Jésus-Christ. Leur orgueil, une fois de plus, les pousse à faire grand bruit afin de se faire remarquer, à moins que ce ne soit la peur des esprits mauvais ; mais il est bien tard pour les chasser, et de toute manière ils n'en ont pas le pouvoir. Seul Christ a cette puissance. Et en affirmant que la jeune fille dort, il dit que leur vacarme la dérange dans son sommeil, sans parvenir toutefois à la réveiller. Leur comportement est donc parfaitement déplacé, décalé et vain. (1 Corinthiens 13/4 & 7) : « La charité est patience ; elle est douce ; la charité n'est point envieuse ; la charité n'use point d'insolence ; elle ne s'enorgueillit point… Elle endure tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout ». Vous voyez bien que la charité est la clé de l'Évangile, et la vertu cardinale du Royaume des Cieux, car elle espère tout ce que Dieu promet à Ses élus, et suppose donc la foi. C'est pourquoi « La charité ne périt jamais » (1 Corinthiens 13/8a). Mais n'allez pas vous imaginer que la charité donne accès au Salut ! Sans quoi la grâce ne serait plus une grâce, car par définition, une grâce ne peut pas être payante. Qu'espéraient les musiciens qui faisaient un boucan d'enfer, digne du Hell Fest, autour de la jeune morte ? Absolument rien. Tout cela n'était que vaine agitation et perte de temps. « Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste ; vanité des vanités, tout est vanité. » (Ecclésiaste 1/2). Rien n'a de valeur sinon ce qui est éternel. (Ecclésiaste 7/17) dit : « Pourquoi mourrais-tu avant ton temps ? » ; oui, pourquoi ? C'est une question sans réponse (Ecclésiaste 3/18) : « J'ai pensé en mon cœur sur l'état des hommes, que Dieu les en éclaircirait, et qu'ils verraient qu'ils ne sont que des bêtes ». La vérité, c'est que nous ne savons rien, en dehors de ce que Dieu veut bien nous révéler. Et cette scène nous le prouve bien.
(v. 25) : « Après donc qu'on eut fait sortir [toute cette] troupe, il entra, et prit la main de la jeune fille, et elle se leva. ». D'un seul geste, sans un mot et donc dans un silence de moine trappiste qui ne communique que par gestes, Jésus ranime la jeune fille : Il la recrée, en toute discrétion.
(v. 26) : « Et le bruit s'en répandit par tout ce pays-là ». Mais les faits parlent pour nous. Nos actes parlent plus fort que nos paroles. C'est par notre comportement, notre soumission à Dieu et notre entraide mutuelle que nous témoignons de l'Évangile. On dit que l'Église est ensemencée par le sang des martyrs. Un martyr impressionne plus et fait plus pour amener les gens à Christ que toutes nos meilleures prédications. Car c'est le mépris de la mort qui prouve notre foi et notre espérance véritables. (1 Pierre 2/20) : « Mais si en faisant bien vous êtes pourtant affligés, et que vous le souffriez patiemment, voilà où Dieu prend plaisir ». Dieu n'est pas sadique, mais la souffrance de Ses élus est inévitable dans un monde hostile, voué à Satan, comme l'histoire de Job nous le montre. Si le monde dit du bien de nous, alors il y a de quoi être gravement inquiets. Mais s'il dit du mal de nous et nous persécute, c'est que nous lui sommes étrangers, en tant que sujets du Roi des Rois. En Jean 15/20b, Jésus dit : « S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ».
Il reste une incise que nous avons sautée pour ne pas couper l'histoire de la jeune fille morte. Relisons-la (Matthieu 9/20-22) : « Et voici, une femme travaillée d'une perte de sang depuis douze ans, vint par derrière, et toucha le bord de son vêtement. Car elle disait en elle-même : Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie. Et Jésus s'étant retourné, et la regardant, lui dit : Aie bon courage, ma fille ! Ta foi t'a sauvée ; et dans ce moment la femme fut guérie ». D'aucuns s'appuient sur ce passage pour justifier le culte des reliques : mais c'est une erreur. Jésus le déclare : « Ta foi t'a sauvée », et c'est seulement au moment où Christ le lui dit que le miracle s'opère : « et dans ce moment la femme fut guérie ». Toucher le bord du vêtement de Jésus ne lui a rien apporté. Ce geste a seulement manifesté sa foi et son espérance en Celui qui seul peut nous sauver. Et Christ guérit la femme sur sa foi en Lui. Ce n'est pas le vêtement de Jésus qui la guérit, mais la Parole de Christ ! En se disant « Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie », elle fait fausse route. Mais elle déclare sa foi et son espérance, et c'est le principal.
Mais pourquoi donc « Jésus s'étant retourné, et la regardant, lui dit : Aie bon courage, ma fille ! » ? C'est que tant que Jésus ne lui a pas dit « Ta foi t'a sauvée », elle n'est pas guérie et souffre encore, même après qu'elle a touché la robe que portait Jésus. Sa stratégie naïve était nulle et de nul effet. Ça n'a pas marché ! Avouez qu'il y a de quoi déprimer ! Son dernier espoir s'est envolé ! Voilà pourquoi Christ l'encourage, le temps que Sa parole suivante produise son effet : « Ta foi t'a sauvée ». (Psaume 51/19b) : « Ô Dieu ! tu ne méprises point le cœur froissé et brisé ». Et c'est encore par charité divine que Jésus intervient dans la vie, dans le corps, et surtout dans le cœur de la femme malade.
Tout bien-portant est un malade qui s'ignore. Nous souffrons tous peu ou prou de quelque malformation, maladie ou infirmité. Tous ces maux sont l'œuvre du diable. Mais si, comme Job, nous ne renions pas Dieu et si nous gardons la foi en Christ, l'espérance en Ses promesses d'une vie éternelle avec Lui dans Son paradis, et si nous aimons Dieu et nos frères chrétiens pour l'amour de Dieu qui nous a aimés le premier, alors nous savons que nous sommes sauvés et que nous serons guéris de toutes nos maladies, et même de la mort que Christ a vaincue en ressuscitant le troisième jour. Et c'est cet événement que nous célébrons, chaque dimanche que Dieu fait.
Mes amis, faisons comme Job, prenons patience et restons fidèles à Dieu ! (1 Corinthiens 10/13) : « [Aucune] tentation ne vous a éprouvés, qui n'ait été une [tentation] humaine ; et Dieu est fidèle, qui ne permettra point que vous soyez tentés au-delà de vos forces, mais avec la tentation il vous en fera trouver l'issue, afin que vous la puissiez soutenir ». À Dieu seul la gloire !
Tr. Révd Yves Méra, AOC France