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SERMON pour le 21ème dimanche après la Trinité


Éphésiens 6/10-20 ; Jean 4/46-54

LA FOI FAMILIALE

 

Comment croire sans avoir vu ? La vue serait-t-elle le seul de nos sens pouvant mener à la foi ? Point du tout, car « la foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu » (Romains 10/17). Notre Seigneur Jésus-Christ ne nous apprend pas à voir Dieu, mais à L'écouter et Lui obéir. Jésus n'est pas l'œil du Père - le Père voit tout - mais la Parole de Dieu (Jean 1/1-4) : « Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains ». Paradoxalement, il est écrit que la Parole de Dieu est une lumière, LA lumière des hommes. Sans cette Parole de Dieu, nous vivons dans les ténèbres de l'ignorance. Avec la vue, nous connaissons par l'expérience ; avec la Parole, nous possédons la vraie science. Nuance.

Le Père et le Saint-Esprit nous ont envoyé le Fils, Jésus-Christ, pour nous révéler cette Parole de Dieu, lumineuse, vivante et agissante et guérissante. Elle éclaire le chemin de la Vie éternelle comme les balises d'un aéroport révèlent la piste d'atterrissage aux aviateurs, ou le sémaphore du port indique le chenal d'entrée. Mais la vue est parfois trompeuse : n'avez-vous jamais entendu parler d'illusions d'optique ? C'est sur ce principe qu'opère la prétendue magie des prestidigitateurs. En revanche, la parole est sûre et ne crée pas d'illusion. Elle expose et explique la vérité, et cette vérité porte un nom : Jésus-Christ « Jésus dit : "C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi" » (Jean 14/6). Christ est la balise et le sémaphore indiquant le chemin de la Vie éternelle, par la foi. Ici, la foi est nécessaire, car il faut avoir confiance en ces sémaphores et balises pour les suivre et parvenir à destination. La question essentielle est désormais celle-ci : Pouvons-nous avoir confiance en Jésus-Christ ? La réponse est claire : Jésus-Christ a-t-Il jamais menti ? A-t-il jamais péché ? A-t-Il jamais failli à réaliser un miracle, à commencer pas Sa propre résurrection des morts ? Quand Dieu parle, Sa Parole agit et accomplit Sa volonté (Genèse 1/3-5) : « Dieu dit : "Qu’il y ait de la lumière !" et il y eut de la lumière. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin. Ce fut le premier jour ». Quand Dieu parle, même la nature Lui obéit !

Et contrairement à un enseignement darwinien que nous avons tous reçu dans les écoles, le monde n'a pas été créé par l'homme, ni par une intelligence artificielle, mais par une intelligence divine, omnisciente et toute-puissante. Il n'est pas non plus le fruit du hasard, car il est ordonné et cohérent, ce qui est tout le contraire du hasard. Christ est-Il venu sur terre par hasard ou par la volonté du Père ? En Jean 5/30, Jésus déclare : « Je ne peux rien faire de moi-même : je juge d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais celle du Père qui m’a envoyé ».
Et de même que le Père nous a envoyé le Fils, puis le Saint-Esprit à la Pentecôte, Christ a formé et envoyé Ses Apôtres - apôtre en grec, signifie, envoyé ; de là vient notre expression poster une lettre, qui signifie envoyer une lettre. Et à leur suite, chaque membre du clergé est un envoyé de Christ, avec mission prioritaire d'enseigner la Parole de Dieu. Et par extension, tout Chrétien et chef de famille participe à cette mission d'enseigner la Parole de Dieu à sa femme et à ses enfants. De ce point de vue, les familles de pasteurs sont privilégiées, car elles ont une connaissance relativement bonne de la Parole de Dieu, même si elles ne l'appliquent pas toujours parfaitement, surtout les jeunes, lorsqu'ils sont attirés par les sirènes du monde. Mais ils en reviennent plus tôt que les autres et s'impliquent souvent dans le soin des autres et le secours aux blessés. C'est déjà ça, et ce n'est pas rien. Si en plus, ils prêchent la Parole par leur témoignage, c'est encore mieux. Nous connaissons ainsi des familles de pasteurs qui servent l'Église de Christ de père en fils, à travers plusieurs générations. Tels étaient mes propres ancêtres luthériens.
Les églises évangéliques mettent l'accent sur l'individualisme de la foi. Une foi personnelle est certes nécessaire et suffisante pour être sauvé de la Colère qui vient avec le Jugement Dernier. Mais il ne faut pas oublier le rôle de la famille dans la transmission de la foi. Cependant, nombreux sont les Chrétiens qui oublient que la famille est une institution de Dieu, dont le chef est le Père (Genèse 3/16) : « Il dit à la femme : "J’augmenterai la souffrance de tes grossesses. C’est dans la douleur que tu mettras des enfants au monde. Tes désirs se porteront vers ton mari, mais lui, il dominera sur toi." ». A cet égard, les familles monoparentales sont une hérésie. Et j'en passe…

Dans l'évangile de Jean, chapitre 4, versets 46 à 54, Nous voyons un père implorer Jésus-Christ de guérir son fils malade avant qu'il ne meure. La prière d'un père est bien une action biblique ! Le père intercède pour sa femme et leurs enfants. C'est même la première responsabilité d'un père chrétien. Le père est donc nécessaire, et ils ne peuvent pas être deux, au risque de se contredire et de proférer une prière confuse. Et si dans l'Évangile, le père du malade intercède auprès de Christ, c'est qu'il a confiance en Lui pour Le guérir : il a foi en Jésus-Christ, le Messie promis par les prophètes et envoyé par le Père éternel, Dieu tout-puissant incarné en Jésus (Jean 4/47) : « Quand il apprit que Jésus était venu de Judée en Galilée, il alla le trouver et le pria de descendre guérir son fils, car il était sur le point de mourir ». Et cette foi en Christ le pousse à prier Christ d'intervenir et d'agir pour le bien de son fils malade ; et ce bien rejaillit sur toute la famille. Il n'est pas question ici de foi individuelle, mais personnelle. Autre nuance. La foi individuelle est celle d'un croyant isolé de son contexte familial. La foi personnelle, en revanche, est celle d'un croyant vivant et impliqué dans sa famille, comme le Père éternel a voulu que Son Fils Jésus soit impliqué dans la famille de Joseph et Marie, avec Ses frères et Ses sœurs. C'est un fait historique.

Et un homme de foi a confiance en Christ : il croit à la Parole de Dieu (Jean 4/50) : «"Va, lui dit Jésus, ton fils vit." Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et s’en alla" ». Le papa du malade croit et obéit à Christ. Quand Christ lui ordonne de rentrer chez lui, il s'exécute et s'en va. Une foi qui ne se concrétise pas par des actes en cohérence avec la foi professée est une foi hypocrite. Et il y a pire : Une foi qui serait contredite par des actes venant en opposition à la foi professée est un mensonge, tout simplement.

Une foi professée et vécue rejaillit sur toute une famille (Jean 4/51-53) : « Il était déjà en train de redescendre lorsque ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui dirent : "Ton enfant vit". Il leur demanda à quelle heure il était allé mieux et ils lui dirent : "C’est hier, à une heure de l’après-midi, que la fièvre l’a quitté". Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : "Ton fils vit". Alors il crut, lui et toute sa famille ». Toute une famille se met à croire - et entre par là dans le Salut et accède à la Vie éternelle - à cause d'une parole dite par Christ. Certes ils ont vu cette parole se réaliser concrètement, mais ils reconnaissent aussi que sans cette Parole de Christ, l'enfant n'aurait pas été guéri. Et j'ajoute que sans cette Parole de Christ, ils n'auraient pas cru et n'auraient pas été sauvés. Chacun a été converti personnellement, en famille, et non pas isolément.

Le verset qui suit mérite également un petit développement, car aucune Parole de Dieu n'est superflue. En Jean 4/54, nous lisons : « Jésus fit ce deuxième signe miraculeux après être revenu de Judée en Galilée ». Et pourquoi Jean précise-t-il "deuxième signe miraculeux" ? Rappelez-vous le premier : C'était au cours des noces de Cana : la fondation d'une famille. Et ce second miracle peut être qualifié de "familial", car c'est toute une famille qui en bénéficie en recevant le don de la foi. Nul doute que dans l'esprit de Jésus, la famille revêt une importance primordiale, car c'est là où Il a d'abord agi, et c'est là que la foi s'est transmise, dès le commencement de Son ministère terrestre.

Avec la grâce de la foi vient le don du Saint-Esprit. Paul détaille ce don en Éphésiens 6/10-20. Dieu ne met pas un nous un esprit de faiblesse, mais Son Esprit de puissance, et cette puissance ne vient pas de nous, elle est divine (Éphésiens 6/10 et 12b) : « Enfin, mes frères et sœurs, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa force toute-puissante … contre les puissances, contre les autorités, contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes ».

Paul fait ensuite la liste des qualités inhérentes à cette foi en Dieu tout-puissant : vérité et justice (verset 14) ; zèle pour annoncer l'Évangile (verset 15) ; foi inébranlable (verset 16) ; Salut et Parole de Dieu, liés ensemble par le Saint-Esprit (verset 17) ; prière et intercession (verset 18).

Paul commence la liste par la vérité et la justice, car si elles sont absentes, tout le reste est faux. Il continue par le zèle aux pieds pour témoigner en marchant, c'est-à-dire en toute occasion, comme un marchand cherchant à placer sa marchandise et à la vendre à tous ses contacts. Et ce marchand y croit, il a foi dans la qualité de sa marchandise sans quoi il ne serait ni convaincu, ni convainquant. Ensuite, Paul prêche le Salut au moyen de la Parole de Dieu, qui est tout aussi bien Jésus-Christ Lui-même que Sa Parole - « l'Évangile de la grâce de Dieu » (Actes 20/24c). Enfin vient la prière, qui arrive en dernier comme on met un timbre sur l'enveloppe avant de la poster, sans quoi elle ne sera pas portée à destination. Au vu de ce qui précède, la prière et l'intercession n'ont pas de sens si elles ne sont pas faites dans la foi et dans la volonté du Père éternel. Car l'important, ce n'est pas l'enveloppe en soi - quoi qu'elle comporte le Nom du Père et de Son Fils Jésus-Christ, mais le message qui y est contenu - conforme à la Parole de Dieu - vérifié, signé et scellé.

Et c'est seulement après avoir ainsi précisé le sens de la prière d'intercession que Paul demande à ce qu'on prie pour lui (Éphésiens 6/19) : « Priez pour moi afin que, lorsque j’ouvre la bouche, la parole me soit donnée pour faire connaître avec assurance le mystère de l’Évangile ». L'Évangile n'a cependant rien de mystérieux, de caché : il est au contraire la révélation de la Vérité en Jésus-Christ. Ce qui était caché, Christ nous l'a fait connaître.

Le mot "mystère" est lui-même dérivé d'un mot grec dont Denys de Syracuse a fait un jeu de mots célèbre : "mus tère" en deux mots, qui signifie "chasse à la souris" (Mus a donné mouse, en anglais). Et en effet, étant chaussés du zèle pour l'Évangile, nous chassons les souris, les rats et les Méra afin de leur présenter la voie du Salut en Jésus-Christ, mort sur la croix du Calvaire pour nous racheter et nous arracher aux griffes de Satan, l'ennemi de nos âmes.

Et Paul termine cette exhortation en rappelant qu'il est lié, enchaîné, prisonnier. Sa vie se termine ainsi, dans une prière continuelle, car il est empêché de faire quoi que ce soit d'autre. Pensons à notre avenir et à tous les anciens qui sont perclus de rhumatismes, handicapés, malades. Loin d'être inutiles, ils sont nécessaires à la prière continuelle de l'Église de Christ. Et nous avons vu que la prière est ce qui vient en dernier dans la liste de Paul, comme dans la vie que Dieu nous donne. La vie n'est donc pas une affaire statique, mais un mouvement, une marche continuelle vers le Royaume de Dieu : Nous naissons dans le péché (Psaume 51/5) : « Oui, depuis ma naissance, je suis coupable; quand ma mère m’a conçu, j’étais déjà marqué par le péché » nous nous convertissons en naissant de nouveau, et nous nous préparons à notre glorification dans le Ciel en priant et en intercédant pour tous les hommes, à commencer par notre famille (Romains 8/30) : « Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi déclarés justes ; et ceux qu’il a déclarés justes, il leur a aussi accordé la gloire ». Et c'est cette gloire qui nous attend ; ne soyons donc pas timides pour annoncer l'Évangile en semant la Parole à nos proches d'abord, et au monde ensuite (2 Timothée 4/2) : « prêche la parole, insiste en toute occasion, qu’elle soit favorable ou non, réfute, reprends et encourage. Fais tout cela avec une pleine patience et un entier souci d’instruire ». Cela ne vaut-il pas mieux que de se plaindre de la désaffection du monde pour l'Évangile et pour l'Église de Christ ?

Mes amis, les temps sont courts. L'heure fatale du jugement de ce monde approche. Soyons, comme Timothée, des collaborateurs de Dieu dans l'Évangile de Christ (Cf. 1 Thessaloniciens 3/2) ; supportons les souffrances, accomplissons la tâche d'évangélistes (Cf. 2 Timothée 4/5). Prions et intercédons pour nos familles, l'Église de Christ, les malades et les pécheurs ; et Dieu qui nous voit du haut du Ciel et qui nous aime nous bénira, comme Il bénit tous ceux et celles qui Lui obéissent. C'est du moins ce dont je peux témoigner par mon expérience et celle de nombreux autres frères dans la grande famille de la foi, qui est la véritable Église de Jésus-Christ. Amen.

Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.

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