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16-Du jeûne

II-4. Des bonnes Œuvres : premièrement du jeûne

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{40} 1. La vie que nous menons dans ce monde, bon peuple Chrétien, est un avantage gratuit que Dieu nous a octroyé, non pas pour en user à plaisir selon notre volonté charnelle, mais pour nous activer dans des œuvres qui révèlent ceux qui sont devenus de nouvelles créatures en Christ. Ces œuvres, l'Apôtre les appelle des œuvres bonnes, disant : « Nous sommes les œuvres de Dieu, créés en Jésus Christ pour les œuvres bonnes que Dieu a ordonnées afin que nous marchions en elles ». Et cependant il ne dit pas ces mots pour nous induire à nous fier ou à placer une quelconque confiance dans nos œuvres, comme si par leur mérite nous pouvions acheter la rémission de nos péchés et de ceux des autres, et par conséquent la vie éternelle. Car ce serait tout simplement un blasphème contre la miséricorde de Dieu et une grande échappatoire à l'effusion du sang de notre Sauveur Jésus-Christ. Car c'est par la grâce et la miséricorde gratuite de Dieu, par la médiation du sang de Son Fils Jésus-Christ, sans aucun mérite de notre part, que nos péchés nous sont pardonnés, que nous sommes réconciliés et réintroduits dans Sa faveur et faits héritiers de Son royaume céleste. « La grâce », dit St Augustin, « appartient à Dieu qui nous appelle, et alors [seulement] celui qui a reçu la grâce produit des œuvres bonnes ». Les bonnes œuvres ne produisent donc pas la grâce, mais elles sont produites par la grâce. « La roue », dit-il, « tourne rond, pas dans le but de s'arrondir, mais parce qu'elle a d'abord été faite ronde, elle tourne rond. Nul homme ne fait donc des bonnes œuvres pour recevoir la grâce par ses bonnes œuvres, mais parce qu'il a d'abord reçu la grâce il fait en conséquence des œuvres bonnes ». Et dans un autre passage, il dit : « Les bonnes œuvres ne précèdent pas celui qui sera ensuite justifié, mais les œuvres bonnes viennent après, une fois l'homme justifié ». St Paul enseigne donc que nous devons faire des œuvres bonnes à divers titres : premièrement, pour nous montrer comme des enfants obéissants à notre Père céleste, qui les a ordonnées afin que nous marchions en elles ; deuxièmement, car ce sont de bons témoignages et des affirmations de notre justification ; troisièmement afin que les autres, voyant nos œuvres bonnes, soient plutôt attirés et exhortés à glorifier notre Père qui est aux cieux. Ne soyons donc pas tièdes à faire des œuvres bonnes, voyant que c'est la volonté de Dieu que nous marchions en elles, nous assurant qu'au dernier jour chaque homme recevra de Dieu pour son travail accompli dans la foi, une plus grande récompense que ce que ses œuvres ont mérité. Et parce que quelque chose doit être dit plus loin d'une œuvre bonne en particulier, dont le commandement est donné à la fois dans la Loi et dans l'Évangile, il fallait parler pour commencer de toutes les œuvres bonnes en général; premièrement pour enlever du chemin des gens simples et peu instruits cette dangereuse pierre d'achoppement d'après laquelle un homme pourrait acheter le ciel avec ses œuvres ; deuxièmement, pour ôter (autant que possible) aux esprits envieux et aux langues calomnieuses toute occasion de s'exprimer, comme si les œuvres bonnes étaient rejetées.

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L'œuvre bonne de laquelle il sera maintenant traité est celle du jeûne, qui, dans l'Écriture, est de deux sortes ; l'une est extérieure, et relève du corps ; l'autre est intérieure, et réside dans le cœur et dans l'esprit. Le jeûne extérieur est une abstinence de viande, de boisson et de toute nourriture naturelle, oui, de tous les plaisirs et délectations mondains. Quand ce jeûne extérieur relève d'un homme en particulier ou de quelques-uns, et non à tous, pour les raisons qui seront énumérées plus loin, il est alors appelé un jeûne privé. Mais quand la multitude des hommes, femmes et enfants d'une ville, oui, à travers un pays tout entier, jeûne, on l'appelle un jeûne public. Tel était le jeûne que toute la multitude des enfants d'Israël devaient observer le 10ème jour du 7ème mois, parce que Dieu Tout-Puissant avait désigné ce jour comme jour de purification, un jour d'expiation, un temps de réconciliation, un jour où le peuple était purifié de ses péchés. L'ordre et la manière de faire sont écrits aux chapitres 16 et 23 du Lévitique. Ce jour-là, le peuple se lamentait, s'endeuillait, pleurait et se repentait de ses péchés. Et quiconque ne s'humiliait pas dans son âme en ce jour, se lamentant sur ses péchés, comme il a été dit, s'abstenant de toute nourriture corporelle jusqu'au soir, cette âme, dit Dieu Tout-Puissant, devait être retranchée du milieu de Son peuple. Nous ne lisons pas que Moïse ait ordonnancé par un ordre de la Loi un autre jour de jeûne public, de toute l'année, sinon ce seul jour. Les Juifs, nonobstant, avaient d'autres moments de jeûne commun que le prophète Zacharie précise ainsi : « le jeûne du 4ème, le jeûne du 5ème, le jeûne du 7ème et le jeûne du 10ème mois ». Mais, comme ils n'apparaissaient pas dans la Loi du Lévitique quand ils furent institués, on doit juger que ces autres moments de jeûne, en plus du jeûne du 7ème mois, étaient ordonnés parmi les Juifs par une décision de ses gouverneurs, plus par dévotion que par un commandement ouvertement donné par Dieu.

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À l'occasion de ce jeûne général, les hommes pieux s'imposaient des jeûnes privés aux moments qu'ils choisissaient soit pour se lamenter sérieusement de leur péchés, soit pour s'adonner à une prière plus fervente, afin qu'il plaise à Dieu d'écarter Sa colère et de les épargner, soit qu'ils aient été admonestés et amenés à considérer leur état par la prédication des prophètes, soit qu'ils aient vu le réel danger suspendu au-dessus de leurs têtes. Cette tristesse du cœur, jointe au jeûne, était parfois manifestée extérieurement par leur comportement et leurs gestes corporels, revêtant le sac, s'aspergeant de poussière et de cendre, et s'asseyant ou se couchant à même la terre. Car quand les hommes pieux ressentent en eux-mêmes le lourd fardeau du péché, qu'ils voient la damnation qui en sera la sanction, et qu'ils voient avec l'œil de la pensée l'horreur de l'enfer, ils tremblent, frissonnent et sont intérieurement touchés par la tristesse du cœur à cause de leurs offenses et ils ne peuvent accuser qu'eux-mêmes en s'ouvrant à Dieu Tout-Puissant de leur douleur, et ils en appellent à Sa miséricorde. Si ceci était fait avec sérieux, leur esprit était si occupé, en partie par le poids du chagrin, en partie par un sérieux désir d'être délivrés de ce danger de damnation à l'enfer, que toute envie de viande et de boisson est abandonnée, et qu'une détestation de toutes les choses et plaisirs mondains prenaient la place, de telle sorte qu'ils n'aimaient rien tant que de pleurer, de se lamenter, de porter le deuil, tant en paroles qu'en comportement corporel, afin de montrer qu'ils étaient lassés de cette vie. Ainsi fit David, jeûnant quand il intercéda auprès de Dieu Tout-Puissant pour que son enfant reste en vie, engendré dans l'adultère par Bathsheba, la femme d'Urie. Le roi Achab jeûna ainsi quand il se repentit du meurtre de Nabot en se rendant compte [de la gravité] de ses propres péchés. Tel était le jeûne des Ninivites, amenés à la repentance par la prédication de Jonas. Quand 40.000 Israélites furent massacrés au cours de la bataille contre les Benjaminites, l'Écriture dit : « Tous les enfants d'Israël et toute la multitude du peuple monta à Béthel et s'assit, pleurant devant Dieu, et jeûna tout ce jour-là jusqu'à la nuit ». Ainsi firent Daniel, Esther, Néhémie et de nombreux autres dans les jeûnes de l'Ancien Testament.

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Mais quelqu'un dit : « C'est vrai qu'ils jeûnaient comme cela ; mais nous ne sommes plus sous le joug de la loi, nous sommes libérés de par la liberté de l'Évangile ; nous ne sommes donc pas liés par ces rites et coutumes de l'ancienne Loi, sauf s'il peut être démontré par les Écritures ou par des exemples du Nouveau Testament, maintenant que nous avons l'Évangile, que jeûner est une restriction de nourriture, de boisson et des plaisirs du corps, comme autrefois » ; premièrement, c'est une vérité si manifeste qu'il faille jeûner qu'il ne devrait pas être nécessaire de le prouver ici ; les Écritures l'enseignent de façon évidente. Le doute qui subsiste est de savoir si, quand nous jeûnons, nous devons priver notre corps de toute nourriture et boisson pendant la durée du jeûne, ou non. Que nous devions le faire peut bien être déduit d'une question posée à Christ par les Pharisiens, et par Sa réponse : « Pourquoi » dirent-ils, « les disciples de Jean jeûnent et prient souvent, et nous aussi, mais Tes disciples mangent et boivent » et ne jeûnent pas du tout ? Dans cette question subtile ils induisent cet argument : Quiconque ne jeûne pas, n'est pas un homme de Dieu. Car le jeûne et la prière sont des œuvres à la fois recommandées et commandées par Dieu dans Ses Écritures, et tous les hommes pieux, depuis Moïse jusqu'à aujourd'hui, aussi bien les prophètes que d'autres, se sont exercés à ces œuvres. « Jean et ses disciples aussi jeûnent souvent de nos jours et prient beaucoup, et nous les Pharisiens faisons de même. Mais Tes disciples ne jeûnent pas du tout ; et si Tu le nies, nous pouvons facilement le prouver. Car quiconque mange et boit ne jeûne pas ; Tes disciples mangent et boivent, ils ne jeûnent donc pas. Nous en concluons nécessairement, dirent-ils, que ni Toi, ni Tes disciples, n'êtes de Dieu ». Christ répondit en disant : « Pouvez-vous faire en sorte que les enfants de la noce jeûnent pendant que le marié est avec eux ? Les jours viendront où le marié leur sera enlevé ; ils jeûneront en ces jours-là ». Christ notre Sauveur, en bon maître, défendait l'innocence de Ses disciples contre la malice des Pharisiens arrogants, et Il prouva que Ses disciples n'étaient pas coupables de transgresser ne serait-ce qu'un iota de la Loi de Dieu, bien qu'ils ne jeûnaient pas ; et dans Sa réponse, Il reprochait aux Pharisiens leur superstition et leur ignorance. Leur superstition, parce qu'ils mettaient la religion dans leurs actions et assignaient la sainteté à des œuvres extérieures, sans égard pour le but en vue duquel le jeûne est ordonné. Leur ignorance, parce qu'ils étaient incapables de discerner les moments ; ils ne savaient pas qu'il y a un temps pour se réjouir et s'égayer, et un autre temps pour se lamenter et s'endeuiller ; Christ a répondu aux deux dans Sa réponse, en visant plus généralement tous ceux qui viendront après, quand nous montrerons quel moment est le plus approprié pour jeûner. Mais ici, bien-aimés, remarquons que Christ notre Sauveur, en faisant cette réponse à leur question, ne niait pas et reconnaissant que Ses disciples ne jeûnaient pas, et se trouvait d'accord avec les Pharisiens sur ce point, car c'est une vérité manifeste que quiconque mange et boit ne jeûne pas. Jeûner est donc, de l'assentiment de Christ, une privation de viande, de boisson et de tout aliment naturel et corporel pendant la durée du temps du jeûne.

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Et l'usage de l'Église primitive apparaît de manière très évidente dans le Concile de Chalcédoine, un des quatre premiers Conciles universels. Les pères qui y étaient assemblés, au nombre de 630, considéraient entre eux combien le jeûne est agréable à Dieu quand il est pratiqué selon Sa Parole ; et ayant sous les yeux les grands abus [du jeûne] qui s'étaient infiltrés dans l'Église en ces jours là par la négligence de ceux qui auraient dû enseigner le peuple sur son bon usage, et par la vaine vantardise des hommes ; pour réformer les  abus et pour en rétablir le véritable usage en tant qu'œuvre très pieuse et bonne, ils ont décrété dans ce Concile que chaque individu, aussi bien en jeûne public que privé, reste tout le jour sans manger ni boire jusqu'après la prière du soir, et que quiconque mangeait ou buvait avant la fin de la prière du soir devait être compté et réputé ne pas respecter la pureté de son jeûne. Ce canon nous renseigne de manière si évidente sur la manière de jeûner dans l'église primitive qu'il n'est pas possible de l'exprimer plus clairement avec des mots. Le jeûne est donc, d'après le décret des 630 pères, fondant leur détermination à ce sujet sur les Écritures sacrées et un long usage et la pratique continue aussi bien des prophètes que d'autres personnes pieuses d'avant la venue de Christ et des Apôtres et d'autres hommes dévots, dans le Nouveau Testament : une privation de viande, de boisson et de toute nourriture naturelle pendant la durée du temps imparti au jeûne.

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Jusqu'ici nous avons dit clairement en quoi consiste le jeûne. Nous allons voir maintenant quel en est le bon et juste usage.

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Les œuvres bonnes ne sont pas toutes de la même sorte. Car certaines sont bonnes en soi et ont leur propre nature bonne ; comme d'aimer Dieu au-dessus de toute chose, d'aimer mon prochain comme moi-même, d'honorer [son] père et [sa] mère, de respecter les autorités, de donner à chaque homme ce qui lui est dû, et ainsi de suite. Il y a d'autre œuvres qui, considérées en soi, sans autre, ont leur propre nature simplement indifférente, c'est à dire, ni bonnes ni mauvaises en soi, mais selon l'usage qu'on en fait. Lesquelles œuvres, accomplies dans un but bon, sont appelées des œuvres bonnes et elles le sont en effet, mais cela ne vient pas d'elles-mêmes mais du bien auquel elles sont rapportées. D'un autre côté, si le but qu'elles servent est mauvais, il ne peut en être autrement qu'elles soient mauvaises aussi. Le jeûne est de cette sorte d'œuvres, étant en soi une chose assez indifférente, mais qui est bon ou mauvais suivant le but qu'il sert. Car quand il vise un but bon, c'est une œuvre bonne ; mais si le but est mauvais, l'œuvre elle-même est mauvaise aussi.

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Jeûner avec cette idée dans la tête que notre jeûne et d'autres bonnes œuvres peuvent nous rendre bons, parfaits et justes, et finalement nous conduire au ciel, c'est une idée diabolique, et ce jeûne est si loin de plaire à Dieu, qu'il s'oppose à Sa miséricorde, voulant déroger aux mérites de la mort de Christ et à la précieuse effusion de Son sang. Voilà ce qu'enseigne la parabole du Pharisien et du publicain. « Deux hommes », dit Christ, « montèrent ensemble au Temple pour prier, l'un était un Pharisien, l'autre un publicain. Le Pharisien se tenait debout, priant ainsi en lui-même : 'Je Te remercie ô Dieu, de ce que je ne suis pas comme d'autres qui sont des escrocs, des injustes, des adultères et comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède.' Le publicain se tenait au loin et n'osait pas lever les yeux au ciel, mais il se frappa la poitrine en disant 'Dieu, soit miséricordieux envers moi, pécheur.' ». Christ notre Sauveur définit ce Pharisien aux yeux et au jugement du monde comme un homme parfait, juste et droit, un homme qui n'est pas entaché par un de ces vices dont les hommes sont communément affectés : extorsions, corruptions, médisances, vols et détournements de biens publics, ruse et subtilité dans le commerce et les échanges, usage de faux poids et de détestables parjures pour acheter et vendre, fornication, adultère et vicieuse manière de vivre. Ce Pharisien n'était pas un tel homme, ni coupable d'aucun de ces crimes notoires, mais là où d'autres transgressaient en omettant des choses qu'ils auraient dû faire selon la Loi, cet homme faisait plus que ce qui était requis par la Loi, car il jeûnait deux fois la semaine et donnait la dîme de tout ce qu'il avait. Comment aurait-on pu blâmer un tel homme ? Oui, qu'est-ce qu'on aurait pu attendre de lui, extérieurement, pour qu'il soit plus parfait et plus juste encore ? En vérité, rien, selon le jugement des hommes, et cependant Christ notre Sauveur lui a préféré le pauvre publicain qui ne jeûnait pas. La raison en est manifeste. Car le publicain, n'ayant fait aucune bonne œuvre du tout et [n’ayant] rien donné, s'offrait lui-même à Dieu, confessant ses péchés et espérant sûrement être sauvé, seulement par la miséricorde gratuite de Dieu. Le Pharisien se glorifiait et se fiait tellement à ses bonnes œuvres qu'il se sentait en sûreté sans [avoir besoin de] la miséricorde, et qu'il devait aller au ciel grâce à ses jeûnes et autres bonnes œuvres. Cette parabole est dite dans ce but, car elle est destinée à ceux « qui ont confiance d'être justes en eux-mêmes et méprisent les autres ». Parce que le Pharisien dirigeait ses œuvres dans un but mauvais, cherchant sa justification en elles, alors que c'est l'œuvre propre de Dieu, sans nos mérites, sans son jeûne de deux fois la semaine et toutes ses autres bonnes œuvres, bien qu'elles ne soient jamais suffisantes et qu'elles ne semblent jamais assez bonnes et saintes au monde, cependant elles sont toutes ensemble mauvaises et abominables devant Dieu.

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La cible que les hypocrites visent avec leur jeûne est d'apparaître saints aux yeux des gens du monde et de gagner ainsi leurs recommandations et leurs louanges. Mais Christ notre Sauveur a dit d'eux : « Ils ont leur récompense », c'est à dire, ils ont la recommandation et la louange des hommes, mais de Dieu ils n'en ont aucune. Car tout ce qui tend vers un but mauvais est de ce fait mauvais en soi.

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Encore une fois, aussi longtemps que nous gardons de l'impiété dans notre cœur et que nous tolérons que des pensées méchantes s'y attardent, même si nous jeûnons aussi souvent que St Paul ou Jean-Baptiste, et que nous continuons comme les Ninivites, ce ne sera non seulement d'aucun profit pour nous, mais aussi une chose grandement déplaisante à Dieu Tout-Puissant. Car Il a dit que « Son âme abhorre et déteste de tels jeûnes, oui, ils sont un fardeau pour Lui et Il se lasse de le porter ». Et Il prévient donc très précisément contre ces jeûnes, disant par la bouche du prophète Ésaïe : « Voyez, quand vous jeûnez votre luxure demeure, car vous n'en faites pas moins violence à vos débiteurs. Vous jeûnez étant en conflit, en débat et en donnant des coups avec le poing de la méchanceté. Ne jeûnez pas ainsi, pour vous faire mieux entendre du ciel. Pensez-vous qu'un tel jeûne Me plaît, quand un homme se prive pendant un jour ? Peut-on appeler cela un jeûne ou un jour qui plaît au Seigneur ? ».

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Maintenant, chers et bien-aimés, voyant que Dieu Tout-Puissant n'autorise pas notre jeûne pour que ce soit une [bonne] œuvre, mais qu'Il regarde surtout notre cœur, comment il est affecté, Il voit donc notre jeûne comme bon ou mauvais d'après le but qu'il sert, c'est notre devoir de « livrer notre cœur et non nos atours » comme nous en avertit le prophète Joël ; c'est-à-dire que notre tristesse et notre deuil doivent être intérieurs, dans le cœur, et pas seulement en manifestation extérieure ; oui, nous sommes requis en premier lieu et avant tout, de nettoyer notre cœur du péché, et d'orienter alors notre jeûne dans un but que Dieu autorise comme bon. Il y a trois buts où notre jeûne peut être dirigé qui nous sont profitables et acceptés par Dieu. Le premier est de châtier la chair, c'est à dire de ne pas être trop capricieux, mais de l'apprivoiser et de l'assujettir à l'esprit. C'est cet aspect que St Paul avait [à l'esprit] quand il disait : « Je châtie mon corps et l'amène à la soumission, afin qu'il n'arrive aucunement que quand je prêche aux autres, je sois trouvé [comme] ayant fait naufrage ». Le second est que notre esprit soit plus fervent et plus sérieux lorsque nous prions. C'est dans ce but que jeûnaient les prophètes et les docteurs qui étaient à Antioche avant d'envoyer Paul et Barnabas prêcher l'Évangile. Le troisième est que notre jeûne soit devant Dieu notre témoignage d'humble soumission à Sa suprême majesté quand nous confessons et reconnaissons nos péchés et que nous sommes intérieurement bouleversés; et que notre cœur est attristé, pleurant dans l'affliction de notre corps. Tels sont les trois buts ou les trois usages justes du jeûne. Le premier relevait plus particulièrement du jeûne privé ; les deux autres sont communs au jeûne public et au jeûne privé. Voilà pour ce qui est de l'usage du jeûne.

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Seigneur, aie pitié de nous et fais-nous la grâce que pendant que nous vivons dans ce monde misérable, nous puissions, avec Ton aide, produire ce fruit de l'Esprit et d'autres, qui sont recommandés et ordonnés par Ta sainte Parole, à la gloire de Ton Nom et pour notre consolation, qu'après notre course dans cette vie de naufrage nous puissions vivre éternellement avec Toi dans Ton royaume céleste, non pour les mérites et la valeur de nos bonnes œuvres, mais pour l'amour de Ta miséricorde et en vertu des mérites de Ton cher Fils Jésus-Christ, à qui, avec Toi et avec le Saint-Esprit, soient toute louange, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles. Amen.

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{41} 2. Dans la précédente homélie, bien aimés, il était montré que parmi le peuple des Juifs, le jeûne, tel qu'il leur était commandé de Dieu par Moïse, consistait à s'abstenir pendant tout un jour depuis le matin jusqu'au soir de manger, de boire, et de toute nourriture corporelle ; et que qui-conque goûtait à quoi que ce soit avant le soir du jour fixé pour le jeûne était compté comme un briseur de jeûne. Et cet ordre, bien qu'il semble étrange à quelques-uns de nos contemporains, parce qu'il n'a pas été d'un usage général dans ce royaume pendant de nombreuses années, était cependant en usage parmi le peuple de Dieu (je veux dire les Juifs d'avant la venue de Christ notre Sauveur, que Dieu a réservés et mis de côté pour Lui-même en tant que peuple particulier, au-dessus de toutes les autres nations de la terre) et que Christ notre Sauveur l'a compris ainsi, comme les Apôtres après l'Ascension de Christ l'ont pratiqué, et ceci est suffisamment prouvé par les témoignages et les exemples des Saintes Écritures, aussi bien du Nouveau Testament que de l'Ancien. Le vrai usage du jeûne est également montré par là. Dans la seconde partie de cette homélie, il sera démontré qu'aucune constitution ou loi humaine, sur des sujets qui sont simplement indifférents par leur nature, ne peut lier la conscience des Chrétiens par une observance perpétuelle, mais que les hautes autorités, soit ecclésiastiques soit politiques, ont une pleine liberté pour modifier et changer de telles lois et ordonnances, selon les moments et les lieux.

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Mais d'abord, une réponse doit être donnée à la question que certains peuvent se poser, en se demandant quel jugement nous devrions avoir sur de telles abstinences en tant qu'elles sont ordonnées par l'autorité publique et par des lois faites par des princes en matière politique ou par l'autorité des magistrats, sans avoir égard pour quelque religion que ce soit, comme dans tout royaume, dans le but de soutenir les ports de pêche bordant les mers et pour le développement de la pêche et de la flotte du royaume, par laquelle non seulement les marchandises d'autres pays peuvent être transportées, mais peuvent aussi se révéler nécessaires pour la défense contre une invasion ennemie.

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Pour mieux comprendre cette question, il est nécessaire que nous fassions une différence entre la politique des princes, faite pour l'ordonnancement de la prospérité commune, pour fournir les choses pouvant le mieux servir à la défense de leurs sujets et de leurs pays, et entre la politique ecclésiastique prescrivant de telles œuvres par lesquelles, en tant que moyens secondaires, la colère de Dieu peut être apaisée et sa miséricorde sollicitée. Les lois positives faites par les princes pour le maintien de leur politique, ne répugnant pas à la Loi de Dieu, doivent être obéies avec une crainte révérencieuse des magistrats, par tous leurs sujets Chrétiens, non seulement, par peur du châtiment, mais aussi, comme l'Apôtre l'a dit, par motif de conscience ; conscience, ai-je dit, non pas de la chose qui est neutre par sa nature, mais de l'obéissance que nous devons au magistrat en tant que serviteur de Dieu, selon la Loi de Dieu. Par ces lois positives, nous les sujets, à certaines époques et périodes de temps, nous sommes privés de certaines sortes de nourritures et de boissons que Dieu, par Sa sainte Parole, a permises à tous les hommes de prendre pour en user avec reconnaissance en tous lieux et en toutes saisons ; cependant, parce que de telles lois des princes ou d'autres magistrats ne sont pas faites pour sanctifier une sorte de nourriture et de boisson en les considérant plus saintes que d'autres, mais sont fondées simplement sur la politique, tous les sujets sont tenus en conscience de les observer, par le Commandement de Dieu, qui, selon l'Apôtre, veut que tous, sans exception, se soumettent à l'autorité des pouvoirs supérieurs.

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Et sur ce point concernant nos devoirs à nous qui habitons en Angleterre, environnés par la mer comme nous le sommes, nous avons un grand motif et une grande raison de veiller aux commodités de la navigation sur l'eau, que Dieu Tout-Puissant, dans Sa divine providence a établie si proche de nous, par lesquelles les victuailles peuvent être d'autant mieux accrues dans le pays, économisées et chéries, pour en réduire le coût à un prix plus modéré, et pour une meilleure subsistance des pauvres. Et l'Anglais qui, considérant les grandes commodités qui peuvent en découler, ne s'abstient pas d’une part de son appétit licencieux de par l'ordonnance de son prince, avec le consentement des sages du royaume, semble sans doute trop délicat. Quel bon cœur Anglais ne souhaiterait pas le retour de l'ancienne gloire du royaume, comme il en a été excellemment autrefois, en lui procurant une flotte navale ? Qu'est-ce qui pourra mieux décourager les cœurs de l'adversaire que de nous voir aussi bien protégés et armés sur la mer que nous le sommes sur la terre ? Si le prince requiert notre obéissance pour nous priver de chair pendant un jour de plus et de nous contenter d'un repas dans ce même jour, notre avantage ne devrait-il pas nous persuader de lui obéir ? Mais maintenant que deux repas sont permis ce jour-là, alors que nombre des anciens du royaume ne prenaient qu'un repas, et de poisson seulement, allons-nous penser que le fardeau qui nous est imposé est trop lourd à porter ? De plus, considérez la décadence des ports de mer, qui devraient être fort peuplés pour être prêts à repousser l'ennemi ; nous qui demeurons plus loin dans les terres, les ayant comme notre bouclier pour nous défendre, n'en serions que plus en sécurité. S'ils sont nos prochains, pourquoi ne voudrions-nous pas qu'ils prospèrent ? S'ils sont notre défense, au plus près de l'ennemi, pour tenir éloignée la rage des océans, qui autrement se déverserait sur nos beaux pâturages, pourquoi ne prendrions-nous pas soin d'eux ?

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Nous ne vous exhortons pas non plus, quand le régime ecclésiastique prescrit une forme de jeûne pour que nous nous humilions devant Dieu Tout-Puissant, à cet ordre qui était en usage parmi les Juifs et pratiqué par les Apôtres de Christ après son Ascension, et qui est d'une telle force et nécessité qu'il n'est en usage que parmi les Chrétiens et parmi nul autre peuple, afin de plier le peuple de Dieu sous le joug et le fardeau de la politique de Moïse ; oui, c'est une véritable manière de nous ramener sous les liens de la Loi, nous qui sommes libérés par la liberté de l'Évangile de Christ, ce que Dieu a interdit à tout homme de tenter ou d'imaginer. Mais dans ce but elle sert à montrer combien l'ordre de jeûner, maintenant en usage dans l'Église, diffère de celui qui était alors en usage. L'Église de Dieu ne devrait pas non plus être si liée à cet ordre ou à tout autre, qu'il soit donné aujourd'hui ou plus tard de par l'autorité d'un homme, mais elle peut licitement et pour une juste cause modifier, changer ou atténuer ces décrets et ordres ecclésiastiques, oui, revenir entièrement sur eux et les supprimer, quand ils tendent soit à la superstition ou à l'impiété, quand ils éloignent les gens de Dieu plutôt que de les édifier.

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Christ Lui-même a usé de cette autorité et l'a laissée à Son église. Il en a usé, dis-je, car les ordres et décrets pris par les anciens pour se laver souvent, qui sont méticuleusement observés par les Juifs, tendent cependant à la superstition. Christ notre Sauveur les a modifiés et changés dans Son Église en un sacrement profitable, le sacrement de notre régénération ou nouvelle naissance.

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Ce pouvoir d'atténuer les lois et décrets ecclésiastiques, les Apôtres l'ont pratiqué quand, écrivant de Jérusalem à la congrégation d'Antioche, ils leur ont signifié qu'ils « ne leur imposeraient pas d'autre fardeau que ceux qui sont nécessaires », c'est à dire « qu'ils s'abstiennent des choses offertes aux idoles, du sang, de ce qui est étranglé et de la fornication », nonobstant tout ce que la Loi de Moïse imposait d'autre.

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Ce pouvoir de changer les ordres, décrets et constitutions de l'église fut utilisé après le temps des Apôtres par les pères au sujet de la manière de jeûner, comme il apparaît dans l'Histoire tripartite, où il est écrit ceci : « En ce qui concerne le jeûne, nous trouvons qu'il était observé diversement en divers lieux et par diverses personnes. Car à Rome ils jeûnaient trois semaines d'affilée avant Pâques, excepté les samedis et les dimanches, lequel jeûne ils appellent Carême ». Et quelques lignes plus loin dans le même chapitre, il est dit : « Ils n'ont pas une façon uniforme de jeûner. Car certains jeûnent en s'abstenant de chair et de poisson. D'autres, quand ils jeûnent, ne mangent que du poisson. D'autres encore mangent de tout oiseau aquatique aussi bien que du poisson, se fondant sur Moïse, pour qui ces oiseaux tirent leur subsistance de l'eau, comme les poissons. Quelques autres, quand ils jeûnent, ne mangent ni légumes ni œufs. Il y a quelques jeûneurs qui ne mangent rien que du pain sec. D'autres ne mangent rien du tout, même pas du pain sec. Certains jeûnent en se privant de toute nourriture jusqu'à la nuit et mangent alors sans faire de distinction ou de choix entre les nourritures. Et un millier de telles diverses sortes de jeûnes peuvent se trouver employées en divers lieux du monde, par diverses sortes de gens ». Et malgré cette grande diversité dans la manière de jeûner, la charité, qui est le vrai lien de la paix chrétienne, n'a pas été remise en cause, et la diversité du jeûne n'a pas non plus remis en cause leur accord et leur concorde en matière de foi. « S'abstenir parfois de certaines nourritures, non parce qu'elles sont mauvaises, mais parce qu'elles ne sont pas nécessaires, voilà ce qu'est l'abstinence », dit St Augustin, « ce n'est pas un mal. Et restreindre l'usage des viandes quand la nécessité et le moment le requièrent », dit-il, « appartient en propre aux Chrétiens ».

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Nous avons ainsi entendu, bonnes gens, d'abord, que les sujets Chrétiens sont tenus en conscience d'obéir aux lois des princes qui ne contredisent pas les lois de Dieu. Vous avez également entendu que l'église de Christ n'est pas tenue de suivre les ordres, lois ou décrets humains pour prescrire un jeûne religieux, mais que l'Église a tout pouvoir et autorité de par Dieu pour les changer et les modifier en tant que de besoin, ce qui vous a été montré par l'exemple de Christ notre Sauveur, par la pratique des Apôtres et des Pères, depuis ce temps là.

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Maintenant, nous verrons brièvement quels moments sont les plus pertinents pour jeûner, car tous ne sont pas convenables, mais comme le sage l'a dit : « Chaque chose en son temps. Il y a un temps pour pleurer, et un temps pour rire, un temps pour s'endeuiller et un temps pour se réjouir, etc. ». Christ notre Sauveur a excusé Ses disciples et réprouvé les Pharisiens car ils n'avaient aucun égard pour l'usage du jeûne ni pour le moment de jeûner. Il a répondu à ces deux sujets en enseignant : « Les enfants de la noce ne peuvent pas s'endeuiller pendant que le marié est avec eux ». Leur question visait le jeûne, Sa réponse visait le deuil, signifiant clairement que le jeûne corporel extérieur n'est pas un jeûne pour Dieu, sauf s'il est accompagné d'un jeûne intérieur, d'un deuil et d'une lamentation du cœur, ainsi qu'il a déjà été dit. Au sujet des moments de jeûner, Il a dit : « Les jours viendront où le marié leur sera ôté ; ces jours-là ils jeûneront ». Par cela il est manifeste que ce n'est pas le moment de jeûner tant que la noce dure et que le marié est présent, mais quand la noce est finie et que le marié s'en va, alors c'est un moment approprié pour jeûner.

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Maintenant, expliquons clairement le sens et la signification de ces mots : « Nous sommes à la noce », et encore, « Le marié nous est ôté». Vous remarquerez qu'aussi longtemps que Dieu nous révèle Sa miséricorde et qu'Il nous donne Ses bénédictions, soit spirituelles, soit corporelles, nous sommes à la noce avec le marié. Ainsi du bon vieux père Jacob, qui était à la noce, quand il comprit que son fils Joseph était vivant et dirigeait toute l'Égypte sous le roi Pharaon. Ainsi de David, qui était à la noce avec le marié quand il a obtenu la victoire sur le grand Goliath et qu'il lui a coupé la tête. Judith et tous le peuple de Bétulie étaient les enfants de la noce et étaient avec le marié quand Dieu, par la main d'une femme, tua Holopherne, le grand capitaine de l'envahisseur Assyrien, et déconfit ainsi tous leurs ennemis. Ainsi des Apôtres, qui étaient les enfants de la noce pendant que Christ était corporellement présent avec eux et qu'Il les défendait de tous les dangers, spirituels et corporels. Mais on dit que la noce prend fin, et le marié s'en va quand Dieu Tout-Puissant nous frappe d'affliction et semble nous abandonner au milieu d'un [grand] nombre d'adversaires. Dieu frappe ainsi en privé des individus de diverses adversités, comme le trouble dans la pensée, la perte d'amis, la perte de biens, une longue et dangereuse maladie, etc. C'est alors le moment pour cet individu de s'humilier devant Dieu Tout-Puissant, en jeûnant, en s'endeuillant et en se lamentant sur ses péchés avec un cœur triste, et de prier sans feinte, disant avec le prophète David ; « Détourne Ta face, ô Seigneur, de mes péchés, et efface de Ton souvenir toutes mes offenses ». Et quand Dieu affligera une région ou un pays tout entier avec des guerres, des famines, des pestes et des maladies inconnues et d'autres calamités de ce genre, alors c'est le moment pour toutes les classes et sortes de gens, ceux d'en haut et ceux d'en bas, hommes, femmes et enfants, de s'humilier en jeûnant et en se lamentant sur leur vie de péché devant Dieu, et de prier d'une seule voix, en disant cette prière ou une prière semblable : « Sois favorable, ô Seigneur, sois favorable à Ton peuple qui se tourne vers Toi en pleurant, en jeûnant et en priant ; épargne Ton peuple que Tu as racheté avec Ton précieux sang et ne tolère pas que Ton héritage soit détruit et amené à la confusion ».

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Le jeûne ainsi accompagné de la prière est d'une grande efficacité et pèse beaucoup sur Dieu. C'est ce que l'Ange Raphaël a dit à Tobie. Il apparaît aussi en cela que ce que Christ notre Sauveur répondit à Ses disciples Lui demandant pourquoi ils ne pouvaient pas chasser le mauvais esprit de ceux qui leur étaient amenés. « Cette sorte », dit-il, « n'est chassée que par le jeûne et la prière ». Ce que représente le jeûne, ce qu'il pèse devant Dieu, et ce qu'il est capable d'obtenir de Sa main ne peut être mieux produit que s'Il s'ouvre à vous et met devant vous de ces choses remarquables qui viennent comme [par hasard], en passant.

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Jeûner était un des moyens par lesquels Dieu Tout-Puissant fut persuadé de modifier ce qu'Il avait décidé au sujet d'Achab pour avoir tué l'innocent Naboth, pour prendre possession de sa vigne. « Dieu parla à Élie, en disant : « Va ton chemin et dis à Achab : As-tu tué et es-tu aussi entré en possession ? Ainsi parle le Seigneur, à l'endroit où les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lècheront ton sang aussi. Vois, j'amènerai le mal sur toi et j'ôterai ta prospérité ; oui, les chiens mangeront les [fils] d'Achab qui mourront dans la ville et ceux qui mourront dans les champs seront mangés par les oiseaux ». Dieu Tout-Puissant avait déterminé ce châtiment pour Achab dans le monde, et la destruction de tout mâle engendré du corps d'Achab, sans compter le châtiment qui lui serait arrivé dans le monde à venir. « Quand Achab entendit ceci il déchira ses vêtements et mit un sac sur lui, et il jeûna et se coucha sur la toile de sac, allant pieds nus. Alors la Parole de Dieu vint à Élie, disant, Vois-tu comment Achab s'est humilié devant Moi ? Parce qu'il s'est humilié devant Moi, Je ne ferai pas venir ce mal pendant ses jours, mais pendant les jours de son fils Je le ferai venir sur sa maison ». Bien qu'Achab, à travers le méchant conseil de sa femme Jézabel, ait commis un crime honteux, et qu'il ait déshérité et dépossédé contre le droit, pour toujours, la descendance de Naboth de cette vigne, cependant, sur son humble soumission de cœur devant Dieu, qu'il manifesta extérieurement en se couvrant de toile à sac et en jeûnant, Dieu changea Sa sentence de telle sorte que le châtiment qu'Il avait décidé ne tomba pas sur la maison d'Achab de son temps mais fut reporté sur les jours de son fils Jéroboam. Ici, nous pouvons voir quelle force a notre jeûne extérieur quand il est accompagné du jeûne intérieur de l'esprit, qui (comme déjà dit) est une tristesse du cœur, détestant et se lamentant sur nos actions pécheresses.

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La même chose se voit chez les Ninivites. Car alors que Dieu avait décidé de détruire la cité entière de Ninive et que le moment qu'Il avait déterminé était même arrivé, Il a envoyé le prophète Jonas pour leur dire : « Encore 40 jours et Ninive sera renversée ». Le peuple crut Dieu en cela et s'adonna au jeûne ; oui le roi, sur l'avis de son conseil, ordonna une proclamation, disant : « ‘Que nul homme ou animal, bœuf ou mouton ne goûte à rien, ne mange ni ne boive, mais que chaque homme et chaque animal se couvre de toile à sac et crie fortement à Dieu ; oui, que chaque homme se détourne de sa mauvaise voie et de la méchanceté [effectuée par] ses mains. Qui sait si Dieu ne changera pas,, se repentira et se détournera de Sa colère féroce, et si nous ne périrons pas ?’ » Et sur cette repentance [ressentie du fond] du cœur, ainsi déclarée extérieurement en jeûnant, en déchirant leurs vêtements, en se couvrant de toile à sac et en se répandant de la poussière et de la cendre sur la tête, l'Écriture dit : « Dieu vit ce qu'ils faisaient, qu'ils se détournaient de leur voie mauvaise, et Dieu Se repentit du mal qu'Il avait dit qu'Il leur ferait, et Il ne le fit pas ».

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Maintenant, bien-aimés, vous avec entendu d'abord ce qu'est le jeûne, aussi bien celui qui est extérieur au corps et celui qui est intérieur au cœur. Vous avez entendu aussi qu'il y a trois buts ou propos que nous pouvons viser avec notre jeûne et qui en font une œuvre bonne qui plaît à Dieu. Troisièmement, il a été dit quel moment est le plus adapté pour jeûner soit en privé, soit en public. Et en dernier lieu, quelles choses le jeûne a obtenues de Dieu, d'après les exemples d'Achab et des Ninivites ? Voyant qu'il y a de beaucoup plus nombreux motifs de jeûner et de s'endeuiller de nos jours que dans toutes les époques précédentes, engageons-nous donc, bien-aimés, à la fois intérieurement dans notre cœur et extérieurement avec notre corps, à pratiquer sérieusement cet exercice du jeûne de la même sorte et de la même manière que les saints prophètes, les Apôtres et divers autres personnes dévotes qui l'ont fait à leur époque. Dieu est aujourd'hui le même Dieu qu'Il était alors ; Dieu qui aime la droiture et qui déteste l'iniquité ; Dieu qui ne veut pas la mort d'un pécheur, mais plutôt qu'il se détourne de sa méchanceté et qu'il vive ; Dieu qui a promis de revenir à nous si nous ne refusons pas de nous tourner vers Lui. Oui, si nous « nous détournons de nos œuvres mauvaises à Ses yeux, si nous cessons de faire le mal, si nous apprenons à faire le bien, à chercher à faire ce qui est juste, à soulager les opprimés, à soutenir les orphelins, à défendre les veuves, à partager notre pain avec les affamés, à inviter dans notre maison les pauvres sans foyer, à habiller ceux qui sont nus et à ne pas mépriser notre frère car il est notre propre chair, alors tu appelleras », dit le prophète, « et le Seigneur répondra ; tu crieras et Il dira: Me voici ». Oui, Dieu qui entendit Achab et les Ninivites et les épargna entendra aussi nos prières et nous épargnera, de telle sorte que, suivant leur exemple, nous nous tournerons vers Lui sans feinte ; oui, Il nous bénira de Ses bénédictions célestes, le temps qui nous reste à passer dans ce monde ; et après la course de cette vie mortelle Il nous amènera dans son royaume céleste où nous règnerons avec Christ notre Sauveur, en éternelle bénédiction. À qui avec le Père et le Saint-Esprit soient tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles. Amen.

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