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SERMON pour le dimanche après l'Ascension

 

1 Pierre 4/7-11 ; Jean 15/26-16/4a

 

QU'AVONS-NOUS À FAIRE ?

 

 

Nous sommes aujourd'hui le dimanche entre l'Ascension et la Pentecôte. L'Église nous invite à réfléchir sur la venue du Saint-Esprit et sur ce que nous avons à faire. Notre Seigneur Jésus-Christ est très clair à ce sujet (Jean 15/27) : « Vous aussi vous en rendrez témoignage : car vous êtes dès le commencement avec moi ». Mais de quoi devons-nous rendre témoignage ? « De moi », dit Jésus à la fin du verset précédent. Reformulons la question, qui n'est pas de QUOI, mais de QUI nous devons rendre témoignage : de Dieu le Père, créateur de l'Univers, de Son Fils unique engendré Jésus-Christ qui a pris chair humaine dans le sein de la vierge Marie, et du Saint-Esprit communiqué à Son Église et retransmis par elle depuis le jour de la Pentecôte.

 

Pour ce qui est de l'Esprit-Saint, la chose est difficile. En effet, le Saint-Esprit est appelé en grec le saint souffle de Dieu - agios pneumatos. Il est comme le vent, dont Jésus dit à Nicodème en Jean 3/8 qu'il est incontrôlable par l'homme « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit ». Les Onze ont été les premiers surpris lors de la manifestation du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte (Actes 2/1-2) : « Et comme le jour de la Pentecôte était venu, ils étaient tous ensemble dans un même lieu. Et il se fit tout à coup un son du ciel, comme [est le son] d'un vent qui souffle avec véhémence, et il remplit toute la maison où ils étaient assis ». Toujours le vent, mais un vent chargé de vérité et de la connaissance de la Parole de Dieu, puisque le Saint-Esprit en témoigne. Et ce sont ici les dernières paroles de Jésus, prononcées juste avant de remonter au ciel (Actes 1/8) : « Mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui viendra sur vous ; et vous me serez témoins tant à Jérusalem qu'en toute la Judée, et dans la Samarie, et jusqu'au bout de la terre ».

 

Témoigner n'est pas difficile, à partir du moment où on a reçu le Saint-Esprit. Son rôle n'est pas de faire de nous des surhommes ; bien au contraire, puisqu'Il nous considère comme de simples outils, des porte-voix. Le même apôtre Jean rapporte ces propos de Jésus (Jean 14/26) : « Mais le Consolateur, qui est le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon Nom, vous enseignera toutes choses, et il vous rappellera le souvenir de toutes les choses que je vous ai dites ». Le rôle du Saint-Souffle de Dieu, c'est donc celui du souffleur, comme au théâtre. Mais trop de prédicateurs se prennent pour le Saint-Esprit où se croient inspirés quand ils prêchent leurs opinions personnelles, ou leur interprétation tout aussi personnelle de l'Écriture Sainte. L'erreur qu'ils font est de croire ou plutôt de faire croire à de prétendues révélations particulières qui ajouteraient quelque chose de pertinent à la Parole de Dieu. Ils savent mieux que les Prophètes qui ont écrit la Bible. Ils s'élèvent jusqu'à aller s'asseoir sur le trône de Dieu ! Peut-on être plus prétentieux ? Un témoin est-il un fabuliste ou un romancier ? Jamais de la vie ! Un témoin est seulement prié de dire ce qu'il a vu, entendu ou lu. La vérité ne vient pas de lui, mais elle vient d'en-haut.

 

Si nous nous contentons de répéter seulement ce que la Bible dit, sans rien y ajouter ni retrancher, alors nous sommes paradoxalement élevés jusqu'à ressembler à Christ Notre Seigneur lorsqu'Il enseigne Ses disciples et dit : « La parole que vous entendez n'est point ma parole, mais c'est celle du Père qui m'a envoyé » (Jean 14/24). Christ est le témoin du Père. Le Saint-Esprit est le Témoin du Père. Nous sommes les Témoins du Père, par le Fils, et avec le Saint-Esprit. Tous les grands hérétiques se prenaient pour des génies, ou des bénéficiaires d'une intelligence supérieure, ou des titulaires de la grâce divine. En réalité, ils n'ont fait que blasphémer, et l'Église a eu grandement raison de condamner leurs inventions hasardeuses.

 

Ne cherchons pas à nous élever dans les hautes sphères. Ce serait imiter Satan qui voulut prendre la place de Dieu et s'asseoir sur Son trône (Esaïe 14/13-15) : « Tu disais en ton cœur : Je monterai aux cieux, je placerai mon trône au-dessus des étoiles du [Dieu] Fort ; je serai assis en la montagne d'assignation, aux côtés d'Aquilon [encore le nom d'un vent, image du Saint-Esprit] ; je monterai au-dessus des hauts lieux des nuées ; je serai semblable au Souverain. Et cependant on t'a fait descendre au sépulcre, au fond de la fosse ». Depuis quand un témoin est-il supérieur à Celui dont il rapporte les faits et dires ? Depuis quand l'élève est-il supérieur à son professeur ? Depuis quand le serviteur est-il supérieur à son maître, l'ouvrier à son employeur ?

 

Et Satan, qui est une créature du Père, veut Lui en remontrer, il veut prouver que Dieu a tort et que lui, Satan, en sait plus sur l'homme que Dieu qui l'a créé (Job 1/9-11) : « Et Satan répondit à l'Eternel, en disant : Est-ce en vain que Job craint Dieu ? N'as-tu pas mis un rempart tout autour de lui, et de sa maison, et de tout ce qui lui appartient ? Tu as béni l'œuvre de ses mains, et son bétail a fort multiplié sur la terre. Mais étends maintenant ta main, et touche tout ce qui lui appartient ; et tu verras s'il ne te blasphème point en face ». Le malheur, c'est que Satan a raison : l'homme est faible, lorsqu'il est sans Dieu. Mais Job a résisté et n'a point blasphémé, car il priait, et Dieu était avec lui, ce qui faisait de lui un « homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal » (Job 1/8b). Et la première vertu de Job, c'est son humilité. Lisons Job 42/1-6 : « Alors Job répondit à l'Eternel, et dit : Je sais que tu peux tout, et qu'on ne te saurait empêcher de faire ce que tu penses. Qui est celui-ci, as-tu dit, qui étant sans science, entreprend d'obscurcir mon conseil ? J'ai donc parlé, et je n'y entendais rien ; ces choses sont trop merveilleuses pour moi, et je n'y connais rien. Écoute maintenant, et je parlerai ; je t'interrogerai, et tu m'enseigneras. J'avais ouï de mes oreilles parler de toi ; mais maintenant mon œil t'a vu. C'est pourquoi j'ai horreur d'avoir ainsi parlé, et je m'en repens sur la poussière et sur la cendre ». Contrairement aux amis de Job qui pérorent sans savoir de quoi ils parlent, Job se repent « d'avoir ainsi parlé », alors qu'il n'a rien dit de mal, rien qui ne fût vrai. Son repentir est sincère : Job est conscient que le simple fait de parler à Dieu sans y avoir été invité est une façon impolie de s'élever jusqu'à Lui sans attendre que Dieu l'appelle auprès de Lui et lui donne la parole.

 

Heureusement, depuis que Christ est venu nous ouvrir la Porte du Ciel, nous avons un accès direct permanent avec le Père éternel, que nous osons appeler Notre Père qui es aux Cieux « Car nous avons par lui les uns et les autres accès auprès du Père en un même Esprit » (Éphésiens 2/18). Et revoilà le Saint-Esprit, qui est notre connexion 24G avec Notre Père des Cieux. Il est invisible, mais il fait passer fidèlement les messages dans les deux sens, en attendant que nous soyons raccordés à la fibre optique, lorsque nous arriverons au Ciel.

 

De même que Jésus dit (Jean 16/4b) : « … je ne vous ai point dit ces choses dès le commencement, parce que j'étais avec vous », Christ n'a point conféré le Saint-Esprit de Dieu à Ses Apôtres quand Il était avec eux, car ils avaient Tout en Jésus-Christ présent au milieu d'eux : Le Fils, mais aussi le Père et le Saint-Esprit ; Dieu trine. C'est pourquoi ils durent attendre la Pentecôte - dix jours de retraite seulement, après l'Ascension - avant que Christ ne leur envoie l'Esprit-Saint. Par ceci, Christ montrait que la force du témoignage n'est pas humaine, mais divine ; elle vient d'en haut et de nulle part ailleurs. Ceci étant dit et établi, méfions-nous des imitations, car les démons savent bien se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas, et trompent même les plus religieux d'entre nous, dès qu'ils s'élèvent, mus par l'orgueil qui est la source de tous les mensonges.

 

En nous demandant de témoigner de Christ, Notre Seigneur Jésus nous met sur le même plan que le Saint-Esprit, car c'est Lui qui agit en nous (Jean 15/26-27) « Mais quand le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai de la part de mon Père, [savoir] l'Esprit de vérité, qui procède de mon Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi vous en rendrez témoignage : car vous êtes dès le commencement avec moi ».

 

Cependant, le Saint-Esprit n'ajoutera pas un mot à la Parole de Christ (Jean 14/26) : « Je vous ai dit ces choses demeurant avec vous. Mais le Consolateur, qui est le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon Nom, vous enseignera toutes choses, et il vous rappellera le souvenir de toutes les choses que je vous ai dites ». Comme les Chrétiens de Bérée d'Actes 17/11, vérifions dans la Bible ce que les prédicateurs nous enseignent, et dressons l'oreille quand ils prétendent parler par l'Esprit ou en esprit pour raconter des nouveautés inouïes : c'est très suspect. Sachons nous contenter de ce qui est écrit. Sola Scriptura !

 

Pierre est de cet avis quand il écrit dans sa première Épître, chapitre 4, verset 11 : « Si quelqu'un parle, [qu'il parle] comme [annonçant] les paroles de Dieu, si quelqu'un administre, [qu'il administre] comme par la puissance que Dieu lui en a fournie ; afin qu'en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, auquel appartient la gloire et la force aux siècles des siècles, Amen ! ». Pierre ne nous demande pas de parler en des langues inconnues, mais de prêcher la Parole de Dieu dans une langue comprise par les gens qui nous écoutent. Si les Réformateurs ont abandonné la liturgie et les lectures bibliques en latin, c'est justement parce cette langue n'était plus comprise par les divers peuples que l'Église avait évangélisés, suivant l'ordre missionnaire du Seigneur.

 

Et Qu'avons-nous donc à faire, sinon prier et marcher dans la charité pour nos frères ? Le même Pierre nous le précise dans la même Épître, chapitre 4, verset 7 : « Or la fin de toutes choses est proche : soyez donc sobres, et vigilants à prier ». La prière éloigne Satan ; nous l'avons vu avec Job. Dès que nous cessons de prier, Satan revient ! Or nous sommes faibles, et accaparés par une foule d'autres choses plus urgentes… Erreur fatale ! Rien n'est plus urgent que la prière. C'est pourquoi nous prions tous les jours que Dieu fait, matin et soir. Le Livre de la Prière Commune nous propose de telles prières matinales - les matines - et vespérales - les vêpres - lesquelles sont beaucoup plus complètes et exhaustives que tout ce que nous pourrions imaginer de notre côté, et tant mieux si elles sont en partie répétitives, car Dieu ne change pas et Christ nous conseille de prier sans cesse et avec insistance. Le nom du Seigneur soit béni !

 

Et afin de ne pas être tenté par le mal, Pierre nous invite à rester actifs et attentifs aux autres (1 Pierre 4/8-9) : « Mais surtout, ayez entre vous une ardente charité : car la charité couvrira une multitude de péchés. Soyez hospitaliers les uns envers les autres, sans murmures ». Dans le Cid de Corneille, le Père demande à son fils "Rodrigue, as-tu du cœur ?"… Notre Père céleste nous pose la même question. Avons-nous un cœur réellement ouvert à Dieu et aux autres ? Aimons-nous assez Dieu pour aimer Le prier et Lui obéir ? Ressentons-nous la joie que Dieu donne par Son Saint-Esprit quand nous prions ? Là est le secret des contemplatifs qui consacrent leur vie entière à ne faire que cela : prier Dieu : Père, Fils, Esprit. C'est une chose qui frappe les visiteurs des monastères ou des ermites : ils ont la joie de Dieu dans le cœur, parce qu'ils prient et aiment Dieu. Jésus l'avait annoncé en Matthieu 11/29-30 : « Chargez mon joug sur vous, et apprenez de moi parce que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau est léger ».

 

Et la contemplation aboutit nécessairement à l'action. Les grands initiateurs de mouvement sociaux chrétiens étaient et sont des hommes et des femmes de prière. Voyez William Booth, le fondateur de l'Armée du Salut, ou bien Lord Baden Powell, l'inventeur du scoutisme, sans parler de la multitude des autres Anglicans moins connus qui ont offert leur vie pour sauver celle des autres, en se consacrant soit à la médecine, soit à l'armée, soit au ministère de la Parole. Ne croyez pas ceux qui vous disent que les païens en font autant : L'Antiquité païenne n'avait pas d'hôpitaux. Pas un seul ! Ce sont les Chrétiens qui ont inventé l'Hôtel-Dieu. N'écoutez pas ceux qui prétendent que les athées font plus et mieux que les Chrétiens, car c'est l'orgueil de nous surpasser qui les pousse à nous imiter, en puisant largement dans les poches des autres ; alors forcément, ils ont plus de moyens que nous. Mais une chose leur manquera toujours : la charité, l'amour de Dieu et des autres, avec cette grâce qui se traduit en gratuité. Ils ont leur récompense : l'argent et la gloire qui vient des hommes. Mais elle finira avec eux. Aujourd’hui, ils en sont à euthanasier tous ceux qui le demandent – est-ce cela leur charité ?

 

Quant à nous, nous avons mieux que cela : nous avons une promesse, et pas n'importe quelle promesse, puisqu'il s'agit de la résurrection et de la vie éternelle, manifestée en Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous ouvrir la Porte du Ciel (Jean 10/7-10) : « Jésus donc leur dit encore : En vérité, en vérité je vous dis, que je suis la Porte [par où entrent] les brebis. Tout autant qu'il en est venu avant moi, sont des larrons et des voleurs ; mais les brebis ne les ont point écoutés. Je suis la Porte : si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé, et il entrera et sortira, et il trouvera de la pâture. Le larron ne vient que pour dérober, et pour tuer et détruire ; je suis venu afin qu'elles aient la vie, et qu'elles l'aient même en abondance ». Prions le Seigneur afin que par Son Saint-Esprit en nous, Il nous rende dignes de cette promesse. Amen.

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