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SERMON pour le 6ème dimanche après la Trinité

 

Romains 3/3-11 ; Matthieu 5/20-26

 

TOUS PÉCHEURS !

 

Il y a une chose sur Dieu que nous devons tous comprendre, c'est la différence entre Dieu et nous : Dieu seul est saint, Dieu seul est parfait, Dieu seul est bon. Il est donc inutile de nous battre les flancs pour essayer d'être parfaits, nous ne le serons jamais, car ce serait devenir Dieu. Et nous ne serons jamais Dieu. Nous devons cependant progresser dans la sainteté. Toute l'ambition de Satan est de nous convaincre du contraire et de nous pousser au blasphème (Genèse 3/4-5) : « Le serpent dit alors à la femme : "Vous ne mourrez absolument pas, mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu : vous connaîtrez le bien et le mal." ». Voilà le piège satanique : flatter la femme au point qu'elle se croie supérieure à l'homme, comme l'égale de Dieu. Paul rétablit les choses dans le bon ordre, tel que le Père le définit dans Sa Parole (Éphésiens 5/24) : « Mais tout comme l’Église se soumet à Christ, que les femmes aussi se soumettent en tout à leur mari ». Paul impose toutefois une obligation aux maris (Éphésiens 5/33) : « que chacun de vous aime sa femme comme lui-même et que la femme respecte son mari. ».

 

La bonne entente dans un couple n'est pas une chose facile, sauf au début où tout va bien. Le désir rapproche les époux comme un aimant puissant. Puis, avec le temps, la routine s'installe, et vient la déception, avec le sentiment d'avoir manqué de quelque chose. Et ce sentiment est vrai ! Nous manquons de persévérance, parce que nous nous éloignons peu à peu de Dieu ; nous prenons des petites libertés dans notre relation avec Dieu, dans la prière, puis de plus grandes, d'abord en pensée, et souvent par action. Et si le même éloignement se produit dans le couple, alors le cas devient grave, le divorce arrive et brise la famille, traumatise les enfants, épouvante l'entourage. Si nous ne comprenons pas que l'amour de Dieu est le ciment du mariage chrétien, le mariage est vain ; il ne pourra pas durer (1 Jean 4/8) : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour ». L'amour fidèle et durable est un don de Dieu car seul Dieu est éternel : « éternel est Son Amour » répètent les Psaumes 118 et 136 ; c'est pourquoi il n'y a pas d'amour véritable ni durable en dehors de l'union à Dieu. Que ceci soit bien clair dans nos têtes et dans nos cœurs. Notre Seigneur Jésus-Christ nous le confirme : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ».

 

Et là où l'amour est absent, faute de foi en Dieu-Amour, la haine s'installe. Ne croyez pas une minute à une indifférence neutre, plus ou moins respectueuse de l'autre. On le constate dans chaque procédure de divorce. Je ne vous fais pas un dessein, nous en avons tous des exemples autour de nous.

 

Dans son Évangile, Matthieu nous rapporte les Paroles du Seigneur au sujet de la haine (Matthieu 5/21-22) : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commet un meurtre mérite de passer en jugement.’ Mais moi je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère mérite de passer en jugement ; celui qui traite son frère d’imbécile mérite d’être puni par le tribunal, et celui qui le traite de fou mérite d’être puni par le feu de l’enfer ». Tout ce que Jésus vise et condamne ici, la colère, l'insulte, la diffamation, sont autant de manifestations du manque d'amour. Ce sont les conséquences de l'absence d'amour. Mais comment faire pour apprendre à aimer, et à aimer dans la durée ? Trouve-t-on sur Internet un tutoriel qui nous montre l'art d'aimer ? NON ! On n'y trouve que de la pornographie et toutes les déformations de l'amour, inspirées par le diable. Y a-t-il une école d'amour qui nous indique les ficelles de l'amour véritable et durable ? OUI ! La Bible est cette école d'amour, et plus spécialement le Livre des Proverbes de Salomon, le roi le plus sage de tous les temps (Proverbes 8/17) Dieu dit : « J’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui me cherchent me trouvent ». Dieu aime en effet les gens honnêtes et sincères « Ceux dont le cœur est perverti font horreur à l’Éternel, mais les hommes intègres dans leur conduite lui sont agréables » (Proverbes 11/20) ; Dieu aime  « ceux qui pratiquent la vérité » (Proverbes 12/22b) ; Dieu aime « celui qui parle avec droiture » (Proverbes 16/13b) ; Dieu aime « Celui qui aime la pureté du cœur », car il « a la grâce sur les lèvres et le roi [du ciel] pour ami » (Proverbes 22/11).

 

Si un couple se défait, c'est parce que le cœur de l'un ou de l’autre renonce à la pureté honnête et sincère ; et comme le mensonge et l'impureté du cœur sont éminemment contagieux, les deux cœurs tombent dans le même travers et il devient très difficile de sortir de cette ornière. Jésus-Christ nous ordonne de nous réconcilier sans tarder, afin d'éviter que le désaccord ne tourne au drame et au féminicide (Matthieu 5/25a) : « Mets-toi rapidement d’accord avec ton adversaire ». Et Jésus conclut en disant au verset 26 « Je te le dis en vérité, tu n’en sortiras pas avant d’avoir remboursé jusqu’au dernier centime ».

 

Lorsqu'on a glissé sur une pente descendante qui mène à la destruction, il n'y a pas d'autre solution pour s'en sortir que de remonter la pente !

 

Et pour ce faire, nous avons besoin d'humilité afin de reconnaître que nous sommes sur une mauvaise voie ; et nous avons besoin de l'aide de Dieu qui nous fait grâce si nous nous repentons et demandons pardon : « … tu n’en sortiras pas avant d’avoir remboursé jusqu’au dernier centime ».

 

Notre Seigneur Jésus-Christ nous parle à cette occasion de procédures judiciaires devant les tribunaux humains, donc imparfaits. La sentence comporte une part aléatoire, car les juges humains, contrairement à notre Juge céleste, ne sondent pas les cœurs des hommes, et se laissent parfois prendre par les apparences et leurs propres présupposés. Christ nous avertit avec cette parole prémonitoire (Matthieu 5/25) : « de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice et que tu ne sois mis en prison ».

 

Christ a Lui-même subi un procès qui reste le plus célèbre de toute l'histoire de la justice humaine, devant le grand-prêtre du Temple de Jérusalem, Caïphe, puis devant le gouverneur romain, Pilate. Ces procédures sont enseignées partout dans le monde, jusque dans les écoles pour futur magistrats.

 

Devant Caïphe, « Les chefs des prêtres, et tout le sanhédrin cherchaient un faux témoignage contre Jésus afin de le faire mourir, mais ils n’en trouvèrent pas, quoique beaucoup de faux témoins se soient présentés » (Matthieu 26/59-60a). Voyez leur peu de pureté de cœur ! Ils savaient Jésus irréprochable, et plutôt que de croire en Lui, ils cherchaient à Le faire tomber en recourant au mensonge tarifé. Mais Dieu ne leur permit pas d'user d'un stratagème aussi honteux. Le Père ne voulait pas que les hommes prennent la vie de Son Fils unique engendré, car il fallait que la grâce de Dieu soit manifestée par le don volontaire de Sa vie par Christ en personne. Matthieu nous rapporte alors ce dialogue par lequel Jésus S'accuse Lui-même de blasphème - sauf que dans Son cas ce n'était pas un blasphème mais la pure vérité (Matthieu 26/63-66) : « Mais Jésus gardait le silence. Le grand-prêtre lui dit : "Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu." Jésus lui répondit : "Tu le dis. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel." Alors le grand-prêtre déchira ses vêtements en disant : "Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème. Qu’en pensez-vous ?" Ils répondirent : "Il mérite la mort." ». Voilà le piège satanique : se croire supérieur à l'homme, comme l'égal de Dieu. Pour Caïphe, le grand-prêtre, c'est le pire blasphème, puisqu'il rappelle la faute de Lucifer qui avait prétendu prendre la place de Dieu en s'asseyant sur Son saint trône céleste. Mais Jésus n'est pas Lucifer. Il est réellement Dieu le Fils, et ce qu'Il dit de Lui-même est la vérité.

 

Notez que ce premier procès se déroule de nuit, en cachette, comme si le Père ne voyait pas ce qui se passait en bas, dans la cour fermée du palais du grand-prêtre. Le Père voyait clair, même dans le cœur de Caïphe ! On ne trompe pas Dieu ; on n'échappe pas à Sa Justice.

 

Le second procès de Jésus est plus rapide (Matthieu 27/1-2) : « Le matin venu, tous les chefs des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir. Après l’avoir attaché, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur » … (versets 11-14) : « Jésus comparut devant le gouverneur. Celui-ci l’interrogea : "Es-tu le roi des Juifs ?" Jésus lui répondit : "Tu le dis." Mais il ne répondit rien aux accusations des chefs des prêtres et des anciens. Alors Pilate lui dit : "N’entends-tu pas tous ces témoignages qu’ils portent contre toi ?" Mais Jésus ne répondit sur aucun point, ce qui étonna beaucoup le gouverneur ». Paradoxalement, il y a plus d'amour chez Pilate que chez Caïphe. On n'est jamais mieux détesté que par les siens. Pilate veut libérer Jésus (verset 18) : « En effet, il savait que c’était par jalousie qu’ils avaient fait arrêter Jésus ». Et Pilate prend Sa défense aux verset 23-25 : «"Mais quel mal a-t-il fait ?" dit le gouverneur. Ils crièrent encore plus fort : "Qu’il soit crucifié !" Voyant qu’il ne gagnait rien mais que le tumulte augmentait, Pilate prit de l’eau, se lava les mains en présence de la foule et dit : "Je suis innocent du sang de ce juste. C’est vous que cela regarde." ».

 

Pilate est responsable de l'ordre public. En bon fonctionnaire romain, il pratique le dicton "pas de vagues, surtout pas de vagues" qui est la marque des lâches. Et il cède à la foule manipulée par les dirigeants du peuple « et, après avoir fait fouetter Jésus, il le livra à la crucifixion » (verset 26b). Comprenez-vous maintenant pourquoi il est important de se réconcilier avant de saisir un tribunal humain ? Paul avertit les Corinthiens de ne pas aller devant le juge terrestre pour régler leurs affaires (1 Corinthiens 6/4-8) : « Or si vous avez des litiges concernant les affaires de la vie courante, vous prenez pour juges des gens dont l’Église ne fait aucun cas ! Je le dis à votre honte. Ainsi, il n’y a parmi vous pas un seul homme sage qui puisse juger entre ses frères et sœurs ! Au contraire, un frère est en procès contre un frère, et cela devant des incroyants ! C’est déjà pour vous un échec complet que d’avoir des procès les uns avec les autres. Pourquoi ne supportez-vous pas plutôt une injustice ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ? Mais c’est vous au contraire qui commettez l’injustice et qui dépouillez les autres, et c’est envers des frères et sœurs que vous agissez ainsi ! ». Pas de divorce ! Si on doit absolument se séparer, on se sépare à l'amiable ! Dieu nous jugera sur nos manques d'amour.

 

Et le même Paul écrit aux Romains (Romains 3/5-8) : « Mais si notre injustice met en évidence la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu est-il injuste quand il déchaîne sa colère ?  — Je parle ici à la manière des hommes.  —  Certainement pas ! Autrement, comment Dieu pourrait-il juger le monde ? Et si mon mensonge fait d’autant plus éclater la vérité de Dieu pour sa gloire, pourquoi donc serais-je moi-même encore jugé comme pécheur ? Et pourquoi ne ferions-nous pas le mal afin qu’il en résulte du bien ? Quelques-uns, pour nous calomnier, prétendent que c’est ce que nous disons. La condamnation de ces gens est juste. ». Paul fait ici un raisonnement par l'absurde. Il pousse à son dernier terme l'opinion courante des gens qui préfèrent recourir à la justice des hommes que de s'en remettre à la justice de Dieu, tout en pensant glorifier Dieu en dépit de leur désobéissance : Le monde les condamne. Ils n'ont donc rien à gagner avec un mauvais procès, où la mauvaise foi remplace trop souvent l'amour.

 

Et Paul poursuit sa harangue en citant les Psaumes et les Proverbes de Salomon (Romains 3/10-18) : « comme cela est écrit : Il n’y a pas de juste, pas même un seul ; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu ; tous se sont détournés, ensemble ils se sont pervertis ; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul ; leur gosier est une tombe ouverte, ils se servent de leur langue pour tromper. Ils ont sur les lèvres un venin de vipère ; leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume. Leurs pieds courent pour verser le sang, la destruction et le malheur marquent leur passage, ils ne connaissent pas le chemin de la paix. Il n’y a aucune crainte de Dieu devant leurs yeux. ». L'amour de Dieu conduit à la crainte du Jugement de Dieu, car nous savons que rien ne Lui échappe, rien ne peut Lui être caché.

 

Mes amis, mettons-nous comme Paul à l'école de la Bible et apprenons à aimer comme Dieu nous aime : relativisons les contrariétés qui sont passagères parce que ce monde est passager. Ne recherchons pas la justice des hommes, mais craignons plutôt la Justice de Dieu. Supportons-nous les uns les autres comme Dieu nous supporte et nous soutient. Reconnaissons le fait que nous sommes tous pécheurs : Nul n'est parfait, sauf Dieu qui nous aime d'un amour éternel et nous fait grâce de notre dette en effaçant notre péché. Alors, effaçons les péchés des autres s'ils se repentent, et attendons que la justice de Dieu fasse Son œuvre de gloire. La main de Dieu ne tremblera pas, elle ne faillira pas. Quand Dieu abat sa main, il y a des morts ! Noé, Lot et Christ en savent quelque chose. À Dieu seul la gloire ! Amen.

Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.

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