
SERMON pour le dimanche des Rameaux
Philippiens 2/5-11 ; Matthieu 27/1-54
JÉSUS, SERVITEUR SOUFFRANT
Une semaine avant Pâques, le Dimanche des Rameaux, l'Église fait mémoire de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, mort en croix pour nous racheter de nos péchés. Elle anticipe sur le Vendredi Saint, pour ceux qui ne pourraient pas participer aux célébrations de la semaine sainte, mais seulement les dimanches.
L'Épître du jour (Philippiens 2/5-11) nous exhorte à l'unité « … étant d'un même sentiment, ayant un même amour, n'étant qu'une même âme, et consentant [tous] à une même chose » (Philippiens 2/2) ; elle nous invite à l'humilité « … que par humilité de cœur l’un estime l'autre plus excellent que soi-même » (v.3), à l'amour du prochain « … [que chacun ait égard] aussi à ce qui concerne les autres » (v.4), et à l'imitation de Jésus-Christ « Qu'il y ait donc en vous un même sentiment qui a été en Jésus-Christ » (v.5). Rassurons-nous, Paul ne nous demande pas de mourir sur une croix : Jésus l'a fait une fois pour toutes, pour tous les élus du Père éternel. Paul nous invite seulement à ne pas nous glorifier en quoi que ce soit, puisque le seul mérite dont nous aurions pu nous vanter a été acquis par un Autre, le tout-Autre, Dieu lui-même.
Cependant, Jésus nous impose de porter notre croix (Luc 9/22-24) : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, et qu'il soit rejeté des Anciens, et des principaux Sacrificateurs, et des Scribes, et qu'il soit mis à mort, et qu'il ressuscite le troisième jour… Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, et qu'il charge de jour en jour sa croix, et me suive. Car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra ; mais quiconque perdra sa vie pour l'amour de moi, la sauvera ». Qu'est-ce à dire, sinon renoncer à soi-même pour servir Dieu et notre prochain, avoir autant de compassion pour les souffrances de Christ en croix qu'Il en avait pour les malades, les estropiés et les possédés du démon ? Si Jésus a renoncé à tout en se faisant homme comme nous, renonçant jusqu'à Sa propre vie pour les brebis que Son Père Lui a confiées, alors notre vie ne nous appartient plus. Nous sommes serviteurs les uns des autres et de Dieu, sans jamais transiger. Plutôt mourir martyrs que trahir. Et le martyre n'est pas une occasion de nous glorifier, mais de rendre témoignage de notre foi et de notre espérance en Dieu qui ressuscite les morts. Le martyre n'est pas pour notre propre bénéfice mais pour l'édification des autres (car nous savons que nous sommes déjà sauvés, si nous croyons fermement en Jésus-Christ).
C'est tellement vrai que si Jésus est glorifié dans le Ciel (v. 9) : « C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné un Nom, qui est au-dessus de tout Nom », nous aussi nous serons glorifiés dans le même Ciel (Jean 14/2-3) : « Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père ; s'il était autrement, je vous l'eusse dit : je vais vous préparer le lieu. Et quand je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je retournerai, et je vous prendrai avec moi ; afin que là où je suis, vous y soyez aussi ».
Et si le Ciel retentira de la louange des élus, l'enfer aussi bruissera de la louange des damnés ! (versets 10-11) : « Afin qu'au Nom de Jésus tout genou se ploie, tant de ceux qui sont aux cieux, que de ceux qui sont en la terre, et au-dessous de la terre, et que toute Langue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ». Mais pour les damnés, il sera trop tard pour se repentir. Du feu de l'enfer, « au-dessous de la terre », leur louange consistera en ceci : Dieu est Juste et Saint, Il ne tolère pas nos péchés et Il a bien raison de ne pas Se laisser souiller par nous qui sommes pécheurs impénitents, impurs. Nous avons ce que nos péchés nous ont mérité, et ce n'est que justice. Dieu est parfait en tout ce qu'Il fait, et Sa justice est parfaite.
Paul nous interdit de remettre l'Évangile en cause, il nous donne cet ordre (v.2) : « Rendez ma joie parfaite ». N'allons pas nous disputer sur des points de détail comme le font de nombreuses églises qui prêchent leurs particularismes plutôt que la Parole de Dieu. Ce sont des églises dévoyées, comme le même Paul nous le précise en 1 Corinthiens 2/1-2 : « Pour moi donc, mes frères, quand je suis venu vers vous, je n'y suis point venu avec des discours pompeux, remplis de la sagesse [humaine], en vous annonçant le témoignage de Dieu. Parce que je ne me suis pas proposé de savoir autre chose parmi vous, que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ». On reconnaît les prédicateurs selon le cœur de Dieu et de Paul à ce qu'ils prêchent Jésus crucifié, et pas leurs opinions personnelles. Or, c'est ce que nous propose l'Évangile du dimanche des Rameaux, l'Évangile de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ (Matthieu 27/1-54).
Vous en avez entendu la lecture. Elle est assez longue et claire en soi. Rassurez-vous, je ne vais pas la recommencer. Quatre points sont tout de même à souligner :
1- Dieu n'est pas l'auteur du mal. Le mal ne vient pas de Dieu mais de l'homme, influencé par les démons. En l'espèce, le mal venait de la trahison de Judas, jointe à la cupidité et à la jalousie des prêtres du Temple de Jérusalem. C'est ce que nous lisons au chapitre précédent celui de la Passion de Notre Seigneur (Matthieu 26/14-16) : « Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariot, s'en alla vers les principaux Sacrificateurs, et leur dit : Que me voulez-vous donner, et je vous le livrerai ? Et ils lui comptèrent trente pièces d'argent. Et dès lors il cherchait une occasion pour le livrer ». C'est à cause de Judas que Jésus fut arrêté dans le jardin de Getsémané puis conduit chez Caïphe, le Grand Prêtre, pour y être mal jugé et maltraité ; ce que voyant, Pierre l'a renié. Il n'avait pas encore vu la surpuissance de la Résurrection, cet événement central de la foi chrétienne que nous célébrons chaque dimanche, cet événement qui lui a donné la force et le courage de prêcher l'Évangile de Jésus-Christ crucifié pour nos péchés et ressuscité pour manifester que nous sommes pardonnés, blanchis, justifiés et glorifiés dans le Ciel. Or Judas s'est repenti (Matthieu 27/3-5) : « Alors Judas qui l'avait trahi, voyant qu'il était condamné, se repentit, et reporta les trente pièces d'argent aux principaux Sacrificateurs et aux Anciens, en leur disant : J'ai péché en trahissant le sang innocent ; mais ils lui dirent : Que nous importe ? Tu y aviseras. Et après avoir jeté les pièces d'argent dans le Temple, il se retira, et s'en étant allé il s'étrangla ».
Est-ce à dire que Judas est pardonné ? Pas du tout, car non seulement aussitôt après son repentir il comment un péché mortel en se suicidant, dont il ne s'est pas repenti, mais sa trahison constitue un péché contre l'Esprit, Lequel lui disait que Jésus-Christ était le Fils de Dieu incarné. Judas le savait. Sa trahison est donc un péché impardonnable, car il a menti aux prêtres et fait de l'Esprit de Dieu un menteur (Matthieu 12/30-32) : « Celui qui n'est point avec moi, est contre moi ; et celui qui n'assemble point avec moi, il disperse. C'est pourquoi je vous dis, que tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes ; mais le blasphème contre l'Esprit ne leur sera point pardonné. Et si quelqu'un a parlé contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais si quelqu'un a parlé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni en ce siècle, ni en celui qui est à venir ».
L'Esprit de Dieu est en effet Celui qui nous enseigne la Vérité de Dieu en nous rappelant tout ce que Dieu nous dit dans l'Écriture Sainte, la Parole de Dieu, entièrement révélée, inspirée, sans erreur, unique source de foi et de mœurs : la Bible. Et concernant Judas, Christ est très clair (Matthieu 26/24) : « Or le Fils de l'homme s'en va, selon qu'il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l'homme est trahi ; il eût été bon à cet homme-là de n'être point né », même si Judas, en trahissant, accomplit la prophétie. Mieux vaut mourir que trahir. Et quelle est cette prophétie ? Nous la lisons en Marc 10/33 : « Voici, nous montons à Jérusalem ; et le Fils de l'homme sera livré aux principaux Sacrificateurs, et aux Scribes ; et ils le condamneront à mort, et le livreront aux Gentils ». Jésus est traité comme une patate chaude qu'on se refile de main en main, parce qu'aux pécheurs Il inspire une crainte salutaire.
2- Les païens ignorants ne sont ni pires, ni meilleurs que nous. Nous sommes tous pécheurs. Pilate en est l'archétype : Il condamne Jésus Innocent en parfaite connaissance de cause (v.23) : « Et le Gouverneur leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? ». Pilate ne se soucie pas du prochain. Pilate ne pense qu'à Pilate, à son avancement, à sa carrière. Il évite les ennuis et ouvre le parapluie ; comme un fonctionnaire de l'État, ce qu'il était, Pilate condamne Christ innocent à une mort horrible mais se tient pour "responsable mais pas coupable". (V. 24, 26b) : « Alors Pilate voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte s'augmentait, prit de l'eau, et lava ses mains devant le peuple, en disant : je suis innocent du sang de ce juste, vous y penserez … et après avoir fait fouetter Jésus, il le leur livra pour être crucifié ». Avouez que Pilate ne brille pas par la cohérence de ses décisions ! De même, le respect humain tend à nous faire craindre les hommes plutôt que Dieu, et à défendre notre réputation plutôt que la vérité qui est en Jésus-Christ.
Même les Israélites, qui se targuent d'être les descendants d'Abraham, se moquent de Christ, tout comme les païens (v. 31, 41-42, 44) : « Et après s'être moqués de lui ils lui ôtèrent le manteau, et le vêtirent de ses vêtements, et l'amenèrent pour le crucifier … Pareillement aussi les principaux Sacrificateurs avec les Scribes et les Anciens, se moquant, disaient : Il a sauvé les autres, il ne se peut sauver lui-même : s'il est le Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui … Les brigands aussi qui étaient crucifiés avec lui, lui reprochaient la même chose ». Il n'y en a pas un pour racheter l'autre. Christ seul sait et peut racheter les pécheurs.
3- Craignons de nous repentir trop tard de nos péchés. Voyez comment les militaires Romains païens ont été les premiers à se repentir de leur œuvre de mort (v. 48) : « Et aussitôt un d'entre eux courut, et prit une éponge, et l'ayant remplie de vinaigre, la mit au bout d'un roseau, et lui en donna à boire ». Voilà une œuvre de compassion comme Paul nous y invite dans son Épître aux Philippiens. Ce soldat se préoccupe des autres. Il joue sa réputation auprès de ses collègues en prenant le parti d'un condamné. Il risque même une sanction sévère s'il va trop loin. Et son exemple est bientôt suivi par toute la troupe (v. 54) : « Or le Centenier, et ceux qui avec lui gardaient Jésus, ayant vu le tremblement de terre, et tout ce qui venait d'arriver, eurent une fort grande peur, et dirent : Certainement celui-ci était le Fils de Dieu ». Par une formidable ironie venant du Saint-Esprit, les bourreaux de Jésus-Christ sont les premiers à se rendre compte de la véritable identité de Notre Sauveur. Il est le Fils de Dieu tout-puissant. Mais il est trop tard pour libérer Jésus et Lui éviter de mourir. Et ils porteront toujours sur leur conscience la culpabilité d'avoir exécuté un innocent, et pas n'importe lequel, puisqu’il s'agit du Tout-Puissant. Ainsi, ils porteront leur croix jusqu'à ce qu'ils meurent à leur tour, comme nous portions la culpabilité de nos péchés comme une croix au sens moral, jusqu'à ce que Christ ressuscité nous en libère par la grâce de la foi.
Et la résurrection des morts commence aussitôt que Christ meurt, aux versets 52-53 : « Et les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des Saints, qui étaient morts ressuscitèrent. Et étant sortis des sépulcres après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte Cité, et se montrèrent à plusieurs ». C'est toi mémé ? C'est toi Pierrot ? De même que ces premiers ressuscités - avant Christ - rejoignent Lazare et les autres que le Seigneur Jésus-Christ a ramené à la vie, nous aussi nous récupérerons nos corps en parfaite santé, nous retrouverons ceux qui nous sont chers, car Dieu n'est pas le Dieu des morts mais des vivants.
4- Enfin, il ne faut pas attendre la résurrection finale pour se mettre au service de Dieu et des autres croyants, comme Paul nous y invite. Les saintes femmes étaient depuis plusieurs années au service de Jésus et des Apôtres (v. 55) : « Il y avait là aussi plusieurs femmes qui regardaient de loin, et qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, en le servant ». Et elles n'étaient pas seules (v.57) : « Et le soir étant venu, un homme riche d'Arimathée, nommé Joseph, qui même avait été Disciple de Jésus » vint rendre le dernier hommage à notre Seigneur en lui conférant les honneurs funèbres et une sépulture digne, dans son propre caveau (vv. 59-60) : « Ainsi Joseph prit le corps, et l'enveloppa d'un linceul net ; et le mit dans son sépulcre neuf, qu'il avait taillé dans le roc ; et après avoir roulé une grande pierre à l'entrée du sépulcre, il s'en alla ». L'Évangile ne dit pas où Joseph s'en est allé. Une chose est sûre : il n'a jamais été enseveli dans son propre caveau, là où il avait déposé le corps de Christ crucifié, car après la résurrection de Notre Seigneur, ce caveau est resté vide jusqu'à aujourd'hui. Une légende affirme qu'il serait mort en Grande-Bretagne, en terre christianisée par son propre ministère. À Rome, les premiers Chrétiens se faisaient entrepreneurs de pompes funèbres ; tout en servant les autres, ils avaient ainsi un prétexte pour s'isoler dans les catacombes et y servir notre Seigneur par le culte qu'ils Lui rendaient en cachette, au temps des persécutions contre l'Église.
Frères et sœurs, vous savez ce qui nous attend : Christ nous ressuscitera et nous prendra avec Lui. Ayons confiance : Notre Sauveur tout-puissant aura le dernier mot de l'histoire. Croyons seulement, et agissons pour le bien commun. C'est tout ce que Dieu attend de nous. Amen.