
SERMON pour le 5ème dimanche après Pâques
Jacques 1/22-27 ; Jean 16/23b-33
LE COURAGE DE PRÊCHER
Les nouvelles angoissantes pour les disciples de Christ s'accumulent : non seulement Christ annonce Son départ, mais Il prévient le groupe des Apôtres qu'ils seront bientôt séparés, laissés seuls et isolés dans un monde qui leur est hostile : Ils savent de quoi le monde est capable. Ils ont vu comment Jésus a été trahi, maltraité, battu, humilié, crucifié, tué. Et depuis qu'Il est ressuscité, ils reconnaissent enfin Sa divinité (Jean 16/30) : « Maintenant nous connaissons que tu sais toutes choses, et que tu n'as pas besoin que personne t'interroge ; à cause de cela nous croyons que tu es issu de Dieu ». C'est une belle déclaration de foi, mais ils ne sont pas encore convaincus de leur sort éternel : ils ne sont pas issus de Dieu, et ils doutent de leur propre résurrection, comme de l'assistance du Saint-Esprit dans leur futur ministère, car ils n'ont jamais expérimenté sérieusement cette assistance. Leur vrai ministère n'a même pas commencé !
En Marc 3/13-15, cette assistance du Saint-Esprit était acquise avant même le choix des Douze : « Puis il monta sur une montagne, et appela ceux qu'il voulut, et ils vinrent à lui. Et il en ordonna douze pour être avec lui, et pour les envoyer prêcher ; et afin qu'ils eussent la puissance de guérir les maladies, et de chasser les démons hors [des possédés] ». Peu après, Jésus les avait envoyés en stage de découverte, mais pas isolément (Marc 6/7) : « Alors il appela les douze, et commença à les envoyer deux à deux, et leur donna puissance sur les esprits immondes ». Et ils s'attelèrent à la tâche que Christ leur avait confiée (Marc 6/12-13) : « Étant donc partis, ils prêchèrent qu'on s'amendât. Et ils chassèrent plusieurs démons hors [des possédés], et oignirent d'huile plusieurs malades, et les guérirent ». Notez au passage qu'ils ne se limitaient pas à prier pour la guérison des malades : ils observaient le rite de l'onction d'huile, et ils n'en avaient pas honte. Cette onction d'huile avait pour but de montrer que la guérison ne venait pas des disciples, mais de Dieu Lui-même (1 Samuel 10/1) : « Or Samuel avait pris une fiole d'huile, laquelle il répandit sur la tête de Saül, puis il le baisa, et lui dit : L'Éternel ne t'a-t-il pas oint sur son héritage, pour en être le conducteur ? ». C'est Dieu qui donne l'onction, par l'entremise de Ses ministres. Comme dans tout sacrement, en particulier au baptême, c'est Dieu en trois personnes qui agit. Et comme tout ce que fait Dieu est parfait, on ne peut pas revenir dessus. Pour la Sainte Communion, c'est pareil : quand Christ est présent au milieu de nous, Il y reste ; on ne peut plus l'en chasser (Apocalypse 3/20b) : « … si quelqu'un entend ma voix, et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi ».
Mais une onction d'huile sans prière ne vaut rien. Ce serait un graissage, comme le garagiste graisse les rouages de la transmission ; mais c'est le moteur qui fournit l'énergie - pas l'huile. Et le carter du moteur est rempli d'huile, ce qui n'est pas incompatible avec la puissance qui en émane, bien au contraire. L'huile n'est que le signe matériel de l'onction spirituelle donnée par le Saint-Esprit, simultanément. Sérieusement, il ne faut pas se moquer de ce que Dieu fait, ni de Sa façon de le faire, telle qu'Il l'a commandée (1 Samuel 9/16) : « Demain à cette même heure je t'enverrai un homme du pays de Benjamin, et tu l'oindras pour être le conducteur de mon peuple ».
Notre Seigneur Jésus-Christ ne S'est-Il pas laissé oindre par Marie de Magdala, en vue de Sa sépulture ? (Luc 7/37-38) : « Et voici, il y avait dans la ville une femme de mauvaise vie, qui ayant su que [Jésus] était à table dans la maison du Pharisien, apporta un vase d'albâtre plein d'une huile odoriférante. Et se tenant derrière à ses pieds, et pleurant, elle se mit à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses propres cheveux, et lui baisait les pieds, et les oignait de cette huile odoriférante ». La sainteté réelle ou supposée du ministre importe moins que la sainteté de Dieu agissant dans le sacrement. Ce n'est pas un point de vue fréquemment rencontré dans le monde, même chez les Juifs pratiquants (Luc 7/39) : « Mais le Pharisien qui l'avait convié, voyant cela, dit en soi-même : Si celui-ci était Prophète, certes il saurait qui et quelle est cette femme qui le touche : car c'est [une femme] de mauvaise vie ». À quoi Jésus répond : Balaye devant ta porte ! (Luc 7/44-48) : « Alors se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds ; mais elle a arrosé mes pieds de ses larmes, et les a essuyés avec ses propres cheveux. Tu ne m'as point donné un baiser, mais elle, depuis que je suis entré, n'a cessé de baiser mes pieds. Tu n'as point oint ma tête d'huile ; mais elle a oint mes pieds d'une huile odoriférante : c'est pourquoi je te dis, que ses péchés, qui sont grands, lui sont pardonnés ; car elle a beaucoup aimé ; or celui à qui il est moins pardonné, aime moins. Puis il dit à la femme : tes péchés te sont pardonnés ». Et toc ! Ramasse !
Sans la prière, l'onction n'est qu'un huilage, comme pour préparer et faciliter un massage. Jésus nous le déclare : la puissance est en Dieu le Père, car Il est Tout-Puissant (Jean 16/23b) : « En vérité, en vérité je vous dis que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon Nom, il vous les donnera ». Mais pourquoi faut-il passer par le nom de Jésus-Christ ? Parce que le mot Christ signifie et désigne Celui qui a reçu l'onction. Christ est notre évêque, et c'est Lui qui consacre Ses élus.
Et Jésus continue au verset 24 : « Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon Nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite ». Stop ! Un instant, Monsieur le prédicateur, s'il vous plaît ! Que vient faire la joie dans ce passage de l'Évangile, à un moment où la tristesse des Douze domine et où ils sont écrasés par l'angoisse et l'appréhension de leur avenir qu'ils voient tout en noir ? Dit simplement, si Christ ne sera plus physiquement avec eux, Il sera spirituellement présent avec chacun d'eux, même pris isolément. Christ se fera invisible pour mieux Se multiplier. Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu, et Dieu est partout. Le voir importe moins que de ressentir Sa présence et d'assister aux miracles qu'Il opère selon Sa volonté, quand on les Lui demande en Son nom, selon la forme liturgique qu'Il impose à Ses disciples (Jean 16/26-28) : « En ce jour-là vous demanderez [des grâces] en mon Nom, et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ; car le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru, que je suis issu de Dieu. Je suis issu du Père, et je suis venu au monde ; [et] encore, je laisse le monde, et je m'en vais au Père ». Que répondre à Jésus sinon ce que les Douze Lui ont répondu au verset 30 : « Maintenant nous connaissons que tu sais toutes choses, et que tu n'as pas besoin que personne t'interroge ; à cause de cela nous croyons que tu es issu de Dieu ».
Voyant que Ses apôtres se sentent quelque peu rassurés, Jésus enchaîne avec une vérité plutôt acide (versets 31-33) : « Jésus leur répondit : Croyez-vous maintenant ? Voici, l'heure vient, et elle est déjà venue, que vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; mais je ne suis point seul, car le Père est avec moi. Je vous ai dit ces choses afin que vous ayez la paix en moi ; vous aurez de l'angoisse au monde, mais ayez bon courage, j'ai vaincu le monde » … « vous serez dispersés chacun de son côté » ; mais si les Chrétiens croient en Jésus-Christ, ils vaincront le monde comme Christ a vaincu le monde. Car la paix que Jésus donne n'est pas un armistice temporaire, mais tout au contraire une résurrection définitive dans un autre monde de paix et d'amour, très différent du monde actuel. Voilà qui nous encourage dans notre combat quotidien contre le mal, dans la tentation et sous la persécution !
Après avoir ainsi réconforté les Douze, Notre Seigneur Jésus-Christ débute Sa prière sacerdotale de Jean 17 en commençant par la promesse de la vie éternelle donnée aux élus du Père (Jean 17/1-3) : « Jésus dit ces choses ; puis levant ses yeux au ciel, il dit : Père, l'heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ; comme tu lui as donné pouvoir sur tous les hommes ; afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Et c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». Curieusement, Christ semble Se dédoubler en parlant de Lui-même à la troisième personne : « … et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». Il dicte par-là aux Douze une formule liturgique utile pour demander et prier "en Son Nom". Remarquez au passage la délicatesse de Jésus quand Il nous enseigne : loin de nous laisser dans le doute, Il nous suggère les formulations requises, comme en n'ayant pas l'air de nous donner une leçon, mais en passant, sans avoir l'air d'y toucher. Sa Parole est suffisamment efficace par elle-même pour qu'Il ait besoin d'insister. Et le Saint-Esprit convainc les disciples directement et simplement, sans qu'il soit nécessaire d'user de paraboles, même si nous aimons les paraboles, comme les petits enfants aiment qu'on leur raconte des histoires de chevaliers et des contes de fées (Jean 16/25) : « Je vous ai dit ces choses par des similitudes, mais l'heure vient que je ne vous parlerai plus par des paraboles ; mais je vous parlerai ouvertement de [mon] Père ». Les Douze sont prêts. Enfin Christ leur parle comme à des adultes. Mes amis, êtes-vous adultes devant Christ notre seul Seigneur et Sauveur ? Êtes-vous assez grands pour qu'on vous parle comme à des adultes, et pour prendre vos propres responsabilités devant Dieu, sans qu'on ait besoin de vous houspiller à chaque fois ? Oui ? Ah, la bonne heur !
L'Épître de Jacques nous exhorte justement en ce sens : Prenons nos responsabilités en pratiquant non seulement les rites de l'Église, rites institués par Christ Notre Seigneur, mais en mettant également en pratique l'amour que le Saint-Esprit nous a conféré (Jacques 1/21b-22) : « Recevez avec douceur la parole plantée en vous, laquelle peut sauver vos âmes ; et mettez en exécution la parole, et ne l'écoutez pas seulement, en vous décevant vous-mêmes par de vains discours ». Paroles, paroles en l'air, telles sont les prédications qui ne sont pas confirmées par des actes. Nous prêchons par la parole et par notre comportement, par l'exemple de vie chrétienne que nous donnons aux autres.
Ne nous admirons pas dans le miroir comme pour maquiller ce que nous sommes réellement, ou pour singer ce que nous devrions être « Car si quelqu'un écoute la parole, et ne la met point en exécution, il est semblable à un homme qui considère dans un miroir sa face naturelle ; car après s'être considéré soi-même, et s'en être allé, il a aussitôt oublié quel il était » (Jacques 1/23-24). Mais donnons un bon témoignage d'obéissance à la Loi de Dieu, aux Dix Commandements et à la Loi d'Amour enseignée et appliquée par Christ, qui s'y est soumis jusqu'à la mort sur une croix. Comprenez-vous maintenant ce que signifie "porter sa croix" ? Il s'agit d'obéir à la Loi divine, loin du respect humain, en subissant calmement les quolibets et les moqueries, le regard fixé sur l'éternité promise PAR Jésus-Christ, AVEC Lui et EN Lui.
Faisons honnêtement tout ce que notre devoir d'état nous impose de faire, et nous aurons le bonheur de plaire à Dieu (Jacques 1/25) : « Mais celui qui aura regardé au-dedans de la Loi parfaite, qui [est la Loi] de la liberté ; et qui aura persévéré, n'étant point un auditeur oublieux, mais s'appliquant à l'œuvre [qui lui est prescrite], celui-là sera heureux dans ce qu’il aura fait ». Même si nous ne réussissons pas à chaque fois, nous avons le bonheur de savoir que nous avons fait de notre mieux pour plaire à Dieu, comme Jésus Lui-même (Jean 8/28-29) : « Jésus donc leur dit : Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous connaîtrez alors que je suis [l'envoyé de Dieu], et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ces choses ainsi que mon Père m'a enseigné. Car celui qui m'a envoyé est avec moi, le Père ne m'a point laissé seul, parce que je fais toujours les choses qui lui plaisent ».
Il ne s'agit pas de faire semblant comme les Pharisiens hypocrites qui critiquent si facilement les faibles et les simples avec leurs langues de vipères, sans lever le petit doigt pour eux, tout en s'imaginant être parfaits (Jacques 1/26) : « Si quelqu'un entre vous pense être religieux, et il ne tient point en bride sa langue, mais séduit son cœur, la religion d'un tel homme [est] vaine ». Avez-vous bien entendu ? La religiosité extérieure, ou apparence de la piété, est vaine. Pire encore : c'est un péché d'orgueil. Elle ne confère pas la vie éternelle. Est-ce assez clair ?
C'est pourquoi Jacques nous envoie consoler ces mêmes Chrétiens faibles et simples : à savoir les personnes isolées, surtout les orphelins et les vraies veuves (Jacques 1/27) : « La Religion pure et sans tache envers [notre] Dieu et [notre] Père, c'est de visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et de se conserver pur des souillures de ce monde ». Réjouissons-nous avec ceux qui se réjouissent ; pleurons avec ceux qui pleurent, mais veillons sur nous afin de ne pas pécher.
Mes amis, n'imitons pas le monde, mais imitons Christ, Notre seul Seigneur et Sauveur, afin d'en sauver d'autres en participant pour notre part au tri céleste de ceux que le Père éternel a élus pour Sa seule gloire, dès avant la fondation du monde. Amen.