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La prière d'un hypocrite

SERMON pour le 11ème dimanche après la Trinité.

Traduction d’une méditation biblique éditée par le Révérendissime Jerry Levon OGLES,

Docteur en Théologie et Évêque Métropolite de l’Anglican Orthodox Church.

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COLLECTE : « Ô Dieu, qui manifestes surtout ta toute-puissance en usant envers nous de pitié et de miséricorde ; accorde-nous, dans ta compassion, une telle mesure de ta grâce que, marchant dans la voie de tes commandements, nous puissions obtenir l’effet de tes promesses bienveillantes, et participer à ton trésor céleste ; par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen ».

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Comme le révèle notre Prière de Collecte d’aujourd’hui, la plus grande vertu et la plus grande puissance de Dieu sont démontrées par Son pouvoir miraculeux de pardonner nos péchés de rébellion et d’omission. Quelle que soit la grâce que nous ayons reçue, c’est un don de grâce de Dieu qui nous permet de garder Ses commandements et d’être considérés comme justes par le sang de Jésus-Christ. C’est ainsi que nous pourrons, avec Abraham, bénéficier des promesses rendues accessibles par le Seigneur Jésus-Christ, et partager, avec Lui, les trésors bénis du Ciel. Cette collecte est unique dans ses aspects spécifiques, tout comme chacune des collectes. Il y a quelques années, j’ai écrit une série de dévotions sur le caractère unique de chacune des collectes quotidiennes - leurs origines et leur pertinence pour le calendrier de l’Église et pour nos vies. Ce sont des dons des premiers pères de l’Église pour nous, dont beaucoup ont donné leur vie dans la fidélité à la Parole de Dieu.

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Dans l’épître de 1 Corinthiens 15, Paul expose les moyens et la voie du salut par le Christ seul. Lui aussi avait été un Pharisien comme nous le voyons dans le récit évangélique d’aujourd’hui à qui Jésus s’adressait « quelques-uns se confiaient en eux-mêmes d'être justes, et tenaient les autres pour rien. ». (Luc 18.9). En fait, Paul (comme Saül) avait été un outil des Pharisiens par qui de nombreux adorateurs Chrétiens avaient été persécutés et assassinés. Ce sera notre contexte pour les Paroles du Christ d’aujourd’hui tirées de l’Évangile de saint Luc 18 :

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ÉVANGILE : « Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes d'être justes, et qui tenaient les autres pour rien. Deux hommes montèrent au Temple pour prier, l'un Pharisien ; et l'autre, péager. Le Pharisien se tenant à l'écart priait en lui-même en ces termes : Ô Dieu ! Je te rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, [qui sont] ravisseurs, injustes, adultères, ni même comme ce péager. Je jeûne deux fois la semaine, [et] je donne la dîme de tout ce que je possède. Mais le péager se tenant loin, n'osait pas même lever les yeux vers le ciel, mais frappait sa poitrine, en disant : Ô Dieu ! Sois apaisé envers moi qui suis pécheur ! Je vous dis que celui-ci descendit en sa maison justifié, plutôt que l'autre ; car quiconque s'élève, sera abaissé, et quiconque s'abaisse, sera élevé ». (Luc 18.9-14).

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Tout d’abord, nous notons que Jésus adressait Ses remarques à certains hommes présents. Qui étaient ces hommes ? Certains sont à l’église aujourd’hui. Ses paroles s’adressaient à certains hommes et à certaines femmes qui croyaient en leur PROPRE justice - jusqu’à condamner les autres et à les mépriser. Nous appellerions cela la suffisance (et il n’y a rien de tel dans le Ciel). Il serait sage d’écouter le conseil de Paul à Timothée : « Dénonce à ceux qui sont riches en ce monde, qu'ils ne soient point hautains, et qu'ils ne mettent point leur confiance dans l'incertitude des richesses, mais au Dieu vivant, qui nous donne toutes choses abondamment pour en jouir. Qu'ils fassent du bien ; qu'ils soient riches en bonnes œuvres ; qu'ils soient prompts à donner, libéraux. Se faisant un trésor pour l'avenir, appuyé sur un fondement solide, afin qu'ils obtiennent la vie éternelle » (1 Timothée 6.17-19).

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Deuxièmement, notre Seigneur parle de deux différents types de personnes (un Pharisien et un publicain) - les deux sont montés au Temple dans le même but : prier. TOUS DEUX sont allés au bon endroit pour prier - la Maison du Seigneur. Mais les similitudes s’arrêtent là. Examinons maintenant où les caractéristiques de ces deux hommes divergent, et examinons nos propres cœurs pour savoir si nous sommes semblables à l’un ou l’autre des deux :

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Le Pharisien

1. ATTITUDE de prière

« Le Pharisien se tenant à l'écart priait en lui-même. ». On laisse entendre ici que le Pharisien était fier et qu’il priait dans une fausse perspective. Il n’a pas humblement prié Dieu, mais a prié « en lui-même ». Ses paroles n’étaient pas dirigées vers Dieu, mais pour ses propres desseins personnels qui sont expliqués plus loin dans le texte. Il croyait qu’il était juste, tout comme des millions de Chrétiens le font chaque dimanche au culte. Suffisants et arrogants, ils s’assoient sur le banc en pensant à ces autres quand le mot « pécheur » est mentionné. Ils font trop confiance à leur propre religion et non à la justice imputée de Christ. Ils font trop confiance à une dénomination particulière et non à la seule grâce de Dieu et au sacrifice de son Fils. Ils ont l’impression de ne pas être « comme les autres ». Nous lisons à quel point le Pharisien priait fièrement « en lui-même » – pas à Dieu. Il priait pour que les autres entendent ses paroles vantardes. Le contraire est vrai pour le publicain qui se sentait indigne de s’avancer si près, dans le Temple. Il n’a revendiqué AUCUNE BONTÉ, ni aucune action juste, dans sa vie, mais a seulement cherché la miséricorde sur lui-même en tant que pécheur.

 

2. PRÉSOMPTION dans la prière

Il n’a pas commencé par glorifier Dieu, ni montrer un esprit de repentance pour les péchés que, comme nous, il avait sûrement commis. Mais, si elle avait été prise seule, sa prière aurait été plus appropriée qu’elle ne l’est devenue lorsqu’il a ajouté sa raison de gratitude envers Dieu. « Ô Dieu ! Je te rends grâces. » Le Pharisien aurait mieux fait de s’arrêter là, avec cette salutation ! Mais il ne l’a pas fait !

 

3. ARROGANCE de la prière

Le Pharisien était-il reconnaissant ? Le pharisien se vante d’être reconnaissant pour ce qu’il n’est pas ! « JE NE SUIS POINT comme le reste des hommes ». En d’autres termes, « Je suis meilleur que tous les autres. Je suis bon dans, et de moi-même. Je ne suis pas un « ravisseur » … Je n’ai jamais été coupable d’un tel péché » (mais j’ai probablement gravement péché autrement). Je ne suis pas « injuste », dit-il, mais il est injuste avec sa proclamation et son accusation du publicain ! Je ne suis pas un « adultère » Il a peut-être été l’un de ces Pharisiens coupables qui ont amené la Femme adultère au Christ et qui qui est reparti bien vite, à cause de sa culpabilité. Je ne suis pas « même comme ce péager ». En d’autres termes, « Je ne suis pas un pécheur ORDINAIRE comme l’est ce publicain ! ».

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Le Pharisien se vante d’être reconnaissant pour ce qu’IL FAIT ! « Je jeûne deux fois dans la semaine » ; « Je donne la dîme de tout ce que je possède ». En VÉRITÉ, le Pharisien n’était rien de ce qu’il prétendait être : En vérité, c’était un menteur ! Bien qu’il ait prétendu le contraire, il était précisément comme les autres hommes – un pécheur. (Romains 3.23). C’était un ravisseur. (Matthieu 23.14, Marc 12.40). Il était injuste. Son attitude même et son opinion de lui-même l’ont prouvé. C’était un homme pire que le publicain car le publicain était conscient de son besoin tandis que le Pharisien était aveuglé à son propre sujet. Il n’a pas jeûné pour plaire à Dieu, mais seulement dans le but de se montrer et de se vanter. Il n’a pas payé la dîme de tout ce qu’il avait car il a préservé son cœur de Dieu en ne le lui abandonnant pas. (Luc 20.25). Il avait un zèle religieux, mais pas selon la Bible. « Car je leur rends témoignage qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais sans connaissance. Parce que ne connaissant point la justice de Dieu, et cherchant d'établir leur propre justice, ils ne se sont point soumis à la justice de Dieu. » (Romains 10.2-3).

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Le Publicain

« Mais le péager se tenant loin, n'osait pas même lever les yeux vers le ciel, mais frappait sa poitrine, en disant : Ô Dieu ! Sois apaisé envers moi qui suis pécheur ! »

 

1. Le publicain savait qui il était : un pécheur perdu et condamné.

2. Le publicain connaissait sa place auprès de Dieu sans pitié : à distance !

3. Le publicain savait ce qu’il ressentait : coupable, honteux et ayant besoin de miséricorde.

4. Il savait CE dont il avait besoin : la MISÉRICORDE.

5. Il savait comment atteindre la miséricorde : se repentir, se confesser et invoquer le Seigneur.

6. Il connaissait son salut : il est descendu chez lui justifié.

 

Il y a aussi un grand secret révélé dans cette parabole : Le péché crée une grande séparation entre l’homme et Dieu. Le seul moyen de combler cette séparation est le repentir et la confession des péchés. Lorsque nous avons trahi ou blessé un ami proche, n’évitons-nous pas de le regarder dans les yeux jusqu’à ce que nous nous soyons réconciliés avec cet ami ? Nous ne pouvons pas parler à cet ami pendant des mois en raison de notre culpabilité. L’ami n’est peut-être même pas conscient de notre culpabilité, MAIS NOUS LE SOMMES ! Quand nous oublions Dieu, nous vivons selon nos propres voies. Ce libre arbitre conduit toujours au péché. Ce péché dresse un mur entre nous et Dieu. Soudain, nous avons honte comme Adam dans le jardin. Nous ne pouvons pas abattre ce mur avec nos bonnes actions, mais seulement par nos appels larmoyants à la miséricorde !

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Marquons-nous nos enveloppes d’offrandes à l’église avec de grandes lettres pour montrer notre grande dîme ? Embellissons-nous nos prières avec de belles paroles qui ne viennent pas du cœur, mais d’un esprit fier ? Essayons-nous de paraître si proches de Dieu que les publicains ne peuvent pas s’approcher si près de Lui ? Admettons-nous notre indignité en dehors de la grâce de Dieu ? Avons-nous su que le moment même où nous sentons que nous sommes « assez bons » est le moment même où nous ne le sommes PAS ? Ne soyez pas un hypocrite pharisaïque, mais soyez un humble pécheur qui revendique la grâce et la miséricorde de Dieu. Auquel des deux ressemblons-nous le plus : Le Pharisien ou le publicain ? Mieux vaut être un humble publicain qu’un fier Pharisien ! AMEN !

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