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SERMON pour le 2ème dimanche du Carême

 

1 Thessaloniciens 4/1-8 ; Matthieu 15/21-28

 

FOI ET SAINTETÉ

 

 

Si la foi consistait en une décision personnelle, indépendamment de toute intervention divine - que l'on appelle la grâce - Jésus nous l'aurait dit. Or, ce n'est pas le cas. La foi véritable est un don de Dieu. Elle est inimitable, surtout dans les épreuves. Et Dieu sait très bien tester notre foi, comme Il a testé la fidélité d'Abraham en lui demandant de sacrifier son fils Isaac (Genèse 22/15-17) : « Et l'Ange de l’Éternel cria des cieux à Abraham pour la seconde fois, en disant : J'ai juré par moi-même, dit l’Éternel ; parce que tu as fait cette chose-ci, et que tu n'as point épargné ton fils, ton unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai très abondamment ta postérité comme les étoiles des cieux, et comme le sable qui est sur le bord de la mer ; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis ». Notre Seigneur et Père céleste tient donc de grandes bénédictions en réserve pour ceux qui L'écoutent et Lui obéissent. Et ces bénédictions n'ont pas pour but de satisfaire nos désirs, mais la seule gloire de Dieu. Paul en a fait les frais en souffrant dans son corps, que Dieu n'a pas voulu guérir « Mais [le Seigneur] m'a dit : Ma grâce te suffit » (2 Corinthiens 12/9a), « Afin que comme il est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie au Seigneur » (1 Corinthiens 1/31).

 

Notre Seigneur teste notre foi par les épreuves qu'Il nous envoie. Il ne s'agit pas de nous mortifier pendant le Carême, ni de rechercher le martyre - les Pères de l'Église y étaient très opposés, car si tous les Chrétiens avaient devancé la persécution romaine pour s'assurer d'une bonne place au Ciel, l'Église n'aurait pas survécu, et nous ne serions pas ici aujourd'hui, réunis dans la présence de Dieu. Voyez Jésus-Christ Lui-même : Il n'a pas recherché la Croix (Matthieu 26/39) : « Puis s'en allant un peu plus avant, il se prosterna le visage contre terre, priant, et disant : mon Père, s'il est possible, fais que cette coupe passe loin de moi ; toutefois non point comme je le veux, mais comme tu le veux ». Ce n'était pas Sa volonté d'être crucifié, mais celle du Père. Nuance !

 

La sainteté, c'est donc la soumission à la volonté du Père, pour Sa seule gloire (Psaume 115/1) : « Non point à nous, ô Éternel ! Non point à nous, mais à ton Nom donne gloire pour l'amour de ta miséricorde, pour l'amour de ta vérité ». Dieu sait ce qu'Il fait et ce qu'Il attend de chacun de nous. Notre Père du Ciel veut Se glorifier à travers Ses élus, et nous sommes Ses élus, Ses enfants adoptifs en Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur. Nous glorifions Dieu par notre sainteté, notre différence par rapport aux perdus de ce monde (Jean 17/6-10) : « J'ai manifesté ton Nom aux hommes que tu m'as donnés du monde ; ils étaient tiens, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m'as donné, vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données, et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis issu de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé. Je prie pour eux ; je ne prie point pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont tiens. Et tout ce qui est mien est tien, et ce qui est tien est mien ; et je suis glorifié en eux ».

 

Nous glorifions Dieu par notre sainteté, pas par nos mortifications doloristes. Et si nous jeûnons parfois, ce n'est pas pour souffrir, mais pour ressentir dans notre corps notre dépendance vis-à-vis de Dieu et des autres. Car c'est Dieu qui fait pousser les champignons que nous cueillons sans les avoir plantés ; c'est Dieu qui donne la croissance à notre potager et à notre verger, produisant des fruits et des légumes en abondance ; c'est Dieu qui fait pousser l'herbe qui engraisse nos animaux de boucherie… voilà pour notre dépendance vis-à-vis de Dieu. Et pour ce qui est de dépendre des autres, que mangerions-nous sans agriculteurs ni pêcheurs, sans boulangers ni pâtissiers, sans bouchers ni poissonniers, sans épiciers ni surgelés ? Dieu a voulu que des hommes Le servent… en nous servant de quoi garnir notre assiette !

 

Nous touchons alors un autre aspect important du Carême, après le jeûne et l'obéissance à la volonté de Dieu : l'action de grâces. Pour être polis, il nous revient de remercier Dieu pour toutes Ses bénédiction, pour tous Ses dons, et surtout pour Sa grâce. Nous Lui devons notre Salut, car nous ne l'avons ni mérité ni acheté nous-mêmes ; mais Christ nous a rachetés en méritant notre Salut, en mourant sur la croix à notre place. Frères et sœurs, ne soyons pas des ingrats, ni des enfants gâtés qui pensent que le Salut leur est dû par privilège de naissance, et que ce Salut n'impliquerait aucun changement de comportement par rapport aux damnés qui peuplent le monde. Voyez comment le peuple élu de Dieu, Israël, s'est détourné de Dieu pour se fourvoyer dans l'idolâtrie (2 Rois 17/12) : « Et ils avaient servi les dieux de fiente, au sujet desquels l'Éternel leur avait dit : Vous ne ferez point cela », alors qu'ils se disaient les descendants d'Abraham selon la chair ; mais ils n'étaient plus les descendants d'Abraham selon l'Esprit, ayant renoncé à la foi et à l'obéissance à la volonté de Dieu qui leur était exprimée par Moïse (1 Corinthiens 10/1-10) : « Et ils ont tous été baptisés par Moïse en la nuée et en la mer ; et ils ont tous mangé d'une même viande spirituelle ; et ils ont tous bu d'un même breuvage spirituel : car ils buvaient [de l'eau] de la pierre spirituelle qui [les] suivait ; et la pierre était Christ. Mais Dieu n'a point pris plaisir en plusieurs d'eux ; car ils ont été accablés au désert. Or ces choses ont été des exemples pour vous, afin que nous ne convoitions point des choses mauvaises, comme eux-mêmes les ont convoitées ; et que vous ne deveniez point idolâtres, comme quelques-uns d'eux ; ainsi qu'il est écrit : le peuple s'est assis pour manger et pour boire ; et puis ils se sont levés pour jouer. Et afin que nous ne nous laissions point aller à la fornication, comme quelques-uns d'eux s'y sont abandonnés, et il en est tombé en un jour vingt-trois mille. Et que nous ne tentions point Christ, comme quelques-uns d'eux [l'] ont tenté, et ont été détruits par les serpents. Et que vous ne murmuriez point, comme quelques-uns d'eux ont murmurés, et sont péris par le destructeur ». Israël a longtemps persévéré dans l'idolâtrie puisque les prophètes leur en font ce reproche, comme Jérémie, pour ne citer que lui (Jérémie 8/19) : « Voici la voix du cri de la fille de mon peuple [qui crie] d'un pays éloigné ; l'Éternel n'est-il point en Sion ? son Roi n'est-il point au milieu d'elle ? Mais pourquoi m'ont-ils irrité par leurs images taillées, par les vanités de l'étranger ? ».

 

Paul le rappelle à toutes les Églises de Christ, l'amour des richesses est une idolâtrie, pas seulement le sexe ou le pouvoir (Éphésiens 5/5) : « Car vous savez ceci, que nul fornicateur, ni impur, ni avare, qui est un idolâtre, n'a point d'héritage dans le Royaume de Christ, et de Dieu ». Nous venons de voir ce qu'il dit aux Éphésiens ; et aux Corinthiens, il dit : « Or maintenant, je vous écris que vous ne vous mêliez point avec eux ; c'est-à-dire, que si quelqu'un qui se nomme frère, est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur, vous ne mangiez pas même avec un tel homme » (1 Corinthiens 5/11) ;  aux Thessaloniciens, il dit ceci : « Que personne ne foule [son frère], ou ne fasse son profit au dommage de son frère en aucune affaire ; parce que le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses, comme nous vous l'avons dit auparavant, et comme nous vous l'avons assuré. Car Dieu ne nous a point appelés à la souillure, mais à la sanctification » (1 Thessaloniciens 3/6-7) ; aux Colossiens, il écrit (Colossiens 3/5) : « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, la fornication, la souillure, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et l'avarice, qui est une idolâtrie ». Est-ce assez clair ?

 

Comprenez-moi bien : Paul ne nous demande pas de verser une dîme à l'Église, ni d'enrichir les pauvres de la terre entière, car c'est impossible. Nous cotisons plus que ça à la Sécurité Sociale Il nous demande seulement de ne pas laisser nos frères et sœurs - nos paroissiens - dans le manque et le besoin, si nous pouvons les soulager de nos biens. Le Carême est donc le temps où nous revenons à Dieu et à nos frères, en leur portant plus d'attention, pour les servir.

 

Notre Seigneur Jésus-Christ avait ce même sentiment du service des frères, c'est-à-dire des Juifs vers qui Il était envoyé en mission de prédication, un enseignement appuyé par de nombreux signes et miracles (Luc 6/19) : « Et toute la multitude tâchait de le toucher ; car il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous ». Mais en arrivant dans le territoire de Tyr et de Sidon, Christ se place en dehors du peuple élu. Et derechef, une Cananéenne, une païenne - une femme sans mari, qui plus est - vient implorer le Roi des Juifs, comme le général Syrien lépreux Naaman en 2 Rois chapitre 5, pour qu'Il guérisse sa fille (Matthieu 15/22b-24) : « Seigneur ! Fils de David, aie pitié de moi ! Ma fille est misérablement tourmentée d'un démon. Mais il ne lui répondit mot ; et ses Disciples s'approchant le prièrent, disant : Renvoie-la ; car elle crie après nous. Et il répondit, et dit : Je ne suis envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël ». Cette réponse de Christ est dure à entendre. Christ justifie ainsi ses disciples - tous Juifs - qui exigeaient de Lui qu'Il les débarrasse d'une femme impure. Ce faisant, il ne lui laisse pas d'autre choix, pour le Salut de sa fille possédée par un démon, que d'insister jusqu'à ce que Christ cède à sa prière, comme la veuve importune auprès du juge (Luc 18/1-5) : « Il leur proposa aussi une parabole, [pour faire voir] qu'il faut toujours prier, et ne se lasser point ; disant : Il y avait dans une ville un juge, qui ne craignait point Dieu, et qui ne respectait personne. Et dans la même ville il y avait une veuve, qui l'allait souvent trouver, et lui dire : Fais-moi justice de ma partie adverse. Pendant longtemps il n'en voulut rien faire. Mais après cela il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et que je ne respecte personne, néanmoins, parce que cette veuve me donne de la peine, je lui ferai justice, de peur qu'elle ne vienne perpétuellement me rompre la tête ». Notez que Jésus conclut cette parabole par une question de foi, au verset 8 : « Mais quand le Fils de l'homme viendra, [pensez-vous] qu'il trouve de la foi sur la terre ? ».

 

Prier avec foi, c'est prier avec insistance, persévérance, confiance et amour. Or, c'est précisément ce que fait la femme cananéenne (Matthieu 15/25) : « Mais elle vint, et l'adora, disant : Seigneur, assiste-moi ! ». Elle insiste en s'approchant du Seigneur, elle L'adore et Le prie ; c'est presque un ordre qu'elle ose donner au fils de David, au Roi d'Israël ! Jésus lui répond au verset suivant : « Et il lui répondit, et dit : Il ne convient pas de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens ». Christ persiste dans sa dureté envers cette pauvre femme païenne. Il teste sa foi « Mais elle dit : Cela est vrai, Seigneur ! Cependant les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Quelle humilité ! Madame se contenterait des miettes du Pain de Vie négligé par les enfants d'Israël. Madame reconnaît que les Juifs sont prioritaires, et que « la meilleure part ne leur sera point ôtée » (Luc 10/42). Madame reconnaît que la puissance de Dieu réside en Christ, Madame se tourne vers Jésus - elle se convertit - Madame met sa confiance en Christ et Le prie. « Alors Jésus répondant, lui dit : ô femme ! ta foi est grande ; qu'il te soit fait comme tu le souhaites : et dès ce moment-là sa fille fut guérie ». Pensez-vous qu'après cela, Madame retournerait à ses anciennes idoles ? Je ne le crois pas une minute !

 

Que ce temps de Carême soit pour nous l'occasion de faire le ménage chez nous, en ramassant les précieuses miettes tombées de la table des Juifs. Purifions nos cœurs des idoles de toute nature, du péché sous toutes ses formes, et tournons-nous vers Christ, notre seul Sauveur, avec confiance. Prions Dieu, et n'oublions pas de Le remercier pour la grâce que le Père nous a faite en Jésus-Christ, son Fils unique engendré ; une grâce qui est infusée par Son Saint-Esprit, présent en chacun de nous. Amen.

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