Baptême ou baptêmes ?
I- BAPTÊME OU BAPTÊMES ?
On pense généralement qu'il n'y a qu'un baptême (4), ce qui est vrai au sens sacramentel. Mais dans la Bible, il y a plusieurs baptêmes. Se pose ensuite la question des enfants.
A- Définition :
Le mot baptême est une transposition (et non une traduction) du verbe grec baptô, qui signifie dans notre langue plonger, immerger, baigner, teindre, mais pas uniquement dans l'eau (5). Ce verbe grec est aussi utilisé pour décrire la pénétration d'un glaive ou d'une lance dans un corps humain pour le tuer, tel le coup de lance que Jésus-Christ reçut après sa mort en Croix. Dans la Bible, chaque mot a son importance, et nos versions en langue commune sont forcément réductrices ; c'est pourquoi il est du devoir des prédicateurs de recourir au texte original grec ou hébreu afin d'en tirer tout le sens originel.
De ce fait, il découle qu'il y a plusieurs acceptions et formes de baptêmes, et la Bible elle-même n'échappe pas à cette pluralité.
B- Les 7 baptêmes bibliques :
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On trouve tout d'abord dans l'Évangile le baptême de repentance, que Jean-Baptiste pratiquait avec de l'eau : « Jean baptisait dans le désert, et prêchait le Baptême de repentance, pour obtenir la rémission des péchés » (Marc 1/4) ; et Paul le comprend bien dans ce même sens, toujours avec de l'eau, mais dans le nom de Christ ; la nuance est de taille, puisqu'il a été décidé de rebaptiser ceux qui avaient reçu le seul baptême de repentance : « Alors Paul dit : Il est vrai que Jean a baptisé du Baptême de repentance, disant au peuple, qu'ils crussent en celui qui venait après lui, c'est-à-dire, en Jésus- Christ. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au Nom du Seigneur Jésus » (Actes19/4-5). Nous avons ici une distinction claire entre le baptême de repentance pratiqué par Jean et le Baptême sacramentel de l'Église.
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Le second baptême est celui du Saint-Esprit ; c'est ce baptême spirituel qu'annonçait le baptême Jean-Baptiste, au désert : « Pour moi, je vous baptise d'eau en [signe de] repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers ; celui-là vous baptisera du Saint-Esprit, et de feu » (Matthieu 3/11). Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité a confirmé cette affirmation du Précurseur : « Car Jean a baptisé d'eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit, dans peu de jours » (Actes 1/5). En ce sens, le baptême d'eau préfigure non seulement la Pentecôte, qui est la naissance de l'Église, mais aussi la nouvelle naissance prêchée par Notre Seigneur à Nicodème : « Jésus répondit, et lui dit : En vérité, en vérité je te dis : si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut point voir le Royaume de Dieu. » (Jean 3/3). Nous voyons par là que le baptême d'eau précède et préfigure la nouvelle naissance spirituelle par laquelle le baptisé reçoit le don de la foi, venant de Dieu : « … vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au Nom du Seigneur Jésus, et par l'Esprit de notre Dieu. » (1 Corinthiens 6/11).
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Le troisième baptême biblique est le baptême d'eau, que la Parole de Dieu distingue du baptême du Saint-Esprit : « Jean a baptisé d'eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit. » (Actes 11/16). Ayant acquis la certitude de la foi naissante chez l'Eunuque éthiopien, Philippe le baptise dans l'eau : « Et ayant commandé qu'on arrêtât le chariot, ils descendirent tous deux dans l'eau, Philippe et l'Eunuque ; et [Philippe] le baptisa » (Actes 8/38). L'ordre d'administration des deux baptêmes d'eau et du Saint-Esprit peut donc varier, pour la bonne raison que si le signe du baptême d'eau est pratiqué par l'Église terrestre, le baptême du Saint-Esprit qui fait entrer dans l'Église céleste est conféré directement par Dieu au moment que le Père a choisi dans l'Éternité passée. Mais pour accéder au ciel, il faut avoir été lavé de deux manières, physiquement dans l'eau, mais aussi spirituellement par la repentance : « Lavez-vous, nettoyez-vous, ôtez de devant mes yeux la malice de vos actions ; cessez de mal faire » (Ésaïe 1/16). La doctrine des Apôtres (Didachè) en précise le rite primitif : "1. Quant au baptême, baptisez ainsi : après avoir proclamé tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit dans de l'eau vive (courante). 2. - Mais, si tu n'as pas d'eau vive, baptise dans une autre eau ; si tu ne peux pas (baptiser) dans l'eau froide, que ce soit dans l'eau chaude. Si tu n'as ni l'une ni l'autre (en quantité suffisante), verse trois fois de l'eau sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit." (6). Au second siècle, la liturgie baptismale ordonnançait la cérémonie ainsi : d'abord les adultes, ensuite les jeunes, puis les enfants sachant parler, et enfin les enfants ne sachant pas encore parler (7).
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Le quatrième est le baptême de feu, qui lui aussi est conféré directement par Dieu, comme à la Pentecôte : « Et comme le jour de la Pentecôte était venu, ils étaient tous ensemble dans un même lieu. Et il se fit tout à coup un son du ciel, comme [est le son] d'un vent qui souffle avec véhémence, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues divisées comme de feu, qui se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit » (Actes 2/1-4a). Cet événement exceptionnel scelle la naissance de l'Église terrestre et son union à l'Église céleste. Mais Dieu reste le seul chef suprême des deux Églises, unies entre elles comme en Jésus-Christ les deux natures divine et humaine sont pleinement réunies.
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Le cinquième baptême est proprement un bain de sang, que Notre Seigneur a annoncé et inauguré lors de Sa Passion : « Et Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez ; pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ; et être baptisés du Baptême dont je dois être baptisé ? » (Marc 10/38). Son sang a commencé à couler à Gethsémané « Et lui étant en agonie, priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant en terre. » (Luc 22/44), puis au Tribunal de Pilate où Jésus fut flagellé jusqu'au sang (8) : « Quand donc je l'aurai fait fouetter, je le relâcherai » (Luc 23/16), et en fin à la Croix : « Mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et d'abord il en sortit du sang et de l'eau » (Jean 19/34). Ce baptême de sang est aussi subi par une foule de Martyrs, depuis 2.000 ans et encore aujourd'hui. Le sang est un signe distinguant le peuple de Dieu des Égyptiens païens : « Car l'Éternel passera pour frapper l'Égypte, et il verra le sang sur le linteau, et sur les deux poteaux, et l'Éternel passera par-dessus la porte, et ne permettra point que le destructeur entre dans vos maisons pour frapper » (Exode 12/7). Au désert, Moïse a baptisé le peuple d'Israël dans le sang, par aspersion : « Moïse donc prit le sang, et le répandit sur le peuple, en disant : Voici le sang de l'alliance que l'Éternel a traitée avec vous, selon toutes ces paroles » (Exode 24/8). Ce sang de l'Agneau est pur et purificateur : « Et presque toutes choses selon la Loi sont purifiées par le sang ; et sans effusion de sang il ne se fait point de rémission » (Hébreux 8/22). Or, seul le sang de Christ peut nous purifier : « … lui qui nous a aimés, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang » (Apocalypse 1/5), lui qui est l'Agneau de Dieu, livré pour nous et sacrifié à notre place, présenté au peuple élu par Jean-Baptiste : : « Jean vit Jésus venir à lui, et il dit : Voilà l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1/29). Le Salut et le pardon de Dieu ne viennent pas de l'homme, mais bien de Christ seul.
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Et le dernier baptême, que beaucoup ont souffert ou souffriront, est le baptême dans la mort. Le baptême chrétien fait référence à la mort et à l'espérance de la résurrection des croyants : « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, avons été baptisés en sa mort. Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort par le Baptême ; afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous marchions aussi en nouveauté de vie » (Romains 6/3-4). Et : « Étant ensevelis avec lui par le Baptême ; en qui aussi vous êtes ensemble ressuscités par la foi de l'efficace de Dieu, qui l'a ressuscité des morts » (Colossiens 2/12). Ce baptême dans la mort est donc pour les Chrétiens un passage, une libération, une Pâque. Dans l'Évangile, les premiers à subir ce passage furent les Saints Innocents (9) : « Alors Hérode voyant que les Sages s'étaient moqués de lui, fut fort en colère, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem, et dans tout son territoire ; depuis l'âge de deux ans, et au-dessous » (Matthieu 2/16). Dieu n'épargne pas les enfants de la mort, et d'une mort violente et cruelle par la main des soldats, comme Jésus l'a subie Lui-même. Par cette Pâque, ce passage dans l'autre monde, Il les reçoit dans Son Paradis en les baptisant dans la mort, comme les adultes.
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Mais il existe dans le Nouveau Testament un ultime baptême : le baptême d'intention ou de désir, fondé sur l'expérience du Bon Larron : « … il disait à Jésus : Seigneur ! Souviens-toi de moi quand tu viendras en ton Règne. Et Jésus lui dit : En vérité je te dis, qu'aujourd'hui tu seras avec moi en paradis. » (Luc 23/42-43). Cette affirmation ne peut être contestée, venant de Notre Seigneur ; elle suit la déclaration de foi du Bon Larron en croix : « Mais l'autre prenant la parole le censurait fortement, disant : Au moins ne crains-tu point Dieu, puisque tu es dans la même condamnation ? Et pour nous, nous y sommes justement : car nous recevons des choses dignes de nos crimes, mais celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire » (Luc 23/40-41). Ce Bon Larron était certainement circoncis, en tant que Juif, et ne pouvait être baptisé, vu les circonstances. Mais il exprimait clairement son désir d'appartenir à Jésus-Christ et d'entrer dans Son Royaume - l'Église du ciel - comme le Baptême d'eau fait pénétrer dans l'Église terrestre. Nul doute qu'il aurait été baptisé, si cela avait été possible et s'il avait survécu à son martyre ; car telle était bien la signification de sa déclaration de foi, au moment de sa mort.
Ces différents baptêmes sont autant de variations sur un même thème : Dieu fait grâce et miséricorde à Ses élus, prédestinés à cela avant même la fondation du monde. « Il nous avait élus en lui avant la fondation du monde « Il nous avait élus en lui avant la fondation du monde » (Éphésiens 1/4) ; « … et les habitants de la terre, dont les noms ne sont point écrits au Livre de vie dès la fondation du monde, s'étonneront » (Apocalypse 14/8). Et cette grâce se manifeste visiblement par l'un ou plusieurs de ces 'baptêmes', bien qu'elle ne leur soit pas toujours concomitante.
C- L'enfant selon la Bible
La langue hébraïque, pauvre en vocabulaire, ne fait pas de différence entre l'enfant et l'esclave. Tous deux sont qualifiés du même mot hébreu : ébed. Cette confusion fait entrer les enfants dans le cercle des adultes, serviteurs du même Maître « Or je dis que pendant tout le temps que l'héritier est un enfant, il n'est en rien différent du serviteur, quoiqu'il soit Seigneur de tout. » (Galates 4/1). Nos Bibles ne font pas cette confusion et opèrent la distinction entre enfant et serviteur en s'appuyant sur le contexte, mais c'est déjà une interprétation.
Christ était un Israélite pratiquant : « Ne croyez pas que je sois venu anéantir la Loi, ou les Prophètes ; je ne suis pas venu les anéantir, mais les accomplir » (Matthieu 5/17) ; Il était donc imprégné de culture hébraïque et utilisait cette confusion à Son profit en demandant à Ses fidèles serviteurs de Dieu de redevenir comme les enfants de Capernaüm : « Et Jésus ayant appelé un petit enfant, le mit au milieu d'eux, et leur dit : En vérité je vous dis, que si vous n'êtes changés, et si vous ne devenez comme de petits-enfants, vous n'entrerez point dans le Royaume des cieux. C'est pourquoi quiconque deviendra humble, comme est ce petit enfant, celui-là est le plus grand au Royaume des cieux. Et quiconque reçoit un tel petit enfant en mon Nom, il me reçoit » (Matthieu 18/2-5). Plus loin, Jésus parle encore des enfants : « Alors on lui présenta des petits-enfants, afin qu'il leur imposât les mains, et qu'il priât [pour eux] ; mais les Disciples les en reprenaient. Et Jésus leur dit : Laissez venir à moi les petits-enfants, et ne les empêchez point ; car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Puis leur ayant imposé les mains, il partit de là. » (Matthieu 19/13-15), et quand Il s'exprimait de la sorte, Jésus se trouvait en Judée, dont Jérusalem est la capitale ; « Et il arriva que quand Jésus eut achevé ces discours, il partit de Galilée, et vint vers les confins de la Judée, au-delà du Jourdain » (Matthieu 19/1).
Mais le contexte précise que Jésus parlait d'enfants juifs, donc circoncis à l'âge de 8 jours pour ce qui est de tous les garçons. À ce titre, ils faisaient partie de l'Alliance conclue entre Dieu et le peuple issu d'Abraham. Il ne s'adressait pas alors aux enfants de l'incirconcision, mais aux Israélites de Capernaüm et de Judée : « Et lorsqu'ils furent venus à Capernaüm… » (Matthieu 17/24a). Or, Capernaüm, comme la Judée, est une ville juive, et Notre Seigneur Jésus-Christ réservait en premier son message aux Israélites, car ils étaient seuls en mesure de comprendre ce que signifiait l'"accomplissement des Écritures" - la Bible des Juifs. Il rabroua une femme non-juive en ces termes : « (Or cette femme était Grecque, Syro-Phénicienne de nation) et elle le pria qu'il chassât le démon hors de sa fille. Mais Jésus lui dit : Laisse premièrement rassasier les enfants ; car il n'est pas raisonnable de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens » (Marc 7/26-27).
Notre Seigneur fait même une condition du Salut d'imiter la confiance - la foi - des enfants d'Israël : « En vérité, je vous dis, que quiconque ne recevra pas comme un petit enfant le Royaume de Dieu, il n'y entrera point » (Marc 10/15). On ne saurait être plus radical. Le Salut se reçoit uniquement par grâce, comme un enfant reçoit un cadeau à Noël, à la fois surpris, émerveillé et plein de reconnaissance, car il est bien conscient de n'avoir pas vraiment mérité ce cadeau ; tous ceux qui ont élevé des enfants le savent, et la Bible le confirme : « Voilà, j'ai été formé dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu dans le péché. » (Psaume 51/7). Et si Jésus-Christ valorise les enfants d'Israël au-dessus des adultes d'autres nations, cela signifie deux choses :
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La connaissance de la Parole de Dieu est primordiale pour comprendre le message et l'action de Christ - seuls les Israélites y avaient accès et en instruisaient leurs enfants.
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Les enfants juifs sont un exemple de confiance, de soumission et d'abandon à Dieu parce qu'ils ont été baptisés (plongés) dans la connaissance de Dieu et de Sa Loi et qu'ils ont reçu - les garçons - une forme de baptême sanglant : la circoncision qui les fait entrer dans le peuple de Dieu - l'Église de l'Ancien Testament.
Ces éléments contextuels sont de nature à éclairer les conditions de la pratique du baptême dans le Nouveau Testament.
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4. Ainsi s'exprime le Credo de Nicée-Constantinople : "Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés".
5. Les auteurs grecs classiques précisaient ein udati - dans l'eau - si c'était le cas.
6. Didachè, chapitre VII.
7. Collectif, Théo, l'Encyclopédie catholique pour tous (Paris : Droguet-Ardent,Fayard, 1989) p. 951, col. b.
8. L'incohérence de Pilate est à souligner, il punit celui qu'il juge innocent ! Mais c'était dans l'espoir de sauver Sa vie en apaisant la foule qui exigeait un châtiment plus sévère encore : la mort.
9. Enfants de moins de 2 ans, ce détail est à souligner.