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14-De l'idolâtrie

II-2. Contre le péril de l'idolâtrie

{34} 1. Les deux dernières homélies ont traité des véritables ornements de l'église ou temple de Dieu, de son usage licite et de la révérence que les vrais Chrétiens doivent y témoigner. En résumé, l'église ou temple de Dieu est le lieu désigné par les Saintes Écritures où la Parole vivante de Dieu doit être lue, enseignée et écoutée, où le saint Nom du Seigneur doit être invoqué publiquement, où des actions de grâces sincères doivent être adressées à Sa majesté divine pour les bienfaits infinis et indicibles qu'Elle nous octroie, où Ses saints sacrements sont dispensés avec révérence, comme il se doit ; et que tous les hommes pieux doivent de fait préparer ensemble aux moments fixés où ils se réunissent et se comportent en toute révérence devant le Seigneur, et où, ainsi utilisée à bon escient par les serviteurs du Seigneur et à Son service, en raison de la présence effective de la grâce de Dieu (raison pour laquelle Sa sainte Parole et Ses saintes promesses y enjoignent Son peuple présent et assemblé, pour la réalisation aussi bien des commodités mondaines qui nous sont nécessaires, que des dons célestes et de la vie éternelle), le temple du Seigneur et la maison de Dieu, et qu'en conséquence la révérence y est de rigueur et accrue dans le cœur des fidèles par la considération des véritables ornements de la dite maison de Dieu, et non par les quelques cérémonies ou éléments coûteux et prestigieux.
 

À rebours des doctrines très claires des Écritures, et à rebours de l'usage de l'Église primitive qui était très pure et saine, et à rebours des sentences et jugements des très anciens, très savants et très pieux docteurs de l'Église (ainsi qu'il apparaîtra plus loin), la corruption de ces derniers jours a apporté dans l'église une infinie multitude d'images, et elle a été meublée d’or et d’argent, peinte en couleurs, sertie de pierres et de perles, habillée de soie et de tentures précieuses, imaginant à tort que c'était la meilleure façon d'installer et d'orner le temple ou maison de Dieu, et que tout le monde en serait ému et poussé à plus de révérence si elle scintillait d'or et de pierres précieuses ; tandis qu'en fait, ceux qui sont sages et intelligents ne tirent aucun profit du tout d'une telle ornementation du temple, et ils font gravement du tort aux simples et à ceux qui manquent de sagesse, leur fournissant par là l'occasion de commettre le très horrible péché d'idolâtrie, et les personnes cupides semblent et parfois rendent réellement un culte non seulement aux images mais aussi à leur matière, or et argent, ce vice étant spécialement appelé dans les Écritures de l'idolâtrie ou culte des images.

Je vais donc vous parler d'abord, des abus et des grandes énormités et de l'autorité de la sainte Parole de Dieu, aussi bien de l'Ancien Testament que du Nouveau ; deuxièmement, du témoignage des saints et anciens pères et docteurs à partir de leurs propres ouvrages et de l'histoire ecclésiastique ancienne, pour que vous puissiez prendre connaissance de leurs jugements et comprendre ainsi quelle sorte d'ornements étaient dans les temples de l'église primitive, à l'époque où elle était très pure et sincère ; troisièmement, de la réfutation des motifs et arguments présentés en défense des images ou idoles et de l'ornementation outrageuses des temples et églises avec de l'or, de l'argent, des perles et des pierres précieuses, et ce sujet sera alors entièrement [examiné] et conclu.

Mais afin que personne n'ait l'occasion d'avoir des doutes sur les mots ou les noms [employés ici], il est bien d'enseigner ici et de remarquer avant tout, bien que dans la conversation courante nous appelions des représentations ou ressemblances d'hommes ou d'autres choses des images et non des idoles, que les Écritures emploient les deux mots « idoles » et « images » indifféremment, pour désigner toujours la même chose. Il peut y avoir une variété de mots dans diverses langues et prononciations, mais un seul sens et signification dans les Écritures. L'un de ces mots vient du grec eidolon - idole - et l'autre du latin imago - image - et les deux mots sont donc employés indifféremment dans la traduction des Écritures : eidola dans la Septante grecque et simulacra dans la version latine de St Jérôme, aux mêmes endroits, et « images » en anglais [et en français]. Et dans le Nouveau Testament, ce que St Jean appelle eidolon, St Jérôme le traduit par simulacrum, comme dans tous les autres passages de l'Écriture, qu'il a traduits ainsi.

Et Tertullien, un très ancien docteur très instruit dans les deux langues, le grec et le latin, en interprétant ce passage de St Jean, « Gardez-vous des idoles », c'est à dire, dit Tertullien, des images elles-mêmes, il emploie les mots latins effigies et imago, pour dire « une image ». Et il est donc sans importance que dans ce processus nous utilisions un mot ou l'autre, ou les deux ensemble, voyant que les deux (même si ce n'est pas le cas dans la conversation courante, c'est le cas dans l'Écriture), signifient la même chose. Et bien que quelques-uns, aux yeux des aveugles, aient donc astucieusement distingué ces deux mots pour leur donner des significations différentes en matière de religion, et qu'ils aient alors appelé la ressemblance ou similitude une chose installée par les païens dans leurs temples ou en d'autres lieux où un culte était rendu aux idoles, ils ont appelé le même genre de ressemblance ou similitude établie dans l'église, le lieu de culte, une image, comme si ces deux mots « idole » et « image » avaient des propriétés et des sens différents dans l'Écriture, alors que (comme il a été déjà dit) ils ne diffèrent que par le son et la langue, et ne sont qu'une même chose en fait quant au sens, spécialement dans les Écritures et en matière de religion ; et nos images aussi sont ainsi désignées et, si elles sont tolérées publiquement dans les églises et les temples, seront toujours l'objet d'un culte idolâtre aussi, comme il sera dit et prouvé en long et en large dans la dernière partie de cette homélie ; raison pour laquelle nos images dans les temples et églises ne sont en fait rien d'autre que des idoles, qui ont été, sont et seront toujours idolâtrées.

Et avant tout, les Écritures du Nouveau Testament condamnent et abhorrent l'idolâtrie ou le culte des images, aussi bien que les idoles ou images elles-mêmes, spécialement dans les temples, en de si nombreux passages que c'est presque un travail infini de les compter ils car ne prennent pas peu de place, et de les citer tous. Car quand Dieu s'est choisi un peuple particulier et spécial parmi toutes les autres nations qui ne connaissaient pas Dieu, mais rendaient un culte aux idoles et aux faux dieux, Il lui a donné certaines ordonnances et lois à garder et à observer ; mais sur aucun autre sujet Il ne leur a donné plus [de directives], ou de lois plus solennelles que celles qui concernent Son vrai culte, et d'avoir à éviter et fuir les idoles, les images et l'idolâtrie, car d'une part la dite idolâtrie est très répugnante à Son vrai culte et que d'autre part Il savait l'inclination et la propension de la nature corrompue de l'espèce humaine à ce très odieux et abominable vice. Et je vais rappeler et parler de quelques-unes des plus significatives de ces lois et ordonnances qui furent données par le Seigneur à Son peuple à ce sujet, afin que vous puissiez juger du reste par vous-mêmes.

Dans le chapitre 4 du livre du Deutéronome, il y a un passage remarquable qui mérite forte-ment d'être soigneusement noté, qui commence ainsi : « Et maintenant, Israël, écoute les commandements et les jugements que Je t'enseigne », dit le Seigneur, « afin qu'en les observant tu puisses vivre, entrer et posséder la terre que le Seigneur Dieu de vos pères vous donnera. Vous n'ajouterez rien aux paroles que Je vous dis, et vous n'en retrancherez rien. Gardez les commandements du Seigneur votre Dieu, que Je vous ordonne ».

Et ici et là, il répète la même phrase trois ou quatre fois avant d'en venir au sujet dont il les avertit spécialement, comme si c'était une préface, pour qu'ils en prennent garde d'autant mieux : « Prends garde à toi », dit Il, « et à ton âme avec le plus grand soin, afin que tu n'oublies pas les choses que tes yeux ont vues et qu'elles ne sortent pas de ton cœur, tous les jours de ta vie ; tu les enseigneras à tes enfants et à ta postérité ». Et un peu plus loin : « Le Seigneur vous a parlé du milieu du feu ; Vous avez entendu le son de Ses Paroles, mais vous n'avez vu aucune silhouette du tout ».

Et deci-delà Il continue : « Prenez donc garde à votre âme. Vous n'avez vu aucune espèce d'image le jour où le Seigneur vous a parlé du milieu du feu à l'Horeb, afin que d'aventure, si étant trompés, vous vous fabriquiez quelque image gravée ou une ressemblance d'homme ou de femme, ou une ressemblance d'une bête quelconque qui est sur la terre, ou d'oiseau se mouvant dans le ciel, ou de poisson filant dans les eaux ; afin que d'aventure, levant les yeux au ciel, tu ne voies le soleil, la lune et les étoiles du ciel et qu'étant induit en erreur, tu les honores et leur rendes un culte, alors que le Seigneur ton Dieu les a créés pour l'utilité des nations qui sont sous le ciel ». Et encore : « Prends garde de n'oublier l'alliance du Seigneur ton Dieu qu'Il a faite avec toi, et de te faire quelque image sculptée de ces choses que le Seigneur a interdit de fabriquer, car le Seigneur ton Dieu est un feu brûlant et un Dieu jaloux. Si tu as des enfants et des neveux et que tu t'attardes dans le pays, et qu'étant trompés, vous vous fabriquiez des similitudes, faisant le mal devant le Seigneur votre Dieu, en provoquant Sa colère ; J'en prends aujourd'hui le ciel et la terre à témoin, vous périrez bientôt hors du pays que vous allez posséder ; vous n'y habiterez pas longtemps, mais le Seigneur vous détruira et vous dispersera parmi toutes les nations, et vous serez très peu nombreux à survivre parmi les nations où le Seigneur vous emmènera au loin, et alors vous servirez des dieux qui sont faits de mains d'homme, à partir du bois et de la pierre, qui ne voient pas, n'entendent pas, ni ne mangent ni ne sentent », et ainsi de suite.

Ceci est un remarquable chapitre qui traite de presque la totalité de ce sujet, mais parce qu'il est trop long à copier en entier, je vous en ai noté les principaux points. D'abord, avec quel sérieux et quelle fréquence Il les a appelés à noter et à prendre garde, au péril de leur âme, à la charge qu'Il leur impose. Ensuite, comment Il a interdit, par un solennel et long rappel, de faire quelque image ou ressemblance que ce soit de toutes les choses qui sont dans le ciel, sur terre et dans l'eau. Troisièmement, de quelle peine et destruction horrible, avec une invocation du ciel et de la terre à témoin, Il les dénonce et les menace solennellement, eux, leurs enfants, et leur postérité, si, contrairement à Son commandement, ils fabriquent ou rendent un culte à quelque image ou similitude que ce soit, alors qu'Il l'a strictement interdit. Et quand, malgré cela, en partie à cause de l'inclination de la nature corrompue de l'homme et de sa propension à l'idolâtrie, et en partie par l'influence des Gentils et des païens idolâtres qui habitent parmi eux, ils se sont abaissés à fabriquer et à rendre un culte à des images, Dieu, selon Sa Parole, a fait venir sur eux toutes les plaies avec lesquelles Il les avait menacés, comme il apparaît dans les livres des Rois et des Chroniques, en de nombreux passages et d'une manière générale. Et de nombreux autres passages de l'Ancien Testament sont cohérents avec ceux-ci : « Maudit soit celui qui fabrique une image sculptée ou fondue (moulée), ce qui est une abomination devant le Seigneur, le travail de la main d'un faussaire, et qui l'installe dans un coin secret; et tout le peuple dira Amen ». (Deutéronome 27:15).

Lisez les chapitres 13 et 14 du livre de la Sagesse, concernant les idoles ou images, comment elles sont fabriquées, installées, invoquées et comment des offrandes leur sont offertes ; et comment ils rendent un culte aux arbres dont le gibet est fait, avec une belle comparaison avec l'arbre dont une image ou idole est faite, par ces mots mêmes : « Heureux l'arbre par qui la droiture arrive (le gibet), mais maudite est l'idole faite avec les mains, oui, elle-même et celui qui l'a fabriquée » et ainsi de suite. Et ici et là on voit comment les choses qui étaient auparavant de bonnes créatures de Dieu, comme les arbres ou les pierres, une fois altérées et transformées en images destinées à être louées, deviennent des abominations, une tentation pour les âmes des hommes et un piège pour les sots. Et pourquoi donc ? « La recherche des images est le début de la prostitution », dit-il, « et leur culte est la destruction de la vie. Car elles n'existaient pas au commencement, et elles ne dureront pas éternellement. La grande paresse des hommes les a découvertes sur la terre ; elles finiront bientôt ». Et ainsi de suite jusqu'à la fin du chapitre, qui traite de ces points : comment les idoles et images furent d'abord inventées et honorées, comment elles ont été établies par une méchante habitude, comment les tyrans obligent les hommes à leur rendre un culte, comment les ignorants et le peuple ordinaire sont trompés par la ruse de l'artisan et la beauté de l'image au point de l'honorer et, partant, tombent dans l'erreur et oublient Dieu, et d'autres grands et nombreux vices qui arrivent avec les images. Et en guise de conclusion, il dit que le culte des images abominables est la cause, le commencement et la fin de tout mal, et que ceux qui leur rendent un culte sont fous ou alors très vicieux. Lisez attentivement tout le chapitre, car il en vaut la peine, spécialement ce qui est écrit au sujet de la tromperie des gens simples et ordinaires par les idoles et images, et cela est répété deux ou trois fois afin qu'on ne l'oublie pas. Et dans le chapitre suivant nous lisons : « La peinture de l'image ou de la statue en couleurs incite l'ignorant à honorer et à aimer une image morte qui n'a pas d'âme. Néanmoins, ceux qui aiment des choses aussi mauvaises, ceux qui mettent leur foi en elles, ceux qui les fabriquent, ceux qui les apprécient, et ceux qui les honorent méritent tous la mort », et ainsi de suite.

Dans le livre des Psaumes, le prophète maudit les adorateurs d'images en divers passages : « Que tous ceux qui adorent des images taillées et y trouvent du plaisir soient confondus. Comme ceux qui les fabriquent, et tous ceux qui mettent leur confiance en elles ».

Et dans le prophète Ésaïe, le Seigneur dit : « Je Suis le Seigneur, et ceci est Mon Nom, et Je ne donnerai Ma gloire à nul autre, ni Mon honneur à des images taillées ». Et de loin en loin : « Qu'ils soient confondus de honte ceux qui se fient aux idoles (ou images) ou leur disent : ‘Vous êtes nos dieux’ ». Et dans la chapitre 40, après avoir exposé l'incompréhensible majesté de Dieu, il demande : « À qui donc ferez vous ressembler Dieu ? Ou quelle similitude allez-vous lui donner ? Le sculpteur en fera-t-il une image taillée ? Et l'orfèvre la couvrira-t-il d'or et fondra-t-il des lingots d'argent dans un moule ? Et pour le pauvre, le fabriquant d'images fera-t-il une image de bois afin qu'il ait aussi quelque chose à louer ? » Et après ceci, il cite : « Ô misérables, n'avez-vous jamais entendu cela ? Ne vous l'a-t-on pas prêché depuis le commencement ? » et ainsi de suite : comment on peut comprendre, par la création du monde et la grandeur de l'ouvrage, la majesté de Dieu, le Créateur de toutes choses, qui est plus grand que tout ce que l'on peut en exprimer par une image ou une similitude corporelle.

Et outre cette prédication, même dans la Loi de Dieu, écrite de son propre doigt (comme l'Écriture le dit), dans le début de la première Table, cette doctrine est énoncée contre les images, non pas par une brève allusion, mais par un long exposé et une dénonciation de la destruction de ceux qui enfreignent cette Loi et de leur postérité après eux. Et afin que ce soit bien noté et mémorisé, la même chose est répétée, non pas dans un, mais dans plusieurs passages de la Parole de Dieu, afin qu'en les lisant et les entendant souvent nous les apprenions et que nous nous en souvenions. Et vous l'entendez lire chaque jour à l'église : « Dieu a prononcé ces mots et dit : Je Suis le Seigneur ton Dieu. Tu n'auras pas d'autre dieu que Moi. Tu ne te feras aucune image taillée, ni de ressemblance de quoi que ce soit dans le ciel au-dessus, ni dans la terre en dessous, ni dans l'eau sous la terre ; tu ne t'inclineras pas devant elles ni leur rendras un culte, car Moi le Seigneur ton Dieu, Je Suis un Dieu jaloux, et Je reporte le péché des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui Me détestent, et Je montre de la miséricorde à des milliers pour ceux qui M'aiment et gardent Mes Commandements ». Malgré tout ceci, nous ne remarquons ni sa position notable au tout début de la Loi du Seigneur vivant, ni ne comprenons l'affirmation claire, énumérant toutes les sortes de similitudes, ni sa répétition et son rappel en divers et nombreux passages, ni sa lecture ou son écoute répétée, ne suffisent à nous en souvenir ; ni la crainte de la punition horrible pour nous et nos enfants après nous, ne nous retiennent de la transgresser ; ni la grandeur de la récompense pour nous et nos enfants après nous ne nous poussent à Lui obéir et à observer cette grande Loi du Seigneur ; mais comme si elle avait été écrite dans quelque recoin et pas exprimée en long et en large, mais effleurée de manière brève et obscure, comme si aucune punition n'y avait été jointe pour les transgresseurs ni aucune récompense pour les obéissants ; ainsi que des aveugles sans culture ni intelligence, ou des bêtes déraisonnables sans crainte de la punition ni d'égard pour la récompense, nous avons diminué et déshonoré la très haute majesté du Dieu vivant avec la bassesse et la méchanceté de multiples images diverses et variées, tirées de matériaux morts, de pierres ou de métaux.

Et parce que nous avons abandonné, oublié et déshonoré la majesté de Dieu, l'énormité de notre péché et offense contre Sa majesté est inexprimable, tout comme la faiblesse, la vilenie et la disposition stupide d'images par lesquelles nous L'avons déshonoré, est exprimée en long et en large dans les Écritures ; nommément dans les Psaumes, le livre de la Sagesse, les prophètes Ésaïe, Ézéchiel et Baruch, spécialement dans ces passages : Psaume 115 et 135; Ésaïe 11 et 44 ; Ézéchiel 6 ; Sagesse 13 à 15 ; Baruch 6. Je vous exhorte à lire souvent et attentivement ces passages, car ils sont trop longs pour être cités maintenant dans une homélie. Nonobstant, je vous en ferai quelques brèves citations, sur ce qu'ils disent des idoles ou images. Premièrement, elles ne sont que de petits morceaux de bois, de pierre ou de métal et ne peuvent donc en aucune manière être des similitudes de la grande majesté de Dieu, dont le trône est au ciel, et dont la terre est le marchepied. Deuxièmement, elles sont mortes, elles ont des yeux qui ne voient pas, des mains qui ne touchent pas, des pieds qui ne marchent pas, etc. C'est pourquoi elles ne peuvent pas ressembler au Dieu vivant. Troisièmement, elles n'ont pas le pouvoir de faire du bien ni du mal aux autres ; bien que certaines aient une hache, d'autres une épée, d'autres une lance à la main, si des voleurs entrent dans leurs temples et les volent, elles ne peuvent pas bouger pour se défendre des voleurs ; non, et si le temple brûle et que leurs prêtres s'enfuient pour se sauver, elles ne peuvent pas bouger, mais s'attardent immobiles comme des blocs, ce qu'elles sont, et elles brûlent ; c'est pourquoi elle ne peuvent pas être des figures ressemblant même vaguement au Dieu puissant et fort, qui est seul capable de sauver Ses serviteurs et de détruire Ses ennemis pour l'éternité. Elles peuvent bien être ornées d'or, d'argent et de pierreries, comme des hommes et des femmes et à leur image, comme des prostituées gratuites (dit le prophète Baruch), qui aiment des amants, et ne peuvent donc rien nous apprendre, ni à nos femmes ni à nos filles : ni la sobriété, ni la modestie, ni la chasteté. Et pour cette raison, bien qu'on dise aujourd'hui que ce sont des livres pour les laïcs, nous voyons qu'ils n'enseignent aucune leçon utile ; ni Dieu ni la piété, mais toute erreur et toute méchanceté.

C'est pourquoi Dieu, par Sa Parole, a interdit de fabriquer ou d'installer toute idole ou image, car Il l'a commandé afin que si nous en trouvions, fabriquées et installées, elles soient abattues, brisées et détruites. Et il est écrit dans le livre des Nombres, au chapitre 23, qu'il n'y avait aucune idole chez Jacob, ni d'image en Israël et que le Seigneur Dieu était avec ce peuple. Où vous notez que les vrais Israélites, c'est à dire le peuple de Dieu, n'a pas d'image, mais que Dieu était avec eux que par conséquent leurs ennemis ne pouvaient pas leur faire de mal, ainsi qu'il apparaît au cours de ce chapitre. Et en ce qui concerne les images déjà établies, le Seigneur parle ainsi dans le Deutéronome : « Renversez leurs autels et mettez-les en pièces, abattez leurs bosquets, brûlez leurs images ; car vous êtes un peuple saint pour le Seigneur ». Et la même chose est répétée plus véhémentement encore dans le chapitre 12 du même livre. Notez ici ce que le peuple de Dieu avait à faire avec les images, partout où ils les trouvaient. Mais afin que les personnes privées, sous couleur de détruire des images, ne jettent pas le trouble dans la communauté, il faut toujours se souvenir que la réparation de telles énormités publiques relevait des magistrats et de ceux qui étaient en position d'autorité seulement, et non des personnes privées. Et ainsi les bons rois de Juda, Asa, Ézéchias, Josaphat et Josias sont très recommandables pour avoir abattu et détruit les autels, les idoles et les images, et les Écritures déclarent que sur ce point en particulier, ils ont fait ce qui était droit pour le Seigneur. Et au contraire, la Parole de Dieu rapporte que Jéroboam, Achab, Jéhu et d'autres princes, qui ont établi ou toléré de tels autels ou images sans les détruire, ont fait le mal devant Dieu. Et si quiconque, contrairement au Commandement du Seigneur, ressent le besoin d'établir de tels autels ou images, ou les tolère sans les détruire, le Seigneur Lui-même le menace dans le chapitre 1er du livre des Nombres, et aussi par Ses saints prophètes Ézéchiel, Michée et Habakuk, de venir et de les abattre Lui-même. Et Il empoignera, punira et détruira le peuple qui a ainsi établi ou toléré de tels autels, images ou idoles sans les détruire ; Il le dénonce par son prophète Ézéchiel en ces termes : « Moi-même, dit le Seigneur, J'apporterai l'épée sur vous pour détruire vos hauts lieux ; J'abattrai vos autels et briserai vos images ; J'étalerai vos hommes tués devant vos dieux, et les cadavres des enfants d'Israël, Je les jetterai devant leurs idoles ; Je frapperai vos os autour de vos autels et de vos demeures ; vos villes seront désolées, les chapelles sur les collines seront laissées à l'état de déchets, vos autels détruits et brisés, vos dieux abattus et emportés, vos temples rasés au niveau du sol, vos œuvres arrachées ; vos hommes tués seront étendus parmi vous afin que vous appreniez et que vous sachiez que Je Suis le Seigneur ». Et ainsi de suite jusqu'à la fin du chapitre, qui mérite d'être lu attentivement, ceux qui sont proches périront par l'épée, ceux qui sont au loin par la peste, ceux qui fuient dans des forts ou des déserts par la faim, et s'il en reste quand même, ils seront emmenés prisonniers dans la servitude et les liens. Si bien qu'autant la multitude que la clarté des passages peuvent nous faire comprendre, autant les accusations sérieuses que Dieu délivre dans les dits passages nous poussent à considérer les plaies horribles, les punitions et la destruction terrible dont sont menacés de tels adorateurs d'idoles, ceux qui les établissent ou les maintiennent, et peuvent engendrer la crainte dans notre cœur, nous quitterions et abandonnerions cette méchanceté, qui est aux yeux de Dieu une offense et une abomination si grande. Une infinité de passages ou presque peut être tirée des Écritures de l'Ancien Testament sur ce sujet, mais le peu que nous avons abordé tiendra lieu de la totalité.

Vous direz peut-être que ces choses sont le fait des Juifs ; qu'avons-nous de commun avec eux? De fait, elles ne sont pas moins le fait de nous Chrétiens que d'eux. Car si nous sommes le peuple de Dieu, comment la Parole et la loi de Dieu ne nous concernent-elles pas? St Paul, à propos d'un texte de l'Ancien Testament, conclut généralement avec d'autres Écritures similaires de l'Ancien Testament, en disant : « Tout ce qui a été écrit avant (l'Ancien Testament), est écrit pour notre instruction » ; cette phrase est tout spécialement vraie de tels écrits de l'Ancien Testament en tant qu'ils contiennent l'immuable Loi et les ordonnances de Dieu, lesquels ne doivent être modifiées à aucune époque, ni désobéies par aucune personne, nation ou époque, comme les passages rappelés plus haut. Cependant, pour votre satisfaction, et selon ma promesse, je vais, à partir des Écritures du Nouveau Testament ou de l'Évangile de Christ notre Sauveur, et de la même manière, confirmer cette doctrine contre les idoles ou images et nos devoirs à leur sujet.

D'abord, les Écritures du Nouveau Testament mentionnent en maints passages joyeux, comme pour un excellent bienfait et cadeau de Dieu, que ceux qui reçoivent la foi de Christ se détournaient de leurs images stupides et mortes pour se tourner vers le vrai Dieu vivant, qui est digne d'être béni éternellement, nommément dans ces passages : Actes des Apôtres, chapitres 14 et 17 ; Romains 11 ; 1 Corinthiens 12 ; Galates 4 ; et 1 Thessaloniciens 1.

Et de la même manière les dites idoles ou images et leur culte sont fortement détestés, abhorrés et strictement interdits par l'Esprit de Dieu, dans les Écritures du Nouveau Testament ; ainsi qu'il apparaît aussi bien dans les passages déjà cités et de nombreux autres, comme le chapitre 15 des Actes des Apôtres ; Romains 1 qui expose l'horrible plaie des idolâtres, voués par Dieu à un sens corrompu pour commettre toutes les méchancetés et abominations qui ne sont pas à mentionner ici, comme habituellement vont ensemble toutes les formes spirituelles et charnelles de la fornication. Dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre 5, il nous est interdit de tenir compagnie ou de manger et boire avec les soi-disant frères ou Chrétiens qui adorent des images. Dans Galates 5, l'adoration des images est énumérée parmi les œuvres de la chair ; et dans la première aux Corinthiens, au chapitre 10, cela est nommé le culte des démons, et ceux qui s'y livrent seront détruits.

Et au chapitre 6 de la dite épître, et dans Galates 5, il est déclaré que les adorateurs d'images n'hériteront jamais du royaume des cieux. Et en maints autres passages, ils sont menacés de la colère de Dieu qui viendra sur eux tous. C'est pourquoi St Jean nous exhorte dans son épître, comme ses chers enfants, à nous garder des images. Et St Paul nous avertit de fuir leur culte, si nous sommes sages, c'est à dire, si nous nous soucions de notre santé et craignons la destruction, si nous visons le royaume de Dieu et la vie éternelle, et si nous craignons la colère de Dieu et la damnation éternelle ; car il n'est pas possible de rendre un culte aux images et d'être de véritables serviteurs de Dieu, comme St Paul l'enseigne dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 6, affirmant expressément qu'il ne peut pas plus y avoir d'accord entre le temple de Dieu, ce que sont tous les vrais Chrétiens, et les images, qu'entre la lumière et les ténèbres, entre la foi et l'impiété, ou entre Christ et le diable. Dans ces passages, les deux saints auteurs établissent que nous nous ne devons pas adorer d'image et que nous ne devons pas en avoir dans nos églises ou temples, et qu'aucun vrai Chrétien n'a quoi que ce soit à faire avec des images mortes et sales, même s'il y est indifférent, car il est le saint temple et la vivante image de Dieu, ainsi que ce passage le déclare à ceux qui le liront et le méditeront.

Et tandis que tous les hommes pieux ont toujours détesté tout agenouillement, culte ou offrande à eux-mêmes tant qu'ils sont en vie, car c'est un honneur réservé à Dieu seul, ainsi qu'il apparaît dans les Actes des Apôtres, quand St Pierre l'interdit à Cornélius, et par St Paul et Barnabas interdisant la même chose aux citoyens de Lystres, cependant, tels des fous, nous nous prosternons devant les idoles ou images mortes de Pierre et de Paul, et nous honorons des pierres et des fontes dont ils pensaient de leur vivant qu'il était abominable de les leur dédier. Et le bon Ange de Dieu, comme il apparaît dans le livre de l'Apocalypse de St Jean, a refusé qu'on s'agenouille devant lui, quand Jean lui faisait cet honneur. « Garde-toi », dit l'Ange, « de le faire, car je suis ton camarade de service ». Mais le mauvais ange Satan ne désire rien tant qu'on s'agenouille devant lui, pour voler à Dieu l'honneur qui Lui est dû et opérer la damnation de ceux qui s'abaissent à un geste de courtoisie aussi bas, comme il apparaît en maints passages de l'Évangile. Oui, et il a offert à Christ notre Sauveur tous les biens terrestres à la condition qu'Il s'agenouille devant lui pour l'adorer. Mais notre Sauveur a repoussé Satan au moyen des Écritures, en disant : « Il est écrit : Tu n'adoreras que le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que Lui seul ». Mais nous, en n'adorant ni ne servant pas Dieu seul, comme les Écritures nous l'enseignent, et en adorant des images, contrairement aux Écritures, nous semons Satan en nous et nous sommes prêts à suivre son désir, sans demander de récompense ; oui plutôt que de lutter, nous lui offrons des cadeaux et des oblations pour qu'il accepte notre service. Mais, frères, suivons plutôt le conseil du bon Ange de Dieu que la suggestion du subtil Satan, ce mauvais ange et serpent antique ; qui, selon l'orgueil qu'il a d'abord éprouvé, a toujours tenté de priver Dieu (qu'il enviait) de l'honneur qui lui est dû par ce sacrilège, et parce que sa propre face est horriblement laide, d'attirer l'honneur de Dieu à lui par le biais de la méditation de fontes et de pierres clinquantes, et avec cela de faire de nous des ennemis de Dieu et ses propres esclaves suppliants, et de nous procurer à la fin une récompense de damnation et de destruction éternelles. C'est pourquoi, par dessus tout, si nous nous considérons en fait comme Chrétiens, ainsi qu'on nous appelle, faisons confiance à la Parole, obéissons à la Loi et suivons la doctrine et l'exemple de Christ notre Sauveur et Maître, repoussant la suggestion de Satan d'idolâtrer et d'adorer des images, selon la vérité dite et enseignée dans le Testament et Évangile de notre docteur céleste et maître d'école, Jésus-Christ, qui est Dieu. Qu'il soit toujours béni. Amen.

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{35} 2. Vous avez entendu, bien-aimés, dans la première partie de cette homélie, la doctrine de la Parole de Dieu contre les idoles et images, contre l'idolâtrie et l'adoration des images, tirée des Écritures de l'Ancien Testament et du Nouveau, confirmée par les exemples aussi bien des Apôtres que de Christ notre Sauveur lui-même. Maintenant, bien que Christ notre Sauveur ne prenne ni n'ait besoin du témoignage des hommes, et comme ce qui est une fois confirmé avec certitude par sa vérité éternelle n'a pas plus besoin de la confirmation d'une doctrine humaine ni d'écrits que le soleil brillant de midi n'a besoin de la lumière d'une petite chandelle pour chasser les ténèbres et pour augmenter sa clarté ; il vous sera exposé dans cette seconde partie, pour votre contentement (comme il avait été promis dans la première partie), cette vérité et doctrine visant l'interdiction des images et leur adoration, tirée de Saintes Écritures aussi bien de l'Ancien Testament que du Nouveau, crue et enseignée par les saint Pères anciens et les très savants docteurs antiques, et reçue dans l'antique Église primitive qui était très pure et non corrompue. Et cet exposé sera fait à partir des écrits des saints docteurs susdits, et des histoires ecclésiastiques anciennes qu'ils ont écrites.

Tertullien, un très antique auteur et docteur de l'Église, qui vivait autour de l'an 100, et 60 ans après la mort de Christ notre Sauveur, en maints endroits de ses ouvrages, et spécialement dans son livre écrit contre la manière de couronner, et dans un autre petit traité intitulé De la guirlande ou couronne du soldat, écrit de façon très acérée et véhémente en invectivant contre les images ou idoles, et selon les paroles de St Jean, dans sa première épître, au chapitre 5 : « Mes petits enfants, gardez-vous des images (ou idoles) ». Il ne dit pas Gardez-vous de l'idolâtrie, comme s'il s'agissait de leur culte, mais des images ou idoles elles-mêmes, c'est à dire de toute forme d'image, « Car c'est une chose indigne de réduire le Dieu vivant à l'image d'une idole morte ». Pensez-vous que ceux qui placent des images ou idoles dans des églises et dans des temples, oui, même sur la table du Seigneur, comme s'il était à propos de les adorer et de les honorer, prennent garde au conseil de St Jean ou de Tertullien ? Car placer ainsi des images et des idoles, est-ce s'en garder ou les accueillir et y adhérer ?

Clément, dans son livre à Jacques, le frère du Seigneur, disait: « Qu'est-ce qui est plus méchant ou plus ingrat que de recevoir un bienfait de Dieu et de rendre grâce pour cela à des pierres et des objets ? Réveillez-vous donc et comprenez où est votre Salut. Car Dieu n'a pas besoin des hommes, Il n'a besoin de rien, ne peut être blessé par rien, mais c'est nous qui sommes soit guéris soit meurtris en étant reconnaissants à Dieu ou ingrats ».

Origène, dans son livre contre Celse, dit : « Les Chrétiens et les Juifs, quand ils entendent des paroles de la Loi : 'Tu craindras le Seigneur ton Dieu et tu ne feras aucune image' ne détestent pas seulement les temples, les autels et les images des dieux, mais ils seraient morts au besoin, plutôt que de se souiller avec quelque impiété ». Et un peu plus loin, il dit : « Dans la communauté des Juifs, les sculpteurs d'idoles et les fabricants d'images étaient rejetés très loin et bannis, afin qu'ils n'aient pas l'occasion de faire des images qui pourraient arracher certaines personnes idiotes à Dieu, et tourner les yeux de leur âme vers la contemplation d'objets terrestres ». Et dans un autre passage du même livre : « Ce n'est pas seulement », dit-il, « un jeu frénétique et fou d'adorer des images, mais aussi de le cacher ou de l'approuver d'un clin d'œil ». Et : « Un homme peut connaître Dieu et son Fils unique et ceux qui ont reçu l'honneur de ce don de Dieu d'être appelés des dieux, mais il n'est pas possible d'acquérir la connaissance de Dieu en adorant des images ».

Athanase, dans sont livre contre les Gentils, a ces mots : « Laissez les dire, je vous prie, comment Dieu peut être connu par une image. Si c'est par la matière d'une image matérielle, alors elle n'a besoin ni de forme ni de silhouette, sachant que Dieu se révèle dans toutes les créatures matérielles qui témoignent de Sa gloire. Maintenant, s’ils disent qu'Il est connu par sa forme ou son vêtement, n'est-il pas mieux connu par les choses vivantes elles-mêmes, dont les images expriment la forme ? Car la gloire de Dieu est sûrement connue de façon plus évidente si elle est manifestée par des créatures vivantes plutôt que par des images immobiles et mortes. C'est pourquoi, quand vous sculptez ou peignez des images dans le but de connaître Dieu par ce moyen, il est certain que vous faites une chose indigne et inappropriée ». Et dans un autre passage du même livre, il dit : « L'invention des images ne vient d'aucun bien, mais du mal, et tout ce qui commence dans le mal ne peut jamais être jugé bon en quoi que ce soit, voyant que c'est entièrement du néant ». Ainsi, Athanase, un docteur et évêque ancien, saint et très instruit, juge-t-il tout ensemble le commencement et la fin des images ou idoles comme du néant.

Lactance de même, un ancien auteur instruit, dans son livre De l'origine de l'erreur, a ces paroles : « Dieu est au-dessus de l'homme et pas en dessous, mais il doit être recherché dans la région la plus élevée. Il n'y a donc aucun doute qu'aucune religion ne s'y trouve, si haut que ses images soient placées. Car si la religion est dans les objets de piété, et qu'il n'y a de piété que dans les choses célestes, alors ce sont des images sans religion ». Ce sont là les mots de Lactance, qui vivait il y a plus de treize siècles [18 siècles, en 2020] et 300 ans après Christ notre Sauveur.

Cyrille d'Alexandrie, un ancien et saint docteur, a eu ces mots sur l'Évangile de St Jean : « Beaucoup ont délaissé le Créateur et ont adoré la créature, et ils n'ont jamais été confus [au point] de dire à un objet : Tu es mon père, et à une pierre : Tu m'as engendré. Car beaucoup, oui presque tous, hélas c'est bien triste, sont tombés dans une telle folie qu'ils ont donné la gloire de Dieu à des choses dépourvues de sens et de sentiment ».

Épiphane, évêque de Salamine à Chypre, un homme très saint et instruit, qui vivait à l'époque de l'empereur Théodose, environ 390 ans après l'Ascension de Christ notre Sauveur, écrivait ainsi à Jean, patriarche de Jérusalem : « Je suis entré », dit Épiphane, « dans quelque église pour prier ; j'y ai trouvé une toile accrochée à la porte de l'église, peinte avec l'image de Christ, comme si c'était Lui, ou quelque autre saint (car je ne me souviens pas bien de qui l'image représentait) ; et quand j'ai vu l'image d'un homme accrochée dans l'église de Christ, contrairement à l'autorité des Écritures, je l'ai déchirée et j'ai donné le conseil aux gardiens de cette église d'enrouler un pauvre mort dans ladite toile, et de l'enterrer ainsi ». Et après, le même Épiphane envoya au dit patriarche un autre linge non peint pour remplacer celui qu'il avait déchiré, avec ce mot : « Je vous prie, avec les anciens du lieu, d'accepter ce linge que je vous ai envoyé par ce porteur, et de leur ordonner que dorénavant, aucun linge peint de la sorte, contraire à notre religion, soit accroché dans l'église de Christ. Car il relève de votre bonté de prendre le soin d'ôter un tel scrupule, qui est inapproprié pour l'église de Christ et dommageable au peuple confié à votre charge ».

Et cette lettre, digne d'être lue par un grand nombre de gens, fut traduite en langue latine par St Jérôme lui-même. Et pour que vous sachiez que St Jérôme avait cet évêque Épiphane saint et instruit en très haute estime, et qu'il a donc traduit cette lettre comme un écrit faisant autorité, écoutez quel témoignage ledit St Jérôme lui apporte à un autre endroit, dans son traité contre les erreurs de Jean, évêque de Jérusalem, dans lequel il a ces paroles : « Tu as », dit St Jérôme, « le pape Épiphane, qui dans ses lettres t'appelle clairement un hérétique. Tu n'as certes pas la préférence sur lui, ni par l'âge, ni par l'instruction, ni pour la piété de vie, ni par le témoignage du monde entier ». Et un peu plus loin, dans le même traité, St Jérôme dit : « L'évêque Épiphane était en si grande vénération et estime que l'empereur Valère (qui était un grand persécuteur) n'a pas osé le toucher. Car les hérétiques, mêmes princes, pensaient que ce serait une honte de persécuter un homme aussi remarquable ». Et dans l'Histoire ecclésiastique tripartite, au livre 9, chapitre 48, il est attesté qu'Épiphane, encore en vie, a accompli des miracles, et qu'après sa mort, les démons qui avaient été chassés rugissaient sur sa tombe. Vous voyez ainsi quelle autorité St Jérôme et cette très excellent Histoire attribuent au saint évêque Épiphane fort instruit, dont le jugement sur les images dans les églises et les temples, qui commençaient alors à s'y immiscer, mérite d'être noté.

D'abord, il jugeait contraire à la religion Chrétienne et à l'autorité des Écritures d'avoir quelque image que ce soit dans l'église de Christ. Deuxièmement, il rejetait hors de l'église de Christ non seulement les images sculptées, gravées ou moulées, mais aussi les images peintes. Troisièmement, il ne regardait pas si c'étaient des images de Christ ou de quelque autre saint, mais si c'était une image, alors il ne la tolérait pas dans l'église, mais il la déchirait en morceaux avec un zèle véhément et conseillait d'en envelopper un cadavre et de l'enterrer dedans, jugeant qu'elle ne méritait que de pourrir dans la terre, suivant ici l'exemple du bon Roi Ézéchias, qui mit le serpent de bronze en pièces et le réduisit en cendre par le feu, car on lui rendait un culte idolâtre. Enfin, Épiphane pensait qu'il était du devoir des évêques de veiller à ce qu'aucune image ne soit permise dans l'église, car elles sont l'occasion de scrupules dommageables au peuple confié à leur charge.

Maintenant, tandis que ni St Jérôme, qui traduisit ladite lettre, ni les auteurs de cette très ancienne Histoire ecclésiastique tripartite, qui recommandent très hautement Épiphane (comme il a été dit), ni aucun autre évêque pieux ou instruit de l'époque ou peu après, n'ont écrit quoi que ce soit contre le jugement d'Épiphane sur les images, ce qui est une preuve évidente qu'à l'époque, environ 400 ans après Jésus-Christ, il n'y avait aucune image utilisée et exposée publiquement dans l'Église de Christ, laquelle était alors beaucoup moins corrompue et beaucoup plus pure qu'elle ne l'est maintenant. Et tandis qu'à cette époque les images commençaient à ramper à la dérobée hors des maisons privées jusque dans les églises, et qu'elles étaient d'abord peintes sur des toiles ou sur les murs, de tels évêques, si pieux et vigilants, quand ils les espionnaient, les enlevaient comme étant illicites et contraires à la religion chrétienne, comme le fit ici Épiphane, dont le jugement est partagé non seulement par St Jérôme, le traducteur de sa lettre et par l'auteur de l'Histoire tripartite, mais aussi par tous les évêques et les clercs pieux et instruits, oui, et par toute l'église de ce temps là, et en remontant jusqu'à l'époque de Christ notre Sauveur, en l'espace d'environ 400 ans, tous étaient d'accord.

Ceci est écrit plus en détail au sujet d'Épiphane, car les partisans actuels du maintien des images, se voyant si oppressés par cet écrit très sérieux et clair d'Épiphane, un évêque et docteur d'une telle antiquité, sainteté et autorité, travaillent par tous les moyens (mais en vain contre la vérité), soit à prouver que cette lettre n'était ni d'Épiphane ni traduite par St Jérôme, soit qu'elle n'était pas d'une grande force, s'il était possible, car Épiphane, disent-ils, était un Juif converti à la foi chrétienne, devenu évêque, et qu'il gardait à l'esprit la haine qu'ont les Juifs pour les images, et qu'il s'est comporté et a écrit ainsi comme Juif, plutôt que comme Chrétien. Quelle impudence et malice contre les Juifs de la part de tels partisans ! Il est prouvé et pas seulement déclaré qu'Épiphane était Juif. De plus, en ce qui concerne leur raisonnement, je l'admettrais volontiers. Car si le jugement d'Épiphane contre les images ne doit pas être admis, parce qu'il était un Juif (un ennemi des images, lesquelles sont des ennemies de Dieu) converti à la religion chrétienne, alors il s'ensuit de même qu'aucun jugement des anciens docteurs et pères au sujet des images ne devrait faire autorité, car dans l'église primitive la plupart des auteurs instruits, comme Tertullien, Cyprien, Ambroise, Augustin et une infinité d'autres étaient des Gentils (qui sont des adorateurs d'images) convertis à la foi chrétienne, et donc laissent échapper de leur plume des mots en faveur des images plutôt en tant que Gentils qu'en tant que Chrétiens ; comme Eusèbe dans son Histoire ecclésiastique et St Jérôme l'ont dit clairement, que les images sont venues des Gentils jusqu'à nous les Chrétiens. Et il s'ensuit plus encore que l'opinion et toute la rage de l'église papiste à maintenir les images doit être estimée de petite ou de nulle autorité, car il n'est pas étonnant qu'ayant été élevés depuis l'enfance parmi des images et des idoles, ils ont tété de l'idolâtrie presque avec le lait de leur mère, et ils tiennent aux images et idoles et parlent et écrivent en leur faveur. Mais le fait qu'ils soient des Juifs ou des Gentils convertis à la religion de Christ ne devrait pas tant marquer ce qu'ils ont écrit, comme étant acceptable ou contraire à la Parole de Dieu, pour les approuver ou pour les discréditer. Maintenant, vous savez ce que la Parole de Dieu dit des idoles et images et de leur culte, l'ayant entendu en détail dans la première partie de cette homélie.

St Ambroise, dans son traité sur la mort de l'empereur Théodose, a dit : « Hélène a trouvé la croix avec l'écriteau dessus ; elle a certainement adoré le Roi et pas le bois, car c'est une erreur et une vanité de méchant, mais elle a adoré Celui qui était pendu sur la croix et dont le Nom était écrit sur l'écriteau », et ainsi de suite. Vous voyez à la fois le fait de la pieuse impératrice et le jugement de St Ambroise. Ils pensaient que c'aurait été une détestable erreur et une vanité de méchant que d'adorer la croix elle-même, qui était tachée du propre sang de Christ notre Sauveur, et que nous tombions [à genoux] devant chaque croix de bois, qui n'est rien d'autre qu'une image de cette Croix.

St Augustin, le plus instruit des tous les anciens docteurs, dans sa 44ème lettre à Maxime, dit : « Sache que rien de ce qui est mort ni de tout de que Dieu a fait n'est loué comme Dieu par les Chrétiens catholiques, dont il y a une église dans ta ville aussi ». Notez que pour St Augustin aucun Chrétien catholique n'adorait les morts ou les créatures. Le même St Augustin enseignait, dans le livre 22 de La Cité de Dieu, au chapitre 10, que les temples ou églises ne devaient pas être bâtis ou construits pour des martyrs ou pour des saints, mais pour Dieu seul ; et qu'il ne devait y a voir aucun prêtre consacré à un martyr ou un saint, mais seulement à Dieu. Le même St Augustin, dans son livre sur Les usages de l'Église catholique, emploie ces mots : « Je sais que beaucoup rendent un culte aux tombeaux et aux images ; je sais que beaucoup font des banquets et s'agitent sur les tombes des morts, donnent de la nourriture aux cadavres, s'enterrent au-dessus des enterrés et attribuent leur gloutonnerie et leur beuverie à la religion ». Voyez comme il estimait le fait de rendre un culte sur les tombes et images des saints comme si c'était la bonne religion, et que la gloutonnerie et la beuverie ne valaient pas mieux du tout. St Augustin a grandement soutenu Marcus Varro qui affirmait que la religion très pure est sans images. Et il a dit lui-même : « Les images sont plus utiles aux escrocs et aux âmes malheureuses que pour les enseigner et les instruire ». Et il dit plus loin : « Chaque enfant oui, chaque bête sait que ce n'est pas Dieu qu'ils voient. Pourquoi donc le Saint-Esprit nous avertit-Il si souvent de ce que les gens savent [déjà] ? » Ce à quoi St Augustin lui-même répondit ainsi : « Car », dit-il, « quand des images sont placées dans des temples et installées dans une position honorable et commencent à être adorées, elles génèrent une affection et une erreur des plus viles ». Tel est le jugement de St Augustin sur les images dans les églises, qui engendrent peu à peu l'idolâtrie et l'erreur.

Il serait trop fastidieux de revoir tous les autres passages pouvant être tirés des anciens docteurs contre les images et l'idolâtrie, c'est pourquoi nous nous contenterons des quelques-uns qui vous ont été présentées jusqu'ici.

Maintenant, au sujet de l'Histoire ecclésiastique touchant ce sujet, et afin que vous sachiez pourquoi quand et par qui les images ont d'abord été utilisées en privé et ensuite non seulement admises dans les églises des Chrétiens, mais finalement adorées également, et comment elles ont été contrées, résistées et interdites, aussi bien par des pieux évêques et des docteurs instruits et aussi par maints princes Chrétiens, je vais brièvement résumer en un survol historique général ce qui est longuement développé en maints passages par divers anciens auteurs et historiographes sur ce sujet.

Comme les Juifs, ayant le Commandement de Dieu le plus clairement exprimé de ne pas fabriquer d'images ni de les adorer (ainsi qu'il a été déclaré plus avant, en détail), sont nonobstant tombés, à l'exemple des Gentils ou des païens qui demeuraient autour d'eux, dans la fabrication d'images et leur culte, commettant ainsi une très abominable idolâtrie, ce pourquoi Dieu, par Ses saints prophètes, les a très sévèrement réprimandés et menacés, puis a accompli Ses dites menaces en les punissant à l'extrême (ainsi qu'il a également été spécifié plus avant) ; malgré cela, quelques-uns des Chrétiens des temps anciens qui s’étaient convertis de l'adoration des idoles et des faux dieux pour adorer le Dieu vivant et vrai et notre Sauveur Jésus-Christ, ont montré un certain zèle aveugle. Et comme des hommes habitués depuis longtemps aux images peignaient ou sculptaient des images de Christ notre Sauveur, de Marie sa mère, et des Apôtres, ils pensaient que c'était une sorte de remerciement et d'hommage envers ceux par qui ils avaient reçu la véritable connaissance de Dieu et la doctrine de l'Évangile. Mais ces peintures ou images n'étaient pas encore arrivées dans les églises, et n'étaient pas non plus l'objet d'un culte, [même] longtemps après.

Et afin que vous ne pensiez pas que je dis cela de ma propre initiative seulement, sans autorité, j'en appelle à Eusèbe, évêque de Césarée et le plus ancien auteur de l'Histoire ecclésiastique (qui vécut autour de l'an 330 de notre Seigneur à l'époque des empereurs Constantin le Grand et de son fils Constant) dans le livre 7 de son Histoire ecclésiastique, au chapitre 14, et St Jérôme sur le chapitre 10 du prophète Jérémie, qui ont tous deux expressément dit que l'erreur des images (ainsi que St Jérôme l'appelait) était venue en passant des Gentils aux Chrétiens, d'après une coutume et un usage païens. Eusèbe en a montré la cause et les moyens, disant : « Il n'est pas étonnant que ceux qui étaient auparavant des Gentils et croyaient, aient pensé offrir cela comme un cadeau à notre Sauveur pour les bienfaits reçus de Lui. Oui, et nous voyons maintenant fabriquer des images de Pierre et de Paul et de notre Sauveur lui-même, et peindre des retables, qui ont été conservés à mon avis par une habitude païenne, car les païens se vouent à les honorer en pensant qu'ils sont dignes d'être honorés. Car ces quelques souvenirs de vieux hommes, gardés pour que la postérité s'en rappelle, étaient un gage d'honneur et d'amour de ceux qui venaient après eux ». Jusqu'ici j'ai cité les paroles d'Eusèbe. Notez que St Jérôme et lui sont tous deux d'accord avec ceci, que ces images sont arrivées parmi les Chrétiens par ceux qui avaient été Gentils et habitués aux idoles, et qui, s’étant convertis à la foi de Christ, conservaient quelques restes de gentilité non complètement purgés, car St Jérôme appelle manifestement cela une erreur. Et nous voyons un exemple similaire dans les Actes des Apôtres de la part des Juifs, qui, quand ils se convertissaient à Christ, apportaient la circoncision avec eux (à quoi ils étaient accoutumés depuis longtemps) dans la religion de Christ ; avec qui les Apôtres, et St Paul nommément, ont eu fort à faire pour stabiliser ce débat. Mais la circoncision était moins surprenante car elle était d'abord venue d'une ordonnance et d'un Commandement de Dieu. Un homme peut fort justement s'étonner de comment des images, qui sont si directement opposées à la sainte Parole de Dieu et à Son Commandement explicite, sont entrées dedans. Mais les images n'étaient pas encore les objets d'un culte à l'époque d'Eusèbe, ni installées publiquement dans les églises et les temples, et ceux qui les avaient chez eux en privé erraient par un certain zèle, et pas par malice, mais plus tard elles ont rampé hors des maisons privées jusque dans les églises, et ont ainsi engendré la première superstition et la dernière des idolâtries parmi les Chrétiens, comme il va apparaître ensuite.

À l'époque des empereurs Théodose et Marcien, qui ont régné autour de l'an 460 de notre Seigneur, il y a 11 Siècles [16 Siècles aujourd'hui], quand les habitants de la ville de Nola célébraient une fois l'an l'anniversaire de St Félix dans le temple, en y faisant des banquets somptueux, Ponce Paulin, l'évêque de Nola, a fait peindre les murs du temple avec des histoires tirées de l'Ancien Testament, afin que le peuple, voyant et considérant des peintures, soit incité à s'abstenir des excès et de la violence. Et à la même époque, Aurèle Prudent, un poète Chrétien très instruit, a déclaré comment il voyait, peinte dans une église, l'histoire de la passion de St Cassien, un maître d'école et martyr, que ses propres élèves, sur l'ordre du tyran, ont torturé en piquant et en lacérant son corps avec leurs stylets ou leurs canifs pointus, et l'ont cruellement tué par plus de mille blessures (selon Prudent). Et celles-ci n'étaient encore que les premières peintures dans des églises qui fussent de notable antiquité. Et par cet exemple, la peinture est venue, suivies d'images de bois et de pierre et d'autres matières, dans les églises des Chrétiens.

Maintenant, si vous considérez ce début, les hommes sont prêts à adorer une image sur un mur ou dans une fenêtre aussi bien qu'une image en relief et dorée, avec des perles et des pierreries. Et le procédé d'une histoire peinte, avec l'intervention et les gestes de nombreuses personnes, et en général le résumé de l'histoire écrit avec, avait un autre usage en soi que juste une idole ou image toute seule. Mais de l'enseignement par les histoires peintes, on en est venu petit à petit à l'idolâtrie. Quand des hommes pieux, aussi bien des empereurs que des évêques instruits, s'en sont aperçu, ils ont ordonné que de telles peintures, images idoles ne soient plus utilisées. Et je vais donc vous le déclarer en commençant par le décret de l'empereur chrétien Valentinien III et de Théodose II, qui ont régné environ 400 ans après l'Ascension de Christ notre Sauveur, et qui ont interdit de faire ou de peindre quelque image que ce soit, même en privé, car il est certain qu'il n'y en avait aucune dans les temples, visibles du public, à leur époque. Ces empereurs ont écrit au capitaine de l'armée, aux ordres des empereurs de la manière suivante : « Valentinien et Théodose, empereurs, au capitaine de l'armée. Alors que nous prenons un soin attentif à maintenir la religion de Dieu au-dessus de toutes choses, nous n'octroyons à personne le droit de produire, graver, sculpter ou peindre l'image de Christ notre Sauveur en couleurs, dans la pierre ou en toute autre matériau, mais où qu'on les trouve, qu'elles soient enlevées et que tous ceux qui tenteront quoi que ce soit de contraire à nos présents décrets ou commandements soient très sévèrement punis ». Ce décret est écrit dans des livres appelés Libri augustales, les livres impériaux rassemblés par Tribonien, Basilide, Théophile, Dioscure et Satire, hommes de grande instruction et autorité, sous les ordres de l'empereur Justinien, et il est cité par Pierre Crinitus, un notable instruit, dans le livre 9, chapitre 9 de son ouvrage intitulé De honesta disciplina, c'est à dire « De l'étude honnête ». Vous voyez ici ce que des princes chrétiens, dans un temps très ancien, décrétaient contre les images, qui commençaient alors à s'infiltrer parmi les Chrétiens. Car il est certain qu'en l'espace de 300 ans et plus après la mort de Christ notre Sauveur, et avant que ces pieux empereurs ne règnent, il n'y avait pas d'images exposées au public dans les églises ou temples. Combien les idolâtres se feraient-ils une gloire si elles avaient autant d'antiquité et d'autorité, qu'il y en a contre elles !

Maintenant, peu après ces événements, les Goths, les Vandales, les Huns et autres nations barbares et méchantes firent irruption en Italie et dans tout l'Ouest de l'Europe avec des armées énormes et puissante, souillant tout, détruisant les villes et brûlant les bibliothèques, de telle sorte qu'apprendre la vraie religion devint presque impossible et fut incroyablement corrompu. Les évêques d'alors ont donc été moins instruits et, en pleine guerre, ont fait été moins attentifs que leur prédécesseurs, en raison de l'ignorance de la Parole de Dieu et de la négligence des évêques, et spécialement à cause des princes barbares qui faisaient les lois, étant mal instruits de la vraie religion, des images arrivèrent dans les l'église de Christ dans l'Ouest de l'Europe où ces peuples barbares commandaient, et plus seulement sous forme de toiles peintes, mais sculptées dans la pierre, le bois, le métal et d'autres matériaux semblables, et elles n'ont pas seulement été installées mais ont commencé à être adorées aussi. Et c'est pour cette raison que Sérénus, évêque de Marseille, la capitale de la Gaule narbonnaise (maintenant appelée Provence), un homme pieux et instruit qui vivait environ 600 ans après Christ notre Sauveur, voyant que le peuple, à cause des images, tombait dans la plus abominable idolâtrie, a mis en pièces toutes les images de Christ et des saints qui étaient dans la ville, et fut dénoncé à Grégoire, le premier évêque de Rome de ce nom, et le premier évêque instruit qui autorisa ouvertement les images dans les églises, ce qui peut être confirmé par n'importe quel écrit ou histoire de l'Antiquité.

Et tous les adorateurs d'images de ce temps-là firent fond sur Grégoire pour leur défense. Mais comme toutes les mauvaises choses qui ont été tolérables au début et ont ensuite de plus en plus empiré, jusqu'à devenir intolérables, le culte des images s'est développé pareillement. D'abord, des hommes se sont fait des histoires privées, peintes sur des tablettes, des toiles et des murs ; puis des images en bas relief et en haut relief, dans leurs maisons privées. Ensuite, les peintures en premier lieu, puis les images en relief ont commencé à s'immiscer dans les églises, alors que des hommes pieux et instruits protestaient toujours contre elles. Enfin, l'usage faisant loi, on soutint ouvertement qu'elles pouvaient rester dans les églises, mais cependant il était interdit de les adorer. Grégoire était de cet avis, selon qu'il apparaît clairement dans la lettre dudit Grégoire au susnommé Sérénus, évêque de Marseille, laquelle lettre se trouve dans le livre des lettres de Grégoire, ou Registre, partie 10, lettre 4, dans laquelle il a ces mots : « Nous te louons tous d'avoir interdit d'adorer les images, mais nous te blâmons de les avoir brisées. Car c'est une chose d'adorer l'image et une autre d'apprendre l'histoire grâce à elle, ce qui est digne de louange. Car ce que l'Écriture est pour ceux qui savent lire, l'image remplit le même rôle pour les idiots (ou les non instruits) en les regardant » et ainsi de suite. Et après quelques mots : « C'est pourquoi ce qui avait été installé n'aurait pas dû être brisé, non pas pour l'adorer dans les églises, mais seulement pour instruire l'esprit des ignorants ». Et un peu plus loin : « Ainsi, tu aurais dû dire : 'Si vous voulez avoir des images dans l'église pour l'instruction à laquelle elles étaient destinées dans le passé, je permets qu'elle soit fabriquées, et que vous puissiez les avoir.' Et montre leur que ce n'est pas la vue de l'histoire révélée par l'image, mais c'est le culte qui ne doit pas être rendu aux images, ne te déplaise. Et si quelqu'un veut fabriquer des images, ne l'interdit pas, mais évite par tous les moyens de rendre un culte à quelque image que ce soit ». Par ces phrases, tirées ici et là de la lettre de Grégoire à Sérénus (car il serait trop long d'en parcourir la totalité), vous pouvez comprendre où en était rendue l'affaire 600 ans après Christ : les images ou peintures étaient maintenues dans les églises de l'Ouest du monde (car elles n'étaient pas encore si répandues dans l'église orientale), mais leur rendre un culte était strictement interdit. Et vous pouvez remarquer ici qu'il n'y aucune justification pour rendre un culte aux images dans la lettre de Grégoire, mais bien une claire condamnation, de sorte que ceux qui adorent des images font injustement allusion à Grégoire pour se justifier. Bien plus, si les images dans les églises n'apprennent rien aux hommes, comme Grégoire le pense, mais les aveuglent plutôt, il s'ensuit que les images ne devraient pas se trouver dans les églises, d'après sa phrase, ne devant y être placées que dans le but d'instruire les ignorants. Pour cette raison, si l'on dit que les images ont été et sont encore adorées, et aussi qu'elles n'enseignent rien sinon des erreurs et des mensonges (ce qui sera démontré après, par la grâce de Dieu), je crois que de l'avis même de Grégoire, toutes les images doivent être renversées, et leurs adorateurs avec.

Mais à l'époque, l'autorité de Grégoire était si grande dans toute l'Église occidentale, que par son encouragement, les hommes ont installé des images partout, mais leur jugement n'était pas si excellent qu'ils se demandent pourquoi ils les installaient, et ils sont tombés en masse, manifestant de l'idolâtrie en leur rendant un culte, ce que l'évêque Sérénus (non sans juste cause) craignait qu'il arrivât. Maintenant, si le jugement de Sérénus avait été suivi, opinant que les images auxquelles un culte était rendu devaient être détruites, l'idolâtrie aurait été renversée, car nul ne peut rendre un culte à ce qui n'existe pas. Mais l'opinion de Grégoire, qui pensait que les images pouvaient être tolérées dans les églises afin d'enseigner et non pour les adorer, ruine la religion et se répand ensuite dans toute la Chrétienté ; l'expérience a montré à notre grande tristesse que c'était une sottise ; d'abord avec le schisme qui se préparait entre l'Église orientale et l'Église occidentale à propos des images, ensuite par la division de l'empire en deux parties, toujours à propos des images, ce qui affaiblissait grandement toute la Chrétienté ; et par là, enfin, est arrivé le renversement de la religion chrétienne et du noble empire en Grèce et dans toute la partie orientale du monde, et l'accroissement de la fausse religion de Mahomet, et la domination tyrannique et cruelle des Sarrazins et des Turcs, qui est maintenant suspendue au dessus de nos têtes aussi, à nous qui habitons dans la partie occidentale du monde, prêts à nous envahir à la moindre occasion. Et tout cela, nous le devons à nos idoles et images et à notre idolâtrie à leur rendre un culte.

Mais maintenant tendez un peu l'oreille au déroulement de l'histoire. Ici, je suis de près les histoires du diacre Paul et d'autres, avec Eutrope, un ancien auteur ; car bien que quelques auteurs aient été favorables aux images, ils ne laissent cependant pas de critiquer les histoires de cette époque ; comme principalement Baptiste Plantina aussi, dans son Histoire des papes, comme dans les Vies de Constantin Ier et Grégoire II, évêques de Rome, et d'autres passages où il traite de ce sujet. Après Grégoire Ier, Constantin, évêque de Rome, a réuni un Concile d'évêques de l'Église occidentale et a condamné Philippique, l'empereur d'alors, et Jean, évêque de Constantinople, pour hérésie monothélite, non sans cause en réalité, mais fort justement. Ceci fait, et avec le consente-ment des savants à son sujet, ledit Constantin, évêque de Rome, a fait peindre dans le vestibule de la basilique St Pierre à Rome les portraits des anciens pères qui avaient participé à ces 6 Conciles, ce qui fut permis et accepté par tous. Quand les Grecs en ont eu connaissance, ils ont commencé à raisonner et à débattre de la question des images avec les Latins, soutenant l'opinion que les images n'avaient aucune place dans l'église de Christ ; et les Latins soutenaient le contraire, et ont pris le parti des images. Les Églises de l'Est et de l'Ouest, qui jusque-là étaient d'accord sur le mal, sont donc tombées dans la plus extrême inimité, et ne se sont toujours pas réconciliées. Mais à l'époque, les empereurs Philippique et Anastase, ont ordonné d'abattre les images et les peintures et de les effacer partout dans leur domaine. Après eux vint Théodose III ; il ordonna de repeindre les images effacées, aux mêmes endroits. Mais ce Théodose ne régna qu'un an. Léon, troisième du nom, lui succéda ; il était Syrien de naissance, et un prince très sage, pieux, miséricordieux et vaillant. Ce Léon ordonna par une proclamation que toutes les images installées dans les églises pour y être adorées soient abattues et effacées, requérant spécialement l'évêque de Rome de faire de même ; et lui-même, dans le même temps, fit rassembler sur un bûcher toutes les images qui se trouvaient dans la cité impériale de Constantinople, au milieu de la ville, et les y fit réduire en cendres par le feu, en public, et il fit reblanchir et effacer toutes les images peintes sur les murs des temples, et punir sévèrement diverses personnes favorables au maintien des images. Et quand on l'accusait d'être un tyran, il répondait que de tels hommes étaient fort justement punis pour n'avoir ni adoré Dieu comme il faut, ni respecté l'autorité et la majesté impériales, et pour s'être rebellés malicieusement contre des lois aussi bénéfiques et saines. Quand Grégoire III, évêque de Rome, eut vent des agissements de l'empereur en Grèce, au sujet des images, il réunit contre lui un concile d'évêques italiens qui édicta des décrets en faveur des images, disant qu'elles devaient être révérées et honorées plus encore qu'auparavant ; et montant les Italiens contre l'empereur, d'abord à Ravenne, il les poussa à la rébellion. Et comme les évêques de Florence, Auspurgens et Antoine l'attestent dans leurs chroniques, il fit en sorte que Rome et toute l'Italie ensuite refusent d'obéir et de payer quelque impôt que ce soit à l'empereur, en maintenant leur idolâtrie en place par trahison et rébellion. Et les autres évêques de Rome ont continuellement suivi cet exemple, en employant vigoureusement ces moyens.

Après quoi ce Léon, qui a régné 34 ans, eut pour successeur son fils Constantin V, qui, suivant l'exemple de son père, garda les images hors de temples. Ému par le Concile que Grégoire III avait réuni en Italie contre son père pour les images, il réunit aussi un Concile de tous les hommes instruits et évêques d'Asie et de Grèce, bien que quelques auteurs situent ce Concile à la fin du règne de Léon l'Isaurien (son père). Dans cette grande assemblée, ils siégèrent du quatrième jour des ides de février jusqu'au sixième jour des ides d'août, et ils ont rendu ce décret au sujet des images : « Il n'est pas licite pour ceux qui croient en Dieu par Jésus-Christ d'avoir des images, ni du Créateur ni de créatures, installées dans des temples pour y être adorées ; mais plutôt, que toutes les images, de par la Loi de Dieu et pour éviter de L'offenser, doivent être sorties des églises ». Et ce décret fut exécuté partout où se trouvaient des images, en Asie ou en Grèce. Et l'empereur envoya ce que ce Concile tenu à Constantinople avait décidé à Paul Ier, alors évêque de Rome, lui commandant de jeter toutes les images hors des églises, ce que lui-même, confiant dans l'amitié de Pépin, un prince puissant, refusait de faire. Et lui-même et son successeur, Étienne III, réunissant un autre Concile sur les images en Italie, condamnèrent l'empereur et le Concile de Constantinople pour hérésie, décrétant que les 'saintes images' (car ils les appelaient ainsi) de Christ, de la vierge bénie et d'autres saints méritaient véritablement d'être honorées et louées. Quand Constantin mourut, son fils Léon IV régna après lui, se mariant avec une femme de la cité d'Athènes nommée Théodora, autrement appelée Irène dont il eut un fils nommé Constantin VI, et il mourut quand son fils étaient encore jeune, laissant la direction de l'empire et la gouvernance de son jeune fils à sa femme Irène. Ces choses se produisirent dans l'église autour de l'an 760 de notre Seigneur.

 

Remarquez ici, je vous prie, dans le déroulement de cette histoire : dans les églises d'Asie et de Grèce il n'y avait aucune image dans l'espace public pendant une durée de presque 700 ans. Et il n'y a pas de doute que l'église primitive, juste après le temps des Apôtres, était très pure. Notez aussi que quand la dispute sur les images a commencé, sur 6 empereurs Chrétiens, premiers magistrats auxquels il fallait obéir d'après la Loi de Dieu, un seul, Théodose (qui n'a régné qu'un an) tenait aux images. Tous les autres empereurs et tous les hommes instruits et évêques de l'Église orientale, et ceci réunis en Conciles, les ont condamnées ; outre les deux empereurs mentionnés, Valentin II et Théodose II qui ont régné longtemps avant, et qui ont strictement interdit la fabrication d'images. Et après cette époque, universellement, tous les empereurs de Grèce, Théodose seul excepté, ont continuellement détruit toutes les images. Notez qu'au contraire, les évêques de Rome, qui n'étaient pas des magistrats ordinaires auxquels Dieu aurait donné un pouvoir en dehors de leur diocèse, mais des usurpateurs de l'autorité des princes, en opposition à la Parole de Dieu, et des fomenteurs de sédition et de rébellion, ainsi que des traîtres permanents à leurs souverains seigneurs, ce qui est contraire à la Loi de Dieu et aux ordonnances et à toutes les lois humaines, étant non seulement des ennemis de Dieu, mais aussi des rebelles et des traîtres à leurs princes. Tels étaient les premiers à apporter ouvertement des images dans les églises, et ceux qui les y maintenaient, par mauvais esprit, conspiration, trahison et rébellion contre Dieu et contre leurs princes.

Avançons maintenant dans l'Histoire, laquelle mérite d'être connue. Durant la minorité de Constantin VI, l'impératrice Irène sa mère, régente de l'empire, était fort conseillée par Théodore, évêque de Tarasius, patriarche de Constantinople, qui pratiquait et tenait très sérieusement au maintien des images, avec l'évêque de Rome. Sur son conseil, l'impératrice commença par exhumer très méchamment le corps de son beau-père Constantin V et elle ordonna qu'il fût brûlé, et que ses cendres fussent jetées à la mer. Cet exemple (constamment rapporté), aurait été pratiqué de nos jours, semble-t-il, avec les corps de nos princes, si l'autorité des saints pères avait duré un peu plus longtemps. Le motif de l'impératrice Irène pour traiter son beau-père de la sorte était que de son vivant, il avait détruit les images et ôté les somptueux ornements des églises, disant que Christ, à qui étaient ces temples, permettait la pauvreté et pas les perles et les pierres précieuses. Après quoi, la dite Irène, persuadée par Hadrien Ier, évêque de Rome, et Paul le patriarche de Constantinople et son successeur Tarasius, ont réuni un Concile des évêques d'Asie et de Grèce en la ville de Nicée, où les légats de l'évêque de Rome étant présidents du Concile d'abord réuni sous l'empereur Constantin V, ils avaient décrété que toutes les images devaient être détruites, fut condamné comme Concile et assemblée hérétique, et un décret fut pris disant que les images devaient être installées dans toutes les églises de Grèce, et que l'honneur et la louange leur seraient aussi donnés. Et l'impératrice, donc, n'épargnant aucun effort pour faire faire des images ni aucune dépense pour les installer dans toutes les églises, transforma Constantinople, en peu de temps, comme Rome elle-même. Et maintenant vous pouvez voir qu'il est arrivé ce que l'évêque Serenus craignait, et que Grégoire Ier avait interdit en vain : que les images ne devaient être adorées sous aucun prétexte. Car maintenant, non seulement les images sont des pièges pour les simples et les sots (comme l'enseignent les Écritures), mais les évêques et les hommes instruits aussi tombaient dans l'idolâtrie à cause des images, oui, et faisaient aussi des décrets et des lois veillant à les maintenir. Car il est très difficile et en fait impossible dans la durée, d'avoir des images publiques dans les églises et les temples sans idolâtrie, et il a suffit d'un peu plus de cent ans, entre Grégoire Ier qui interdisait strictement le culte des images et Grégoire III, Paul Ier et Léon III, évêques de Rome, qui ordonnaient et décrétaient avec ce Concile que les images devaient être adorées, comme il apparaissait de manière évidente.

Maintenant, quand le jeune empereur Constantin atteignit l'âge de 20 ans, il était chaque jour de moins en moins estimé. Car l'entourage de sa mère l'avait persuadée que c'était la volonté de Dieu qu'elle régnât seule, sans son fils avec elle. L'ambitieuse femme, croyant cela, priva son fils de toute dignité impériale et contraignit tous les hommes de guerre et leurs capitaines avec, de lui jurer de ne pas tolérer que son fils Constantin règne tant qu'elle serait en vie. Ému par une telle indignité, le jeune prince força le régiment de l'empire à revenir à lui, et comme il avait été élevé dans la vraie religion du temps de son père, voyant la superstition de sa mère Irène et l'idolâtrie vouée aux images, il abattit, brisa et brûla toutes les idoles et images que sa mère avait rétablies. Mais quelques années plus tard, l'impératrice Irène, récupérant la faveur de son fils, après l'avoir persuadé de faire arracher les yeux de son oncle Nicéphore et de couper la langue de quatre autres de ses oncles et de renoncer à sa femme, elle l'amena par ce moyen à le faire détester de tous ses sujets, déclarant maintenant en outre qu'elle n'avait pas changé mais qu'elle était toujours la même femme qui avait fait exhumer et brûler le corps de son beau-père et qu'elle était une mère aussi bonne qu'elle avait été bonne fille, en voyant les images qu'elle aimant tant et qu'elle avait rétablies à grand prix, détruites jour après jour par l'empereur son fils, elle avait, avec l'aide de quelques compagnons, privé son fils de l'empire et d'abord, comme une mère gentille et aimante, arraché ses deux yeux et l’avait laissé en prison où, après de longs et nombreux tourments, elle l'a très cruellement fait assassiner. Dans cette histoire, et aussi celle d'Eutrope, il est écrit que le soleil s'obscurcit pendant l'espace de 17 jours, ce qui était très étrange et faisait peur, et que tous les hommes disaient qu'à cause de l'horreur de cet acte contre nature et cruel d'Irène d’avoir fait arracher les yeux de l'empereur, le soleil avait perdu sa lumière. Mais en fait, Dieu signifiait par là dans quelles ténèbres, aveuglement, ignorance et idolâtrie toute la Chrétienté était tombée à cause des images, le brillant soleil de Sa vérité éternelle et la lumière de Sa sainte Parole étant voilés par les brumes et les nuages noirs de traditions humaines ; et par de nombreux et terribles tremblements de terre survenant en même temps, Dieu signifiait que l'idolâtrie avait très horriblement secoué et troublé la tranquille disposition d'une vraie religion.

Et ici vous pouvez voir quelle gracieuse et vertueuse dame était Irène, quelle aimable nièce pour les oncles de son mari, quelle gentille belle-mère pour la femme de son fils, quelle affectueuse bru pour son beau-père, quelle bonne mère pour son propre fils, et quel fort et vaillant capitaine les évêques de Rome avaient en elle pour établir et maintenir leurs idoles ou images. Ils n'auraient sûrement pas pu trouver un meilleur candidat que cette Irène dont l'ambition et le désir de commander étaient insatiables, dont la trahison permanente, toujours méditée et à l'œuvre, était très abominable, et dont la cruauté vicieuse et méchante surpassait celle de Médée et de Progne, dont les détestables parricides ont servi d'inspiration aux poètes pour écrire leurs horribles tragédies. Et cependant, certains historiographes qui mettent par écrit toutes ses horribles méchancetés, et par amour pour les images qu'elle a maintenues, la glorifient comme une pieuse impératrice et une envoyée de Dieu. La superstition fausse est si aveuglante que dès qu'elle prend possession de l'esprit d'un homme, elle révèle les vices des méchants princes et les commande même. Mais peu après, la dite Irène étant soupçonnée de trahison par les princes et seigneurs de la Grèce, et d'aliéner l'empire au profit de Charles, roi des Francs [Charlemagne], et d'avoir contracté un mariage secret entre elle-même et ce dit roi, ce qui fut prouvé, elle fut déposée par les dits seigneurs et privée à nouveau de l'empire, et emmenée en exil sur l'île de Lesbos, où elle termina sa vie obscène.

Pendant que ces tragédies autour des images étaient ainsi à l'œuvre en Grèce, la même question sur l'usage des images commença d'être agitée en Espagne aussi. Et à Elvire, une noble cité appelée aujourd'hui Grenade, il y eut un Concile d'évêques espagnols et d'autres hommes instruits réunis ensemble ; et là, à la suite d'un long débat et après délibération sur le sujet, il fut conclu de cette façon à la fin du Concile dans les 36 articles : « Nous pensons que les images ne devraient pas être dans les églises, afin que ce qui est honoré ou loué ne soit pas peint sur des murs ». Et dans le canon 41 de ce Concile, il est écrit : « Nous avons trouvé bon d'avertir les fidèles qu'en tant que ce sont des mensonges, ils ne tolèrent aucune image dans leurs maisons, mais s'ils craignent de la violence de la part de leurs serviteurs, qu'au moins ils se gardent purs des images ; s'ils ne le font pas, qu'ils ne soient plus comptés comme membres de l'Église ». Remarquez ici, je vous prie, comment un grand pays tout entier du Sud-ouest de l'Europe, beaucoup plus proche de Rome que la Grèce, s'accorde avec les Grecs contre les images et ne les interdit pas seulement dans les églises, mais aussi dans les demeures privées, et excommunie ceux qui font le contraire. Et un autre Concile des savants d'Espagne aussi, qu'on appelle le 12ème Concile de Tolède, décida pareillement contre les images et les adorateurs d'images.

Mais quand ces décrets du Concile espagnol d'Elvire vinrent à la connaissance de l'évêque de Rome et de ceux qui le suivaient, craignant que toute l'Allemagne n'interdise les images et ne les abandonne, ils ont pensé prendre les devants en la matière et avec le consentement et l'aide du prince des Francs (dont le pouvoir était alors très grand dans la partie occidentale du monde), et ont réuni un Concile des Allemands à Francfort, où ils ont manœuvré afin de faire condamner le Concile espagnol contre les images susmentionné sous le nom de hérésie Félicienne (car Félix, évêque d'Aquitaine, avait présidé ce Concile), et obtenu que les actes du second Concile de Nicée réuni par Irène (la sainte impératrice dont vous venez d'entendre [les exploits]), et que la sentence de l'évêque de Rome en faveur des images soient reçues [et acceptées]. Car les papistes se réfèrent beaucoup à l'histoire du Concile de Francfort. Nonobstant, le livre de Charlemagne, écrit de sa propre main (ainsi que le titre le mentionne), qui est aujourd'hui imprimé et facilement accessible, montre l'opinion de ce prince et de tout le Concile de Francfort aussi, qui est contre les images et contre le second Concile de Nicée réuni par Irène en faveur des images, le taxe de Concile arrogant, fol et impie, et déclare que l'assemblée du Concile de Francfort a été convoquée et réunie, directement contre ce Concile de Nicée et ses erreurs. De telle sorte qu'il s'ensuit soit qu'il y avait à l'époque de ce prince deux Conciles assemblés à Francfort, opposés l'un à l'autre, ce qui n'apparaît nulle part dans l'Histoire, soit que selon leur habitude, les papes et les papistes ont très honteusement corrompu ce Concile, car leur manière de faire est de manipuler non seulement des Conciles, mais aussi l'histoire et les écrits des anciens docteurs, les falsifiant et corrompant pour soutenir leurs projets impies et méchants, comme il cela a été récemment mis en lumière, et comme il apparaît continuellement de plus en plus de nos jours, et de façon très évidente. Laissons la fausse donation de Constantin, et la tentative remarquée de falsifier le premier Concile de Nicée en faveur de la suprématie du pape, pratiquée par les papes du temps de St Augustin en être témoin ; laquelle pratique aurait alors pris effet en fait, si l'implication et la sagesse de St Augustin et d'autres évêques d'Afrique, pieux et instruits, ne la contredirent ni ne la stoppèrent par leur grand travail et par leurs accusations.

Finissons-en maintenant avec cette histoire en vous montrant le point principal qui vint à passer avec le maintien des images. Tandis qu'au temps de Charlemagne jusqu'à cette époque, toute autorité impériale et la domination princière de l'empire de Rome restait en droit la possession des empereurs dont le Siège impérial était continuellement à Constantinople, la capitale royale, Léon II, alors évêque de Rome, voyant les empereurs Grecs arc-boutés contre ses « dieux d'or et d'argent, de bois et de pierre », et ayant avec lui le roi des Francs ou des Français, le nommé Charles, dont le pouvoir était excessivement grand dans les pays de l'Ouest, car il était très soumis à ses avis pour les causes qui apparaitront ici bientôt, sous le prétexte que ceux de Constantinople étaient sur ce sujet des images sous la malédiction et le bannissement du pape et donc indignes d'être empereurs et de légiférer, et parce que les empereurs de Grèce, étant au loin, n'était pas le moins du monde prêts à défendre le pape d'un coup de bec contre ses ennemis les Lombards et d'autres avec lesquelles il était en désaccord, ce Léon III, je vous le dis, a tenté une chose extrêmement étrange, jusque-là inouïe et d'une incroyable prétention et présomption, car par son autorité papale il a transmis le gouvernement de l'empire, la couronne et le titre impérial des Grecs et les a donnés à Charles le Grand, roi des Francs, et sans le consentement de la susnommée Irène, impératrice de Grèce, laquelle cherchait à s'unir en mariage avec ledit Charles. Car à cause de cela ladite Irène fut déposée par les seigneurs de la Grèce et bannie comme traîtresse à l'empire, comme vous l'avez entendu précédemment. Et lesdits princes de la Grèce, après la déposition de ladite Irène, et d'un commun accord, ont élu et créé (comme ils avaient toujours fait) un empereur nommé Nicéphore (Ier), que l'évêque de Rome et ceux de l'Ouest n'ont pas voulu reconnaître comme leur empereur, car ils s'en étaient déjà créé un autre. C'est ainsi qu'il y eut deux empereurs, et l'empire, qui était unique avant, fut divisé en deux parties à l'occasion des idoles et images et de leur culte, tout comme le royaume des Israélites fut divisé dans les temps anciens pour la même cause d'idolâtrie, à l'époque du roi Jéroboam. Et donc l'évêque de Rome, étant assuré de la faveur de Charles le Grand par ce moyen, vit son pouvoir et son autorité merveilleusement renforcés et fit dans toutes les églises de l'Ouest, spécialement en Italie, ce qu'il voulait ; les images furent établies, garnies et adorées par toutes sortes de gens. Mais les images n'étaient pas si vite établies et honorées en Italie et en Occident, et Nicéphore, empereur de Constantinople et ses successeurs Stauracius, les deux Michel, Léon V, Théophile et d'autres empereurs successeurs dans l'empire de Grèce, les ont continuellement abattues, brisées, brûlées et détruites, tout aussi vite. Et quand l'empereur Théodore II, au second Concile de Lyon, voulut se mettre d'accord avec l'évêque de Rome et instaurer des images, il fut déposé par les nobles de l'empire de Grèce et un autre fut choisi à sa place. Ainsi s'enflamma la jalousie, la suspicion, la rancune, la haine et l'inimitié entre les Chrétiens et les empires des pays de l'Est et de l'Ouest, lesquelles ne purent jamais être éteintes ni apaisées. De telle sorte que quand les Sarrazins d'abord, et les Turcs ensuite, ont envahi les Chrétiens, aucune partie de la Chrétienté ne voulut aider l'autre. Et à cause de cela, le noble empire de Grèce et la cité impériale de Constantinople furent perdus et sont tombés entre les mains des infidèles, qui ont maintenant envahi presque toute la Chrétienté jusqu'au milieu de la Hongrie, qui fait partie de l'empire de l'Ouest, et que le plus extrême danger pour toute la Chrétienté est suspendu au-dessus de nos têtes.

Nous voyons ainsi quel océan de méfaits le maintien des images a apporté avec lui, quel horrible schisme entre l'église de l'Est et de l'Ouest, quelle haine entre un Chrétien et un autre, Concile contre Concile, église contre église, Chrétiens contre Chrétiens, princes contre princes, rébellions, trahisons, meurtres cruels et contre nature, la fille exhumant et brûlant le cadavre de l'empereur son père, la mère, pour l'amour des idoles, assassinant très abominablement son propre fils empereur, et déchirant et séparant enfin la Chrétienté et l'empire en deux morceaux, jusqu'à ce que les infidèles, les Sarrazins et les Turcs, ennemis communs aux deux parties [de l’empire], remportent une victoire cruelle, détruisant et soumettant tout l'empire de Grèce, d'Asie Mineure, de Thrace, de Macédoine, d'Épire et de nombreux autres pays et provinces vastes et pieux, et ils ont conquis une grande part de l'autre empire, semant la terreur et la peur d'un terrible danger. Car il est fort à craindre (non sans une grande et juste cause), que comme l'empire de Rome fut pour la même cause des images et de leur culte, divisé et déchiré en morceaux, tout comme le royaume d'Israël fut autrefois divisé par l'idolâtrie, la même punition pour la même offense qui tomba sur les Juifs ne tombe sur nous ; c'est à dire, que le cruel tyran et ennemi de notre communauté et de notre religion, le Turc, par une juste vengeance de Dieu, assassine une partie d’entre nous en emmène l'autre partie en captivité, comme les Assyriens et les rois de Babylone ont pour une part assassiné et pour une part emmené en captivité les Israélites, et que l'empire de Rome et la religion Chrétienne ne soient totalement foulés aux pieds, comme le furent alors le royaume d'Israël et la vraie religion de Dieu. La menace penche déjà astucieusement, comme je l'ai déclaré, de notre côté, sur la plus grande part de la Chrétienté, et dans l'espace de moins de 300 ans, nous serons emmenés en captivité et dans le plus misérable esclavage sous les Turcs, et le noble empire de Grèce complètement renversé ; tandis que si les Chrétiens, divisés au sujet des images, étaient restés unis, aucun infidèle ou mécréant ne l'aurait ainsi emporté sur la Chrétienté. Et tous ces méfaits et ces misères qui sont arrivés à cause de cela, nous les devons à nos puissants « dieux d'or et d'argent, de bois et de pierre » qui sont incapables de s'aider eux-mêmes, et à qui nous nous sommes fiés si longtemps pour nous aider et nous défendre, jusqu'à ce que nos ennemis les infidèles nous dominent et nous renversent presque ensemble : une juste récompense pour ceux qui ont abandonné le Dieu vivant et Tout-Puissant, le Seigneur des seigneurs, et qui se sont abaissés à donner l'honneur qui Lui est dû à des blocs de pierre et de bois morts, qui « ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, des pieds et ne marchent pas », et ainsi de suite, et qui sont maudits par Dieu, « et tous ceux qui les fabriquent et mettent leur confiances en eux ».

Vous comprenez ainsi, bien-aimés en Christ notre Sauveur, par le jugement des anciens docteurs de l'Église instruits et pieux, et par les anciennes histoires ecclésiastiques, d'accord avec la vérité de la Parole de Dieu de l'Ancien Testament et du Nouveau, que les images et leur culte étaient, dans l'église primitive qui était très pure et non corrompue, détestées et abhorrées comme abominables et contraires à la vraie religion Chrétienne, et que quand les images ont commencé à s'introduire dans l'Église, non seulement elles ont été critiquées par des évêques, des docteurs et des clercs pieux et instruits, mais aussi condamnées par des Conciles entiers d'évêques et de savants rassemblés ensemble ; oui, les images ont été dégradées, brisées et détruites par de nombreux évêques et empereurs Chrétiens, et ceci il y a plus de 700 à 800 ans ; et ce n'est donc pas d'hier, comme certains voudraient vous le faire admettre, que les images et leur culte ont été critiquées, tant en paroles que par écrit. Finalement, vous avez entendu quels méfaits et misères, à l'occasion des images, sont tombées sur toute la Chrétienté, à côté de la perte d'une infinité d'âmes, ce qui est le plus horrible de tout. Supplions donc Dieu, étant avertis par Sa sainte Parole qui interdit toute idolâtrie, par les écrits des anciens et pieux docteurs et par les histoires ecclésiastiques, écrits et préservés par l'ordonnancement de Dieu pour nous admonester et nous avertir, afin que nous fuyions toute idolâtrie et que nous échappions ainsi à l'horrible punition et aux plaies, aussi bien en ce monde que dans l'éternité, dont nous sommes menacés. Que Dieu notre Père céleste nous donne pour l'amour de Jésus-Christ, notre seul Médiateur et Sauveur.

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{36} 3. Vous avez entendu comment, en maints passages, et avec quelle véhémence et quelle clarté la Parole de Dieu critique non seulement l'idolâtrie et le culte des images, mais aussi les idoles et images elles-mêmes ; elles nous provoquent en effet à les louer, et le Nouveau Testament nous avertit contre ce danger. Et vous avez de même entendu par les histoires ecclésiastiques le début, le développement et le succès de l'idolâtrie du fait des images et le grand débat dans l'église de Christ à leur sujet, et le trouble et la décadence qu'elle a causés dans la Chrétienté. Et avec cela vous avez entendu les sentences des anciens pères, des pieux et savants docteurs et des évêques contre les images et l'idolâtrie, à partir d'extraits de leurs propres écrits. Il reste que les raisons avancées pour le maintien des images et des peintures excessives, des dorures et des ornements aussi bien dans les églises que dans les temples, ont été réfutées en réponse, pour une part par l'application de quelques passages contre leurs raisons, et d'autre part en y répondant de la même manière. Laquelle part vient à la dernière place dans ce traité, car elle ne peut pas être bien comprise par allusions, non plus que les arguments des mainteneurs, sans un discours en réponse trop prolixe et fastidieux, si l'on n'a pas la connaissance des exposés précédents. Et bien que plusieurs choses déjà mentionnées soient répétées ici, cette répétition n'est pas superflue, mais en quelque sorte nécessaire, car la manière simple ne permet pas de comprendre comment les passages susdits doivent être appliqués aux arguments de ceux qui maintiennent les images, ne voulant pas les abuser.

D'abord, ceux qui sont pour le maintien des images disent que toutes les lois, interdictions et malédictions que nous avons tirées de l'Écriture Sainte, et les sentences des docteurs que nous avons citées, contre les images et leur culte, visent les idoles des Gentils ou des païens, telles les idoles de Jupiter, Mars, Mercure, etc., et pas nos images de Dieu, de Christ et de Ses saints. Mais il sera déclaré par la Parole de Dieu et par les sentences et jugements des anciens docteurs de l'Église primitive que toutes les images, aussi bien les nôtres que celles des Gentils, sont interdites et illicites dans les églises et dans les temples.

Premièrement, il faut répondre à partir de la Parole de Dieu que les images de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, soit isolément, soit les images de la Trinité que nous avions dans chaque église, sont expressément et directement interdites et condamnées par les Écritures, ainsi qu'il apparaît dans ces passages : « Le Seigneur vous a parlé du milieu du feu ; vous avez entendu la voix ou le son de Ses Paroles, mais vous n'avez vu aucune forme ou silhouette du tout. Afin que d'aventure, étant trompés, vous en veniez à vous fabriquer quelque image gravée ou ressemblance » et ainsi de suite, ainsi qu'il a été rappelé dans la première partie de ce traité contre les images. C'est pourquoi dans l'ancienne Loi, le centre du propitiatoire, qui représentait le trône de Dieu, était vide, afin que nul n'en profite pour fabriquer une quelconque ressemblance de Dieu. Ésaïe, après avoir exposé l'incompréhensible majesté de Dieu, demanda; « À qui ferez-vous donc ressembler Dieu ? Ou quelle similitude allez-vous établir avec Lui ? Le sculpteur fera-t-il de Lui une statue ? Et l'orfèvre la couvrira-t-il d'or ou la fondra-t-il dans un moule, à partir de lingots d'argent ? Et pour le pauvre fera-t-il une image de bois afin qu'il ait lui aussi quelque chose à installer [chez lui] ? » Et après, il s'écria : Misérables, « Ne l'avez-vous jamais entendu ? Cela ne vous a-t-il pas été prêché depuis le début », que, par la création du monde et la grandeur de l'œuvre, ils pouvaient comprendre la majesté de Dieu, le Créateur de toutes choses, qui est plus grand qu'il n'est possible d'exprimer ou de produire sous forme d'image ou de similitude corporelle ? Le prophète Ésaïe, du chapitre 44 au chapitre 49, traite de tout cela de cette manière. Et St Paul, dans les Actes des Apôtres, enseigne évidemment la même chose, qu'aucune similitude ne peut être attribuée à Dieu, avec « de l'or, de l'argent, de la pierre », ou d'autres matériaux. De ces passages de l'Écriture et de nombreux autres, il est évident qu'aucune image de Dieu ne doit ni ne peut être fabriquée. Car comment Dieu, qui est un pur Esprit, qu'aucun homme n'a jamais vu, peut-il être rendu par une similitude grossière, corporelle et visible ? Comment l'infinie majesté et la grandeur de Dieu, incompréhensibles à l'esprit humain, et insaisissable par les sens, peuvent-elles être exprimées par une image petite et limitée ? Comment une image morte et muette peut-elle rendre le Dieu vivant ? Qu'est-ce qu'une image, qui lorsqu'elle est tombée est incapable de se relever, qui ne peut ni aider ses amis ni faire de mal à ses ennemis, peut révéler du Dieu Tout-Puissant, qui seul est capable de récompenser Ses amis et de détruire Ses ennemis, éternellement ? Un homme pourrait fort justement crier avec le prophète Habacuc : « De telles images peuvent-elles enseigner quoi que ce soit de juste sur Dieu ? Ou deviendraient-elles des docteurs ? » C'est pourquoi les hommes qui ont fabriqué des images de Dieu, soi-disant pour L'honorer, L'ont par là très grandement déshonoré, diminué Sa majesté, terni Sa gloire et falsifié Sa vérité. Et pour cette raison Paul a dit que ceux qui ont fabriqué une quelconque similitude ou image de Dieu comme d'un homme mortel ou de toute autre ressemblance, en bois, en pierre ou autre matière, « ont changé Sa vérité en mensonge ». Car ils pensaient tous deux que ce n'était plus ce que c'était, un bout de bois ou un morceau de pierre, et l'ont pris pour ce que ce n'était pas, comme Dieu, ou une image de Dieu. C'est pourquoi une image de Dieu n'est pas seulement un mensonge, mais un double mensonge également. Mais le diable est menteur et le père des mensonges ; d'où il suit que les images mensongères que l'on fait de Dieu, à Son grand déshonneur et au grand danger pour Son peuple, viennent du diable. C'est pourquoi ils sont convaincus de folie et de méchanceté ceux qui fabriquent des images de Dieu ou de la Trinité, car aucune image de Dieu ne doit ni ne peut être fabriquée, aussi bien de par les Écritures que par un bon raisonnement, ainsi qu'il apparaît à l'évidence ; oui, car le fait de désirer une image de Dieu vient de l'infidélité, ne pensant pas que Dieu est présent s'Il n'est pas rendu visible par un signe ou image de Lui, comme les Hébreux au désert, qui voulaient qu'Aaron leur fabrique des dieux qu'ils pouvaient voir de leurs yeux.

Ils objectent à ceci que dans Ésaïe et Daniel il y a certaines descriptions de Dieu, assis sur un trône élevé, etc., et pourquoi un peintre ne pourrait-il pas Le représenter ainsi en couleurs, de façon visible, comme un juge assis sur un trône, aussi précisément qu'Il est décrit dans les écrits des prophètes, voyant que ces écrits et descriptions ne diffèrent que peu ? D'abord, il faut répondre que les choses interdites par la Parole de Dieu, comme les portraits ou les images de Dieu, et les choses permises par Dieu, comme les descriptions des prophètes, ne sont pas la même chose ; car aucune raison humaine (même des hommes les plus pieux) ne peut prévaloir sur la Parole exprimée par Dieu, Sa Loi et Ses déclarations, comme on peut le dire. De plus, l'Écriture, bien qu'elle contiennent certaines descriptions de Dieu, si vous continuez à lire, s'explique par elle-même, déclarant que Dieu est un pur esprit, infini, qui remplit le ciel et la terre ; ce que l'image ne fait pas, ni ne s'explique par elle-même, mais plutôt, quand elle présente Dieu sous une similitude corporelle, laisse là son homme et l'amènera aisément à l'hérésie des anthropomorphistes, pensant que Dieu a des mains et des pieds et qu'Il s'assoit comme un homme, et St Augustin dit d'eux dans son livre De fide et symbolo, au chapitre 7, qu'ils tombent dans le sacrilège le plus détesté de l'Apôtre, celui de ceux qui « ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la similitude d'un homme corruptible ». Car c'est une méchanceté de la part d'un Chrétien d'ériger une telle image de Dieu dans un temple, et il est encore plus méchant s'il érige une telle pierre dans son cœur en y croyant.

Mais ils répondent à ceci que, nonobstant cette raison, les images de Christ peuvent être faites, car Il a pris chair et S'est fait homme. Il serait bon qu'ils reconnaissent d'abord qu'ils ont agi très méchamment jusqu'à présent en fabriquant et en maintenant partout des images de Dieu et de la Trinité, et qu'ils sont condamnés par la puissante Parole de Dieu et par la raison droite, et que de là ils viennent en procès pour d'autres images.

Maintenant, sur le sujet de leur objection qu'une image de Christ peut être faite, la réponse est aisée, car dans la parole de Dieu et la religion, on ne demande pas seulement si une chose peut être faite ou non, mais aussi si elle est licite et s'il est agréable à Dieu ou non qu'elle soit faite. Car toutes les méchancetés peuvent se faire et se font quotidiennement, alors qu'elles ne devraient pas être faites. Et les raisons tirées des Écritures plus haut sont des illustrations qui ne doivent ni ne peuvent être fabriquées, comme Dieu. Pour répondre à la question de savoir si des images de Christ peuvent être faites, à moins de prouver qu'il soit licite de les fabriquer, mieux vaut se taire que de dire quelque chose hors de propos.

Et cependant, il apparaît qu'aucune image de Christ ne peut être faite, sinon une image mensongère, car l'Écriture appelle particulièrement les images des « mensonges ». Car Christ est Dieu et homme ; et voyant qu'aucune image ne peut être faite de la divinité de Dieu, qui est son aspect le plus excellent, c'est à tort qu'elles sont appelées des images de Christ ; c'est pourquoi les images de Christ ne sont pas seulement des fautes, mais aussi des mensonges. Ce raisonnement sert aussi pour les images des saints, dont les âmes, leur plus excellente partie, ne peuvent être représentées ni exprimées par des images ; ce ne sont donc pas des images de saints, dont les âmes règnent dans la joie avec Dieu, mais des corps des saints, lesquels sont déjà putréfiés dans les tombes. De plus, aucune véritable image ne peut être faite du corps de Christ, car nous ne savons ni la forme ni l'aspect qu'Il avait. Et il y a en Grèce et à Rome et en d'autres lieux diverses images de Christ, aucune ne ressemblant à une autre, or chacun affirme que la sienne est la vraie image vivante de Christ, ce qui est impossible. C'est pourquoi, aussitôt qu'une image de Christ est faite, ici ou là, c'est un mensonge qu'on fait de Lui, ce qui est interdit par la Parole de Dieu. Ceci est également vrai des images des saints de l'antiquité, car leur forme et leur aspect nous sont inconnus. En voyant donc que la religion doit être fondée sur la vérité, les images, qui ne peuvent être autre chose que des mensonges, ne doivent pas être fabriquées ni utilisée en religion, ni placées dans des églises ou temples, ces lieux étant particulièrement destinés à la vraie religion et au service de Dieu. Et comme aucune image de Dieu, de Christ notre Sauveur ou de Ses saints ne peut être faite, il s'ensuit que leurs allégations suivant lesquelles des images pourraient se trouver dans les livres des laïcs est réfutée par la même occasion. Car ce qui vient d'être dit est évident, elles n'enseignent rien de Dieu, de Christ notre Sauveur et de Ses saints sinon des mensonges et des erreurs. Mieux vaudrait qu'il n'y ait pas de livre, ou s'il en existe, ce sont des livres qui mentent et enseignent l'erreur.

Et maintenant, si l'on admet et reconnaît qu'une image de Christ peut réellement être faite, c'est quand même illicite, oui, comme l'image de n'importe quel saint, et spécialement de l'installer dans des temples, car le danger de l'idolâtrie est grand et inévitable, comme on va le prouver plus loin. Et premièrement, au sujet des images de Christ, qu'il soit illicite de les exposer au public dans les églises, c'est un passage remarquable chez Irénée qui reprochait aux hérétiques appelés Gnostiques, parce qu'ils promenaient partout l'image de Christ, véritablement faite avec Ses proportions au temps de Pilate, comme ils le prétendent, et donc plus estimable que les images de Lui mort que nous avons maintenant. Lesquels Gnostiques mettaient aussi des guirlandes sur la tête de ladite image, pour montrer l'affection qu'ils avaient pour elle. Mais pour en revenir à la Parole de Dieu, n'est-elle pas suffisamment claire, je vous prie ? « Garde-toi, pour ne pas être trompé, de te faire (pour un usage religieux), quelque image gravée ou similitude de quoi que ce soit, etc.». Et « Maudit soit l'homme qui fabrique une image gravée ou moulée, une abomination devant le Seigneur, etc. ». Nos images ne sont-elles pas ainsi ? Nos images de Christ et de Ses saints, soit sculptées, soit moulées ou fondues, ne sont-elles pas des similitudes d'hommes et de femmes ? Il est heureux que nous n'ayons pas suivi les Gentils dans la fabrication d'images de bêtes, de poissons et de vermines aussi. Cependant, l'image d'un cheval et aussi l'image de l'âne sur lequel Christ a chevauché ont été apportées en divers lieux dans l'église ou le temple de Dieu. Et n'est-ce pas ce qui est écrit au début de la très sainte Loi du Seigneur qui vous est lue quotidiennement, et qui est très évident aussi ? « Tu ne feras aucune ressemblance de quoi que ce soit en haut dans le ciel, en bas sur terre, dans l'eau sous la terre, etc. ». Peut-on plus clairement interdire et dire de celles-ci, que ce soient les images taillées, moulées ou d'autres similitudes, ou toute image, qu'il est interdit de fabriquer ? Tout ce qui existe n'est-il pas soit dans le ciel, sur la terre, ou dans l'eau sous la terre ? Et nos images de Christ et de Ses saints ne sont-elles pas des ressemblances des choses qui sont dans le ciel, sur la terre ou dans l'eau ?

 

S'ils persistent dans leur réponse précédente, disant que ces prohibitions concernent les idoles des Gentils et pas nos images, d'abord, cette réponse est déjà réfutée pour ce qui est des images de Dieu et de la Trinité en général, et en ce qui concerne les images de Christ, par Irénée. Et la Loi de Dieu doit être comprise comme visant toutes nos images aussi bien de Christ que de Ses saints dans les temples et les églises, comme il apparaîtra plus loin de par le jugement des anciens docteurs de l'Église primitive. Épiphane, déchirant une toile peinte où était un portrait de Christ ou de quelque saint, affirmant que c'était contre notre religion et qu'on ne devait avoir aucune image de la sorte dans un temple ou église (comme il a été déclaré plus haut en long et en large), jugeait que non seulement les idoles des Gentils, mais que toutes les images de Christ et de Ses saints aussi, étaient interdites par la Parole de Dieu et par notre religion. Lactance, affirmait qu'il était certain qu'il ne pouvait y avoir aucune vraie religion là où une image ou peinture se trouvait (comme il vous a été dit), et jugeait qu'aussi bien toutes les images et peintures, comme les idoles des Gentils, étaient interdites ; autrement, il n'en aurait pas parlé aussi longuement. Et St Augustin, (déjà cité) a grandement soutenu Marcus Varro qui affirmait que la religion est très pure quand il n'y a pas d'images, disant : « Les images sont plus fortes pour escroquer une âme malheureuse, que pour l'enseigner et l'instruire ». Et il dit plus loin : « Chaque enfant, oui, chaque bête sait que ce n'est pas Dieu qu'on voit. D'où vient-il que le Saint-Esprit nous admoneste si souvent avec ce que tout le monde sait ? » Et St Augustin répond ainsi à cela : « Car », dit-il, « dès que des images sont placées dans les temples dans des positions honorables et sublimes, elles commencent à être adorées et elles engendrent l'erreur et l'idolâtrie ». Les empereurs Chrétiens, les savants évêques, tous les hommes instruits d'Asie, de Grèce et d'Espagne, réunis en Concile à Constantinople et en Espagne, il y a 700 à 800 ans, voire plus [plus de 1.000 ans aujourd'hui] condamnant et détruisant toutes les images, aussi bien de Christ que des saints, qui avaient été installées par les Chrétiens (comme il vous a été dit), témoignent qu'ils comprenaient la Parole de Dieu ainsi : elle interdit nos images aussi bien que les idoles des Gentils. Et comme il est écrit que les images n'existaient pas au début, et qu'il devrait en être toujours ainsi, il est donc clair qu'il n'y en avait pas dans l'église primitive. Dieu fasse qu'elles soient enfin détruites ! Car tous les Chrétiens de l'église primitive, comme Origène contre Celse, Cyprien aussi et Arnobius l’attestent, étaient durement accusés et on se plaignait d'eux, parce qu'ils n'avaient ni autels ni images. Et pour la raison qu'ils ne se conformaient pas aux Gentils, je vous prie, qui fabriquaient des images, mais parce que leur absence suscitait un grand déplaisir, pensaient-ils qu'il était licite d'avoir des images, selon la Parole de Dieu ? Il est donc évident qu'ils prenaient toutes les images comme illicites dans l'église ou le temple de Dieu, et n'en avaient donc aucune, même si les Gentils s'en trouvaient fort déçus, suivant cette règle : « Nous devons obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes ». Et Zéphirin, dans ses notes sur l'Apologie de Tertullien, déduisait que toute sa véhémente argumentation « ne devait pas être calme, afin que nous sachions une fois pour toutes que les Chrétiens de son temps détestaient hautement les images, avec leurs ornements ». Et Irénée, comme il a été dit plus haut, réprouvait les hérétiques Gnostiques, car ils promenaient par-tout l'image de Christ. Et c'est pourquoi l'Église primitive, qui doit être spécialement imitée car elle était très pure et non corrompue, n'avait en public aucune idole des Gentils ni aucune autre image dans les églises, en tant que choses directement interdites par la Parole de Dieu.

Et il est ainsi déclaré par la Parole de Dieu, les écrits des docteurs et les jugements de l'église primitive, qui était très pure et sincère, que toutes les images, aussi bien les nôtres que les idoles des Gentils, sont interdites par la Parole de Dieu, et donc illicites, spécialement dans les temples et les églises.

Maintenant, s'ils évitent la question, selon leur habitude, disant que la Parole de Dieu n'interdit pas de fabriquer absolument toute image, mais qu'elles ne doivent pas être faites pour être adorées, et que nous pouvons donc avoir des images sans leur rendre un culte, car ce sont des choses indifférentes, dont on peut faire un bon ou un mauvais usage (ce qui semble être l'opinion de Jean Damascène et Grégoire Ier comme cela a été dit, et ceci est un de leurs principaux arguments pour le maintien des images, dont ils se prévalent depuis l'époque de Grégoire Ier) ; eh bien, nous en venons au second argument qu'en partie nous ne tenons pas à leur accorder. Car nous ne sommes pas si superstitieux ou scrupuleux au point de détester aussi bien les fleurs en massifs, suspendues en pots et d'autres dispositions, les images des princes frappées ou imprimées sur leur pièces de monnaie, que Christ a vues sur une pièce romaine, nous ne lisons pas qu'Il l'ait reproché, et nous ne condamnons pas les arts de la peinture et de la sculpture comme mauvais en soi. Mais nous admettons et leur concédons que les images qui ne sont pas utilisées pour la religion, ou plutôt la superstition, c'est à dire les images que personne ne loue, et qui ne risquent pas d'être louées par qui que ce soit, peuvent être tolérées. Mais les images placées en public dans les temples ne peuvent pas exister sans risquer d'être adorées et idolâtrées, et par conséquent elles ne doivent pas être tolérées en public dans les temples et dans les églises.

Les Juifs, à qui cette Loi fut donnée (laquelle, bien qu'étant un commandement moral et non cérémoniel, comme tous les docteurs l'interprètent, nous lie tout aussi bien qu'eux), les Juifs, dis-je, qui devraient avoir le vrai sens et la signification de la Loi de Dieu qui leur a été si spécialement donnée, n'ont pas eu d'images publiques dans leur Temple au début (comme Origène et Josèphe le déclarent généralement) ni après la reconstruction du Temple, ils n'auraient en aucune manière consenti à ce que Hérode, Pilate ou Pétrone placent des images dans le Temple de Jérusalem seulement, bien qu'aucun culte des images ne soit requis d'eux, mais ils s'offraient plutôt à la mort que de consentir à ce que des images soient placées dans le Temple de Dieu. Ils n'auraient pas non plus toléré parmi eux un fabriquant d'images, et Origène ajoute ce motif : afin que leur esprit ne soit pas détourné de Dieu par la contemplation d'objets mondains. Et ils sont très recommandables pour ce zèle sérieux à maintenir l'honneur de Dieu et la vraie religion. Et la vérité est que les Juifs et les Turcs, qui détestent les images et les idoles comme directement interdites par la Parole de Dieu, ne viendront jamais à notre vraie religion tant que ces pierres d'achoppement ou images resteront parmi nous et en travers de leur chemin. S'ils objectent déjà au serpent d'airain que Moïse a établi, ou aux images de chérubins, ou de toute autre image que les Juifs avaient dans leur Temple, la réponse est aisée. En religion, nous devons obéir à la Loi générale de Dieu, laquelle lie tous les hommes, et ne pas suivre les exemples de dispositions particulières qui ne sont d'aucune garantie pour nous ; faute de quoi nous pourrions, pour la même raison, reprendre la circoncision et les sacrifices de bêtes et les autres rites permis aux Juifs. Et ces images de chérubins, placées au secret [dans le Saint des Saints], là où nul ne peut venir les voir, ne sont pas non plus un exemple pertinent pour que nous installions publiquement des images dans les églises et dans les temples.

Mais laissons les Juifs. Quand on nous dit que les images, afin qu'elles ne soient pas adorées, sont des choses indifférentes et tolérables dans les temples et les églises, nous déduisons et déclarons au contraire que toutes nos images de Dieu, de Christ notre Sauveur et de Ses saints, installées publiquement dans les églises et les temples, qui sont des lieux spécialement dédiés au vrai culte de Dieu, ne sont pas des choses indifférentes ni tolérables mais contre la Loi de Dieu et Son Commandement, selon leur propre interprétation et démonstration. Premièrement, parce que toutes les images ainsi installées publiquement ont été adorées par les gens peu instruits et simples, peu de temps après avoir été ainsi installées publiquement, et finalement, par les gens sages et instruits aussi. Deuxièmement, parce qu'elles sont maintenant adorées en maints endroits, à notre époque aussi. Et troisièmement, parce qu'il est impossible que des images de Dieu, de Christ ou de Ses saints soient tolérées, spécialement dans les temples et les églises, quels qu'en soient le lieu et la durée, sans qu'elles soient adorées ; que cette idolâtrie, qui est très abominable devant Dieu, ne peut pas être évitée sauf à abolir et détruire les images et les peintures dans les temples et les églises, car l'idolâtrie, spécialement dans les temples et les églises, est un accident inséparable des images (comme ils le disent) ; de telle sorte que les images dans les églises et l'idolâtrie vont toujours ensemble, et que par conséquent on ne peut éviter l'une sans éviter l'autre, spécialement dans les lieux publics, et il faut les détruire. C'est pourquoi, fabriquer des images et les installer publiquement dans les temples et les églises, lieux particulièrement destinés au service de Dieu, c'est faire des images un usage religieux, et pas seulement contraires à ce précepte : « Tu ne t'inclineras pas devant elles, et tu ne les loueras pas », car une fois établies elles ont été, sont et seront toujours adorées.

Et la preuve pleine et entière de ceci est dans le début de la première partie de ce traité et doit être rappelée ici, comme témoin : nos images et les idoles des Gentils sont une même chose en soi, aussi bien que nos images ont été auparavant, sont maintenant et seront toujours adorées de la même manière et selon les mêmes formes que les idoles des Gentils, tant qu'elles sont tolérées dans les églises et les temples. Il s'ensuit que nos images d'église n'ont été, ne sont et ne seront toujours que des idoles abominables, et donc en aucune manière des choses indifférentes. Et chacun de ces points sera prouvé dans l'ordre, comme il suit.

D'abord, que nos images et les idoles des Gentils soient une même chose en ce qui les con-cerne [cela] est très évident, leur matériau étant l'or, l'argent ou un autre métal, la pierre, le bois, l'argile ou le plâtre, tout comme les idoles des Gentils, et donc qu'elles soient moulées ou fondues, sculptées ou gravées, taillées ou formées et arrangées autrement avec la similitude d'un homme ou d'une femme, sont des œuvres de main d'homme, mortes et muettes, ayant une bouche et ne parlant pas, des yeux et ne voyant pas, des mains et ne sentant pas, des pieds et ne marchant pas ; et donc aussi bien dans la forme que dans la matière, elles sont tout ensemble comme les idoles des Gentils, à tel point que tous les qualificatifs qui sont donnés aux idoles dans les Écritures se vérifient avec nos images. Il n'y a donc aucun doute que les malédictions qui sont mentionnées dans les Écritures tomberont sur les fabricants et les adorateurs des deux sortes d'images.

Deuxièmement, il reste à prouver qu'elles ont été adorées de notre temps de la même façon que l'étaient les idoles des Gentils. Et parce que l'idolâtrie est présente dans les esprits à un haut degré, ils sera d'abord prouvé dans cette partie que nos mainteneurs d'images ont eu et ont encore les mêmes opinions et jugements sur les saints, dont ils ont fabriqué et loué des images comme les idolâtres Gentils avec leurs dieux. Et ensuite, il sera déclaré que nos mainteneurs et adorateurs d'images ont pratiqué et pratiquent les mêmes rites extérieurs et manières d'honorer et de louer leurs images que les Gentils avec leurs idoles. Et que par conséquent ils commettent l'idolâtrie aussi bien intérieurement qu'extérieurement, comme le faisaient les méchants païens idolâtres.

Et en ce qui concerne la première partie, sur les opinions idolâtres de nos mainteneurs d'images, que sont, je vous prie, ces saints parmi nous, à qui nous attribuons la défense de certains pays, dépouillant Dieu de l'honneur qui lui est dû ici, sinon des « dieux tutélaires » de païens idolâtres tels que Bel pour les Babyloniens et les Assyriens, Osiris et Isis pour les Égyptiens, Vulcain pour les Lemniens [Grecs], etc.? Que sont ces saints à qui la sauvegarde de certaines villes est confiée, sinon des « dieux protecteurs » pareillement pour les païens idolâtres ; tels qu'Apollon à Delphes, Minerve à Athènes, Junon à Carthage, Quirinus à Rome, etc. ? Que sont de tels saints à qui, contrairement à l'usage de l'Église primitive, des temples et des églises étaient construits et des autels érigés, sinon des « dieux protecteurs » des païens idolâtres ; tels que Jupiter capitolin, le temple de Vénus à Paphos, le temple de Diane à Éphèse, et d'autres de la sorte ? Hélas, il semble qu'en ceci nous ayons pensé et agi comme si nous avions appris notre religion, non pas de la Parole de Dieu, mais des poètes païens qui disent : « Tous les dieux dont la défense de cet empire dépendait sont sortis des temples et ont oublié leurs autels ».

Et là où un saint a des images en divers lieux, le même saint y a divers noms, tout comme les païens. Quand vous entendez parler de Notre Dame de Walsingham, de Notre Dame d'Ipswich, de Notre Dame de Wilsdon et d'autres, qu'est-ce, sinon une imitation de la Diane acrotère, la Diane Coryphée, la Diane d'Éphèse etc., de la Vénus de Chypre, la Vénus de Paphos, la Vénus de Gnide des païens idolâtres ? Il est montré à l'évidence que le saint, pour l'honneur de son image, devrait demeurer en ces lieux, oui, habiter dans les images elles-mêmes; ce qui est le fondement de leur idolâtrie, car là où il n'y a pas d'images il n'y a pas de tels procédés. Térence Varro a montré qu'il y avait 300 Jupiters de son temps, et pas moins de Vénus et de Dianes ; nous n'avons pas moins de Christophes, de Madones et de Marie-Madeleines, et d'autres saints. Oenomaus et Hesiod montrent que de leur temps, on comptait 30.000 dieux ; je pense que nous en avons autant, à qui nous donnons l'honneur dû à Dieu.

Et ils n'ont pas seulement dépouillé de Dieu vivant et vrai de l'honneur qui lui est dû dans les temples, les villes, les pays par de telles inventions et artifices, comme les païens idolâtres l'ont fait avant eux, mais que la mer et les eaux ont aussi des saints spécifiques avec eux, comme les Gentils avaient leurs dieux : Neptune, Triton, Nérée, Castor et Pollux, Vénus et autres ; à leur place nous avons St Christophe, St Clément et divers autres, et spécialement Notre Dame, à qui les marins chantent Ave, maris stella [Salut, étoile des mers]. Même le feu n'a pas échappé à leurs inventions idolâtres, car au lieu de Vulcain et Vesta, les dieux païens du feu, nos hommes ont mis Ste Agathe et écrit des textes pour sa fête avec lesquelles on pense éteindre le feu. Chaque profession et métier avait son saint spécial comme dieu particulier, comme par exemple les écoliers ont St Nicolas et St Grégoire, les peintres ont St Luc ; les soldats aussi ne sont pas sans leur Mars ni les amoureux leur Vénus parmi les Chrétiens. Toutes les maladies ont leur saint spécial, comme des dieux médecins ; St Roch pour la variole, St Cornelius contre les chutes, Ste Apolline pour le mal de dents, etc. Même les bêtes et les troupeaux ont leurs dieux avec nous, St Égide pour les chevaux et St Antoine pour les porcs, etc.

Où sont la providence de Dieu et l'honneur qui lui est dû là dedans ? Lui qui a dit : « Les cieux sont à Moi, et la terre est à Moi, le monde entier et tout ce qu'il contient ; Je donne la victoire et Je mets en fuite ; auprès de Moi sont les conseils et le secours, etc. Si Je ne garde la ville, en vain veillent les gardes ; Toi seul, Seigneur, sauveras les hommes et les bêtes ». Mais nous L'avons quitté pour ce qui concerne le ciel et la terre, l'eau, le pays, les villes, la paix ou la guerre, régir et gouverner les hommes et les bêtes, guérir les maladies, au point qu'un homme pieux a pu fort justement s'écrier, dans son indignation et son zèle : « Ô ciel, Ô terre et océans, dans quelle folie et méchanceté contre Dieu les hommes sont-ils tombés ! Quel déshonneur les créatures font à leur Créateur, Celui qui les a faits ! » Et si nous nous souvenons parfois de Dieu, parce que nous doutons de Sa capacité ou de Sa volonté à nous aider, nous Lui adjoignons un autre secours comme s'Il n'était qu'un mot, employant ces expressions, les écoliers « Que Dieu et St Nicolas m'aident » ; ceux qui éternuent « Que Dieu et St Jean m'aident », pour les chevaux : « Que Dieu et St Égide te sauvent ». Nous devenons ainsi comme des chevaux et des mulets qui n'ont pas d'intelligence. Car il n'y a-t-il pas un seul Dieu qui par Sa puissance et Sa sagesse a fait toutes choses et par Sa providence les gouverne, et par Sa bonté les maintient et les sauve ? Toutes choses ne sont-elles pas de Lui, par Lui et en Lui ? Pourquoi te détourner du Créateur pour te tourner vers les créatures ? Telle est la façon de faire des païens idolâtres ; mais tu es un Chrétien, et par conséquent tu as accès à Dieu le Père par Christ seul, et avec Son aide seulement.

Ces choses ne sont pas des reproches aux saints eux-mêmes, car ils étaient de vrais serviteurs de Dieu et ils Lui ont rendu tout l'honneur, n'en gardant rien pour eux-mêmes ; et ce sont des âmes bénies de Dieu, mais ce sont des réprimandes contre notre folie et notre méchanceté à faire de vrais serviteurs de Dieu des faux dieux en leur attribuant la puissance et l'honneur qui sont dus à Dieu seul. Et à cause de cela nous avons une certaine opinion sur le pouvoir d'intercession des saints ; toutes ces légendes, ces cantiques, ces litanies, et les messes contiennent des histoires, des louanges et des prières qui leur sont adressées, oui, et des sermons aussi, et tout cela à leur gloire, la Parole de Dieu étant clairement mise de côté. Et nous faisons tout cela en pensant être agréables aux saints, tout comme les païens idolâtres avec leurs faux dieux. Car ces opinions que les gens ont eues sur des personnes mortelles, si saintes qu'elles aient été, les anciens Chrétiens très pieux et instruits les ont critiquées en écrivant contre les dieux feints des Gentils ; et des princes Chrétiens ont détruit leurs images ; lesquels, s'ils vivaient maintenant, écriraient sans doute de la même manière contre notre fausse opinion sur les saints, et détruiraient aussi leurs images. Car il est évident que nos mainteneurs d'images ont la même opinion des saints que les Gentils avaient de leurs faux dieux, et ils leur fabriquent donc des images comme les Gentils l'on fait.

S’ils répondent qu'ils ne fabriquent pas des saints mais des intercesseurs de Dieu, en pensant en obtenir les mêmes choses qu'ils obtiendraient de Dieu, et même, imitant les usages des païens idolâtres, d'en faire, oui de faire des saints, des dieux appelés « dieux médiateurs », des intercesseurs et des aides de Dieu, comme s'Il n'entendait pas ou s'Il se lassait à force de faire tout, tout seul. Ainsi, les Gentils enseignaient qu'il y avait un pouvoir principal œuvrant à travers d'autres comme des instruments, et ils rendaient donc tous les dieux sujets à la fatalité ou à la destinée, comme Lucien dans ses Dialogues feignait de croire que Neptune priait Mercure de parler pour lui à Jupiter. Et il est donc très évident que nos mainteneurs d'images partagent l'opinion des païens idolâtres.

Maintenant, il reste la troisième partie, que leurs rites et cérémonies honorant ou louant les images ou les saints sont la même chose que les rites dont les païens idolâtres usaient en honorant leurs idoles.

Premièrement, que signifie que des Chrétiens, à l'exemple des païens idolâtres, font des pèlerinages pour visiter les images alors qu'ils ont les mêmes chez eux, sinon qu'ils ont une meilleure opinion de la sainteté et de la vertu de certaines images que pour d'autres, tout comme les païens idolâtres ? Ceci est le plus court chemin pour les amener à l'idolâtrie en leur rendant un culte, en opposition directe à la Parole de Dieu, qui dit ; « Recherchez-Moi et vous vivrez, et ne recherchez pas Bethel, ni n'entrez à Guilgal, et n'allez pas à Beersheba ». Et contre ceux qui nourrissent une superstition à propos de la sainteté du lieu, comme s'il devait être compris d'après sa situation, disant : « Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous dites que c'est à Jérusalem qu'il faut adorer », Christ notre Sauveur a dit : « Croyez-Moi, l'heure vient où vous n'adorerez le Père ni sur cette montagne ni à Jérusalem, mais les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ». Et il n'est que trop bien connu qu'en allant à de tels pèlerinages, Dame Vénus et son fils Cupidon sont honorés sans vergogne dans la chair plutôt que Dieu le Père et Christ notre Sauveur, Son Fils, ne sont vraiment adorés en esprit. Et il est reconnu (comme St Paul l'enseigne) que ceux qui tombent dans l'idolâtrie, qui est une fornication spirituelle, tombent également dans la fornication charnelle et dans toute impureté, de par le juste jugement de Dieu les livrant à leurs abominables concupiscences.

Que signifie que des Chrétiens, suivant l'usage des païens idolâtres, se découvrent et s'agenouillent devant des images ? S'ils avaient un tant soit peu de sens et de gratitude, ils s'agenouille-raient devant des hommes, des charpentiers, des maçons, des plâtriers, des fondeurs et des orfèvres, ceux qui les ont fabriquées, et par le moyen desquelles elles ont obtenu cet honneur, qui sinon auraient été de méprisables et grossiers morceaux d'argile ou de plâtre, de bois, de pierre ou de métal, sans forme ni façon et donc totalement dépourvues d'estime et d'honneur, comme cette idole le confesse par la plume d'un poète païen, en disant ; « J'étais auparavant un vil bloc [de pierre], mais maintenant je suis devenu un dieu, etc. ». Quel intérêt y a-t-il pour un homme doué de raison et de vie, à s'incliner devant une image morte et insensible, fruit du travail de ses propres mains ! N'est-ce pas une adoration que de se baisser et de s'agenouiller devant elles, ce qui est si sévèrement interdit par la Parole de Dieu ? Que ceux qui s'abaissent ainsi devant les images des saints sachent et confessent qu'ils manifestaient un honneur à des morceaux inertes de bois et de pierre que les saints eux-mêmes, Pierre, Paul et Barnabé, refusaient qu'on leur témoigne de leur vivant, et que l'Ange de Dieu interdisait qu'on [que St Jean] lui attribue.

Et s'ils disent qu'ils manifestent un tel honneur non pas à l'image mais au saint qu'elle représente, ils sont convaincus de folie, croyant qu'ils font plaisir aux saints avec cet honneur qu'ils détestent car c'est une dépouille de l'honneur de Dieu ; car il n'y a aucun échange et que tous deux, ayant une meilleure compréhension et un amour de Dieu plus fervent détestent encore plus de Le priver de l'honneur qui Lui est dû, et étant maintenant comme les Anges de Dieu, ils fuient avec eux plutôt que de recevoir pour eux-mêmes l'honneur dû à Dieu, par sacrilège. Ainsi est réfutée leur distinction obscène entre la « latrie » et la « dulie », car il est évident que les saints de Dieu ne peuvent pas accepter cela, pas plus que quelque louange extérieure que ce soit, adressée à eux-mêmes. Mais Satan, l'ennemi de Dieu, désirant voler à Dieu Son honneur, désire excessivement qu'un tel honneur lui soit rendu. C'est pourquoi, ceux qui donnent l'honneur dû au Créateur à quelque créature ne rendent pas un culte aux saints qui leur soit acceptable, mais à Satan, l'ennemi juré de Dieu et l'ennemi mortel de l'homme. Et attribuer un tel désir d'honneur divin aux saints, c'est les annihiler d'une façon très vilaine, ignominieuse, odieuse et démoniaque, et de faire des saints des Satan et des démons, dont la propriété est de défier à leur profit l'honneur qui est dû à Dieu seul.

Et de plus, à ce qu'ils disent qu'ils n'adorent pas les images comme les Gentils le faisaient avec leurs idoles, mais Dieu et les saints que les images représentent, et que par conséquent leurs actions devant les images ne sont pas comparables à l'idolâtrie des païens devant leurs idoles, St Augustin, Lactance et Clément répondent en prouvant à l'évidence qu'ils ne font qu'un avec les païens idolâtres. « Les Gentils », dit St Augustin, « qui semblent être de la plus pure religion, disent: 'Nous n'adorons pas les images, mais par l'image corporelle nous voyons un signe des choses que nous devons adorer' » Et Lactance dit : « Les Gentils disent : 'Nous ne craignons pas les images, mais ceux à la ressemblance de qui elles sont faites et au nom de qui elles sont consacrées' ». Jusqu'ici, c'était Lactance. Et Clément a dit : « Ce serpent, le diable, prononce ces paroles par la bouche de certains hommes : 'Nous honorons le Dieu invisible en adorant des images visibles', ce qui est très certainement et totalement faux. » Voyez comment, en avançant les mêmes excuses que les païens idolâtres, ils montrent qu'ils ne font qu'un avec eux en idolâtrie. Car nonobstant cette excuse, St Augustin, Clément et Lactance prouvent qu'ils sont idolâtres. Et Clément dit que le serpent, le diable, place de telles excuses dans la bouche des idolâtres. Et les Écritures disent qu'ils adorent le bois et la pierre malgré cette excuse, comme nos mainteneurs d'images le font. Et Ézéchiel, appelle les dieux des Assyriens des « bois et des pierres », alors que c'étaient des images de leurs dieux. Telles sont nos images de Dieu et des saints, nommées du Nom de Dieu et des noms de Ses saints selon l'usage des Gentils. Et le même Clément dit aussi dans le même livre « Ils n'osent pas donner le nom de l'empereur à un autre, car il punirait le contrevenant et le traître sans hésiter, mais ils osent donner le Nom de Dieu à un autre, car Il tolère ceux qui L'offensent en vue de leur repentir ». Et même ainsi nos adorateurs d'images donnent le Nom de Dieu et ceux des saints à leurs images, et l'honneur de Dieu avec, tout comme le faisaient les païens idolâtres avec leurs idoles.

Que veut dire que, à l'instar des païens idolâtres, ils allument des cierges à midi ou a minuit devant elles, si ce n'est pour les honorer ? Car ils ne le font pas pour d'autres. Car en plein jour il n'est est pas besoin, mais cela a toujours été une folie proverbiale que d'allumer une chandelle à midi, et que la nuit, il ne sert de rien d'allumer une bougie devant un aveugle, et Dieu n'en est pas honoré et Il n'en a pas d'utilité. Et au sujet de ces cierges, il est notable que Lactance, il y a plus de 1.000 ans, écrivait de cette façon : « S'ils voyaient la lumière céleste du soleil, ils se rendraient alors compte que Dieu n'a aucun besoin de leurs cierges, Lui qui, pour l'utilité de l'homme, a fait une si bonne lumière. Et tandis qu'un si petit disque solaire, qui en raison de la grande distance ne semble pas plus grand que la tête d'un homme, est d'une telle brillance que l'œil humain ne peut pas le regarder, mais que si on le regarde fixement pendant un moment, les yeux sont voilés et aveuglés par les ténèbres ; quelle grande lumière, quelle grande clarté, pensons-nous que ce soit d'être avec Dieu, avec qui il n'y a ni nuit ni ténèbres ! » Et ainsi de suite. Et ici et là, il dit : « A-t-il toute sa raison, celui qui offre en cadeau au Créateur de toute lumière la lueur d'un cierge de cire ? Il attend de nous une autre lumière qui ne fume pas, mais qui brille clairement, la lumière de la pensée et de l'intelligence ». Et un peu plus loin, il dit : « Mais leurs dieux, parce qu'ils sont terrestres, ont besoin de lumière, afin de ne pas rester dans les ténèbres. Leurs adorateurs, parce qu'ils ne comprennent rien aux choses célestes, font descendre la religion dont ils se réclament vers la terre où, parce qu'elle est naturellement sombre, il y a besoin de lumière. C'est pourquoi ils ne font pas d'offrandes célestes à leurs dieux, sinon de par leur compréhension d'hommes mortels. Et ils croient donc que ces choses sont nécessaires et agréables à ceux qui sont si proches de nous, qui avons besoin de nourriture quand nous avons faim ou de boisson quand nous avons soif, ou de vêtements quand nous avons froid, ou, quand le soleil est couché, de bougies afin d'y voir clair ». Jusqu'ici, c'était Lactance, et il y en a encore beaucoup qu'il serait trop long d'écrire ici, sur les cierges dans les temples devant les images et idoles dans un but religieux, où apparaissent à la fois leur folie et aussi qu'en pensée et en action nous sommes en accord avec les païens idolâtres avec notre religion des cierges.

Qu'est-ce que cela veut dire que suivant l'exemple des païens idolâtres, ils brûlent de l'encens, font des offrandes d'or à des images, suspendent des béquilles, des chaînes et des bateaux, des jambes, des bras et des hommes et des femmes de cire entiers devant des images, comme si grâce à cela ou grâce aux saints (ainsi qu'ils le disent), ils étaient délivrés de leur claudication, maladie, captivité ou naufrage ? Ces offrandes à des « images captieuses » ne sont-elles pas strictement interdites dans la Parole de Dieu ? S'ils le nient, qu'ils lisent le chapitre 11 de Daniel le prophète qui dit de l'Antichrist : « Il adorera un dieu que ses pères n'ont pas connu avec de l'or, de l'argent et des pierres précieuses, et d'autres objets de plaisir ». Et en 2 Chroniques, au chapitre 29, tous les rites extérieurs et les cérémonies, comme brûler de l'encens et d’autres, par lesquels Dieu était honoré dans le Temple, est appelé « culte », pour dire « adoration », ce qu'il est strictement interdit d’offrir à des images, par la Parole de Dieu. Toutes les histoires ecclésiastiques ne déclarent-elles pas que nos saints martyrs ont souffert toutes sortes de morts, toutes plus terribles et horribles les unes que les autres, plutôt que de s'incliner, de s'agenouiller ou d'offrir un seul grain d'encens devant une image ou idole ? Et quelle excuse invoquent-ils pour courir les pèlerinages, brûler de l'encens et des cierges, suspendre des béquilles, des chaines, des bateaux, des bras, des jambes, et des hommes et des femmes entiers de cire, pour s'agenouiller et lever les mains pour les images, comme il apparaît en ceci que là où n'y a pas d'images, ou là où il y en a eu et d'où elles ont été ôtées, ils ne font rien de tout cela, et que les lieux qu'ils fréquentaient quand les images y étaient sont maintenant oubliés et laissés déserts, maintenant qu'elles ont été enlevées ; non, maintenant, ils abhorrent et détestent à mort ces lieux, ce qui est la preuve évidente que ce qu'ils y faisaient avant, ils le faisaient par rapport aux images.

C'est pourquoi, quand nous voyons des hommes et des femmes aller en masse en pèlerinage aux images, s'agenouiller et lever les mains devant elles, allumer des cierges, leur brûler de l'encens, de l'or et de l'argent, suspendre des bateaux, des béquilles, des chaines, des hommes et des femmes de cire, leur attribuant leur santé et leur sauvegarde, qui sont des dons de Dieu, ou aux saints qu'elles représentent (comme ils le prétendent) ; qui ? dis-je, qui peut douter que les mainteneurs d'images, en accord avec toutes les idées idolâtres, les rites extérieurs et les cérémonies des païens idolâtres, ne s'accordent aussi avec eux pour ce qui est de commettre une très abominable idolâtrie ?

Et pour aggraver cette folie, les hommes méchants qui ont la garde de telles images, pour leur plus grands lucre et avantage, suivant l'exemple des païens idolâtres, ont rapporté et répandu, aussi bien par des fables mensongères que par écrit, divers miracles dus aux images ; comme quoi telle image aurait été miraculeusement envoyée du ciel, tout comme Palladium ou la Grande Diane d'Éphèse ; une telle autre aurait été miraculeusement trouvée dans la terre comme la tête d'homme du Capitole, ou la tête de cheval de Capoue. Telle image fut apportée par des anges, telle autre est venue toute seule de l'extrême Orient en Occident, comme Dame Fortune qui vola jusqu'à Rome. Telle image de Notre Dame fut peinte par St Luc, de qui, d'un médecin, ils ont fait un artiste peintre dans ce but. Telle autre ne pouvait être déplacée même par cent paires de bœufs attelés, comme la Bona Dea [Bonne Déesse] qu'aucun bateau ne put emporter, ou Jupiter Olympien, qui rit avec mépris des artisans venus pour l'emporter à Rome. Quelques images, quoique dures et en pierre, avaient un cœur si tendre qu'elles pleuraient de pitié. Quelques unes, comme Castor et Pollux, venus secourir leurs amis dans une bataille, transpiraient comme le font les colonnes de marbre sous une pluie danoise. Quelques unes parlaient plus monstrueusement encore que l'âne de Balaam, qui avait le souffle de vie en lui. Tel paralytique vint saluer tel saint de chêne, et étant rétabli, suspendit là ses béquilles. Tel autre se voua à St Christophe lors d'une tempête et en réchappa, et voyez, voici son bateau en cire. Tel s'évada de prison avec l'aide de St Léonard, et voyez ses entraves accrochées là. Une infinité de milliers d'autres miracles de la sorte ou plus mensongers encore furent rapportés. Ainsi font nos mainteneurs d'images en appliquant sérieusement à leurs images tous ces miracles que les Gentils ont attribués à leurs idoles. Et s'il faut admettre que quelques actions miraculeuses sont des illusions opérées par le diable là où il y a des images (car il est évident que la plupart sont des mensonges éhontés et d'habiles tours de passe-passe humains), il ne s'ensuit pas que de telles images soient à honorer, à tolérer et à maintenir, pas plus qu'Ézéchias ne laissa le serpent d'airain sans le détruire quand on lui rendit un culte, bien qu'il ait été établi par un ordre de Dieu et approuvé par un grand et vrai miracle, car tous ceux qui le regardaient furent guéris ; et aucun miracle non plus ne peut nous convaincre de faire une chose contraire à la Parole de Dieu. Car les Écritures nous avertissent à ce sujet, prédisant que le royaume de l'Antichrist sera puissant en miracles et en merveilles qui feront illusion pour tous les réprouvés.

 

Mais ils surpassent la folie et la méchanceté des Gentils, en honorant et en adorant les reliques et les os de nos saints, ce qui prouve que ce sont des hommes mortels et bien morts, et que ce ne sont donc pas des dieux qu'on peut adorer, ce que les Gentils ne diraient jamais de leurs dieux sans une grande honte. Mais nous devons embrasser nos reliques et les honorer par des offrandes, spécialement le dimanche des reliques. Et pendant que nous leur rendons un culte, afin que nous ne soyons pas attristés en regrettant le prix payé pour notre offrande, la musique et la chorale y vont joyeusement pendant tout le temps de l'offertoire avec des louanges et des invocations aux saints dont les reliques sont alors présentes. Oui, et l'eau dans laquelle des reliques ont été trempées doit être très révérencieusement réservée comme très sainte et efficace. Ceci est-il acceptable pour St Chrysostome, qui écrit ainsi au sujet des reliques: « N'aie pas égard aux cendres du corps des saints, ni aux reliques de leur chair et de leurs os, consumés par le temps ; mais ouvre les yeux de ta foi et vois-les, vêtus de vertu céleste et de la grâce du Saint-Esprit, et brillants de la clarté de la lumière céleste ». Mais nos idolâtres ont tiré un trop grand profit des reliques et de l'eau des reliques pour suivre le conseil de St Chrysostome. Et parce que les reliques rapportaient tant, peu d'endroits restaient sans être pourvus de reliques. Et, pour multiplier les reliques, tel saint avait plusieurs têtes, une dans un endroit et une autre ailleurs. Quelques-uns avaient six bras et 26 doigts. Et alors que notre Seigneur a porté une seule croix, si tous les morceaux de cette relique étaient rassemblés, le plus grand navire d'Angleterre pourrait à peine les emporter, et cependant leur plus grande part, disent-ils, reste dans les mains des infidèles, ce pourquoi ils prient avec leur chapelet afin de les récupérer aussi, dans le but d'en faire un pieux usage. Et non seulement les os des saints, mais tout ce qui leur appartenait était une sainte relique. Par endroits, on montre une épée, un fourreau, un soulier, une selle qui aurait été mise sur un saint cheval, les charbons avec lesquels St Laurent fut rôti, la queue de l'âne sur lequel Christ notre Sauveur s'est assis, pour les embrasser et leur faire des offrandes en tant que reliques. Car plutôt que de manquer d'une relique, ils vous montreraient un os de cheval à la place du bras d'une vierge, ou la queue de l'âne, pour les embrasser et leur faire des offrandes en tant que reliques. Ô hommes méchants, impudents et éhontés, qui ont conçu de telles choses ! Ô buses stupides et lâches, et plus bêtes que l'âne dont ils ont embrassé la queue, ceux qui croient de telles choses. Maintenant, que Dieu fasse miséricorde à des Chrétiens aussi misérables et sots, qui par la fraude et la fausseté de ceux qui auraient dû leur avoir enseigné la voie de la vérité et de la vie ont été rendus non seulement plus méchants que les païens idolâtres, mais également pas plus sages que les ânes, « des chevaux et les mulets qui n'ont pas d'intelligence».

De ce que nous venons de voir, il est évident que nos mainteneurs d'images n'ont pas seule-ment fabriqué et placé des images dans des temples, comme le faisaient les païens idolâtres avec leurs idoles, mais aussi qu'ils avaient la même opinion idolâtre des saints, à qui ils ont fabriqué des images, comme les païens idolâtres pour leurs faux dieux, et ils ont non seulement adoré leurs images avec les mêmes rites, cérémonies, superstition et tout le reste, comme le faisaient les païens idolâtres avec leurs idoles, mais sur de nombreux points aussi ils ont été excessivement plus loin qu'eux en toute méchanceté, sottise et folie.

Et si ceci ne suffit pas à prouver qu'ils sont des adorateurs d'images, c'est à dire des idolâtres, écoutez leur propre confession publique. Je veux dire non seulement les décrets du second Concile de Nicée avec Irène, le Concile romain de Grégoire III, dans lequel, en enseignant que les images doivent être honorées et louées (comme on vous l’a déjà dit), de telle sorte qu'ils le faisaient dans la méfiance et la crainte, comparé aux manifestations éclatantes et blasphématoires d'idolâtrie devant être données aux images produites dernièrement, même de nos jours, la lumière de la vérité de Dieu brillant tellement qu'au dessus de leurs actions et écrits abominables, tout homme serait très étonné de leur audace éhontée, honteusement fanfaronne, qu’ils n'auraient jamais pu choisir une époque de pires ténèbres pour y proférer leurs horribles blasphèmes, mais ils ont maintenant pris une face de prostituée, incapable de rougir, en disposant partout les meubles de leur prostitution spirituelle. Et il y a ici un clair blasphème du révérend père de Dieu : Jacques Naclante, évêque de Chioggia, écrit dans son commentaire de l'épître de St Paul aux Romains, au premier chapitre, récemment imprimé à Venise, qui peut résumer le tout, mot pour mot : « C'est pourquoi il faut non seulement confesser que les fidèles adorent dans l'église devant une image (comme il arrive que quelques-uns en parlent avec défiance), mais aussi ils adorent l'image elle-même, sans aucun scrupule ni doute du tout ; oui, et ils adorent l'image selon le même rite que la copie de l'image (ou de la choses d'après laquelle l'image est faite). Et pour cette raison, si un honneur divin doit être rendu à la copie elle-même (comme à Dieu le Père, Christ et le Saint-Esprit), leur image aussi doit être adorée selon un culte divin ; si la copie doit être honorée avec un honneur inférieur ou supérieur, l'image aussi doit être adorée avec le même honneur ou culte ».

Naclante va tellement loin que ses blasphèmes ont mis le pape Grégoire Ier dans la confusion et que de sa propre autorité il les a damnés à l'enfer, comme ses successeurs l'ont horriblement fulminé. Car bien que Grégoire permît d'avoir des images, il interdisait cependant qu'elles soient louées, en aucune manière, et il félicitait fortement l'évêque Serenus d'avoir interdit leur adoration, voulant qu'il enseigne le peuple à éviter par tous les moyens d'adorer quelque image que ce soit. Mais Naclante poussait très loin son idolâtrie blasphématoire, au point de vouloir que les images soient adorées avec la plus haute forme d'adoration et de culte. Et afin qu'une si saine doctrine ne manque pas d'autorité, il l'a fondée sur Aristote, dans son livre Du sommeil et de la veille, ainsi qu'on peut le voir mentionné en note marginale dans son livre. J'ai donc très largement exposé ce jugement idolâtre et méchant, de telle sorte que vous pouvez (Comme Virgile le disait de Sinon), « savoir le tout à partir d'un seul » de ces adorateurs d'images idolâtres, et comprendre à quel point le public en est arrivé avec ce que les images dans les temples et les églises nous ont apporté, en comparant les époques et les écrits de Grégoire Ier avec notre temps, et les blasphèmes d'idolâtres tels que la bête de Bélial, le nommé Naclante.

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{37} 4. C'est maintenant par le témoignage des anciens pères et docteurs pieux, par la confession publique d'évêques réunis en Conciles, par les signes et arguments, les opinions, les actions idolâtres, les actes et le culte rendu à nos images, et de leur propre aveu et doctrine exposés dans leurs livres, ils ont déclaré et montré que nos images ont été et sont communément louées, oui, et qu'il devait en être ainsi ; je leur répondrai par la Parole de Dieu, d'une façon générale, à ces fabricants, installateurs et mainteneurs d'images dans des lieux publics. Et d'abord, je commencerai avec les paroles de Christ notre Sauveur : « Maudit soit celui par qui l'offense est faite. Maudit soit celui qui a offensé un de ces petits (ou faibles). Il eût mieux valu pour lui qu'une pierre de moulin soit accrochée à son cou, et qu'il soit jeté au milieu de la mer et noyé, que d'avoir offensé un de ces petits (ou faibles) ». Et dans le Deutéronome, Dieu lui-même le déclare : « Maudit celui qui fait dévier l'aveugle de son chemin ». Et dans le Lévitique : « Tu ne poseras pas une pierre d'achoppement devant l'aveugle ». Mais il y a eu et il y a encore des images dans les églises et temples, et (ainsi qu'il sera prouvé plus loin) il y aura toujours des offenses et des pierres d'achoppement, spécialement pour les faibles, les gens ordinaires aveugles et simples, dont le cœur sera trompé par la ruse des artisans, comme l'Écriture en atteste expressément en maints passages, pour les amener à l'idolâtrie. Par conséquent, maudit soit celui qui érige, installe, et maintient des images dans les églises et les temples, car une peine plus grave que la mort du corps lui est destinée.

Si on vous répond cependant que cette offense peut être écartée par une doctrine et une prédication sincère et diligente de la Parole de Dieu ou par d'autres moyens, et que les images dans les églises et les temples ne seraient donc pas des choses absolument mauvaises pour tous, bien que dangereuses pour quelques-uns, et que par conséquent il doit être retenu que leur exposition publique dans les églises et les temples n'est pas opportune, comme le serait une chose dangereuse plutôt qu'illicite, comme une chose extrêmement méchante, voici le troisième article à prouver, à savoir qu'il est impossible, si des images sont tolérées dans les églises et les temples, de préserver le peuple de leur adoration et d'éviter l'idolâtrie, que ce soit par la prédication de la Parole de Dieu ou par quelque autre moyen.

Et d'abord la prédication. Si l'on admet que bien que des images soient tolérées dans les églises, l'idolâtrie peut être évitée par une prédication diligente et sincère ; il devrait s'ensuivre nécessairement qu'une doctrine sincère ait toujours pu et continue d'être prêchée contre les images, de telle sorte que partout où une image délictueuse est érigée, il y ait un prédicateur pieux et sincère et qu'il soit maintenu en place. Car il est raisonnable que l'avertissement soit aussi répandu que la pierre d'achoppement, le remède aussi vaste que l'offense, l'antidote aussi diffuse que le poison. Mais ceci n'est pas possible, comme l'expérience et la raison l'enseignent. C'est pourquoi la prédication ne peut arrêter l'idolâtrie, si des images publiques sont tolérées.

Car une image, qui va durer pendant de nombreux siècles, peut être achetée à peu de frais, mais un bon prédicateur ne peut pas être maintenu continuellement [en place], même à grands frais.

De même, si le prince le tolère, il y aura ici et là de nombreuses, oui, une infinité d'images, mais les prédicateurs sincères ont été et seront toujours peu nombreux, par rapport à la multitude à enseigner. Car Christ notre Sauveur a dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux » ; ce qui a été jusqu'ici continuellement vérifié et le sera jusqu'à a fin du monde, et de notre temps ici dans notre pays, et c'est si vrai que chaque comté pourrait difficilement avoir un bon prédicateur, à moins de les partager.

Maintenant, les images prêcheront continuellement leur doctrine à ceux qui les regardent, à savoir le culte des images et l'idolâtrie, or l'humanité est excessivement sensible à cette prédication du culte des images et de l'idolâtrie, et tend à lui prêter oreille et foi, comme l'expérience de toutes les nations et de toutes les époques le prouve à l'envi. Mais un véritable prédicateur, pour arrêter cette sottise, est en de nombreux endroits rarement entendu plus d'une fois par an, et parfois pas même une fois en sept ans, comme il est prouvé à l'évidence. Et une mauvaise opinion qui s'est longtemps enracinée dans le cœur des hommes ne peut pas être totalement arrachée tout d'un coup par un seul sermon. Et comme peu de gens ont tendance à se fier à la saine doctrine, presque tous ont un penchant pour la superstition et pour l'idolâtrie. De telle sorte qu'apparaît ici non seulement la difficulté, mais l'impossibilité du remède.

De plus, il n'apparaît nullement dans l'histoire qu'une prédication de foi vraie et sincère ait duré plus de cent ans, où que ce soit, mais il est évident que les images, la superstition et le culte des images et l'idolâtrie ont continué durant de nombreux siècles. Car tous les écrits et l'expérience attestent que les bonnes choses dépérissent peu à peu, jusqu'à disparaître complètement, et qu'au contraire les mauvaises choses augmentent de plus en plus, jusqu'à atteindre une pleine perfection dans la méchanceté. Nous n'avons pas besoin de chercher bien loin des exemples pour le prouver ; notre sujet en est un exemple. Car la prédication de la Parole de Dieu, qui était très sincère au début, est devenue de moins en moins pure avec le temps, puis corrompue, et finalement abandonnée et laissée de côté, laissant la place à d'autres inventions humaines qui s'infiltraient. Et d'autre part, des images ont commencé à être peintes parmi les Chrétiens, racontant des histoires complètes, lesquelles avaient une signification ; après quoi elles furent en relief, et faites de bois, de pierre, de plâtre et de métal. Au début, elles étaient conservées dans des maisons privées, et après, elles ont été introduites dans les églises et les temples, mais d'abord en peinture et ensuite en relief ; et cependant, nulle part on ne leur rendait alors un culte. Mais peu après, les gens ignorants commencèrent à les adorer, comme il apparaît dans la lettre que Grégoire, le premier évêque de Rome de ce nom, écrivit à Serenus, évêque de Marseille. Selon lequel l’évêque Serenus, à cause de l'idolâtrie vouée aux images, les a brisées et brûlées ; Grégoire, bien qu'il ait pensé tolérable de les laisser, jugeait cependant abominable qu'elles soient adorées et il pensait, comme il est dit maintenant, que le culte qu'on leur rendait pouvait être arrêté par l'enseignement de la Parole de Dieu, comme il exhortait Serenus à enseigner le peuple, ainsi qu’il apparaît dans la même lettre. Quant à savoir si l'opinion de Grégoire ou le jugement de Serenus était meilleur [que l’autre], considérez, je vous prie, que l'expérience a toujours réfuté l'opinion de Grégoire. Car nonobstant l'écrit de Grégoire et la prédication d'autres, une fois les images installées publiquement dans les temples et les églises, les hommes simples et les femmes tombent peu après en masse dans le culte des images, et à la fin les hommes instruits aussi sont dévoyés par l'erreur publique, comme par un courant violent ou une inondation ; et au second Concile de Nicée, les évêques et le clergé ont décrété que les images devaient être adorées, et donc, par l'effet de ces pierres d'achoppement, non seulement les ignorants et les simples, mais les savants et les sages, pas seulement le peuple, mais les évêques, pas les moutons mais aussi les bergers eux-mêmes (qui auraient dû être des guides dans le droit chemin et des lumières brillant dans les ténèbres), aveuglés par l'enchantement des images, comme des guides aveugles guidant des aveugles, sont tombés dans une fosse d'idolâtrie damnable, dans laquelle le monde entier s'est noyé, et cela a continué jusqu'à notre époque, l'espace d'environ 800 ans, pratiquement sans opposition. Voilà le succès de l'ordre donné par Grégoire, et cette sottise ne serait jamais passée s'il avait suivi la voie de l'évêque Sérénus, et si toutes les idoles et images avaient été totalement détruites et abolies, car nul n'adore ce qui n'existe pas. Et vous voyez ainsi comment, depuis la possession privée d'images, on en est venu à les installer dans les églises et les temples, sans qu'il y ait mal au début, selon l'opinion de quelques hommes sages et instruits ; et par le simple fait de les y avoir, on en vint à leur rendre un culte ; d'abord par les gens grossiers qui sont spécialement (comme les Écritures l'enseignent) en danger de superstition et d'idolâtrie, et ensuite par les évêques, les savants et tout le clergé, instruits et non-instruits, de tous âges, sectes et classes d'hommes, de femmes et d'enfants de toute la Chrétienté (un chose horrible et terrible quand on y pense) ont été aussitôt plongés dans une idolâtrie abominable, le plus détesté par Dieu de tous les vices et le plus damnable pour l'homme, et cela dans l'espace de 800 ans et plus. Et voilà où en est arrivé ce qui a commencé par la disposition d'images dans les églises, d'abord jugée innocente, et dont l'expérience a montré qu'elle était non seulement mauvaise, mais exubérante et pestilentielle, détruisant et renversant universellement toute bonne religion. J'en conclus donc qu'il est peut-être possible que dans une ville ou un petit pays d'avoir des images installées dans des temples et des églises, et que l'idolâtrie, par une prédication sérieuse et continue de la vraie Parole de Dieu et du sincère Évangile de Christ notre Sauveur, soit tenue éloignée pendant une courte période ; mais qu'il est impossible qu'une fois les images installées et tolérées dans les temples et les églises, n'importe quel grand pays, et encore moins le monde entier, ne puisse être préservé longtemps de l'idolâtrie. Et les gens pieux auront égard non seulement à leur ville, à leur pays et à leur époque, et à la santé de leurs contemporains, mais ils feront attention, toujours et partout, au Salut des hommes de tout âge ; au moins, ils ne mettront pas de telles pierres d'achoppement et pièges dans les pieds de leurs concitoyens, dont l'expérience a déjà prouvé qu'elles mènent le monde à la ruine.

C'est pourquoi je fais une conclusion générale de tout ce que j'ai déjà dit. Si les pierres d'achoppement et les poisons pour les hommes que sont les images sont nombreux, oui, infinis, s'ils sont tolérés, et que les avertissements contre les dites pierres d'achoppement et que les antidotes aux dits poisons par la prédication sont peu nombreux, comme il a déjà été dit, si les pierres d'achoppement sont faciles à mettre en place, si les poisons sont rapidement disponibles et que les avertissements et les antidotes sont malaisés à connaître et à mettre en œuvre ; si les pierres d'achoppement restent continuellement en travers du chemin et que le poison est partout à portée de main, et que les avertissements et les antidotes sont rarement fournis, et si tout les hommes se laissent plus volontiers prendre au piège et offenser qu'avertir, s'ils préfèrent boire le poison que de goûter l'antidote (comme il a été exposé partiellement, et ce dont il sera traité plus complètement après), et donc, à la fin, si le poison est continuellement et profondément avalé par de nombreuses personnes, et que l'antidote est rarement et à peine goûtée par un petit nombre ; comment les faibles et les infirmes pourraient-ils ne pas être offensés en nombre infini, infinis ceux qui se cassent le cou par la ruine, infinis par le poison mortel qui empoisonne leur âme ? Et comment la charité de Dieu ou l'amour de notre prochain peuvent-ils êtres dans notre cœur, si quand nous pouvons enlever de telles pierres d'achoppement, de tels poisons pestilentiels, nous ne les enlevons pas ? Et que dire de ceux qui posent des pierres d'achoppement là où il n'y en avait aucune, et des pièges pour les âmes des faibles et des simples, œuvrant à leur ruine éternelle, eux pour qui Christ notre Sauveur a répandu Son précieux sang ? Il eût été préférable que les arts de la peinture, de la sculpture, du stuc, de la gravure et de la fonderie n'aient jamais été inventés ni utilisés, qu'un seul de ceux dont l'âme est si précieuse aux yeux de Dieu périsse et se perde à cause d'images ou de peintures.

Et il est ainsi déclaré que la prédication ne peut pas arrêter l'idolâtrie si des images sont visibles du public dans les temples et les églises. Et c'est si vrai qu'aucun autre remède, comme les écrits contre l'idolâtrie, les Conciles, les décrets, les lois sévères et les proclamations des princes et des empereurs, ni les peines et punitions extrêmes, ni aucun autre remède, n'ont pu ni ne peuvent empêcher l'idolâtrie si des images sont installées publiquement et tolérées.

Car en ce qui concerne les écrits contre les images et l'idolâtrie à leur égard, cela vous a déjà été cité dans la deuxième partie de ce traité, des passages de Tertullien, d'Origène, de Lactance, de St Augustin, d'Epiphane, de St Ambroise, de Clément et de divers autres évêques et docteurs de l'église, saints et instruits. Et en outre, toutes les histoires ecclésiastiques et les livres d'autres savants et pieux évêques et docteurs sont pleins d'exemples remarquables et de sentences contre les images et leur culte. Et comme ils l'ont très sérieusement écrit, ils l'ont aussi enseigné et prêché avec implication, selon leurs écrits et à leur exemple. Car il y avait alors des évêques prédicateurs, et on les voyait plus souvent en chaire que dans des palais princiers, plus souvent occupés de la succession de Celui qui a dit : « Allez dans le monde entier et prêchez l'Évangile à tous les hommes », qu'en ambassades et dans les affaires des princes de ce monde. Et comme ils étaient très zélés et impliqués, et que leur enseignement et leur sainteté de vie étaient excellents, disposant à la fois de l'autorité et de la confiance du peuple, le peuple était d'autant plus versé à croire et à suivre leur doctrine. Mais si leurs prédications ne réussissaient pas, leurs écrits encore moins ; lesquels parviennent à la connaissance de peu d'étudiants, comparé à la prédication continue, à laquelle la multitude prend part.

Les anciens pères, évêques et docteurs, prêchant et écrivant individuellement, mais aussi en commun, étant réunis en grand nombre dans des synodes et des Conciles, édictant des décrets et des lois ecclésiastiques contre les images et leur culte, et ne le faisant pas une ou deux fois, mais à divers moments, à diverses époques, et dans divers pays, réunis en synodes et en Conciles, ils ont édicté des décrets sévères contre les images et leur culte, ainsi qu'il a été déclaré au long de la 2ème partie de cette homélie, déjà prononcée. Mais tous leurs écrits, leurs prédications, leurs Conciles, les décrets et lois ecclésiastiques n'ont réussi, ni à abattre les images auxquelles un culte était rendu, ni à arrêter l'idolâtrie tant que les images étaient présentes. Car ces livres aveugles et ces maîtres d'école muets, je veux dire ces images et idoles (car ils les appellent des livres et des maîtres d'école pour les laïcs), par leurs écrits sculptés et peints enseignant et prêchant l'idolâtrie, ont prévalu sur les livres écrits et les prédications de vive voix, comme ils les appellent.

Eh bien, si la prédication et les écrits n'ont pas pu empêcher le culte des images et l'idolâtrie, si la plume et la parole n'ont pas pu le faire, vous pensez peut-être que les peines et les épées au-raient été plus efficaces, je veux dire que les princes, en édictant des lois assorties de punitions sévères, auraient pu arrêter l'attirance débridée de tous les hommes pour l'idolâtrie, malgré les images exposées et tolérées. Mais l'expérience prouve que cela n'est pas plus efficace contre l'idolâtrie que les écrits et la prédication. Car les empereurs Chrétiens, dont l'autorité était très grande, de par la raison et la Loi de Dieu, et au nombre de 8, 6 d'entre eux ayant régné l'un après l'autre (comme il a été relevé auparavant dans la partie historique), édictant des lois et faisant des proclamations très sévères contre les idoles et l'idolâtrie, les images et leur culte, et exécutant des jugements fort cruels, oui, la peine de mort pour les mainteneurs d'images et pour les idolâtres et adorateurs d'images, n'ont pu obtenir que les images publiques soient toutes détruites ni que les hommes se retiennent de leur rendre un culte, une fois ces images établies. Et que pensez-vous qu'il arrive, quand des hommes de savoir enseignent au peuple à les fabriquer et les maintiennent comme des choses nécessaires à la religion ?

Pour conclure : il apparaît à l'évidence, de toutes les histoires et des écrits et de l'expérience du temps passé, que ni la prédication, ni l'autorité des gens pieux, ni les décrets des Conciles, ni les lois des princes, ni les peines capitales pour les contrevenants en la matière, ni d'autres remèdes ou moyens ne réussissent contre l'idolâtrie si des images publiques sont tolérées. Et on peut dire en vérité que le passé est un maître de sagesse pour nous qui vivons et venons après. Et pour cette raison, si dans le passé, à une époque très vertueuse et savante, les anciens pères, les évêques et les docteurs les plus diligents et en nombre presque infini, n'ont rien pu faire avec leurs écrits, leurs prédications, leur industrie, leur sérieux, leur autorité, leurs assemblées et leur Conciles contre les images une fois installées ; que pourrions-nous faire, nous qui ne sommes pas comparables à eux ni en implication, ni en instruction, ni en sainteté de vie, ni en autorité, mais des hommes méprisés et mésestimés (car ainsi va le monde, aujourd'hui), peu nombreux face à une grande multitude et à la malice des hommes ; que pouvons-nous faire, dis-je, ou faire advenir pour arrêter l'idolâtrie et le culte des images, s'il est permis qu'elles soient publiquement exposées dans les temples et les églises ? Et si de si nombreux et si puissant empereurs, au moyen de lois et de proclamations, sévères, avec des peines si rigoureuses et des exécutions capitales, n'ont pas pu arrêter les gens d'installer et d'adorer des images, qu'arrivera-t-il, pensez-vous, quand des hommes les ordonneront comme des livres nécessaires aux laïcs ? Apprenons donc cette leçon de l'expérience de l'Antiquité, qu'il n'est pas possible de séparer longtemps l'idolâtrie d’avec les images, mais comme c'est un accident inséparable ou comme une ombre qui suit le corps quand le soleil brille, l'idolâtrie suit et entraîne le public qui a des images dans les temples et les églises et finalement, comme l'idolâtrie doit être détestée et évitée, les images aussi, lesquelles ne peuvent exister longtemps sans qu'on leur rende un culte, doivent être ôtées et détruites.

À côté des expériences et des preuves des temps anciens, la nature même et l'origine des images en soi pousse très violemment à l'idolâtrie, et la nature humaine et son inclination à l'idolâtrie est si véhémente qu'il n'est pas possible de réduire ou d’ôter les images, ni de préserver les hommes de l'idolâtrie si des images sont tolérées en public.

Ce que je veux dire de la nature et de l'origine des images est ceci : Même si leur première invention est un néant, et qu'aucun bien ne peut venir de ce qui a mal commencé, car elles sont toutes du néant, comme Athanase l'a déclaré dans son livre contre les Gentils ; et St Jérôme aussi sur le prophète Jérémie au chapitre 6, et Eusèbe, au livre 7 de son Histoire ecclésiastique, chapitre 18, attestent qu'elles nous sont venues des Gentils qui étaient idolâtres et adorateurs d'images ; et comme « leur invention fut le commencement de la fornication spirituelle », ainsi que la Parole de Dieu l'atteste, elles retourneront naturellement, comme par nécessité, à leur origine, là d'où elles sont venues, et nous pousseront très violemment à l'idolâtrie, ce qui est abominable à Dieu et à tous les hommes pieux. Car si l'origine des images et de leur culte, comme il est rapporté dans le chapitre 8 du livre de la Sagesse, a commencé par l'amour aveugle d'un père aimant, disposant pour se réconforter l'image de son fils mort, sachant qu'il était mort, combien plus les hommes et les femmes tomberont-ils dans le culte des images de Dieu, de Christ notre Sauveur et des saints, si on tolère qu'elles soient dans les églises et les temples, en public ! Car plus l'opinion de la majesté et de la sainteté dont l'image est faite est grande, plus vite le peuple tombe dans le culte des dites images. C'est la raison pour laquelle les images de Dieu, de Christ notre Sauveur, de la vierge Marie bénie, des Apôtres, des martyrs et d'autres dont la sainteté est remarquable, sont les plus dangereuses de toutes au regard du péril de l'idolâtrie, et il faut donc prendre conscience qu'elles doivent être ôtées et qu'aucune d'elle ne soit exposée dans les églises et les temples. Car il est peu à craindre que quiconque ne tombe dans le culte des images d'Anne le grand prêtre, de Caïphe, de Pilate ou de Judas le traître si on en faisait. Mais par ailleurs, il est déjà pleinement prouvé que l'idolâtrie a été, est et très vraisemblablement continuera à être commise.

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Maintenant, comme il vous a été annoncé auparavant, il faut déclarer plus précisément que la nature humaine n'est pas autrement versée au culte des images, si on peut les avoir et les regarder, qu'à la prostitution et à l'adultère en compagnie des prostituées. Et comme à un homme adonné au lucre de la chair, à voir une prostituée dévergondée, à s'asseoir à son côté et à l'embrasser, il ne sert pas à grand chose de dire : « Garde-toi de la fornication ; Dieu condamnera les fornicateurs et les adultères » (car, étant dominé par les incitations plus fortes de la catin, il ne prêtera pas l'oreille et ne prendra pas conscience d’admonitions aussi pieuses, et quand il se retrouvera seul avec la prostituée, il n'en ressortira rien que de la méchanceté) ; et même, si on tolère que des images soient visibles dans les églises et les temples, vous le prierez en vain de se « garder des images » (comme le dit St Jean) et de « fuir l'idolâtrie » (comme toutes les Écritures nous en avertissent) ; vous prêcherez et enseignerez contre l'idolâtrie en vain. Car un nombre conséquent tombera quand même tête baissée dans l'idolâtrie, du fait de la nature des images et de l'inclination de leur propre nature corrompue. C'est pourquoi, comme pour un homme adonné au lucre s'asseoir à côté d'une catin c'est tenter Dieu, de même ériger une idole face à la tendance naturelle de l'homme à l'idolâtrie, ce n'est que de la provocation. Maintenant, si on dit que cette similitude ne prouve rien, je vous prie, laissez la Parole de Dieu, d'où cette similitude est tirée, prouver quelque chose. La Parole de Dieu n'appelle-t-elle pas l'idolâtrie une fornication spirituelle? N'appelle-t-elle pas une idole ou une image dorée ou peinte une catin à la figure maquillée ? La provocation spirituelle méchante d'une idole n'est-elle pas comme les flatteries d'une prostituées dévergondée ? Les hommes et les femmes ne sont-ils pas portés à la fornication spirituelle, je veux dire à l'idolâtrie, tout comme à la fornication charnelle ? On ne peut nier cela, car toutes les nations de la terre qui ont été idolâtres (comme il apparaît de l'Histoire), prouvent que c'est vrai. Les Juifs, le peuple de Dieu qui fut si souvent et si gravement averti, si clairement menacé au sujet des images et de l'idolâtrie, et si sévèrement puni pour cela, sont cependant tombés dedans, et prouvent que cela est vrai ; comme il apparaît très clairement dans presque tous les livres de l'Ancien Testament, à savoir les Rois et les Chroniques et les Prophètes. À toutes les époques, les hommes de tous les temps, de toutes classes et condition, des hommes sages, instruits, des princes, des idiots, des ignorants et le commun du peuple prouvent que c'est vrai. Si vous voulez des exemples : Comme hommes sages vous avez les Égyptiens et les Indiens sophistes, les hommes les plus sages du monde ; vous avez Salomon, le plus sage de tous ; comme hommes instruits, vous avez les Grecs, à savoir les Athéniens, surpassant toutes les autres nations en superstition et en idolâtrie, ce dont St Paul les accuse dans l'histoire des Actes des Apôtres ; comme princes et gouverneurs, vous avez le même Salomon susnommé et tous les rois d'Israël et de Juda après lui, sauf David, Ézéchias et Josias, et un ou deux de plus. Tous, dis-je, et une infinité d'autres princes et gouverneurs sages et instruits étaient idolâtres, ce qui vous prouve l'inclination de l'homme à l'idolâtrie. Et je passe sous silence une infinie multitude et des millions de sots et d'ignorants, le peuple grossier qui « comme les chevaux et les mulets n'a pas d'intelligence en lui » et pour qui le danger de tomber en masse dans l'idolâtrie à cause des images est spécialement prédit par les Écritures, qui en donnent un sévère avertissement. Et de fait, comment les ignorants, les simples et les sots échapperont-ils aux filets et aux pièges des idoles et des images dans lesquels les plus sages et les plus instruits se sont empêtrés, piégés et plongés ? C'est pourquoi l'argument tient bien, que les hommes sont enclins par leur nature corrompue à la fornication spirituelle comme charnelle; ce que la sagesse de Dieu a prévu, prohibant d'une façon générale « que nul ne se fabrique une image ou similitude » en ajoutant une cause dépendant de la nature corrompue de l'homme, « afin », dit Dieu, « que tu ne sois trompé et induit en erreur, et ne les honore et ne les adore ».

Et sur ce sujet de l'inclination de l'homme à la corruption, aussi bien qu'à la fornication spirituelle comme charnelle, il s'ensuit qu'il est du devoir du magistrat pieux, qui aime sincèrement [les gens], et qui déteste la prostitution, d'ôter toutes les prostituées, spécialement des lieux notoirement soupçonnés d'abriter des vilaines rencontres, afin d'éviter la fornication charnelle ; et de même il est du devoir du même magistrat pieux, suivant l'exemple des pieux rois Ézéchias et Josias, d'éconduire toutes les prostituées spirituelles, je veux dire les idoles et les images, spécialement des lieux suspects, les églises et les temples, tant il y a danger de commettre l'idolâtrie en ces lieux, qui sont destinés à la prière et à la louange (comme le disait St Augustin), où seul le Dieu vivant, et non pas des pierres ou des bois morts, doit être adoré ; et c'est, vous dis-je, l'office des magistrats pieux d'éviter aussi que des images et des idoles se trouvent dans les églises et les temples, comme de sortir les prostituées des lieux suspects, afin d'empêcher l'idolâtrie, qui est une fornication spirituelle.

 

Et comme ceux qui font sortir les prostituées de leurs recoins secrets pour les amener sur la place publique, pour qu'elles y restent et qu'elles l'occupent avec leur sale commerce, sont les ennemis de toute honnêteté, ils sont aussi les véritables ennemis du vrai culte de Dieu ceux qui apportent des idoles et des images dans les temples et les églises, les maisons de Dieu, où elles seront ouvertement adorées, dépouillant le Dieu jaloux de Son honneur, Lui qui « ne le donnera à aucun autre, ni Sa gloire, à des images taillées », Lui qui est tant délaissé, et Son lien d'amour avec l'homme brisé par l'idolâtrie, qui est une fornication spirituelle, comme le nœud et le lien du mariage par la fornication charnelle. Que tout ceci soit un mensonge s'il n'est pas vrai que la Parole de Dieu n'y oblige pas. « Maudit soit l'homme », dit Dieu dans le Deutéronome, « qui fabrique une image taillée ou fondue et la place dans un recoin secret ; et tout le peuple dira, Amen ». Ainsi Dieu a parlé, car en ce temps-là, aucun homme n'avait ni ne louait des images ouvertement, mais seulement en cachette, et le monde entier étant le grand temple de Dieu, celui qui vole la gloire de Dieu pour la donner à un morceau de bois ou de pierre dans quelque recoin, est déclaré maudit par la Parole de Dieu. Maintenant, celui qui sort ces prostituées spirituelles de leurs cachettes dans des églises ou des temples publics, alors que la fornication spirituelle peut y être commise ouvertement avec elles et sans honte par tout homme et toute femme, nul doute que cette personne est maudite de Dieu et doublement maudite, et que tous les hommes et les femmes pieux diront « Amen », et leur Amen sera tout aussi effectif.

Oui, et de plus, la folie de tous ces hommes qui professent la religion de Christ, depuis une centaine d'années et même de notre temps, alors que la lumière de l'Évangile est si grande, perdent leur temps, dépensent et gaspillent leurs biens, réduisant à la misère leur épouse, leurs enfants et leur famille en parcourant en masse les terres et les mers au péril de leur corps et de leur vie, pour aller à St Jacques de Compostelle, à Rome, à Jérusalem et en d'autres pays lointains, pour y visiter des morceaux de bois ou de pierre muets, prouve suffisamment la propension de la nature humaine corrompue à rechercher les idoles une fois exposées, et à leur vouer un culte.

Et ainsi, aussi bien par l'origine et la nature des idoles et images en soi que par la propension et l'inclination de la nature humaine à l'idolâtrie, il est évident que ni les images, si elles sont exposées publiquement, ne peuvent être mises de côté, ni les hommes, s'ils voient des images dans les temples et les églises, ne peuvent être empêchés et préservés de l'idolâtrie.

Maintenant, alors qu'ils allèguent que si les peuples des princes, des savants et des sages du temps passé sont tombés dans l'idolâtrie à cause des images, mais que de notre temps la plupart, spécialement les savants, les sages et les autorités, ne blessent ni n'offensent personne avec des idoles et des images, ni ne courent dans des pays lointains pour les voir et les adorer, et qu'ils savent bien ce qu'est une idole ou image et comment il faut les considérer ; et qu'il s'ensuit par conséquent que les images dans les églises et dans les temples sont une chose indifférente, tant qu'on n'en abuse pas, et qu'elle peuvent donc être justement maintenues (comme il était dit par eux au début de cette partie), qu'il n'est pas illicite ni vraiment méchant d'avoir des images dans les églises et les temples, bien que cela puisse, à cause du danger pour les simples, ne pas être opportun ; on peut bien leur répondre que Salomon aussi, le plus sage de tous les hommes, savait très bien ce qu'était une idole ou image, et ne s'en formalisait guère lui-même, et il a aussi averti contre leur dangerosité avec ses pieux écrits ; mais plus tard, le même Salomon, tolérant que ses amours dévergondées apportent leurs idoles dans sa Cour et son palais, fut convaincu par des prostituées charnelles de forniquer spirituellement avec des idoles et le plus sage et le plus pieux des princes devint le plus sot et le plus méchant aussi. C'est pourquoi il est meilleur, même pour les plus sages, de tenir compte de cet avertissement : « Celui qui aime le danger périra par le danger » et « que celui qui est debout prenne garde de ne pas tomber », plutôt que de poser sciemment et volontairement une telle pierre d'achoppement à ses propres pieds et aux pieds des autres, laquelle pourrait peut-être l’amener à se rompre le cou, à la fin.

Le bon roi Ézéchias savait très bien que le serpent d'airain n'était qu'une image morte, et il ne s'est pas donné le mal de l'idolâtrer. Est-ce qu'il l'a laissée en place pour autant ? Non, pas du tout, car étant un bon roi, et se souciant dès lors de la santé de ses sujets stupides, trompés par cette image et commettant l'idolâtrie à son égard, il l'a non seulement abattue, mais il l'a aussi mise en pièces. Et il a fait cela à une image établie par un ordre de Dieu, en présence de laquelle de grands miracles ont été accomplis, car elle était une figure de Christ notre Sauveur qui devait venir nous délivrer de la piqûre mortelle de l'ancien serpent : Satan. Il ne l'a pas non plus épargnée en raison de son ancienneté ou de son antiquité, car elle datait d'environ 700 ans, ni parce qu'elle avait été tolérée et préservée par tant de pieux rois auparavant. Comment pensez-vous que ce prince pieux, s'il vivait maintenant, traiterait nos idoles, établies directement à l'encontre du Commandement de Dieu, et qui ne représentent rien sinon la folie, qui sont admirées des sots jusqu'à ce qu'ils deviennent aussi sages que les blocs qu'ils regardent et tombent ainsi à cette vue comme des alouettes imprudentes, et étant eux-mêmes vivants, ils adorent un bois mort ou une pierre, de l'or ou de l'argent, et deviennent ainsi idolâtres, abominables et maudits du Dieu vivant, car ils auront donné l'honneur qui est dû à Celui qui les a créés alors qu'ils n'étaient rien encore, et à Christ notre Sauveur, qui les a rachetés alors qu'ils étaient perdus, à une idole morte et muette, « l'œuvre des mains d'un homme » qui n'a jamais rien fait ni ne peut rien faire pour eux, qui est incapable de bouger, ni de se mouvoir, et donc pire qu'un méchant ver qui peut se déplacer en rampant ? L'excellent roi Josias non plus ne s'embarrassait pas des images et idoles, car il savait très bien ce qu'elles étaient. Sachant cela, les a-t-il laissées en place ? Il en a encore moins installées. Ou plutôt n'a-t-il pas, avec son savoir et son autorité aussi, secouru l'ignorance de ceux qui ne savaient pas ce qu'elles étaient en édictant l'enlèvement de toutes ces pierres d'achoppement, qui pouvaient causer la ruine de son peuple et de ses sujets ?

Et parce que quelques-uns ne se souciaient pas des images ou des idoles, ces rois auraient-ils enfreint la Loi générale de Dieu : « Tu ne te feras aucune similitude, etc. » ? Ils l’auraient tout aussi bien pu, mais que Moïse ait été séduit par la fille de Jethro, et Boaz par Ruth, étant étrangers, ce n'était pas une raison pour que tous les Juifs enfreignent la Loi générale de Dieu interdisant à leurs enfant de s'unir en mariage avec des étrangers, afin de ne pas entraîner leurs enfants à se détourner de Dieu. C'est pourquoi ceux qui raisonne ainsi : « Bien que ce ne soit pas opportun, il est cependant licite d'avoir des images publiques » et qui prouvent cette règle par [l'exemple de] quelques hommes choisis ; s'ils objectent qu'elles sont indifférentes à tous les hommes alors qu'elle ne le sont que pour quelques-uns, ils semblent prendre la multitude pour des âmes viles (comme il est dit dans Virgile) ceux dont la perte ou le salut ou la réputation ne compte pas, ceux pour qui Christ a payé aussi cher que pour les plus puissants princes ou les plus sages et les plus instruits de la terre. Et ceux qui y sont généralement indifférents, parce que très peu ne s'en formalisent pas alors que des multitudes infinies périssent par elles quand même, montrent qu'ils font peu de différence entre la multitude des Chrétiens et des bêtes brutes, dont la mise en danger est sans importance.

À côté de cela, si des évêques ou des curés, ou d'autres ayant charge d'âmes, raisonnent ainsi : « Bien que ce ne soit pas opportun, il est cependant licite d'avoir des images publiques », quelle sorte de pasteurs se montrent-ils à leur troupeau, qui leur fait confiance, ceux qui confessent que ce qui n'est pas opportun pour eux-mêmes mènent à une ruine extrême les âmes confiées à leur charge, dont ils auront à rendre un compte précis au « prince des pasteurs » au dernier jour ? Car en fait, répondre ainsi aux faibles qui sont près de tomber sur de telles pierres d'achoppement est une chose non seulement inopportune, mais illicite, oui, et très méchante aussi. C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner qu'ils appellent des choses indifférentes les images installées dans les églises et les temples, lesquelles ne sont d'aucun profit ni avantage pour qui que ce soit, mais un grand danger et péril, oui, blessant et détruisant de nombreuses âmes. Leur exposition publique n'est-elle pas plutôt un piège pour tous les hommes et une provocation pour Dieu ? J'implore ces raisonneurs de se rappeler leurs ordonnances et décret habituels par lesquels ils déterminent que les Écritures, dont Dieu a commandé qu'elles soient connues de tous les hommes, femmes et enfants, ne sont pas destinées à être lues par les simples, ni qu'elles soient traduites en langue vulgaire, car (comme ils le disent), il serait dangereux d'amener le simple peuple dans des erreurs. Et pourquoi ne veulent-ils pas interdire d'installer des images dans les églises et les temples, lesquelles ne sont pas commandées mais interdites très précisément par Dieu, mais les y laisser, oui, et les y maintenir aussi, voyant que le peuple est ainsi non seulement mis en danger mais en fait dans l'erreur la plus abominable et la plus détestable idolâtrie ? Dieu n'a-t-il pas commandé de lire Sa Parole à tous et qu'elle soit sue de tous, afin de prévenir le danger de l'hérésie (comme ils le disent) ? Et les idoles et images, nonobstant le fait qu'elles soient interdites par Dieu, et nonobstant le danger d'idolâtrie qu'elles apportent, seront-elles installées, tolérées et maintenues dans les églises et les temples ? Ô Sagesse mondaine et charnelle, inclinant toujours à maintenir les inventions et traditions des hommes pour des motifs charnels, défigurant ou annulant par là les saintes ordonnances, lois et l'honneur du Dieu éternel, qui doit être honoré et loué éternellement. Amen.

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{38} 5. Pour conclure ce traité, il reste maintenant à dénoncer aussi bien les abus des églises et temples en décorations et ornementations trop coûteuses et somptueuses, tout comme les obscènes peintures, dorures et habillement d'idoles et d'images, et à conclure ainsi tout le traité.

À l'époque de Tertullien, 160 ans après Christ, les Chrétiens n'avaient rien d'autre en fait de temples que des maisons ordinaires, où ils se rendaient le plus souvent secrètement. Et avant cela, ils étaient si loin d'avoir de beaux temples magnifiquement ornés, que des lois furent édictées au temps des empereurs Antonin Verus et Commode interdisant aux Chrétiens de demeurer dans des maisons, de venir aux bains publics ou de se montrer dans les rues ou ailleurs, et qu'une fois accusés d'être Chrétiens, on ne devait aucunement tolérer qu'ils s'échappent. Comme cela fut pratiqué au temps d'Apollonius, un noble sénateur romain qui, étant accusé d'être Chrétien par son propre esclave, ne put présenter sa défense et son apologie, ni par un écrit rédigé avec science et éloquence à lire devant le Sénat, ni par égard pour sa citoyenneté [romaine], ni en raison de la dignité de sa classe, ni par la vilenie et l'incapacité légale de son accusateur, qui était son propre esclave, poussé par une sorte de malice à inventer des mensonges contre son maître, ni pour aucune autre cause ou secours, n'a pu être délivré de la mort. De telle sorte que les Chrétiens étaient alors obligés de vivre dans des grottes et des tanières, bien loin d'avoir des temples publics ornés et meublés comme ils le sont aujourd'hui. Ceci est rappelé pour confondre ces mensonges éhontés et impudents rapportant des fables glorieuses et scintillantes au sujet des temples que St Pierre, Lin, Clet et des 30 évêques qui leur ont succédé à Rome jusqu'à l'époque de l'empereur Constantin, et que St Polycarpe aurait eus en Asie, ou Irénée en France ; par de tels mensonges, contraires à toute vérité historique, ils dévient la totalité et la pointe de notre religion, en vue de maintenir l'ornementation et la dorure superflues des temples actuels. Mais en ce temps là, le monde fut gagné à la Chrétienté non par des temples chrétiens magnifiques, ornés de peintures et de dorures, alors qu'ils n'avaient même pas des maisons où demeurer, mais par l’esprit pieux et la foi ferme de ceux qui professaient la vérité de notre religion au milieu de l'adversité et de la persécution.

Et d’après la proclamation des empereurs Maximien et Constant, les lieux où les Chrétiens se réunissaient pour les prières publiques étaient appelés des « conventicules ». Et dans la lettre de l'empereur Galère Maximin, on appelait « oratoires » et « dominica » les lieux dédiés au service du Seigneur. (Et ici, à propos, il faut remarquer qu'en ce temps là il n'y avait pas d'églises ni de temples dédiés à un saint, mais à Dieu seulement, comme St Augustin le note aussi, disant : « Nous n'édifions aucun temple à nos martyrs ») Et Eusèbe lui-même appelait les églises des « maisons de prière », montrant qu'à l'époque de l'empereur Constantin tous les hommes se réjouissaient, voyant « au lieu des petits conventicules » que les tyrans avaient détruits, « de grands temples à construire ». Donc, jusqu'à l'époque de Constantin, plus de 300 ans après Christ notre Sauveur, quand la religion chrétienne était très pure et 'en or', les Chrétiens n'avaient que de petits conventicules et de simples oratoire, oui, des grottes en sous-sol appelés des « cryptes » où ils se réunissaient secrètement par peur de la persécution ; une figure de cela reste dans les cryptes qui sont construites sous de grandes églises, pour nous remémorer l'ancien état de l'Église primitive avant Constantin, tandis que de son temps et après, on a construit de beaux et grands temples pour les Chrétiens, appelés « basiliques », soit parce que les Grecs appelaient basiliques tous les lieux grands et beaux, soit parce que le grand roi éternel, Dieu et Christ notre Sauveur, y était adoré. Mais bien que Constantin et d'autres princes zélés pour notre religion aient somptueusement meublé et orné les temples des Chrétiens, ils ont cependant, à cette époque, dédié tous les temples ou églises à Dieu ou à Christ notre Sauveur mais à aucun saint, car cet abus a commencé longtemps après, à l'époque de Justinien.

Et la magnificence qui fut alors en usage, née d'un bon zèle, était critiquée par les pieux savants, même à cette époque, disant qu'une telle dépense aurait été mieux employée autrement. Laissons St Jérôme, bien qu'il fût par ailleurs un grand amateur autorisant les choses extérieures et visibles, nous le prouver, par ses paroles dans sa lettre à Démétriade : « Laissez les autres », dit St Jérôme, « construire des églises, en couvrir les murs avec des plaques de marbre, assembler d'énormes piliers et dorer leurs chapiteaux, eux qui ne comprennent ni ne ressentent leur ornementation et ameublement précieux ; laissez-les plaquer les portes avec de l'ivoire et de l'argent et les autels avec des pierres précieuses. Je ne le blâme pas. Laissez chaque homme abonder dans son propre sens ; car il vaut mieux faire cela que de garder soigneusement leurs richesses emmagasinées en réserve. Mais il y a une autre voie pour toi, qui est d'habiller Christ dans les pauvres, de Le visiter dans les malades, de Le nourrir dans les affamés, de Le loger dans ceux qui manquent d'un abri, et spécialement ceux qui sont de la maisonnée de la foi ». Et le même St Jérôme visait le même sujet, quelque peu plus librement dans son traité sur la vie des commis de Népotien, en disant : « Nombreux sont ceux qui construisent les murs et érigent les colonnes des églises ; les marbres polis reluisent, le toit brille d'or, l'autel est garni de pierres précieuses ; mais [pour] être serviteurs de Christ il n'y a ni élection ni choix. Ne laisse aucun homme m'objecter en alléguant que le temple des Juifs était riche avec sa table, son chandelier, son autel des parfums, ses plats, ses coupes, ses mortiers, et ses autres ustensiles, tous en or. C'étaient alors des choses permises par le Seigneur, quand les prêtres offraient des sacrifices et que le sang des bêtes était compté comme rachetant les péchés. Mais toutes ces choses étaient une image, et elles sont écrites pour nous, de la fin des temps qui est venue. Et maintenant, alors que notre Seigneur, qui était pauvre, avait consacré la pauvreté de Sa maison, souvenons-nous de Sa croix et nous estimerons les richesses comme du fumier et de la boue. Pourquoi s'étonner que Christ les ait appelées Mammon et méchantes ? Pourquoi tant estimer et aimer ce dont St Pierre, pour sa gloire, attestait qu'il n'avait pas ? » Jusqu'ici St Jérôme. Vous voyez ainsi comment St Jérôme enseignait que la somptuosité du Temple des Juifs était une figure signifiante et non un exemple à suivre, et que ces choses extérieures étaient tolérées pour un temps jusqu'à la venue de Christ notre Seigneur, Lui qui a remplacé toutes ces choses extérieures par l'esprit, la foi et la vérité. Et le même St Jérôme dit, à propos du chapitre 7 de Jérémie : « Dieu a ordonné aux Juifs de ce temps-là, et à nous maintenant qui sommes dans l'Église, de ne placer aucune confiance dans les beaux bâtiments aux toits d'or, ni dans des murs couvert de plaques de marbre, en disant 'Le temple du Seigneur, le temple du Seigneur, le temple du Seigneur!' Car le temple du Seigneur est là où demeure la vraie foi, la conversation pieuse, et toutes les vertus ». Et sur le prophète Aggée, il décrit la véritable ornementation et le juste aménagement du temple de cette manière : « Je pense », dit St Jérôme, « que l'argent [métal] avec lequel la maison de Dieu est ornée est la doctrine des Écritures, dont il est dit 'La doctrine du Seigneur est une doctrine pure, de l'argent éprouvé au feu, purgé des scories, purifié sept fois.' Et je tiens l'or pour ce qui reste le sens caché aux saints et le secret du cœur, qui brille avec la vraie lumière de Dieu. Il est évident que l'Apôtre a aussi voulu dire des saints qui édifiaient sur la fondation de Christ, que l'argent, l'or et les pierres précieuses, signifiaient pour l'or le sens caché, pour l'argent les paroles pieuses, pour les pierres précieuses les œuvres qui plaisent à Dieu Avec ces métaux l'église de notre Sauveur est plus belle et plus magnifique que la synagogue de l'ancien temps ; l'église et maison de Christ est construite avec ces pierres vivantes et la paix lui est donnée, pour toujours ». Toutes ces paroles sont de St Jérôme.

Les anciens et pieux docteurs et évêques de l'Église n'ont pas plus permis l'ameublement des temples et des églises avec des plats et de la vaisselle d'or, d'argent et des vêtements précieux. St Chrysostome disait que pour administrer les sacrements, on n'a pas besoin de vaisselle d'or, mais de cœurs d'or. Et St Ambroise a dit : « Christ a envoyé Ses Apôtres sans or, et Il a rassemblé Son Église sans or. Si l'Église a de l'or, ce n'est pas pour le garder, mais pour le consacrer aux besoins des pauvres. Les sacrements ne requièrent pas d'or ; ni ne plaisent à Dieu s'il y a de l'or, car ils ne peuvent s'acheter avec de l'or. La décoration et l'ornementation des sacrements est une rédemption de captifs ». Ainsi parlait St Ambroise. St Jérôme commanda à Exupère, évêque de Toulouse, de transporter le sacrement du corps du Seigneur dans un panier d'osier et le sacrement de Son sang dans un verre, et de rejeter ainsi la convoitise hors de l'église. Et Boniface, évêque et martyr, ainsi qu'il est noté dans le Decretum, atteste que dans l'ancien temps les pasteurs se servaient de vaisselle de bois et non d'or. Et Zéphyrin, 16ème évêque de Rome, a pris un décret édictant qu'ils devaient se servir de vaisselle de verre. De même, les vêtements portés dans l'église ancienne étaient unis, sans rien de coûteux. Et Raban déclarait généralement que ces meubles et vêtements coûteux et nombreux récemment utilisés dans l'église étaient repris de la mode Juive et s'inspiraient presque tous de l'accoutrement d'Aaron. Car pour les maintenir, le pape Innocent III a déclaré péremptoirement que les coutumes de l'ancienne Loi ne devaient pas être abolies, afin que nous paraissions, ainsi équipés, des Juifs devenus Chrétiens.

Cette remarque ne vaut pas contre les églises et les temples qui sont très nécessaires et devraient avoir l'honneur et l'usage qui leur sont dus (comme il est dit dans une autre homélie sur ce sujet) ni contre leur propreté et ornementation convenables, mais contre la somptuosité et les abus dans les temples et les églises. Car une église ou un temple qui ne scintille pas de marbre, qui ne brille pas avec de l'or et de l'argent, mais simple et frugale, ne manifestant ni une doctrine fière ni des personnes orgueilleuses, mais humble, frugale et avec rien de mondain ni de clinquant, et glorieusement ornée avec des ornements intérieurs comme le prophète l'a déclaré disant : « La fille du roi est tout aussi glorieuse, intérieurement ».

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Maintenant, au sujet de l'ornementation des images et idoles avec de la peinture, de la dorure, de leurs vêtements précieux, des perles et des pierreries, qu'est-ce d'autre qu'une provocation de plus et une incitation à la fornication spirituelle que d'équiper des prostituées spirituelles avec un coûteux dévergondage ? L'église idolâtre comprend cela très bien. Car, n'étant pas seulement une prostituée (ainsi que les Écritures l'appellent) mais aussi une sotte, sale, vieille prostituée fanée (car elle remonte en effet à un âge ancien), qui, comprenant son manque de beauté naturelle et vraie, et la grande répugnance qu'elle inspire, se maquille et se couvre d'or, de perles, de pierreries et de toutes sortes de joyaux précieux, afin que, scintillante de leur beauté et gloire extérieures, elle plaise à la sotte imagination des amateurs et les incite donc à la fornication spirituelle avec elle ; et s'ils la voyaient, je ne dis pas nue mais dans son simple appareil, ils la détesteraient comme la prostituée la plus sotte et la plus sale qu'on puisse voir ; comme il apparaît de la description de la décoration de la grande prostituée des prostituées, la mère de la prostitution, révélée par St Jean dans son Apocalypse, qui par sa gloire provoquait les princes de la terre à se prostituer avec elle. Tandis qu'en revanche, la véritable Église de Dieu, telle une chaste matrone, épouse (comme l'Écriture l'enseigne) d'un seul mari, notre Sauveur Jésus-Christ, qu'elle seule se contente de servir et de plaire, sans rechercher les délices des yeux ou les fantaisies de quelque autre amant ou prétendant, se satisfait de ses ornements naturels, ne doutant pas de mieux Lui plaire avec une telle simplicité sincère, qui révèle bien la différence entre un visage maquillé et une vraie beauté naturelle.

Et au sujet de si glorieuses ornementation des images, la Parole de Dieu écrite que chapitre 10 du prophète Jérémie et les commentaires de St Jérôme sur le même passage méritent d'être notés. D'abord, les mots de l'Écriture sont les suivants : « L'ouvrier taille des morceaux dans le bois avec sa hache par le travail de ses mains ; il les couvre d'or et d'argent ; il les assemble avec des clous et des pointes à coups de marteau, afin qu'ils tiennent ensemble. Ils peuvent être doux comme la paume mais ne peuvent pas parler ; s'ils sont déplacés, on les emporte, car ils ne peuvent pas marcher. Ne les craignez pas, car ils ne peuvent faire ni bien ni mal ». Ainsi parlait le prophète. Et sur ce texte, St Jérôme a ces mots : « Ceci est la description des idoles que les païens adorent. Leur matière est vile et corruptible. Et parce que l'artisan est mortel, les objets qu'il fabrique sont forcément corruptibles. Il les décore avec de l'argent et de l'or, afin que le scintillement et le brillant des deux métaux trompent les simples. Cette erreur a été transmise par les païens, afin que nous pensions que la religion se tient dans les richesses ». Et il dit plus loin : « Elles ont la beauté des métaux et sont embellies par l'art de la peinture, mais elles ne sont d'aucun profit ». Et un peu plus loin : « Ils font de grandes promesses et conçoivent une image pour un culte vain de leur propre imagination ; font tous leurs efforts pour tromper les simples ; ils éblouissent et étonnent l'intelligence des ignorants, comme si l'or avait des sens et que l'éloquence brillait de l'éclat de l'argent. Et ces images sont promues et magnifiées par leurs propres concepteurs et fabricants, dans lesquelles il n'y a aucune utilité ni profit, et dont le culte appartient proprement aux païens et aux Gentils qui ne connaissent pas Dieu ». Jusque là les paroles de St Jérôme. Ici vous pouvez remarquer aussi bien son jugement sur les images en tant que telles, que c'est une erreur venue des païens, qu'elles persuadent les gens que la religion réside dans les richesses, qu'elles étonnent et trompent les simples et les ignorants avec l'éloquence due à l'éclat de l'or et de l'argent, et qu'elles appartiennent proprement aux païens et aux Gentils qui ne connaissent pas Dieu. C'est pourquoi la possession, la mise en couleur, la dorure et l'habillement des images, selon le jugement de St Jérôme, est une erreur, laquelle séduit et induit en erreur (spécialement les simples et les ignorants), paganisant et évacuant la connaissance de Dieu. Le prophète Daniel, au chapitre 11, déclare sûrement que l'ornementation somptueuse des images avec de l'or, de l'argent et des pierres précieuses est un gage du royaume de l'Antéchrist, qui, comme le prophète l'a prédit, prétendra rendre un culte à Dieu avec des choses magnifiques.

Maintenant, cette ornementation outrageuse des images a été augmentée et maintenue soit par des offrandes provoquées par la superstition et l'idolâtrie, soit par les dépouilles, les vols, l'usure ou des bien mal acquis d'une manière quelconque, dont les hommes méchants ont donné une part aux images des saints (comme il les appellent), afin de se faire pardonner du tout, comme il apparaît de divers écrits et sur des monuments anciens concernant les tenants et les aboutissants de certains dons importants. Et en effet, une telle richesse, si méchamment obtenue, est très appropriée à un si méchant usage. Et ce qu'ils prennent pour des amendes honorables pour le tout devant Dieu est plus abominable à Ses yeux que leur obtention méchante et la façon de dépenser le reste, encore plus méchante. Car comment le Seigneur permettrait-il de tels cadeaux dont il déclare dans le prophète Ésaïe : « J'aime le jugement », dit le Seigneur, « et Je déteste les dépouilles et les voracités offertes en sacrifice ». Ce que même les païens comprenaient, car Platon a montré que de tels hommes qui supposent que Dieu pardonne aux hommes méchants s'ils Lui donnent une part de leurs dépouilles et de leurs rapines, Le traitent comme un chien de berger qui se laisserait supplier et entraîner avec une part des proies pour tolérer que les loups dévorent les moutons.

Et dans le cas où les biens ornant les images sont obtenus droitement, c'est cependant une folie extrême de donner si sottement et si méchamment des biens acquis avec transparence et sa-gesse. Lactance écrit de la sorte au sujet de telles iniquités : « C'est en vain que les hommes ornent les images des dieux avec de l'or, de l'ivoire et des pierres précieuses, comme si elles pouvaient y prendre plaisir. Car quel usage ont-elles de dons précieux, elles qui ne comprennent ni ne ressentent rien ? Elles sont comme des hommes morts. Car pour la même raison qu’ils enterrent les cadavres farcis d'épices et de parfums, et habillés de vêtements précieux, ils ornent les images qui ne ressentent rien ni ne savent quand elles ont été fabriquées, ni ne comprennent qu'elles sont honorées, car elles n'ont obtenu ni sens ni intelligence du fait de leur consécration ». Jusqu'ici, les paroles de Lactance, et plus encore qu'il serait trop long de citer ici, déclarant que comme les petites filles jouent avec des petites marionnettes, ces grandes images sont des grandes marionnettes avec lesquelles jouent les vieux idiots. Et afin que nous sachions ce que non seulement les hommes de notre religion mais d'autres ethnies pensent d'une telle ornementation des images mortes, il n'est pas inutile d'écouter ce que Sénèque, un sénateur romain et un philosophe instruit et sage, disait visant la sottise des hommes anciens et graves, qui de son temps ornaient des images et leur vouaient un culte : « Nous », dit Sénèque, « ne retombons pas en enfance comme on le dit ; mais la différence est que nous jouons à l'enfant étant vieux. Et dans ces jeux ils offrent à de grandes marionnettes bien parées », car il appelle ainsi les images, « des onctions, de l'encens et des parfums. Ils offrent des sacrifices à ces marionnettes qui ont une bouche mais n'ont pas l'usage de dents. Ils leur mettent des ornements et des vêtements précieux, alors qu'elles n'en ont pas l'utilité. Ils leur offrent de l'or et de l'argent, et ce sont elles qui les reçoivent », signifiant les images, « et cela leur manque aussi bien qu'à ceux qui les ont offerts ». Et Sénèque recommande fortement Dionysos, roi de Sicile, pour avoir joyeusement volé de telles marionnettes si bien parées et si richement ornées.

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Mais vous allez demander : « En quoi ce qui est écrit contre les idoles des païens concerne-t-il nos images ? » C'est certainement la même chose. Car quelle utilité ou plaisir nos images ont-elles de leur parure et de leurs ornements ? Nos images savent-elles quand elles ont été fabriquées ? Ou quand elles ont été ainsi taillées et parées ? Ces choses qui leur sont offertes ne le sont-elles pas en vain, comme à des hommes morts qui ne ressentent rien ? D'où il s'ensuit que c'est une sottise et une obscénité que de parer nos images comme de grandes marionnettes pour de vieux sots afin que, comme des enfants, ils puissent jouer au méchant jeu de l'idolâtrie devant elles, comme le faisaient les païens et les autres ethnies. Nos églises sont pleines de telles grandes marionnettes, merveilleusement parées et ornées ; leurs têtes sont couronnées et entourées de guirlandes, des perles précieuses pendent à leur cou ; leurs doigts scintillent avec des bagues serties de pierres précieuses, leurs corps morts et raides sont habillées d'ornements raidis par l'or. On croirait que les images de nos saints sont quelques princes de Perse en tenue d'apparat, et que les idoles de nos saintes sont de jolies prostituées bien parées, attirant leurs amants à la débauche ; et par cela les saints de Dieu ne sont pas honorés mais fort déshonorés, et leur piété, leur sobriété, leur chasteté, leur mépris des richesses et des vanités mondaines sont défigurés et mis en doute par une ornementation aussi monstrueuse, très différente de leur vie pieuse et sobre. Et parce que la pièce doit être jouée jusqu'à la fin, il ne leur suffit pas de parer les idoles ainsi, mais à la fin les prêtres eux-mêmes en viennent à être parés de la sorte avec de l'or et des perles, afin d'être de correspondre aux serviteurs de tels seigneurs et nobles dames et aux adorateurs de tels dieux et déesses. Et ils s'avancent d'un pas solennel devant ces marionnettes dorées, et se prosternent jusqu'à terre devant ces honorables idoles, et alors, se relevant, ils font monter de l'encens et des parfums devant elles, pour donner au peuple l'exemple d'une double idolâtrie en ce qu'ils rendent un culte non seulement à l'idole, mais aussi à l'or et aux richesses dont elle est garnie. Ce pourquoi la plupart de nos anciens martyrs ont préféré subir les morts les plus terribles et cruelles que de s'agenouiller une seule fois ou d'offrir un seul grain d'encens devant une image, ainsi que leur histoire le déclare généralement.

Et ici encore leurs citations de Grégoire Ier et de Jean Damascène selon lesquelles les images seraient les livres des laïcs et que l'image est l'écriture des idiots et des gens simples, mérite d'être considérées. Car ainsi qu'il en a été touché en divers passages auparavant, ces livres n'enseignent rien que des mensonges, comme St Paul l'écrit aux Romains, au chapitre 1er, au sujet des images de Dieu ; et quelle sorte de livres et d'écritures sont ces images peintes et dorées de saints pour le commun du peuple ? Notez-le bien, je vous prie. Car après que nos prédicateurs ont instruit et exhorté le peuple à imiter les vertus des saints, comme leur mépris de ce monde, leur pauvreté, leur sobriété, leur chasteté et autres vertus semblables que les saints avaient sans nul doute, pensez qu'aussitôt que les auditeurs se détachent du prédicateur et regardent les livres sculptés et les écritures peintes des images et idoles glorieusement dorées, toutes scintillantes et reluisantes de métal et de pierreries, et couvertes de vêtements précieux, ou voyant « un tableau peint » produisant par l'art du peintre une image dans un bel équipage de débauche et une attitude tenant plus de Vénus ou de Flore que de Marie-Madeleine, où, s'il s'agit de Marie-Madeleine, c'est plutôt quand elle faisait la prostituée que quand elle pleurait sur ses péchés ; quand, disais-je, ils se tournent du prédicateur à ces livres et maîtres d'école et ces écritures peintes, ne trouvent-ils pas que ce sont des livres mensongers, qui enseignent d'autre sortes de leçons, comme d'estimer les richesses, l'orgueil et la vanité dans la tenue, la beauté et les caprices, et parfois la prostitution ? Des leçons trop abominables pour qu'on les rappelle ici ! Sont-ce là, pensez vous, de jolis livres et écritures pour les gens simples, et spécialement pour les épouses et les jeunes filles, afin qu'elles les voient, les lisent et en retiennent de telles leçons ? Que penseront-elles du prédicateur qui leur a enseigné des leçons contraires sur les saints ? Il sera accusé de mensonge par ces docteurs sculptés, et les saints eux-mêmes avec, si elles croient ces livres sculptés et ces écritures peintes, qui font des saints régnant maintenant dans le ciel avec Dieu, à leur grand déshonneur, des maîtres d'école d'une vanité qu'ils ont absolument détestée de leur vivant. Car quelle leçon de mépris des richesses et de la vanité de ce monde ces livres couvert d'or, sertis de pierreries, habillés de soie enseignent-ils ? Quelle leçon de sobriété et de chasteté nos femmes peuvent-elles apprendre de ces écritures imagées et de leur bel accoutrement et de leur air débauché ?

Mais foin de la honte de ces manteaux colorés de l'idolâtrie, des livres et écritures en images et des images pour enseigner aux idiots, et pour rendre les Chrétiens idiots, imbéciles et bêtes ! Depuis quand les hommes, je vous prie, vont voir des livres d'images à Rome, à Santiago de Compostelle, ou à Jérusalem pour s'instruire, quand ils ont les mêmes à la maison ? Depuis quand les hommes révèrent-ils certains livres et en méprisent d'autres alors que ce sont les mêmes ? Depuis quand les hommes s'agenouillent devant leurs livres, allument des cierges à midi, brûlent de l'encens, offrent de l'or et de l'argent et d'autres dons à des livres ? Est-ce que les hommes croient aux miracles effectués par leurs livres ou font-ils [seulement] semblant d'y croire ? Je suis sûr que le Nouveau Testament de notre Sauveur Jésus-Christ, lequel contient la Parole de vie, est une illustration plus vivante, plus expressive et plus vraie que toutes les images peintes ou gravées, sculptées ou moulées du monde, et cependant aucune de ces simagrées n'est faite devant le livre ou Écriture de l'Évangile de notre Sauveur comme devant les images et les idoles, les livres et écritures des laïcs et des idiots, comme ils les appellent. Et pour cette raison, qu'ils les appellent comme ils le veulent, il est très évident de par leurs actions qu'ils ne les font devant aucun autre livre ni écriture que celles qui enseignent une très sale et très horrible idolâtrie, ainsi que ceux qui utilisent de tels livres le prouvent quotidiennement par leur pratique continuelle. Ô livres et écrits, dans lesquels le diabolique maître d'école Satan a écrit les leçons obscènes de la méchante idolâtrie pour que ses lâches disciples et écoliers les voient, les lisent et les apprennent, au très grand déshonneur de Dieu et pour leur plus horrible damnation ! N'avons-nous pas été trop liés, pensez-vous, à ceux qui auraient dû nous enseigner la vérité à partir du livre de Dieu, la Sainte Écriture, et qui nous ont fermé ce livre de l'Écriture (et aucun de nous n'a été assez audacieux pour l'ouvrir et le lire), et au lieu de cela, nous ont disséminé ces belles images et ces livres dorés et ces écritures peintes afin de nous enseigner de si belles et pieuses leçons ? N'ont-ils pas bien fait, après avoir délaissé les chaires [de nos églises], de cesser de prêcher au peuple confié à leur instruction, passant la Parole de Dieu sous silence et devenant des chiens muets (comme le prophète les appelle), pour établir à leur place, sur chaque colonne et dans chaque recoin de l'église, de tels saints docteurs aussi muets mais encore plus méchants qu'eux ? Nous n'avons pas besoin de nous plaindre du manque d'un prêtre muet, ayant tant de vicaires diaboliquement muets, je veux dire ces idoles et marionnettes peintes, pour enseigner à leur place.

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Maintenant, et entre-temps, pendant que les idoles muettes et mortes sont présentes, ainsi parées et habillées, en opposition à la Loi et au Commandement de Dieu, le pauvre peuple des Chrétiens, vivantes images de Dieu, qui nous est confié si tendrement par Christ notre Sauveur comme très cher pour Lui, se tient là nu, frissonnant de froid, et claquant des dents, n’ayant personne pour les couvrir ; ils sont tenaillés par la faim et la soif, et personne ne leur donne un sou pour qu'ils se restaurent, tandis que des fortunes sont déversées en tout temps, en opposition à la Parole et à la volonté de Dieu, pour tailler et parer des pierres et des bois morts qui ne ressentent ni le froid, ni la faim, ni la soif. Clément avait une phrase remarquable à ce sujet, disant : « Le diable, ce serpent, prononce ces mots par la bouche de certains hommes : 'Nous rendons un culte aux images visibles pour honorer le Dieu invisible', ce qui est sans aucun doute totalement faux. Car si on veut vraiment honorer l'image de Dieu, on doit faire du bien aux hommes, en honorant la vraie image de Dieu qui est en eux. Car l'image de Dieu est en chaque homme, mais la ressemblance de Dieu n'est pas chez tous, mais seulement en ceux qui ont un cœur pieux et un esprit pur. Si donc vous voulez véritablement honorer l'image de Dieu, nous vous engageons en vérité à faire du bien aux hommes, qui sont créés à l'image de Dieu, afin de L'honorer et de Le révérer en restaurant les affamés avec de la viande, les assoiffés avec de la boisson, les nus avec des vêtements, les malades avec de la présence, les étrangers sans abri avec des logements, les prisonniers avec le nécessaire, et cela sera compté comme octroyé à Dieu. Et ces choses sont si directement liées à l'honneur de Dieu que quiconque ne les fait pas semblera avoir fait des reproches à Dieu et avili Son image. Car quel honneur de Dieu y a-t-il à courir à des images de bois et de pierre pour honorer en vain comme Dieu des silhouettes mortes, et pour mépriser l'homme, en qui réside la vraie image de Dieu ? » Et plus loin, il dit : « Comprenez donc que c'est une suggestion du serpent Satan caché en vous, qui vous persuade que vous êtes pieux quand vous honorez des images mortes et insensibles, et que vous n'êtes pas impie quand vous blessez ou laissez sans secours des créatures vivantes et douées de raison ». Jusqu'ici les paroles de Clément. Remarquez, je vous prie, comment ce très savant docteur ancien, moins d'un siècle après l'époque de Christ notre Sauveur, enseigne très clairement qu'aucun service de Dieu ou de religion ne peut Lui être acceptable, sinon en secourant les pauvres, vivantes images de Dieu, selon St Jacques qui a dit : « Voici la pure et vraie religion devant Dieu le Père, secourir les orphelins de père et de mère et les veuves dans leur affliction, et se garder sans tache [venant] de ce monde ».

La vraie religion qui plaît à Dieu n'est pas de fabriquer, d'installer de peindre, de dorer, d'habiller et de parer des images muettes et mortes qui ne sont que de grandes marionnettes et des jouets pour que les vieux sots en mal de méchante idolâtrie fassent la fête et jouent avec, ni de les embrasser, de les saluer, de s'agenouiller devant, de leur présenter des offrandes, de les encenser, de les éclairer avec des cierges, de suspendre des jambes, des bras ou des corps entiers de cire devant elles, ni de les prier et de leur demander, ou à des saints, des choses qui sont de Dieu et qu'on ne peut donner qu'à Dieu ; mais toutes ces choses sont vaines, abominables et fort damnables pour Dieu. C'est pourquoi non seulement ils donnent tous de leur argent et de leur travail en vain, mais avec leurs efforts et leur dépense, ils s'achètent la colère de Dieu et Son extrême indignation, et une damnation éternelle à la fois pour leur corps et pour leur âme. Car vous avez entendu, et il vous a été prouvé à l'évidence par ces homélies contre l'idolâtrie, à partir de la Parole de Dieu, des docteurs de l'église, de l'histoire ecclésiastique, par la raison et par l'expérience, que les images ont été et sont adorées et idolâtrées par d'infinies multitudes, ce qui est une grave offense à la majesté de Dieu et un danger pour une infinité d'âmes, et que l'idolâtrie ne peut pas être séparée des images établies dans les églises et les temples, merveilleusement dorées et parées, et que nos images sont donc de vraies idoles en effet, et que toutes les interdictions, lois, malédictions, menaces d'horribles plaies aussi bien temporelles qu'éternelles, contenues dans la Sainte Écriture, visant les idoles et ceux qui les fabriquent, les maintiennent et leur rendent un culte, visent aussi nos images installées dans les églises et les temples, et ceux qui les fabriquent, les y maintiennent et les adorent. Et la Parole de Dieu donne aux idoles, dans l'Écriture sainte, toutes ces appellations d'abomination : « vanités, mensonges, tromperies, impuretés » saletés, crottin, sottises, et « abomination devant le Seigneur ». C'est pourquoi ni la terrible colère de Dieu ni un très grand danger pour nous ne peuvent être évités sans détruire et abolir totalement toutes ces images et idoles de l'église et du temple de Dieu, ce que Dieu a mis dans la tête de faire à tous les princes Chrétiens !

Et entre-temps, prenons garde et soyons sages, ô vous les bien-aimés du Seigneur, et n'ayons aucun dieu étranger, mais uniquement un seul Dieu qui nous a créés alors que nous n'étions rien, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a rachetés alors que nous étions perdus, et qui nous sanctifie avec Son Saint-Esprit. Car « la vie éternelle, c'est de Le connaître comme le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ qu'Il a envoyé ». Pour l'amour de la religion, n'honorons et ne rendons un culte à nul autre que Lui, et qu'Il nous permette de Lui rendre un culte et de L'honorer comme Il le veut Lui-même, de la façon qu'Il a déclarée dans Sa Parole, ni par des images ou idoles, ce qu'il a très strictement interdit, ni par des génuflexions, des cierges, de l'encens des offrandes devant des images et idoles, pensant que nous Lui plairions, car toutes ces choses sont des abominations pour Dieu ; mais honorons et adorons Dieu en esprit et en vérité, Le craignant et L'aimant par-dessus toutes choses, ne faisant confiance qu'à Lui, n'en appelant qu'à Lui et ne priant que Lui, ne louant que Lui, et tout cela par Lui et en Lui. Car ce sont de tels adorateurs que Dieu aime, Lui qui est le plus pur esprit et qui veut donc être adoré en esprit et en vérité. Et Abraham, Moïse, David, Élie, Pierre, Paul, Jean et tous les autres saints patriarches, prophètes, Apôtres, martyrs et tous les vrais saints de Dieu étaient de tels adorateurs, qui tous, comme de vrais amis de Dieu, étaient des ennemis et des destructeurs d'images et d'idoles, lesquelles sont les ennemies de Dieu et de Sa vraie religion.

Pour toutes ces raison, prenez garde et soyez sages, ô vous les bien-aimés du Seigneur, à ce que d'autres, en opposition à la parole de Dieu, ne fassent de méchantes offrandes, pour leur damnation, à des pierres et des bois morts (qui ne sont pas des images, mais des ennemis de Dieu et de Ses saints), mais donnez comme de fidèles serviteurs de Dieu, selon la Parole de Dieu, à des hommes pauvres, des femmes pauvres, des orphelins, des veuves, des malades, des étrangers, des prisonniers et à tous ceux qui sont dans le besoin, afin que vous puissiez entendre, au grand jour du Seigneur, Christ notre Sauveur [dire] : « Venez, vous les bénis, dans le royaume de mon Père préparé pour vous avant le commencement du monde. Car J'avais faim et vous M'avez donné à manger, J'avais soif et vous M'avez donné à boire, J'étais nu et vous M'avez habillé, sans abri et vous M'avez logé, en prison et vous M'avez visité, malade et vous m'avez consolé. Car tout ce que vous avez fait en Mon Nom et pour l'amour de Moi pour les pauvres et les nécessiteux, vous l'avez fait pour Moi ». À qui Dieu, le Père des miséricordes, soit le royaume céleste et qu’Il nous y conduise pour l'amour de Jésus-Christ, notre seul Sauveur, Médiateur et Avocat, et à qui, avec le seul Saint-Esprit immortel, Dieu invisible et très glorieux, soient tout honneur, gloire et action de grâce, éternellement. Amen.

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