top of page

SERMON pour le 1er dimanche du Carême

 

2 Corinthiens 6/1-10 ; Matthieu 4/1-11

 

LES ÉPREUVES - Tentation de Jésus au désert

 

 

Un proverbe le dit : "Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort". Les épreuves que nous subissons nous rendent plus forts ; elles fortifient notre foi. Mais parfois, notre foi vacille : nous doutons un moment, c'est naturel, mais certains renoncent à la foi et au Salut. On dit alors qu'ils abandonnent la foi de l'Église, mais en réalité, ils n'avaient pas la vraie foi, celle qui sauve et permet de surmonter les épreuves. Ils croient croire, ou croient qu'ils croient, mais en réalité, leur foi est superficielle et ne tient pas dans la durée : elle s'estompe et disparaît peu à peu avec le temps, ou brutalement sous l'effet d'un choc émotionnel. Il n'y a pas à le leur reprocher. Le Seigneur est souverain en matière de foi, et Il sait à qui Il fait grâce et miséricorde.

 

La foi chrétienne peut être imitée un certain temps, mais pas éternellement. Viennent les épreuves que Dieu permet, et les tentations que les démons nous envoient en espérant nous faire renoncer au Salut, à Dieu notre Père, à Son Fils (il se déclare "Fils de l'Homme") et à Son Esprit-Saint, qui demeurent en nous si nous avons la vraie foi.

 

Une des tentations les plus courantes est fondée sur les bonnes œuvres : Le diable nous dit que nous n'en faisons jamais assez, et que nos efforts sont vains car nous sommes pécheurs, indignes du Paradis. Adam et Ève ont en effet été chassés du jardin d'Éden à la suite d'une seule désobéissance à Dieu, et nous Lui avons tous désobéi, au moins une fois. La vérité, c'est que nous sommes incapables d'obéir à Dieu. Nous sommes incapables d'obéir à qui que ce soit, sauf au diable. Citez-moi le nom d'une seule personne qui aurait toujours respecté le Code de la Route, sans jamais être distraite, sans jamais faire d'excès de vitesse, ni avoir mordu sur une ligne blanche ? Votre silence me confirme dans cette analyse.

 

La vie chrétienne n'est pas une autoroute menant au Ciel, débarrassée des traversées de villes et villages, des carrefours dangereux, des passages à niveaux et autres obstacles. C'est un chemin étroit et caillouteux, dans lequel nous marchons. Et si Christ nous a gagné le Salut par Son sacrifice à la croix, nous ne sommes pas entièrement quittes vis-à-vis de Lui. Il nous a laissé un testament, le Nouveau Testament contenant l'Évangile de la grâce faite aux élus de Dieu. Deux exemples : Marie a-t-elle demandé à être la mère de Jésus ? C'est plutôt Dieu qui l'a choisie et lui a envoyé son Ange annonciateur. Paul a-t-il décidé d'inviter Christ à venir habiter dans son cœur ? C'est plutôt Christ qui l'a jeté à bas de son cheval et l'a converti de force.

 

Dans ces deux exemples, une Parole de Dieu est adressée aux hommes : À Marie, Gabriel exprime un message venant du Père (Luc 1/30-32) : « Et l'Ange lui dit : Marie, ne crains point ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu concevras en ton ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom JÉSUS. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Souverain, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ». Et à Paul, une Parole est adressée par le ministère d'Ananias (Actes 9/3-6,17) : « Ananias donc s'en alla, et entra dans la maison ; et lui imposant les mains, il lui dit : Saul mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu dans le chemin par où tu venais, m'a envoyé, afin que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli du Saint-Esprit ».

 

Même Christ - retiré 40 jours au désert après son baptême dans le Jourdain - ne repousse pas Satan au moyen d'arguments intellectuels ni de Sa force humaine. Il repousse Satan, le Menteur, en lui opposant la Vérité, c'est-à-dire en citant systématiquement la Parole de Dieu. Il faut d'abord remarquer que notre Seigneur venait de jeûner quarante jours et quarante nuits - on ne l'imagine pas fêter le Ramadan en faisant bombance chaque nuit. Ses forces humaines sont donc réduites à presque rien. Il a faim, Il n'a plus la force d'argumenter avec le diable, et Il rassemble ce qu'il Lui reste de forces humaines pour répondre à Satan, en se contentant de citer la Bible (v.4) : « Mais [Jésus] répondit, et dit : Il est écrit : L'homme ne vivra point de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » ; (v.7) :  « Jésus lui dit : Il est aussi écrit : tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu » ; et (v. 10-11) : « Mais Jésus lui dit : va Satan : car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. Alors le diable le laissa, et voilà, les Anges s'approchèrent, et le servirent ». Jésus n'a aucun mal à se remémorer la Bible, car Il est la Parole de Dieu faite chair. Il est aussi « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14/6). Par conséquent, la Bible est également « le Chemin, la Vérité et la Vie » pour nous qui croyons.

 

Et c'est grâce à cette Parole de Dieu que Christ non seulement repousse Satan, mais s'immunise contre les attaques de l'ennemi de toute l'humanité (Jean 14/30b) : « … le Prince de ce monde vient ; mais il n'a aucun empire sur moi ». Autrement dit, si nous sommes remplis de la connaissance de la Bible, non seulement nous savons comment repousser Satan, mais encore nous sommes immunisés contre ses attaques et ses mensonges. Il suffit pour cela de nous nourrir de la Parole de Dieu - le Pain de Dieu descendu du Ciel (Jean 6/32-33,38a) : « Mais Jésus leur dit : En vérité, en vérité je vous dis : Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel ; car le pain de Dieu c'est celui qui est descendu du ciel, et qui donne la vie au monde… Car je suis descendu du ciel… ».

 

Lisons un ou plusieurs passages de la Bible, chaque jour que Dieu fait. Le Livre de la Prière Commune comporte à cet effet une table de lectures bibliques pour chaque jour de l'année, qui correspondent aux temps de l'année liturgique. Sachez en profiter, comme moi-même je le fais, chaque matin en me levant, et chaque soir en me couchant. Cette nourriture spirituelle entretient la vie de l'Esprit en nous. Elle est aussi indispensable que la nourriture du corps ou le carburant dans une voiture thermique, ou même les accus d'une voiture électrique. Sans eux, on ne va pas loin.

 

Passons maintenant à l'aspect pratique. Nul homme n'a été aussi durement tenté que Job. Il a d'abord perdu tous ses enfants et tous ses biens (Job 1/20-21) : « Alors Job se leva, et déchira son manteau, et rasa sa tête, et se jetant par terre, se prosterna, et dit : Je suis sorti nu du ventre de ma mère, et nu je retournerai là. L'Eternel l'avait donné, l'Eternel l'a ôté : le nom de l'Eternel soit béni ! ». Puis Satan lui a ôté la santé (Job 2/7-8) : « Ainsi Satan sortit de devant l'Eternel, et frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante de son pied jusqu'au sommet de la tête. Et Job prit un tesson pour s'en gratter ; et était assis sur les cendres ». Mais Job refuse de parler de Dieu en mal, contrairement à sa femme et à ses amis, comme le font aujourd'hui tous ceux qui voient en Dieu l'auteur de la méchanceté des hommes, et rendent les Chrétiens les seuls responsables de la violence et des guerres. C'est provoquer Dieu injustement et le mettre en colère (Job 42/7) : « Or après que l'Eternel eut dit ces paroles à Job, il dit à Eliphas le Témanite : Ma fureur est embrasée contre toi, et contre tes deux compagnons ; parce que vous n'avez pas parlé droitement de moi comme Job mon serviteur ». En revanche, Job fait la part des choses, et reconnaît que Dieu est Bon et l'unique source de tout bien, en refusant de Lui attribuer le mal qui se fait sous le soleil (Job 1/22) : « En tout cela Job ne pécha point, et il n'attribua rien à Dieu d'indigne de lui ».

 

En 2 Corinthiens 6, Paul se fait l'imitateur de Job : Il fait la liste de tous les malheurs et des contretemps qui lui sont arrivés dans son ministère de prédication de la Parole de Dieu. Il les voit comme autant d'épreuves destinées à mettre sa foi en valeur, car elle reste constante, comme lui-même reste « toujours joyeux », en toutes circonstances, bonnes ou mauvaises. Et comment Paul résiste-t-il dans ces épreuves ? (2 Corinthiens 6/7) : « Par la parole de la vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de justice que l'on porte à la main droite et à la main gauche ».

 

Et Paul ne se contente pas d'enseigner la Parole de Dieu, comme s'il s'agissait d'un savoir purement académique. Il se l'applique à lui-même ; il vit sa foi : « Ne donnant aucun scandale en quoi que ce soit, afin que [notre] ministère ne soit point blâmé. Mais nous rendant recommandables, en toutes choses, comme ministres de Dieu, en grande patience » (v. 3-4a). Une patience digne de Job, son ancêtre lointain, et de Jésus-Christ notre Seigneur, rappelant au chapitre précédent de la même Épître « qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent point dorénavant pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Corinthiens 5/15) ; et Paul ajoute au verset 18 : « Or tout cela [vient] de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ, et qui nous a donné le Ministère de la réconciliation ».

 

Et Paul ne se contente pas de citer la Parole de Dieu, il l'explique - et c'est le rôle de tout Sermon digne de ce nom : nous sommes réconciliés avec Dieu par l'œuvre de Jésus-Christ et de personne d'autre (vv. 19-21) : « Car Dieu était en Christ réconciliant le monde avec soi, en ne leur imputant point leurs péchés, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, et c'est comme si Dieu vous exhortait par notre ministère ; nous [vous] supplions [donc] pour [l'amour] de Christ, de vous réconcilier avec Dieu. Car il a fait celui qui n'a point connu de péché, [être] péché pour nous, afin que nous fussions justice de Dieu en lui ».

 

Christ a pris notre péché sur Lui et l'a fait mourir avec Lui sur la croix, afin que nous soyons déclarés sans péché devant Dieu. Ainsi nous qui croyons, nous sommes devenus « justice de Dieu en lui ». Cette expression a un double sens : Non seulement nous sommes justifiés et déclarés saints devant Dieu, mais notre justification nous vient « de Dieu » et non pas de nous. Et si nous sommes justifiés, c'est « en lui », en Christ notre Justice, unique intermédiaire entre Dieu et nous ; et Christ est notre propitiation, c'est-à-dire la victime sacrificielle offerte en compensation à Dieu, pour nous racheter de notre péché et de nos œuvres mauvaises inspirées par les démons.

 

Et ce sont les démons qui inspirent les fabricants d'idoles et leurs prêtres qui en assurent le culte. Paul insiste donc pour que les Chrétiens de Corinthe - et nous aussi - n'aient aucun contact avec les idoles, qui sont impures par nature (2 Corinthiens 6/14-17) : « Ne portez pas un même joug avec les infidèles ; car quelle participation y a-t-il de la justice avec l'iniquité ? Et quelle communication y a-t-il de la lumière avec les ténèbres ? Et quel accord y a-t-il de Christ avec Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle ? Et quelle convenance y a-t-il du Temple de Dieu avec les idoles ? Car vous êtes le Temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : J'habiterai au milieu d'eux, et j'y marcherai ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C'est pourquoi sortez du milieu d'eux, et vous en séparez, dit le Seigneur ; et ne touchez à aucune chose souillée et je vous recevrai ». Et quelles sont les idoles modernes ? L'argent, le sexe et le pouvoir qu’ils donnent. Notre Seigneur Jésus-Christ nous donne dans Sa Parole un remède : l'humilité et l'amour de Dieu et des frères (1 Corinthiens 13/4-7) : « La charité est patience ; elle est douce ; la charité n'est point envieuse ; la charité n'use point d'insolence ; elle ne s'enorgueillit point ; elle ne se porte point déshonnêtement ; elle ne cherche point son propre profit ; elle ne s'aigrit point ; elle ne pense point à mal ; elle ne se réjouit point de l'injustice ; mais elle se réjouit de la vérité ; elle endure tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout » comme Paul a tout supporté et enduré, ainsi que Job et Dieu lui-même, en Jésus-Christ crucifié.

 

C'est pourquoi Paul conclut ce chapitre 6 de sa deuxième Épître aux Corinthiens en décrivant sa relation avec ses auditeurs - ceux qui écoutent sa prédication et la mettent en pratique - selon le modèle de la relation père-fils, qui est un modèle divin, tel qu'il est pratiqué au sein de la Trinité (2 Corinthiens 6/18) : « Et je vous serai pour père, et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur Tout-puissant ».

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ, souvenons-nous que nous sommes fils et filles spirituels de Paul qui nous a enseignés, et les enfants adoptifs du Père, en Jésus-Christ, notre Seigneur, présent dans notre cœur. Et que notre comportement en soit à la hauteur. Amen.

bottom of page