
SERMON pour le 19ème dimanche après la Trinité
Éphésiens 4/17-32 ; Matthieu 9/1-8
LE PARDON DES PÉCHÉS
Décidément, Notre Seigneur Jésus-Christ est insensible au respect humain. Il plane bien au-dessus des coutumes et traditions humaines et semble n'en faire qu'à Sa tête, ou plus exactement : Il n'obéit qu'à Son Père et notre Père céleste. Nous le voyons encore dans ce passage de l'Évangile où Il guérit un paralytique.
Jésus est en fuite. Les Gadaréniens L'ont chassé car Il avait envoyé les démons dans leurs troupeaux de porcs, alors qu'ils infestaient deux malheureux hommes possédés au dernier degré, au point qu'ils vivaient nus dans des tombes et se mutilaient, attaquant physiquement tous ceux qui osaient s'approcher d'eux. Visiblement, les Gadaréniens attachaient plus de prix à leurs porcs qu'à ces hommes, et c'est pour cette raison qu'ils ont prié le Seigneur et sauveur des hommes de bien vouloir les laisser de côté… L'enfer ne leur faisait pas peur : ils y étaient habitués, et le Paradis ne les intéressait pas ; ils n'avaient que faire d'un Salut éternel, car ils tiraient leur bonheur de la vente de leurs porcs. Ils y étaient si attachés qu'ils finissaient par leur ressembler.
Quant Christ est chassé par les mécréants, Il n'insiste pas. Il monte dans une barque, et vogue au-dessus des cadavres des porcs tombés de la falaise dans ce même lac, où les démons les ont précipités. Dans cette scène, nous avons une description en image de la supériorité de Christ sur les démons et même sur la mort (Matthieu 9/1) : « Jésus monta dans une barque, traversa le lac et se rendit dans sa ville ». Mais quelle est cette ville de Jésus ? Elle n'est pas nommée, et pourrait donc être n'importe quelle ville, y compris la vôtre ! Nous pensons à Nazareth de Galilée, mais ce n'est pas le point important de ce passage. Et pour une fois, Jésus se montre prophète en Son pays.
Jésus est connu dans le pays où Il a grandi. Il n'y est pas né, mais Il y a grandi. On sait de quoi Il est capable. On Lui amène les malades pour qu'Il les guérisse, car aucune puissance maléfique ne Lui résiste. Un pauvre paralytique exige qu'on le porte jusqu'aux pieds de Jésus. Tout naturellement, on le Lui amène en le portant sur un brancard, bien avant la création de la Croix Rouge par le Suisse Henri Dunant. On a confiance en Jésus-Christ ; Il peut guérir toutes les maladies, Si c'est Sa volonté.
On s'attend à ce que Jésus prononce une parole de guérison, mais Il surprend tout le monde en énonçant un discours tout autre (Matthieu 9/2) : « Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés », dit-Il. Cette phrase, qui semble à côté de la plaque et comme un refus de guérir, apparaît comme une provocation. Elle mérite un examen attentif. En commençant par « Prends courage » Jésus appelle le paralytique à la patience et à l'espérance. C'est un appel qui s'adresse à chacun de nous, aujourd'hui. Christ nous invite à relever la tête et à observer dans le ciel les signes de Son prochain retour en gloire (1 Thessaloniciens 4/16a) : « En effet, le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel ». (Matthieu 24/29-31) : « … le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. Alors le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel ; tous les peuples de la terre se lamenteront et ils verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire. Alors le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel ; tous les peuples de la terre se lamenteront et ils verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire ». Nous sommes invités à veiller et à prier, dans l'attente de ce grand jour où la croix de Christ apparaîtra dans le ciel.
Et Jésus continue sa proclamation au paralytique. Jésus l'appelle « mon enfant », car, comme un enfant, il a confiance en la puissance divine qui émane de Christ et peut le guérir. Cette foi en Christ - Dieu incarné et Messie promis - fait de lui un fils adoptif de Christ, mais à ce titre, il est encore un enfant, et c'est tout ce qui compte, car dans l'esprit de Jésus, c'est une véritable promotion dans le Royaume céleste (Matthieu 18/2-4) : « Jésus appela un petit enfant, le plaça au milieu d’eux et dit : "Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez pas et si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, celui qui se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux" ».
Mais la fin du discours de Jésus fait tiquer les oreilles des rabbins de Nazareth ; Jésus déclare en effet « tes péchés te sont pardonnés ». Eux qui s'attendaient à voir Jésus opérer un miracle sont bien déçus, car ils ne voient pas plus haut ni plus loin que ce monde matériel. Le Ciel leur reste fermé, comme inaccessible, et leur religion se révèle moralisante et désespérante ; mais à quoi bon se conformer à une loi morale, si c'est pour mourir comme les autres, à la fin ? Quel avantage peut-on retirer de la seule moralité, si ce n'est une satisfaction de l'orgueil ? Et ce même orgueil déçu pousse les rabbins à juger le Seigneur Jésus-Christ.
« Cet homme blasphème », pensent-ils en eux-mêmes. Ils n'osent pas le dire tout haut, car ils ont peur de la foule qui continue d'espérer le miracle attendu. Mais Jésus, connaissant leur mauvais esprit, prend le temps de leur donner une leçon de théologie. Le malade peut attendre encore un peu. La maladie est une conséquence du péché d'Adam ; jusqu'à aujourd'hui, les hommes tentent de fuir Dieu, ils se permettent de L'ignorer, de Le critiquer, de Le juger, de Le condamner. Ils sont terre-à-terre et ne voient rien venir du Ciel, car ils n'en attendent rien. Très logiquement, Jésus commence par supprimer la cause de la maladie (le péché), contrairement à la médecine moderne qui se contente d'un traitement chimique visant à effacer les symptômes, en veillant à maintenir la cause de la maladie chez le patient, de façon à lui vendre un traitement à vie, ce qui constitue pour les fabricants une source de profits continuels.
Devons-nous attendre que Jésus nous pardonne pour être guéris de nos infirmités ? Certainement, oui. Mais nous savons que Christ nous pardonne tout si nous nous repentons de tous nos péchés. Et notre pardon est assuré par Son sacrifice à la croix par lequel Christ a entraîné notre péché dans Sa mort. Ainsi, Il a tué notre péché ! Notre péché est mort ! Mais Christ est ressuscité en nouveauté de Vie. Il y a donc une vie nouvelle après le péché : une vie sous le regard de Dieu, une vie sainte, pure, éternelle. Dire cela n'est pas blasphémer, comme le pensent les rabbins, mais proclamer la vérité, c'est-à-dire annoncer Jésus-Christ comme seul Seigneur et Sauveur des hommes. Mais les apparences sont trompeuses (Philippiens 2/7-8) : « il s’est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme, il s’est humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort, même la mort sur la croix ». Les rabbins de Nazareth pensaient avoir affaire à un homme, à un guérisseur talentueux, mais pas à leur Dieu en visite sur la terre ! Pas à un Dieu qui aime et qui pardonne ! Pas au Créateur Lui-même, venu rétablir Sa Création originelle ! Ils ne croient pas en Jésus-Christ, parce qu'ils ne croient que ce qu'ils voient, sans analyser plus avant la profondeur et la puissance toutes divines de Sa Parole.
Vous connaissez la suite : après avoir pardonné tous ses péchés, Jésus ordonne au paralytique « prends ta civière et retourne chez toi » (Mathieu 9/6). Et « L’homme se leva et rentra chez lui ». Jésus ne guérit pas seulement par compassion - une vertu qui Le caractérise toujours - mais aussi pour manifester Sa gloire, c'est-à-dire qui Il est vraiment : le Tout-Puissant - aucun péché, aucune maladie ne Lui résiste.
(Matthieu 9/8) : « Quand la foule vit cela, elle fut émerveillée et célébra la gloire de Dieu, qui a donné un tel pouvoir aux hommes ». La foule ne s'y est pas trompée. Et pendant ce temps, les Rabbins ont disparu : Matthieu n'en parle plus. Et pourquoi ferait-on cas de gens qui persistent dans leur erreur ?
Aussitôt après ce pardon divin et cette guérison miraculeuse, Jésus recrute le même Matthieu à son bureau des douanes. Christ appelle un pécheur plutôt qu'un rabbin, un propre-juste au comportement moral sans défaut, et qui s'imagine ne rien avoir à se faire pardonner et qui nie être victime du péché originel. Car en pardonnant les péchés, Christ s'attire la reconnaissance et l'amour des pécheurs perdus qu'Il a réhabilités en nouveauté de vie. Et Il les ressuscitera, comme Il l'a promis. Telle est la bonne Nouvelle de l'Évangile : Non seulement Christ est ressuscité en ayant vaincu la mort, mais Il ressuscitera également Ses enfants adoptifs, ceux qui croient en Lui, quels que soient le nombre et la gravité de leurs péchés ! N'ayons pas honte d'attendre le retour de Christ comme des petits enfants qui attendent la fête de Noël ! Ce sera notre fête, avec notre entrée solennelle dans le Royaume de Dieu. Nous serons alors définitivement libérés du péché, de la tentation et des épreuves ; nous en aurons fini de la lutte contre Satan et ses démons. Nous ne posséderons plus rien, mais nous serons heureux, dans la présence de Dieu.
Voilà pourquoi Paul écrit aux Éphésiens d'avoir à se séparer des païens et des athées « qui se laissent guider par la sottise de leurs pensées. Ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur. Ils ont perdu tout sens moral et se sont livrés à la débauche pour commettre avec avidité toutes sortes d’impuretés » (Éphésiens 4/17-19). En effet, leur morale humaine n'est qu'une façade hypocrite qui cache soigneusement une réalité guère montrable. Ils sont fiers de leur façade et des faux airs de vertu qu'ils se donnent, mais au fond d'eux-mêmes ils ont honte de ce qu'ils font derrière les rideaux tirés. Ils ne sont pas heureux et croient trouver une consolation durable dans les plaisirs éphémères. Mais c'est peine perdue. Tous ceux qui ont l'expérience des hommes le disent. Mais qui les écoute ? Paul répond (Éphésiens 4/20-21) : « Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris à connaître Christ, si du moins c’est lui que vous avez écouté et si c’est en lui que vous avez été enseignés conformément à la vérité qui est en Jésus ». Nous sommes en effet nés de nouveau ; nous sommes devenus les enfants adoptifs de Jésus-Christ, et nous grandissons ensemble dans la vérité, en étant instruits par la Parole de Dieu. Et c'est cette vérité qui produit en nous la justice et la sainteté. Ce ne sont pas nos efforts, mais l'étude de la Bible qui nous rééduque à la sainteté.
Et voici comment la Parole de Dieu nous transforme (Éphésiens 4/22-24) : « On vous a enseigné à vous débarrasser du vieil homme qui correspond à votre ancienne manière de vivre et se détruit sous l’effet de ses désirs trompeurs, à vous laisser renouveler par l’Esprit dans votre intelligence et à vous revêtir de l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté que produit la vérité ». Je résume : "En reconnaissant la vérité biblique, nous sommes saints". Nos anciens péchés nous font horreur et nous dégoûtent, comme ils méritaient la colère de Dieu, jusqu'à ce qu'Il nous pardonne sur la base des mérites de Jésus-Christ crucifié, moyennant la foi, c'est-à-dire notre confiance en Dieu. Nous nous en remettons totalement à Lui pour nous justifier et nous glorifier. Nous ne pouvons ni mériter ni accomplir notre Salut par nous-mêmes, car il serait trop facile de nous imaginer pardonnés sur la base de quelques bonnes œuvres. Ce serait donner raison aux rabbins de l'Évangile et aux hypocrites de tout poil qui considèrent Jésus comme un simple homme, un imposteur. En revanche, les bénédictions par lesquelles Dieu nous soutient de Sa seule grâce nous prouvent que Christ est vivant, qu'Il tient Parole et qu'Il nous aime (Romains 8/28-30) : « Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan. En effet, ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né d’un grand nombre de frères. Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi déclarés justes ; et ceux qu’il a déclarés justes, il leur a aussi accordé la gloire ».
Et pour être cohérents, nous devons nous comporter en glorieux justifiés et non en rabbins moralisants et hypocrites. Nous pouvons le faire par la puissance de l'Esprit-Saint que Dieu met en Ses élus. Cela ne vient pas de nous, mais de Dieu. Paul nous l'assure (Romains 8/31-34) : « Que dirons-nous donc de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a donné pour nous tous, comment ne nous accorderait-il pas aussi tout avec lui ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? C’est Dieu qui les déclare justes ! Qui les condamnera ? Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous ! ».
Ayant cette espérance de la vraie vie qui détruit toute maladie et même la mort, et selon le conseil de l'Apôtre Paul (Éphésiens 4/30…32 ; 5/2) : « N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été marqués d’une empreinte pour le jour de la libération … Soyez bons et pleins de compassion les uns envers les autres ; pardonnez-vous réciproquement comme Dieu nous a pardonné en Christ … et vivez dans l’amour en suivant l’exemple de Christ, qui nous a aimés et qui s’est donné lui-même pour nous comme une offrande et un sacrifice dont l’odeur est agréable à Dieu ». Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.