
SERMON pour le 17ème dimanche après la Trinité
Éphésiens 4/1-8 ; Luc 14/1-11
LE DON DE LA GRÂCE
Matthieu 12/8 : « … le Fils de l’homme est le Seigneur du sabbat ». Mais qu'est-ce que le Sabbat ? C'est avant tout un don de Dieu, une grâce (Exode 16/23a) : « C’est ce que l’Éternel a ordonné » ; et Moïse précise plus loin (Exode 16/29a) : « Considérez que c’est l’Éternel qui vous a donné le sabbat ». Mais en quoi consiste de Sabbat que Dieu a donné à l'homme ? La réponse nous est donnée par le même Moïse en Exode 31/15 : « Pendant 6 jours on travaillera, mais le septième jour est le sabbat, le jour du repos, consacré à l’Éternel. Toute personne qui accomplira un travail le jour du sabbat sera punie de mort ». La peine de mort nous indique que le Sabbat est d'une importance primordiale, et même vitale pour tous les hommes, croyants ou non. Le Sabbat figure même dans les Tables de la Loi que Dieu a donnée à Moïse, à la quatrième place (Exode 20/8-11) : « Souviens-toi de faire du jour du repos un jour saint. Pendant 6 jours, tu travailleras et tu feras tout ce que tu dois faire. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui habite chez toi. En effet, en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour. Voilà pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et en a fait un jour saint ».
Il n'est pas dit qu'il soit interdit de guérir le jour du Sabbat, car c'est un jour consacré à Dieu qui nous bénit spécialement ce jour-là, si nous en faisons un jour saint, c'est-à-dire séparé des œuvres de mort. Guérir est en effet une bénédiction divine, à travers les médecins que Dieu dirige en leur donnant la connaissance du corps humain et la science des plantes et minéraux constituant la base et les principes actifs des remèdes qu'ils prescrivent. Et ces plantes et minéraux sont également créés par Dieu. Nous les trouvons dans la nature, et aucun homme ne peut se vanter d'avoir inventé ni créé la nature.
Corollairement, ce que le Sabbat interdit par-dessus tout, c'est de travailler ce jour-là pour Mammon, c'est-à-dire pour faire de l'argent. Certes, dans nos sociétés matérialistes, il faut de l'argent pour vivre. Nous ne vivons plus en autarcie sur un maigre lopin de terre hérité de nos ancêtres où ils survivaient tant bien que mal, au prix d'efforts et de soucis constants, comme cela avait été promis à Adam par notre Père éternel (Genèse 3/17) : « Il dit à l’homme : "Puisque tu as écouté ta femme et mangé du fruit au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : ‘Tu n’en mangeras pas’, le sol est maudit à cause de toi. C’est avec peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie" ».
Aujourd'hui, dans nos sociétés occidentales, majoritairement, nous ne cueillons plus notre nourriture directement dans la nature, mais au supermarché, et il nous faut passer à la caisse avant de sortir avec nos achats. En Afrique équatoriale, des hommes peuvent encore vivre de cueillette ; quand ils ont faim, ils s'enfoncent dans la forêt et ils y trouvent de quoi de rassasier pleinement : bananes plantain, kiwis, et toutes sortes de fruits y sont à portée de main, et gratuits ! Ce sont autant de dons de Dieu, qui a placé l'homme dans une terre fertile et productive - pas dans un désert stérile. En revanche, ce sont les hommes qui ont bâti des villes, à commencer par Babel, contre l'avis du Créateur. L'homme occidental vit maintenant dans des villes artificielles, loin de la nature nourricière, et ces villes sont autant de temples consacrés à Mammon, le dieu de l'argent. Il n'y est question que de cela. Mais Mammon n'est pas un dieu véritable, c'est une idole trompeuse, et nombreux sont ceux qui lui rendent un culte sacrilège. Dieu a donc fixé un septième jour pour que ces activités lucratives et les soucis qu'ils comportent cessent - c'est le sens du mot Sabbat, dérivé du verbe hébreu Shouv, qui veut dire "cesser". Il s'agit de cesser de penser aux choses matérielles pour se consacrer aux choses spirituelles, à commencer par la Parole de Dieu, lue, écoutée, prêchée. Non pas l'opinion du prédicateur, mais celle de Dieu qui a inspiré les auteurs sacrés et consacrés par l'onction du Saint-Esprit (2 Pierre 1/21b) : « … c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu ».
Et comment pourrions-nous nous passer de cette Parole que Dieu nous a donnée ? Il ne l'a pas donné aux bêtes des champs ni aux plantes de nos jardins, mais à nous qui sommes Ses créatures. Et nous mépriserions un tel don de Sa grâce ? Nous serions des insensés ! Personne n'aime parler dans le vide. Dieu ne fait pas exception à la règle. Le rôle de l'Église est d'avertir les hommes qu'ils ont à se repentir de leur péché ; mais si les gens n'écoutent pas Dieu, qui se repentira ? C'est leur responsabilité. Pire encore : si les prédicateurs oublient de prêcher la Parole de Dieu pour se conformer au discours mondain visant à tout justifier, même l'injustifiable, jusqu'à l'injustice elle-même, alors qui sera sauvé de la colère de Dieu contre tout péché ? (Ézéchiel 33/7-13) : « C’est toi, fils de l’homme, que j’ai donné comme sentinelle à la communauté d’Israël. Tu dois écouter la parole qui sort de ma bouche et les avertir de ma part. Quand je dirai au méchant : ‘Toi qui es méchant, tu vas mourir, c’est certain’, si tu ne parles pas pour avertir le méchant afin qu’il renonce à sa conduite, ce méchant mourra à cause de sa faute, mais je te réclamerai son sang. Si au contraire tu avertis le méchant afin qu’il renonce à sa conduite, pour qu’il s’en détourne, et qu’il ne change pas de conduite, il mourra à cause de sa faute, mais toi, tu auras délivré ton âme. Et toi, fils de l’homme, dis à la communauté d’Israël : ‘Voici comment vous parlez : Nos transgressions et nos péchés pèsent sur nous, c’est à cause d’eux que nous dépérissons. Comment pourrions-nous vivre ?’ Dis-leur : ‘Aussi vrai que je suis vivant, déclare le Seigneur, l’Éternel, je ne prends pas plaisir à voir le méchant mourir, mais à le voir changer de conduite et vivre. Renoncez, renoncez à votre mauvaise conduite ! Pourquoi devriez-vous mourir, communauté d’Israël ?’ Et toi, fils de l’homme, dis aux membres de ton peuple : ‘La bonne conduite du juste ne le délivrera pas, si un jour il se met à commettre des transgressions, et le méchant ne trébuchera pas à cause de sa méchanceté, si un jour il y renonce, pas plus que le juste ne pourra vivre grâce à sa justice si un jour il commence à pécher.’ Lorsque j’affirme au juste qu’il vivra, s’il place sa confiance dans sa justice et se met à commettre l’injustice, toute sa justice passée sera oubliée et il mourra à cause de l’injustice qu’il a commise ». Le respect humain n'est pas une doctrine biblique, c'est le moins qu'on puisse dire ! Il est même à l’opposé de la volonté de Dieu.
Aujourd'hui en Israël, il n'y a pas de personnel Juif dans les hôpitaux le samedi. C'est Shabbat. Les médecins et soignants israélites sont remplacés par des Chrétiens. Cela provient du fait que les médecins juifs donnent plus d'importance à l'argent qu'ils gagnent qu'au bien qu'ils font à leurs patients. On ne fait pas d'argent le jour du Sabbat, donc ils ne soignent pas. Mais Jésus-Christ rétablit le bon ordre des priorités ; en guérissant le jour du sabbat, Il rappelle que le Sabbat est le jour où Dieu bénit spécialement en attirant les hommes à Lui par les grâces qu'Il nous fait. Et rien dans la Parole de Dieu n'interdit de faire du bien le jour du Sabbat, à condition que ce soit gratuit. Où avez-vous vu que Christ aurait demandé des honoraires pour les guérisons qu'Il a faites ? La présence de Christ est un Sabbat permanent où les disciples se mettent à l'écoute la Parole de Dieu. Et comme cette Parole est agissante et puissante en actes, rien ne s'oppose à ce qu'elle agisse, même le jour du sabbat, car elle est une grâce, un don de Dieu. Peut-on refuser un don que Dieu nous fait, quel qu'en soit le jour et l'occasion ? Ce serait pure folie !
Jésus demande aux Pharisiens s'il est permis ou non de faire une guérison le jour du Sabbat ; les Pharisiens sont surpris par une telle question, au point qu'ils ne savent que répondre. En procédant à cette guérison d'un homme hydropique le jour du Sabbat, Christ leur déclare par gestes que c'est non seulement permis, mais que c'est même recommandé, car cela manifeste un don de la grâce divine. Et qui montera au Ciel pour intimer au Père de se taire et Lui interdire de bénir le jour du Sabbat ? (Luc 6/5) : « Le Fils de l’homme est le Seigneur du sabbat ». Le mutisme persistant des Pharisiens montre clairement qu'ils n'ont rien compris au sens du Sabbat (Marc 2/27) : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat, de sorte que le Fils de l’homme est le Seigneur même du sabbat ». Cette conclusion de notre Seigneur Jésus-Christ remet l'homme au centre de la Création : ce monde a été créé pour nous. Il nous revient donc de le gérer en bons pères de famille, c'est-à-dire d'en user sans en abuser. L'homme n'est pas un intrus dans ce monde, comme certains voudraient nous le faire croire, dans l'intention de nous faire disparaître de la surface de la terre en parlant de "dépopulation" !
Ceci dit, Jésus-Christ nous invite à considérer tout homme comme supérieur à nous. Dieu a donné à l'homme autorité sur tous les animaux de la Création, mais pas sur nos semblables, car cette autorité revient à Dieu Lui-même. C'est Son "domaine réservé". Il y a donc un côté blasphématoire dans la dictature et le totalitarisme sans Dieu, car c'est une usurpation du rôle et de la place de Dieu. En regardant à la croix, nous voyons Jésus-Christ, Dieu fait homme parfait, se soumettre à la volonté de Dieu Son Père et Notre Père au point de Se laisser humilier et de Se sacrifier. La réponse que les Pharisiens n'ont pas su donner à Jésus est donc celle-ci : "Que la volonté du Père soit faite, même le jour du Sabbat" ! Et Sa volonté est que nous fassions du bien à ceux qui en ont besoin, même le jour du sabbat, gratuitement et sans rien attendre des hommes en retour, pour la seule gloire de Dieu.
Telle est la « manière de vous conduire digne de l’appel que vous avez reçu, en toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l’amour », nous déclare Paul (Éphésiens 4/1-2). Cet appel de Dieu - ou vocation - est une grande grâce (Éphésiens 4/7) : car « à chacun de nous la grâce a été donnée à la mesure du don de Christ ». Et comme Dieu est UN, l'appel que chaque croyant a reçu est aussi une vocation à l'unité, dans la paix et la concorde (Éphésiens 4/3) : « Efforcez-vous de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix ». En effet, « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous. Il est au-dessus de tous, agit à travers tous et habite en |nous| tous » (Éphésiens 4/5-6).
Paul le constate (Éphésiens 4/8b) « il a fait des dons aux hommes ». Dieu nous a comblé de grâces en nous donnant la vie et les moyens de survivre dans un monde devenu hostile par le péché d'Adam. Mais Il nous a surtout fait la grâce de nous sauver par les mérites de Son Fils unique engendré, notre Seigneur Jésus-Christ, avec le don de la foi (Éphésiens 2/8) : « En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ». Nous n'avons aucun mérite en ce qui concerne notre Salut. Il est entièrement et uniquement l'œuvre de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, devant qui nous sommes de toutes petites créatures confites dans l'humilité car telle est la réalité de notre vocation (Jacques 4/6b) : « Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles ».
(2 Timothée 1/9-10) : « Il nous a sauvés et nous a adressé un saint appel. Et il ne l’a pas fait à cause de nos œuvres, mais à cause de son propre plan et de sa grâce, qui nous a été accordée en Jésus-Christ de toute éternité et qui a maintenant été révélée par la venue de notre Sauveur Jésus-Christ. C’est lui qui a réduit la mort à l’impuissance et a mis en lumière la vie et l’immortalité par l’Évangile ». « Ainsi, bien qu’étant Fils, il a appris l’obéissance par ce qu’il a souffert. Et parfaitement qualifié, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel » (Hébreux 5/8-9). Pourquoi chercher la vie éternelle ailleurs qu'en Jésus-Christ ? (Jean 10/10-11) : « Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis ». Connaissez-vous une autre personne que notre Seigneur Jésus-Christ qui ait donné sa vie pour vous ? Il n'y en a pas.
L'Évangile est en effet la source de la vie ; il est la source de la Vie éternelle ! Par l'Évangile, nous savons que nous avons un Sauveur, mort et ressuscité, qui a ouvert pour nous la porte de l'éternité ; et cette éternité se passera au Ciel, dans le Royaume de Dieu dont nous sommes dès à présent les sujets et les officiers. Et notre office est de vivre de l'Évangile en le mettant en pratique dans nos vies, car c'est là notre meilleur témoignage de foi et notre action de grâces en actes, concrètement. Car il ne suffit pas de rendre grâce à la manière des hypocrites qui « recherchent les sièges d’honneur dans les synagogues et les meilleures places dans les festins ; ils dépouillent les veuves de leurs biens tout en faisant pour l’apparence de longues prières. Ils seront jugés plus sévèrement » (Marc 12/39-40). Nous voici parfaitement avertis.
(Hébreux 4/16) : « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun ». Et ce moment opportun, ce sera notre entrée dans le Ciel. La mort n'est rien, car Christ a vaincu la mort ! (Apocalypse 20/21) : « Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous les saints ! ». Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.