
SERMON pour le 14ème dimanche après la Trinité
Galates 5/16-24 ; Luc 17/11-19
VIVRE POUR DIEU
Un sur dix… dix pour cent de Chrétiens vivent pour Dieu. Et les autres ? Neuf sur dix, 90% sont spirituellement morts. Les églises sont remplies de cadavres. Je ne parle pas des tombeaux des dignitaires qui y sont parfois enterrés, mais des fidèles, pratiquants réguliers du culte, et non-pratiquants notoires dans leur vie quotidienne, comme Paul les dénonce dans son Épitre aux Galates, à qui il reprochait de vivre selon la chair et non selon l'Esprit de Dieu. Ils sont comme ces neuf lépreux guéris à distance par notre Seigneur Jésus-Christ et qui cependant ont continué leur petit bonhomme de chemin comme devant, tandis qu'un seul, un Samaritain méprisé par les Israélites, s'est converti à Christ en changeant de direction dans sa vie pour retourner à Christ en louant et rendant grâce à Dieu pour Ses grandes bénédictions et Ses petits bienfaits. Celui-ci a réellement et concrètement adopté Christ comme son Seigneur.
La foi, c'est en effet avoir confiance en Dieu au point de Lui laisser prendre la direction de notre vie, que ce soit de nos grandes affaires ou de nos petits soucis quotidiens. Lorsque nos prenons l'avion, nous faisons confiance au pilote pour nous mener dans les hauteurs du ciel et nous faire atterrir en toute sécurité. Nous nous soumettons à sa volonté, sans récriminer parce qu'il a décidé de débarquer un passager malade ou de faire réviser un réacteur qui refusait de démarrer correctement, provoquant chaque fois un retard de quelques heures. Ce pilote veille sur nous, et ne fait pas de caprices : il respecte lui-même les consignes de vol, et agit toujours pour notre plus grand bien.
Jésus-Christ est-il le pilote de votre vie, le capitaine de votre bateau ? Si le capitaine du Titanic avait écouté les avertissements qui lui étaient donnés par radio sur le danger des icebergs dérivant dans sa direction, au lieu de se murer dans son orgueil et n'en faire qu'à sa tête, le Titanic n'aurait pas coulé et ne se serait pas transformé en cimetière marin. Christ est le seul bon Maître, et nous aurions tort de ne pas nous soumettre à Sa volonté, exprimée en premier lieu dans l'Évangile et les autres textes inspirés du Nouveau Testament, contenant toute sorte d'avertissements. Nous voyons trop de soi-disant Chrétiens ignorer les pauvres, se montrer durs avec les faibles et hypocrites avec les puissants. C'est ici un regrettable contre-témoignage qui en a éloigné beaucoup de l'Église, de la Parole de Dieu et de la foi en Jésus-Christ, notre Seigneur.
Un autre travers de ces Chrétiens de façade est leur habitude d'imposer aux autres leurs traditions, leurs rites et leurs habitudes, avec un esprit de jugement impardonnable, puisqu'ils ne pardonnent rien aux autres. À Corinthe, des Juifs convertis prétendaient circoncire les Chrétiens issus du paganisme, pour en faire des Judéo-chrétiens conformes à la Loi de Moïse (Galates 5/2,6) : « Moi Paul, je vous le dis : si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira à rien [...] En effet, en Jésus-Christ, ce qui a de l’importance, ce n’est ni la circoncision ni l’incirconcision, mais seulement la foi qui agit à travers l’amour ». Le diable se cache dans les détails, jusque dans notre intimité.
Paul insiste donc sur le témoignage et le discernement des esprits (Matthieu 7/16-20) : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des ronces ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre produit de bons fruits, mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez ». De deux choses, l'une : soit le comportement des Chrétiens, et en premier lieu de leurs pasteurs est conforme à l'Évangile de Christ, et alors accourez pour les écouter, soit il ne l'est pas et alors fuyez aussi loin que vous le pouvez. Pourquoi tant de Chrétiens s'agglutinent-ils auprès de prédicateurs déviants ? Tout simplement parce qu'ils aiment entendre ce qui leur plaît, les flatte et les conforte dans leur mauvaise voie (2 Timothée 4/3-4) : « En effet, un temps viendra où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine. Au contraire, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule d’enseignants conformes à leurs propres désirs. Ils détourneront l’oreille de la vérité et se tourneront vers les fables ».
Quant à nous qui avons l'Esprit de Christ, contentons-nous de ce qui est écrit dans la Bible, y compris les Épitres de Paul (Galates 5/16-17a) : « Voici donc ce que je dis : marchez par l’Esprit et vous n’accomplirez pas les désirs de votre nature propre. En effet, la nature humaine a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit a des désirs contraires à ceux de la nature humaine. Ils sont opposés entre eux… ». Qu'y a-t-il de conforme à l'Évangile dans « … l’immoralité sexuelle, l’impureté, la débauche, l’idolâtrie, la magie, les haines, les querelles, les jalousies, les colères, les rivalités, les divisions, les sectes, l’envie, l’ivrognerie, les excès de table et les choses semblables » ? « … ceux qui ont un tel comportement n’hériteront pas du royaume de Dieu » (Galates 5/19b-21a & c).
Un bon témoignage se remarque à « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi ». C'est là le fruit de l'Esprit, or il n'y a qu'un seul Esprit-Saint, troisième personne divine de la sainte Trinité et Dieu Lui-même (Galates 5/25) : « Si nous vivons par l’Esprit, laissons-nous aussi conduire par l’Esprit ». Laissons le pilote "Saint-Esprit" nous élever sur les ailes de la foi à Jésus-Christ, notre unique Sauveur et Seigneur. Mais n'allons pas nous vanter d'une supériorité - réelle ou feinte - qui ne viendrait pas de Dieu et ne servirait qu'à décourager les jeunes brebis du Seigneur qui sont encore faibles et marchent derrière le troupeau à la suite du bon Berger (Galates 5/26) : « Ne soyons pas vaniteux en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres », dit encore Paul.
Lorsque Christ gravit la montagne au sommet de laquelle Jérusalem est bâtie pour y être sacrifié comme l'Agneau pascal, il suit la frontière entre la Galilée des Israélites et la Samarie de leurs détestés cousins. Inévitablement, Il va y rencontrer des gens issus des deux populations (Luc 17/12) : « Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils se tinrent à distance ». La Loi de Moïse imposait en effet aux lépreux de s'écarter des bien-portants, afin de ne pas les contaminer (Lévitique 13/45-46) : « Le lépreux… portera des vêtements déchirés et aura la tête nue ; il se couvrira la barbe [avec un masque] et criera : "Impur ! Impur !" Aussi longtemps qu’il aura la plaie, il sera impur. Il est impur. Il habitera seul et sa tente sera à l’extérieur du camp ». Les lépreux, Juifs et Samaritains, appliquent scrupuleusement la Loi de Moïse : ils se tiennent à distance du Maître, tout en réclamant qu'Il les guérisse de leur impureté. La Loi de Moïse ne les guérit pas de la lèpre, pas plus que la circoncision ne les sauve. (Luc 17/13) : « [ils] se mirent à lui dire : "Jésus, maître, aie pitié de nous !" ». Et pourquoi donc Lui font-ils cette demande unanime ? Parce qu'ils sont tous affectés du même mal ; ils sont lépreux, tous les dix.
Tous les hommes sont impurs devant Dieu, jusqu'à ce que Dieu les purifie par le baptême en leur communiquant une part de Son Esprit de Vérité. Tous les hommes sont des pécheurs impénitents jusqu'à ce qu'ils se repentent et fassent pénitence. Tous les hommes devraient crier à Dieu "Jésus, maître, aie pitié de nous !". Tous les hommes devraient remplir les églises pour y entendre la prédication de la Parole de Dieu qui seule peut les restaurer et les remettre sur le bon chemin de la vérité et de la charité. Mais l'immense majorité ne le veut pas, ou n'ose pas, de peur que leur mal soit révélé en public. On se sent mal à l'aise quand un nouveau converti proclame la liste de ses péchés devant l'assemblée chrétienne. Ne vaut-il pas mieux taire mal et dire le bien ? Pourquoi faire tant de publicité à Satan ? Ne suffit-il pas de lire la Bible pour savoir de quelles ignominies les pécheurs sont capables ? Ne nous faisons pas les avocats du diable, taisons le mal mais prêchons la Parole de Dieu qui libère de tout mal (Jean 8/31-32) : « Alors il dit aux Juifs qui avaient cru en lui : "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres ». En se convertissant, on tourne la page et on enterre le passé (Galates 6/15) : « En effet, ce qui a de l’importance, ce n’est ni la circoncision ni l’incirconcision, mais c’est le fait d’être une nouvelle créature ». Et ce n'est pas en bénissant le mal, ni en mariant des bicyclettes (2 pédales) que l'on obtient des créatures nouvelles. Cela ne se peut qu'en se conformant à l'Évangile de Christ. C'est donc l'Évangile qui doit être proclamé, pas le péché. Telle est la raison pour laquelle le Livre de la Prière Commune écarte les passages scabreux des lectures publiques, afin d'éviter de donner des idées malsaines à l'assemblée, aux plus faibles et aux enfants.
Prêchons Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Où voyez-vous écrit dans l'Évangile que Christ ait exigé une confession autre que spontanée ? Même Zachée n'a pas tout révélé de ses forfaits. Il aurait pus dire : J'ai extorqué untel de tant d'argent, trompé unetelle sur ses droits, volé le manteau de Lazare, la brebis du pauvre (2 Samuel 12/4) : « Un voyageur est arrivé chez l’homme riche, mais le riche n’a pas voulu toucher à ses brebis ou à ses bœufs pour préparer un repas au voyageur venu chez lui: il a pris la brebis du pauvre et l’a préparée pour l’homme qui était venu chez lui », j'ai tué Nabot pour lui prendre sa vigne (1 Rois 21/13-16) : « les deux vauriens vinrent se mettre en face de lui et témoignèrent contre Nabot devant le peuple en prétendant qu’il avait maudit Dieu et le roi. Puis ils le conduisirent à l’extérieur de la ville et le lapidèrent jusqu’à ce qu’il meure. Ils firent alors dire à Jézabel : "Nabot a été lapidé et il est mort." Lorsque Jézabel apprit la nouvelle, elle dit à Achab : "Lève-toi, prends possession de la vigne de Nabot de Jizreel, qui avait refusé de te la céder pour de l’argent. En effet, Nabot n’est plus en vie, il est mort." Dès qu’il apprit que Nabot de Jizreel était mort, Achab se leva pour descendre à sa vigne afin d’en prendre possession », etc. Non, Zachée s'est contenté de dire : « Si j’ai causé du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple » (Luc 19/8c), point final. Et même à la femme adultère, Jésus ne demande pas de révéler les détails de sa vie antérieure, on se doute bien qu'elle vivait dans le péché et le lucre. Notre Seigneur lui dit simplement (Jean 8/11c) : « va, et désormais ne pèche plus ». Voilà une parole qui libère ! On fait une croix sur le passé et on élève la pénitente en l'invitant à voir plus loin et plus haut, espérant dans le Seigneur et vivant dans la reconnaissance et la fidélité au divin Maître : Jésus-Christ, crucifié à sa place et ressuscité en éternité pour manifester son pardon définitif.
Neuf lépreux guéris par le même Jésus-Christ ont persisté sur leur petit bonhomme de chemin et sont allés se montrer aux prêtres pour obtenir leur réintégration dans le peuple. Un seul a pris le temps de revenir à Christ, comprenant qu'il y avait plus qu'un sacrificateur en Jésus-Christ. Christ est en effet le sacrifice vivant éternellement qui purifie définitivement. Christ est Dieu et homme. En tant qu'homme, Christ a souffert et subi la mort ; et en tant que Dieu, il a vaincu cette même mort en ressuscitant le troisième jour. Voilà ce que les pécheurs ont besoin d'entendre. Voilà le sermon que les assemblées chrétiennes doivent écouter. Tous, nous avons besoin de nous humilier et de toujours revenir à Christ. Il nous faut absolument comprendre que nous étions prisonniers du mal, et Jésus le confirme en nous ordonnant de prier en disant dans le Notre Père : « délivre-nous du mal ». Délivre-t-on des hommes libres ? Ce serait enfoncer des portes ouvertes ! Si nous demandons à être délivrés, c'est que ce monde est une prison dont Satan est le geôlier. Ayons donc compassion pour les prisonniers du diable en leur enseignant la Vérité qui libère du mal : L'Évangile de Vérité.
Alors nous pourrons dire à ceux qui se repentent, cette parole libératrice que notre Seigneur Jésus a adressée au seul lépreux (un Samaritain, par-dessus-le-marché) venu Le remercier et Le louer après avoir reconnu que Christ est Dieu : « Lève-toi, va, ta foi t’a sauvé ». Oui, la grâce de Dieu est tombée sur ce Samaritain lépreux alors qu'il allait se montrer aux prêtres du Temple de Jérusalem - pas sur les autres, pourtant guéris en même temps que lui, et de la même manière. Et ce n'était certes pas un effet de sa propre volonté, mais un résultat de l'élection divine, s'il « … tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et le remercia… » (Luc 17/16). Et les autres non ? En tant qu'Israélites, ils pensaient sans doute que les bénédictions de Dieu leur étaient réservées. Ils ont pris leur guérison comme un dû, ou un bienfait qu'ils auraient mérité, en tant que fils d'Abraham et observateurs scrupuleux de la Loi de Moïse. Mais s'ils ont été guéris, ils n'étaient pas pour autant sauvés. Méfions-nous d'une religiosité mystique qui ferait trop de place aux miracles. À l'ostentation et au spectaculaire, notre Seigneur Jésus-Christ préfère la discrétion et l'intimité du cœur (Luc 17/20b-21) : « Le royaume de Dieu ne vient pas en se faisant remarquer. On ne dira pas : ‘Il est ici’, ou : ‘Il est là.’ En effet, le royaume de Dieu est au milieu de vous ». Il est dans le cœur des croyants. Ne nous contentons pas de croire. Vivons pour Dieu dans la reconnaissance, la louange, l'espérance et l'obéissance. Telle sera notre vie de foi, et notre meilleur témoignage chrétien. Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.