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SERMON pour le 2ème dimanche après Pâques

 

1 Pierre 2/19-25 ; Jean 10/11-16

 

JÉSUS, LE BON BERGER MALTRAITÉ

 

 

En Jean 10, l'Évangile du Bon Berger nous présente Notre Seigneur Jésus-Christ sous les traits d'un Pasteur aimant qui Se sacrifie pour Ses brebis. Il offre Sa personne au loup ravisseur à la place de Ses brebis, afin qu'elles soient épargnées. Mais comme Notre Seigneur est aussi le créateur du Loup, Il est plus fort que le loup et Il le domine complètement en ressuscitant des morts, le troisième jour. Satan est vaincu par la glorieuse puissance de Christ ! Et le Bon Berger, Jésus, donne gratuitement la « vie en abondance » aux Brebis que le Père Lui confie, et cette vie abondante est une vie éternelle.

 

Le loup a dispersé les Brebis. Elles ne rentreront pas au bercail d'elles-mêmes. Elles n'ont pas de GPS ni de boussole. Elles sont égarées, perdues ; et elles vont tout droit vers l'infernal ravin de la perdition. C'est tellement plus facile de descendre que de remonter la pente ! Les mercenaires sont ici les prêtres du Temple de Jérusalem, qui se comportent en fonctionnaires ecclésiastiques et profitent de leur situation pour s'enrichir en abusant le petit peuple. Ceci n'est pas nouveau. Les fils de Samuel se conduisaient déjà en mercenaires religieux (1 Samuel 8/3) : « Mais ses fils ne suivaient point son exemple, car ils se détournaient après le gain déshonnête ; ils prenaient des présents, et ils s'éloignaient de la justice ». Bref, ils étaient corrompus, vénaux. Ils se servaient, et travaillaient pour l'argent plutôt que pour Dieu. Cependant, le Maître avertit Ses Apôtres (Luc 16/11-14) : « Si donc vous n'avez pas été fidèles dans les richesses iniques, qui vous confiera les vraies [richesses] ? Et si en ce qui est à autrui vous n'avez pas été fidèles, qui vous donnera ce qui est vôtre ? Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l'un, et aimera l'autre ; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses. Or les Pharisiens aussi, qui étaient avares, entendaient toutes ces choses, et ils se moquaient de lui ». Non seulement les chefs religieux sont avares et corrompus, mais encore ils se moquent de la justice et du Roi de Justice : Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils iront jusqu'à le faire crucifier par la soldatesque romaine, en le livrant à l'armée d'occupation étrangère.

 

Les prêtres du Temple de Jérusalem et les Pharisiens sont comme des mercenaires ; ils en font le plus possible pour eux-mêmes, et le moins possible pour ceux dont ils sont chargés et responsables. (Jean 10/13) : « Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se soucie point des brebis ».

 

Lorsque j'étais en faculté de théologie, j'étais toujours surpris par ces étudiants à l'esprit mercenaire - ils étaient la majorité d'entre nous - qui ne se souciaient que de leur futur salaire et des avantages annexes : logement, voiture, chauffage et électricité gratuits. Et quand je leur suggérais de travailler pour gagner leur pain à la sueur de leur front comme il est écrit en Genèse 3, verset 19 : « Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage, jusqu'à ce que tu retournes en la terre, car tu en as été pris ; parce que tu es poudre, tu retourneras aussi en poudre », ils s'écriaient "Je ne vais tout de même pas fabriquer des tentes, comme Paul". Lequel Paul déclare pourtant : « Soyez tous ensemble mes imitateurs, mes frères, et considérez ceux qui marchent comme vous nous avez pour modèle » (Philippiens 3/17). En effet, Paul travaillait la nuit pour subvenir à ses besoins et n'être à charge de personne dans l'église de Corinthe (2 Corinthiens 11/9) : « Et lorsque j'étais avec vous, et que j'ai été en nécessité, je ne me suis point relâché du travail afin de n'être à charge à personne ; car les frères qui étaient venus de Macédoine ont suppléé à ce qui me manquait ; et je me suis gardé de vous être à charge en aucune chose, et je m'en garderai encore ». Et le même Paul insiste au chapitre suivant (2 Corinthiens 12/14) : « Voici pour la troisième fois que je suis près d'aller vers vous ; et je ne m'épargnerai pas à travailler, pour ne vous être point à charge ; car je ne demande pas votre bien, mais c'est vous-mêmes [que je demande] ; aussi ce ne sont pas les enfants qui doivent ramasser pour leurs pères, mais les pères pour leurs enfants ». Aujourd'hui, on trouve de plus en plus de ces pasteurs et pastourelles ayant pris la détestable habitude de bien vivre sur le dos des autres. Nous en connaissons tous. Je ne vous fais pas un dessin.

 

Ni Paul, ni Jésus ne sont de cet acabit. Non seulement ils ne vivent pas sur la bête, mais ils en prennent soin, et gratuitement. Ils ne demandent rien, ne sollicitent rien (Philippiens 4/15) : « Vous savez aussi, vous Philippiens, qu'au commencement [de la prédication] de l'Évangile, quand je partis de Macédoine, aucune Église ne me communiqua rien en matière de donner et de recevoir, excepté vous seuls ». Et c'est tout juste si Paul accepte les dons volontaires, se contentant du strict nécessaire et envoyant le surplus aux saints de l'Église de Jérusalem, pour leurs pauvres dans le besoin. C'est d'ailleurs à cet effet que les Apôtres ont institué les diacres en Actes 6/1-2 : « Et en ces jours-là, comme les disciples se multipliaient, il s'éleva un murmure des Grecs contre les Hébreux, sur ce que leurs veuves étaient méprisées dans le service ordinaire. C'est pourquoi les Douze ayant appelé la multitude des disciples, dirent : Il n'est pas raisonnable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables ». Les tables, ce sont les comptoirs comme on en trouve aux Restaurants du Cœur ou au Secours Catholique.

 

Paul donc parle clairement du partage des dons avec les saints de Jérusalem (1 Corinthiens 16/1a…3) : « Touchant la collecte qui se fait pour les Saints … quand je serai arrivé, j'enverrai ceux que vous approuverez par vos Lettres pour porter votre libéralité à Jérusalem ». Remarquez et notez que Paul ne vise pas les Apôtres en particulier, mais tous les "Saints", c'est-à-dire les membres de l'Église de Christ qui sont dans le besoin. Il est possible que Paul, le grand imitateur du Bon Berger, ait été plus généreux pour les Saints que ses paroissiens eux-mêmes, s'appliquant à lui-même ce précepte paulinien (2 Thessaloniciens 3/10b) : « … que si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'aussi il ne mange point ».

 

Mais le monde ne comprend pas la bonté. Il s'en méfie, au contraire. Le monde est prompt à la critique, et cette critique est diabolique quand elle s'oppose à la Parole de Dieu (1 Corinthiens 4/12-13) : « Nous nous fatiguons en travaillant de nos propres mains ; on dit du mal de nous, et nous bénissons ; nous sommes persécutés, et nous le souffrons. Nous sommes blâmés, et nous prions ; nous sommes comme les balayures du monde, et comme le rebut de tous, jusqu'à maintenant ». Dans ce domaine et sur ce registre, plus rien ne m'étonne.

 

Christ termine ce passage du Bon Berger par une prophétie (Jean 10/16) : « J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; et il me les faut aussi amener, et elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, [et] un seul berger ». Mais qui sont ces « autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie », sinon les convertis à Christ qui ne sont pas Juifs, Sinon vous et moi ? Aujourd'hui nous entendons la voix du Seigneur par le biais de Sa Parole lue, développée et expliquée. Et le Bon Berger nous conduits dans les verts pâturages prévus pour les descendants d'Abraham. Tel est le Grand Remplacement du Nouveau Testament : Nous sommes greffés sur la vigne du Seigneur, à la place des Juifs qui L'ont renié et crucifié (Romains 11/17-21) : « Si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi qui étais un olivier sauvage, as été enté en leur place, et fait participant de la racine et de la graisse de l'olivier ; ne te glorifie pas contre les branches ; car si tu te glorifies, ce n'est pas toi qui portes la racine, mais c'est la racine qui te porte. Mais tu diras : Les branches ont été retranchées, afin que j'y fusse enté. C'est bien dit, elles ont été retranchées à cause de leur incrédulité, et tu es debout par la foi : ne t'élève [donc] point par orgueil, mais crains. Car si Dieu n'a point épargné les branches naturelles, [prends garde] qu'il ne t'épargne point aussi ». Mais Dieu est miséricordieux pour ceux qui se repentent, et Paul ajoute au verset 23 de la même Épître aux Romains : « Et eux-mêmes aussi, s'ils ne persistent point dans leur incrédulité, ils seront entés : car Dieu est puissant pour les enter de nouveau ». Juifs ou Chrétiens, tous sont sauvés par la foi et le repentir. (Galates 3/26-28) : « Parce que vous êtes tous enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ. Car vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ ; il n'y a ni Juif ni Grec ; il n'y a ni esclave ni libre ; il n'y a ni mâle ni femelle ; car vous êtes tous un en Jésus-Christ ». Et il n'y a pas de péché qui ne puisse être pardonné moyennant le repentir, hormis le péché contre l'Esprit.

 

La 1ère Épître de Pierre (à la fin du chapitre 2) décrit le sort ordinaire qui est réservé au Bon Berger et à Ses brebis : Si Christ fut critiqué, maltraité, nous le sommes aussi. Si Christ a souffert, nous souffrons aussi, quoique moindrement. Si Christ est mort, nous mourrons également, à moins que la trompette des Anges ne résonne d'ici-là. Et quelle fut la réaction du Seigneur, s'il vous plaît ? Il se taisait, comme un mouton à l'abattoir (1 Pierre 2/22-23) : « Lui qui n'a point commis de péché, et dans la bouche duquel il n'a point été trouvé de fraude. Qui lorsqu'on lui disait des outrages, n'en rendait point, et quand on lui faisait du mal, n'usait point de menaces ; mais il s'en remettait à celui qui juge justement ». Oui, Christ a subi l'injustice absolue, pour nous arracher aux griffes de Satan, l'ennemi mortel de nos âmes. Le Bon Berger est condamné par ceux qui Le jugent selon les mauvais critères, des critères qui ne sont pas bibliques. Tandis que nous les jugeons selon les justes critères contenus dans la Parole de Dieu, le Juste Juge. Une seule fois, Jésus a protesté, en montrant par là qu'Il en était capable et que c'est volontairement qu'Il se taisait et se laissait faire (Jean 18/23) : « Jésus lui répondit : Si j'ai mal parlé, rends témoignage du mal ; et si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? ». Notez que Jésus ne condamne pas ; Il en appelle à la conscience de chacun en posant des questions personnelles. Il invite ses interlocuteurs à réfléchir à leur comportement et à en changer. C'est cela, la repentance. Pas les larmes de crocodile, vite oubliées.

 

Et c'est en subissant le martyre à notre place, en attirant sur Sa personne les foudres de l'enfer jointes à celles de la colère du Père en un combat spirituel à mort, que Jésus-Christ est élevé de terre sur une croix, tel un paratonnerre divin. Au verset 24, il est écrit : Il « a porté nos péchés en son corps sur le bois ; afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ; [et] par ses meurtrissures vous avez été guéris ». Et Pierre étend cet exemple de Christ à tous les Chrétiens au verset 19 : « Car c'est une chose agréable à Dieu si quelqu'un à cause de la conscience qu'il a envers Dieu, endure des afflictions, souffrant injustement ».

 

Pour autant, Pierre n'est pas un sadique. Dieu non plus. Mais Sa sainte et divine colère contre le péché est telle qu'un sacrifice humain est justifié, mais Il le fait subir à Son seul Fils engendré, pour nous épargner. Encore une fois, Dieu ne prend pas plaisir au mal et à la souffrance. Mais ce sont là des malheurs inévitables car le monde qui se croit libre, mais reste esclave de Satan, rejette la Vérité. Au verset 20, Pierre précise que Dieu ne prend pas plaisir au sacrifice, mais à notre soumission à Ses décrets, comme Christ S'est soumis à la volonté du Père ; à Gethsémané, « il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, fais passer cette coupe derrière moi, toutefois, non point ce que je veux, mais ce que tu veux » (Marc 14/36). Et la volonté du Père était de sacrifier Son Fils, le Bon Berger, comme Il en a averti Ses disciples (Marc 14/27) : « Jésus leur dit : vous serez tous cette nuit scandalisés en moi ; car il est écrit : je frapperai le Berger, et les brebis seront dispersées ». Jésus est abandonné de tous, même de Son Père. Et nous sommes tous des Isaac, des fils d'Abraham destinés au sacrifice suprême, à la peine capitale, mais épargnés par la grâce de la substitution d'un bélier, lui aussi envoyé par le Père. (Genèse 22/13) : « Et Abraham levant ses yeux regarda, et voilà derrière [lui] un bélier, qui était retenu à un buisson par ses cornes ; et Abraham alla prendre le bélier, et l'offrit en holocauste au lieu de son fils ». Un bélier destiné à la mort, pris par les cornes juste au bon endroit, et au bon moment, ce n'était sûrement pas un hasard…

 

Pierre conclut ce passage en faisant expressément référence au Bon Berger, maltraité à cause de nos péchés pour nous racheter (verset 25) : « Car vous étiez comme des brebis errantes, mais maintenant vous êtes convertis au Pasteur et à l'Évêque de vos âmes ». Oui, le Bon Berger attire à Lui ceux que le Père Lui donne (Jean 12/32) : « Et moi, quand je serai élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi ». Christ est l'évêque de nos âmes - pas moi, car je n'ai rien mérité de tel, contrairement à Christ qui S'est sacrifié pour chacun de nous et nous a mérité le Salut et la vie éternelle. Méditons cela dans notre prière d'action de grâces, matin et soir, comme le Livre de la Prière Commune nous y invite. Amen.

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