
SERMON pour le 16ème dimanche après la Trinité
Éphésiens 3/13-21 ; Luc 7/11-17
CHRIST EST EN CHACUN DE NOUS
Les jeunes scouts apprennent à faire leur Bonne Action quotidienne. On espère leur inculquer par là une bonne habitude de faire le bien, sans attendre de remerciement, car ils ne font que leur devoir. Si ces B.A. sont faites dans l'esprit de mériter quelque chose, ils font fausse route. Mais si elles sont faites afin de témoigner de leur foi en Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur, alors c'est tout autre chose ! Jésus Lui-même a accompli beaucoup de Bonnes Actions de toutes sortes, depuis la multiplication des pains et des poissons en vue de nourrir des foules, jusqu'à la résurrection du fils de la veuve et celle de Lazare, en passant par d'innombrables guérisons. Le moteur de ces miracles était chaque fois la compassion - jamais la vantardise.
Et il ne faut pas s'attendre à des remerciements, mais plutôt à des critiques ; et c'est encore l'occasion de témoigner de notre foi. Nous trouvons dans l'Évangile de Jean ce passage énigmatique (Jean 10/32-34) : « Jésus leur dit : "Je vous ai fait voir beaucoup de belles œuvres qui viennent de mon Père. À cause de laquelle me lapidez-vous ?" Les Juifs lui répondirent : "Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, parce que toi, qui es un être humain, tu te fais Dieu." Jésus leur répondit : "N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit : ‘Vous êtes des dieux’ ?" ». La première réaction des Pharisiens devant un miracle est la colère ; ils sont animés par la jalousie, car ils sont imbus d'eux-mêmes et rejettent tout ce qui pourrait remettre en cause leur supériorité sociale et religieuse, ainsi que leur autorité spirituelle. Il est toujours désagréable de voir un nouveau-venu sorti de l'école vous en remontrer avec sa science toute fraîche, tandis que vous avez l'expérience de toute une vie et des cheveux blanchis sous le harnais par vos efforts et les peines que vous vous êtes données.
Et c'est ici un témoignage par les Bonnes Actions, comme Jésus-Christ le dit Lui-même (Jean 10/37-39) : « "Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ! Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez à ces œuvres afin de savoir et de reconnaître que le Père est en moi et que je suis en lui." Voilà pourquoi ils cherchaient encore à l’arrêter, mais il leur échappa ». Croyez en ces B.A. des petits scouts, car elles témoignent que Dieu est présent dans leur cœur, avec le Père et avec le Saint-Esprit.
Telle est la leçon que nous propose l'Évangile de Luc. En ressuscitant par compassion pour la veuve de Naïn son fils unique et seul soutien dans sa vieillesse, Christ accomplit une Bonne Action. La foule du peuple ne s'y trompe pas et décèle immédiatement la main de Dieu dans le miracle de Jésus (Luc 7/16-17) : « Tous furent saisis de crainte et ils rendaient gloire à Dieu en disant : "Un grand prophète a surgi parmi nous" et : "Dieu a visité son peuple." Cette déclaration sur Jésus se propagea dans toute la Judée et dans toute la région ». Dans leur joie de voir le fils de la veuve revenu à la vie et rendu à sa mère, ils rendent gloire à Dieu de tout leur cœur, au point qu'ils en oublient de remercier Jésus ! En revanche, ils sont pleins de révérence pour ce « grand prophète » dont l'action témoigne de la présence de Dieu en Lui. Et à leur tour, ils propagent l'Évangile de Christ - Dieu incarné et Fils unique engendré du Père - dans toute la Judée et dans toute la région.
Tels sont nos petits scouts, chaque fois qu'ils font leur B.A. : ils témoignent de la présence de Dieu en eux. Oui, « Dieu a visité son peuple » ; Dieu visite Son peuple aujourd'hui même : Il est présent dans le cœur de chaque croyant fidèle à ses obligations de Chrétien cohérent et agissant pour la gloire de Dieu et le bien de tous. La mayonnaise de la Bonne Action prend quand les bénéficiaires et les spectateurs discernent l'Esprit de Dieu dans la Charité manifestée gratuitement, car c'est une grâce de Dieu. Dieu pousse les Chrétiens fidèles à agir pour Sa gloire et pour le bien de tous. C'est aussi simple que cela ; n'allez pas chercher midi à quatorze heures ! Mais il arrive que, comme au temps de Jésus, ces œuvres charitables soient mal reçues. Et si elles sont mal reçues, c'est parce que l'Adversaire de Christ - l'antique Serpent du jardin d'Éden - pousse les ennemis de Christ à persécuter les Chrétiens afin de les faire taire. Mais Notre Seigneur Jésus-Christ nous a avertis et prévenus (Matthieu 5/11-12) : « Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés ». Les ennemis de Christ et de la Vérité sont autour de nous, et même certains se sont glissés dans les Églises en montrant patte blanche - j'allais dire "en portant soutane blanche"…
Bien plus, notre Seigneur nous commande d'aimer Ses ennemis et de leur faire du bien (Matthieu 5/44-45a) : « Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin d’être les fils de votre Père céleste ». Vous avez bien entendu : nous sommes fils et filles de notre Père céleste lorsque nous faisons du bien aux ennemis de Dieu, tout comme Jésus-Christ est venu témoigner du Père par Ses miracles, au milieu d'un peuple hostile car il ne L'attendait plus, bien que Jean-Baptiste ait annoncé Sa venue imminente. Mais ils ont traité Jean-Baptiste comme ils ont traité tous les prophètes en le faisant taire définitivement.
Or, la Parole de Dieu ne peut être tue (Luc 19/39-40) : « Du milieu de la foule, quelques pharisiens dirent à Jésus : "Maître, reprends tes disciples." Il répondit : "Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront !" ». Jean-Baptiste mort décapité, les Apôtres ont reçu à la Pentecôte le Saint-Esprit de Dieu pour relever le flambeau du témoignage en prêchant la Parole et en faisant du bien autour d'eux (Actes 2/42-43) : « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. La crainte s’emparait de chacun et il se faisait beaucoup de prodiges et de signes miraculeux par l’intermédiaire des apôtres ». Et ce que les Chrétiens ne savaient pas faire, Dieu le faisait pour eux car ils le Lui demandaient avec une foi à déplacer les montagnes (Actes 3/2-9) : « Or, on amenait un homme boiteux de naissance, qu’on installait tous les jours à la porte du temple appelée la Belle pour qu’il demande l’aumône à ceux qui entraient dans le temple. Voyant Pierre et Jean sur le point d’y entrer, cet homme leur demanda l’aumône. Pierre, accompagné de Jean, fixa les yeux sur lui et dit : "Regarde-nous !". Il les regardait attentivement, s’attendant à recevoir d’eux quelque chose. Alors Pierre lui dit : "Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, |lève-toi et| marche !". Puis il le prit par la main droite et le fit lever. Ses pieds et ses chevilles s’affermirent immédiatement ; d’un bond il fut debout et se mit à marcher. Il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et adressant des louanges à Dieu. Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu ». Tout le peuple vit ce miracle, mais tous ne furent pas convertis pour autant : seuls crurent en Dieu ceux qui étaient prédestinés à être sauvés de la colère du Père contre les hommes pécheurs (Actes 13/48) : « Les non-Juifs se réjouissaient en entendant cela, ils célébraient la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent ». Mes amis, réjouissez-vous, car si vous croyez en Dieu selon Son Évangile, c'est que vous êtres prédestinés à la vie éternelle en Jésus-Christ.
Lorsque l'Apôtre Paul livre son témoignage de conversion en Actes 22, il affirme que Dieu a permis à Ananias ce miracle et mis ces paroles dans sa bouche (Actes 22/12-15) : « Or un certain Ananias, un homme pieux, fidèle à la loi et estimé de tous les Juifs qui résidaient à Damas, est venu me trouver. Il m’a dit : "Saul, mon frère, retrouve la vue.". Au même instant, j’ai pu le voir. Il a ajouté : "Le Dieu de nos ancêtres t’a destiné à connaître sa volonté, à voir le juste et à entendre les paroles de sa bouche, car tu seras son témoin, devant tous les hommes, de ce que tu as vu et entendu" ». Savons-nous qui sera touché par notre témoignage, notre prédication et nos Bonnes Actions de charité ? Savons-nous lequel d'entre eux deviendra un grand prédicateur devant l'Eternel, un pilier de l'Église de Christ ou même un Réformateur et un martyr ? Rappelons-nous que tous les petits et grands témoins de Jésus-Christ ont d'abord été enseignés par d'autres, soit par la prédication, soit par la lecture de la Bible, soit au catéchisme. Tel est notre rôle d'enseigner l'Évangile, encore aujourd'hui, jusqu'au retour de notre Seigneur Jésus-Christ.
Il n'y a aucune honte et encore moins de vantardise pour le croyant à se savoir habités par l'Esprit de Christ - qui est le Saint-Esprit de Dieu - car c'est un fait, une réalité spirituelle. Le même apôtre Paul le précise dans son Épître aux Éphésiens, à la fin du chapitre 3 (Éphésiens 3/16-17a) : « Je prie qu’il vous donne, conformément à la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans votre être intérieur, de sorte que le Christ habite dans votre cœur par la foi ». Si vous avez la foi, c'est parce que « Christ habite dans votre cœur ». Il y était déjà avant que vous ne vous en rendiez compte et que vous ayez la foi. Car c'est Christ qui fait Sa demeure dans votre cœur. Il y pénètre de la même manière qu'Il est entré dans la chambre haute où les Apôtres ne L'ont pas invité, le croyant mort (Jean 20/26b) : « … Jésus vint alors que les portes étaient fermées, se tint au milieu d’eux et dit : "Que la paix soit avec vous !" ».
La grâce de Dieu n'est pas une marchandise qu'on pourrait mériter, acheter, troquer ou échanger. Nous n'en disposons pas à notre gré, selon notre bon vouloir, car c'est notre Père du Ciel et Lui seul qui en a l'initiative ; Il fait grâce à qui Il veut (Marc 3/13) : « Il monta ensuite sur la montagne ; il appela ceux qu’il voulait, et ils vinrent vers lui ». Voilà pourquoi Paul nous invite à « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu » (Éphésiens 3/18-19). Oui, nous sommes remplis de Dieu : la Trinité nous habite !
Et le même Paul nous exhorte à rendre gloire à Dieu pour toute grâce qu'Il nous fait, alors même que nous avions mérité l'enfer éternel à cause de notre péché personnel et celui que nous avons hérité d'Adam, si justement Dieu ne nous avait fait la grâce de nous prédestiner à être sauvés par le sang de Christ versé à la croix pour nous laver de nos péchés, manifestant et nous communiquant par là Son amour sans limite (Éphésiens 3/20-21) : « À celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Église en Jésus-Christ, pour toutes les générations, aux siècles des siècles ! Amen ! ».
Oui, en nous sauvant, Dieu fait plus que nous aurions pu penser ou même imaginer, et encore moins demander. Nous qui étions rebelles, nous sommes devenus Ses fidèles, Ses serviteurs et Ses adorateurs, à la suite d'un changement radical de notre condition, décrété par Dieu. Dès lors, nous ne nous appartenons plus. Nous sommes non seulement Ses créatures, comme tous les hommes et les femmes de ce monde, mais Il nous a recréés à Son image, et pour Sa seule gloire. La simple logique veut que :
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Nous Lui rendions grâce en remerciant Dieu pour Ses dons et pour l'œuvre de Son Fils à la croix, laquelle nous sauve en nous rétablissant dans l'amitié de Dieu.
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Nous Le louions pour Sa puissance, Sa sagesse et Sa gloire révélées dans Sa Parole et manifestée en Jésus-Christ.
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Nous Lui soyons soumis comme des serviteurs zélés, en obéissant à Ses Commandements et à Sa Loi d'Aimer toutes Ses créatures, bonnes ou mauvaises à notre égard.
Mais il ne faut pas nous imaginer que l'amour de Dieu est mièvre, doux et sirupeux, baignant dans un universalisme indifférencié. Cet amour de Dieu est au contraire ciblé, fort, viril et puissant ; il envisage d'humeur égale et accepte les épreuves - les croix - les critiques et l'hostilité des incroyants qui nous en veulent de leur rappeler que sans la grâce de Dieu, il est impossible d'être épargné au jour de Sa divine colère contre toute rébellion et contre toute désobéissance volontaire ou involontaire. Les incroyants ne savent même pas qu'ils sont pécheurs perdus, et si on leur dit que le Jugement dernier leur sera fatal, ils crient aussitôt à l'injustice de Dieu : "Il y en a bien qui ont faire pire que moi !", les entend-on dire. Mais au fond, ils ne savent pas ce qu'ils disent ; ils sont ignorants de la Vérité, ils ignorent Christ et Son œuvre de rachat et de rédemption visant ceux que le Père Lui a donnés (Jean 6/37-40) : « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. En effet, je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais celle de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite le dernier jour. En effet, la volonté de mon Père, c’est que toute personne qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi, je la ressusciterai le dernier jour." ».
Mes amis, rendons grâce au Père de nous avoir donné Son Fils et infusé Son Saint-Esprit. Christ est en chacun de nous et nous sommes ainsi assurés de ressusciter dans le Ciel promis à tous les élus du Père. Telle est notre incomparable richesse, dont aucun voleur ne peut nous déposséder ni nous dessaisir. Soyons fidèles aux promesses de notre baptême ! Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.