
SERMON pour le 12ème dimanche après la Trinité
2 Corinthiens 3/4-11 ; Marc 7/31-37
LA GLOIRE QUI NOUS ATTEND
Combien de temps faut-il à nos médecins contemporains pour guérir un sourd-muet de naissance ? Il faut un certain temps… et combien de temps faut-il à notre Seigneur Jésus-Christ pour guérir le même sourd-muet ? Moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ! Ces histoires de guérisons miraculeuses opérées par Christ nous font parfois penser à des contes de fées. Sauf qu'il y a une grande différence entre les deux : les contes de fées sont imaginaires - ils commencent toujours par la phrase bien connue "Il était une fois…", alors que les Évangiles sont des récits historiques ; Matthieu commence par la généalogie de Jésus-Christ, à partir d'Abraham, et Luc situe les faits au temps du roi Hérode (Luc 1/1-5a) : « Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et qui sont devenus des serviteurs de la parole. Il m’a donc paru bon à moi aussi, qui me suis soigneusement informé sur toutes ces choses dès l’origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. Durant le règne d’Hérode sur la Judée… ». Les miracles rapportés dans les Évangiles ont donc toutes les chances d'être historiques, et d'une façon générale, tout ce que dit la Bible est vrai (Jean 10/35c & 37-38) : « … l’Écriture ne peut pas être annulée […] Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ! Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez à ces œuvres afin de savoir et de reconnaître que le Père est en moi et que je suis en lui ».
Les adversaires de Jésus ont beau dire, Jésus enseigne et accomplit des miracles à tout bout de champ. Aussi veulent-ils l'en empêcher. Ils ont tout essayé : Le confondre par des questions-pièges, nier Son autorité alors qu'Il Se fait obéir même de la mer et des vents, L'accuser de blasphème et d'hérésie, Lui reprocher de pécher quand il guérit un jour de Sabbat, Le chasser de la synagogue et tenter de Le précipiter du haut d'une falaise, pour finalement se débarrasser de Lui en le faisant injustement condamner à mort, après un simulacre de procès, en recourant à la puissance militaire de leur grand ennemi du moment : la Rome païenne. Pour les Israélites légalistes, Jésus est un gêneur qu'il faut éliminer. Et pourquoi donc faut-il L'éliminer ? parce qu'en Lui réside la puissance de Dieu, manifestée par Ses paroles et confirmée par Ses miracles.
(Matthieu 26/56a) : « Mais tout cela est arrivé afin que les écrits des prophètes soient accomplis… ». C'est donc pour réaliser les prophéties de l'Ancien Testament que Christ est né, a souffert, « … est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures ; il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures » (1 Corinthiens 15/3b-4). Et c'est sur cette conformité aux Écritures que Christ invite Ses interlocuteurs à se référer pour discerner en Lui la toute-puissance de la divinité (Matthieu 11/2-4) : « Or, dans sa prison, Jean avait entendu parler de ce que faisait Christ. Il envoya deux de ses disciples lui demander : "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" Jésus leur répondit : "Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ». Ceci avait été annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament que les Scribes et les Docteurs de la Loi connaissaient parfaitement (Ésaïe 42/5-8) : « Voici ce que dit l’Eternel, le Dieu qui a créé le ciel et l’a déployé, qui a disposé la terre et tout ce qu’elle produit et qui donne la respiration à ceux qui la peuplent, le souffle à ceux qui y marchent : Moi, l’Eternel, je t’ai appelé en toute justice et je te tiendrai fermement par la main. Je te garderai et je t’établirai pour que tu sois l’alliance du peuple, la lumière des nations, pour que tu ouvres les yeux des aveugles, pour que tu fasses sortir le détenu de prison et de leur cachot les habitants des ténèbres. Je suis l’Eternel, voilà quel est mon nom, et je ne donnerai pas ma gloire à un autre ni la louange qui m’est due aux sculptures sacrées ». Christ invite donc Jean-Baptiste à faire le lien entre les prophéties annonçant le Messie divin et les miracles qu'Il fait. À l'évidence, le petit cousin de Jean-Baptiste est le Messie promis par les prophètes.
En revanche, la jalousie des chefs religieux d'Israël leur fait grincer des dents ; ils sont tout aussi impuissants à faire des miracles que des idoles païennes qui « ne peuvent sauver un homme de la mort, ni arracher le faible au puissant, ni restaurer la vue d'un aveugle, ni délivrer un homme de la détresse, ni avoir compassion d'une veuve, ni être bienfaisants à un orphelin » (Baruch* 6/35-37). Or, tout cela est accompli par Christ, au cours des trois années de Son ministère terrestre. Les chefs religieux le voyaient bien, ils le savaient, mais ils refusaient de reconnaître en Jésus de Nazareth le Messie promis et de se soumettre à Lui. Ceci est incompréhensible, à moins que leur cœur et leur entendement n'aient été endurcis par Dieu Lui-même, dans Son plan de Salut pour les élus.
En revanche, le petit peuple croit que Jésus-Christ est bien le Messie promis, et il ne cesse de Lui demander les guérisons que nul autre que Dieu n'est capable de faire (Marc 7/32) : « On lui amena un sourd qui avait de la difficulté à parler et on le supplia de poser la main sur lui ». Poser la main sur quelqu'un, c'est prendre autorité sur cette personne, pour la bénir. Et bénir, c'est souhaiter du bien. Mais Christ ne le fait pas. Il procède tout autrement (Marc 7/33-34) : « Il le prit à part loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles et lui toucha la langue avec sa propre salive. Puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit : "Ephphatha" — c’est-à-dire "Ouvre-toi" ». Par ces gestes, Christ s'approprie le corps malade et prend autorité sur lui.
Les yeux levés au ciel, Jésus soupire. Il n'a pas plus de mots pour prier que le muet auquel il s'identifie. Christ transmet la prière du muet au Père céleste en s'identifiant à ce muet, au point de parler comme lui. Mais Il y met tout son cœur pour implorer Son Père et le supplier de faire cette guérison. Voilà pour l'intention. Les gestes de Jésus sont ceux d'un médecin auscultant un patient, ce qui doit nous inciter à consulter les médecins lorsque nous en avons besoin. Et la guérison intervient sur un ordre de Christ prononcé dans la langue du malade : Ephphatha, ouvre-toi. Il n'y a pas plus de mystère dans ce miracle que lorsque ma femme ouvre une boîte de conserves avec son ouvre-boîte électrique : elle appuie sur le bouton et la boîte s'ouvre. Christ ordonne, aussitôt la chose s'accomplit, c'est tout (Marc 7/35) : « Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia et il se mit à parler correctement ». Sa Parole est puissante, comme l'Épître aux Hébreux le souligne (Hébreux 1/1-3) : « Après avoir autrefois, à de nombreuses reprises et de bien des manières, parlé à nos ancêtres par les prophètes, Dieu, dans ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils. Il l’a établi héritier de toute chose et c’est par lui aussi qu’il a créé l’univers. Le Fils est le reflet de sa gloire et l’expression de sa personne, il soutient tout par sa parole puissante. Après avoir accompli la purification de nos péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts ». Notez que par Sa parole, Christ ouvre les oreilles des sourds… Christ peut donc ouvrir les oreilles même de ceux qui ne veulent pas L'entendre, comme les Israélites auxquels Étienne adresse son ultime discours (Actes 7/51-53) : « Hommes réfractaires, incirconcis de cœur et d’oreilles ! Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit ; vous êtes bien comme vos ancêtres. Lequel des prophètes vos ancêtres n’ont-ils pas persécuté ? Ils ont tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, et c’est lui que vous avez fait maintenant arrêter et dont vous êtes devenus les meurtriers, vous qui avez reçu la loi par l’intermédiaire des anges et qui ne l’avez pas gardée ! ».
Voyez aussi la conversion de Paul sur le chemin de Damas : Christ se fait entendre de Paul et de sa suite (Actes 9/4) : « Il tomba par terre et entendit une voix lui dire : "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?" » ; et au verset 7 : « Les hommes qui l’accompagnaient s’arrêtèrent, muets de stupeur ; ils entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne ». Christ peut donc fermer les bouches et les oreilles aussi bien que de les ouvrir. (Marc 7/37/b) : « Il fait tout à merveille ; il fait même entendre les sourds et parler les muets ».
De deux choses l'une : ou bien Jésus-Christ est Dieu et il peut tout faire par Sa seule Parole, ou bien il n'est pas Dieu et Il ne peut rien faire, ni par Sa Parole, ni autrement, et il serait alors comme les chefs religieux qui auraient aimé pourvoir faire ce que Christ accomplit. Or, Christ accomplit des miracles tous les jours, encore aujourd'hui ; le plus grand miracle étant la conversion, la repentance et le retour à Dieu d'un pécheur élu par le Père avant la fondation du monde. La Parole de Christ est efficace, et elle réalise Sa divine volonté, parce qu'Il est Dieu, réellement Dieu.
« Telle est l’assurance que nous avons par Christ auprès de Dieu. Je ne dis pas que nous soyons capables, par nous-mêmes, de concevoir quelque chose comme si cela venait de nous. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. » (2 Corinthiens 3/4-5). Nous sommes en effet incapables de concevoir un acte de conversion par nous-mêmes, « Notre capacité, au contraire, vient de Dieu ». (verset 6) : « Il nous a aussi rendus capables d’être serviteurs d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit fait vivre ». Et qu'est-ce que devenir serviteurs d'une nouvelle alliance, sinon nous convertir à la foi de l'Évangile ? Dans le nouveau Testament, personne ne se convertit de soi-même. C'est toujours par l'effet d'une Parole de Dieu lue, prêchée ou enseignée que les cœurs sont touchés. Pourquoi tous les auditeurs ne se convertissent-ils pas ? Parce que tous ne sont pas des élus. Tel est le sens de cette Parole (Matthieu 22/14) : « Il y a beaucoup d'appelés, mais peu sont élus ». Notez que l'Écriture Sainte ne dit pas "peu seront élus" mais « peu sont élus ». Les élus ont en effet été choisis dès avant la fondation du monde. La prédication de l'Évangile ne fait que révéler un tri qui a été fait longtemps auparavant, et que nul ne peut changer ni modifier.
Paul limite la suite de son discours aux seuls élus en rappelant la gloire de Moïse lorsque son visage devenait lumineux, comme celui de Christ à la Transfiguration (Exode 34/29-30) : « Moïse descendit du mont Sinaï, les deux tables du témoignage à la main. Il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu’il avait parlé avec l’Eternel. Aaron et tous les Israélites regardèrent Moïse et virent que la peau de son visage rayonnait ; ils eurent alors peur de s’approcher de lui ». Une gloire aussi insolite fait peur ; elle accompagne le ministère de la mort que constitue la Loi de Moïse - les Dix Commandements - dont le rôle est de nous confondre tous en nous convaincant de péché. Tous, nous avons péché, d'une manière ou d'une autre. Or, Paul nous promet une gloire supérieure à celle de Moïse ! (2 Corinthiens 3/8-9) : « combien le ministère de l’Esprit sera plus glorieux ! En effet, si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère de la justice est bien plus glorieux encore ». Le ministère de la condamnation, c'est celui de la Loi : tout l'Ancien Testament établit que le peuple d'Israël a péché en se détournant du vrai Dieu pour suivre des idoles muettes. Et le dernier verset de l'Ancien Testament se termine par le mot "destruction" (Malachie 4/5-6) : « Je vous enverrai le prophète Elie avant que n’arrive le jour de l’Eternel, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs enfants et le cœur des enfants vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays de destruction ». La désobéissance à la Loi aboutit à la destruction, mais la promesse d'un Messie-Sauveur, précédée d'Élie (Jean-Baptiste) nourrit l'espérance d'un Salut pour les élus.
La gloire de Moïse était passagère, temporaire. Mais la nôtre sera éternelle, définitive, et en tant que telle, elle sera très supérieure à celle de Moïse (2 Corinthiens 3/11) : « En effet, si ce qui était passager a été marqué par la gloire, ce qui est permanent sera bien plus glorieux ». Rendez-vous compte de ce que cela implique pour nous ? (2 Corinthiens 3/12) : « Puisque nous avons une telle espérance, nous faisons preuve d’une grande assurance ». Notre assurance consiste en une foi ferme et inébranlable en notre Seigneur Jésus-Christ, comme celle professée par Paul (2 Timothée 1/12b) : « … je sais en qui j’ai cru et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder le dépôt qu’il m’a confié jusqu’à ce jour-là ». Et ce dépôt, ce sont les Paroles de l'Évangile. Et un bon dépositaire - celui qui reçoit le dépôt - conserve tel quel ce qui lui a été confié, sans le modifier, en n'y ajoutant ni en n'y retranchant quoi que ce soit, comme les bibles modernes osent le faire.
Mes amis, vous savez ce qu'il vous reste à faire : lisez et relisez l'Évangile et le Nouveau Testament qui en est la suite. Vous connaîtrez votre avenir et celui de ce monde voué à la destruction, et vous aurez aussi cette ferme assurance que rien ne pourra nous « séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 8/39b). À Dieu seul soit la gloire ! Rendons-Lui grâce pour Sa promesse de partager Sa gloire avec nous. Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC.