
SERMON pour le 2ème dimanche après la Trinité
Luc 14/16-24 ; 1 Jean 3/13-24
L'IMPOLITESSE ENVERS DIEU
Quand Notre Seigneur Jésus-Christ a des choses dures ou blessantes à nous dire, il le fait en paraboles. La parabole des invités à la Cène en est une, particulièrement violente.
Dans cette parabole, Jésus dit ceci : « Un homme organisa un grand festin et invita beaucoup de gens » (Luc 14/16). Le verset précédent établit clairement un parallèle avec les noces royales de l'Agneau et de l'Église, son épouse bien-aimée (Luc 14/15) : « … un de ceux qui étaient à table dit à Jésus : "Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu !" ». Il s'agit donc bien du Royaume des Cieux, et le « Un homme » de la parabole ne peut être que Dieu Lui-même, le Roi des Cieux.
Notre Père « invita beaucoup de gens », et ces gens sont les appelés de Dieu. Imaginez leur privilège d'être invités à un festin royal ! Qui refuserait une invitation à dîner chez Louis XIV, à Versailles ? Tous ceux que le président Macron y a conviés ne se sont pas fait prier. Tous sont venus, et pour un peu on se serait battu pour y entrer. Heureusement, le service d'ordre était présent en nombre, bien visible.
Et que dit Dieu, en l'espèce ? « À l’heure du festin, il envoya son serviteur dire aux invités : ‘Venez, car tout est déjà prêt.’ ». Question : "Qui est ce serviteur envoyé par le Père ?" - sont-ce les prophètes ? Non, car la prophétie s'est arrêtée quatre siècles avant Jésus-Christ, et de leur temps tout n'était pas prêt, loin de là, puisqu'Israël se complaisait dans l'idolâtrie païenne. Pour que tout soit prêt, il fallait plus qu'un prophète, un précurseur : Jean-Baptiste (Jean 1/19-23) : « Voici le témoignage de Jean lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des Lévites pour lui demander : "Toi, qui es-tu ?". Il déclara et sans restriction affirma : "Moi, je ne suis pas le Messie". Ils lui demandèrent : "Qui es-tu donc ? Es-tu Elie ?" Et il dit : "Je ne le suis pas". "Es-tu le prophète ?" Et il répondit : "Non". Ils lui dirent alors : "Qui es-tu ? Nous devons donner une réponse à ceux qui nous ont envoyés ! Que dis-tu de toi-même ?". "Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : ‘Rendez le chemin du Seigneur droit’, comme l’a dit le prophète Ésaïe" ». De son propre aveu, Jean-Baptiste n'est ni le Messie ni le prophète, mais celui qui prépare les cœurs à la venue du Messie (Marc 1/4-5) : « Jean parut ; il baptisait dans le désert et prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés. Toute la région de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient vers lui. Reconnaissant publiquement leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans l’eau du Jourdain ». Le baptême de Jean est un baptême de repentance, mais il ne fait que préparer les cœurs à recevoir le don du Saint-Esprit en les purifiant et en les amenant à renoncer au péché, à Satan, à ses pompes et à ses œuvres. C'est un peu comme le fait de se laver et de revêtir sa tenue de soirée pour aller dîner à Versailles, dans la galerie des Glaces. On se pomponne, on se maquille, et on fait taire ses récriminations habituelles, afin de se présenter sous son meilleur jour. Et que la fête commence !
Et qui sont les invités au dîner royal ? Le peuple juif, préparé par Jean-Baptiste (Matthieu 3/5-6) : « Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain se rendaient vers lui, reconnaissant publiquement leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain ». Tous étaient repentis et baptisés par Jean, avant la venue du Messie, le Fils unique engendré de Dieu. Tous ? Non car les chefs religieux résistaient, ils voyaient d'un mauvais œil cette concurrence faite à leurs assemblées officielles (Matthieu 3/7-9) : « Cependant, quand il vit beaucoup de pharisiens et de sadducéens venir se faire baptiser par lui, il leur dit : "Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? Produisez donc du fruit qui confirme votre changement d’attitude et ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour ancêtre !’ En effet, je vous déclare que de ces pierres Dieu peut faire naître des descendants à Abraham" ». « Nous avons Abraham pour ancêtre ! ». Immanquablement, cela fait penser à ces descendants de Catholiques Réformés qui s'enorgueillissent d'avoir pour ancêtres des huguenots, voire des Camisards cévenols, des victimes des dragonnades, et regardent de haut ceux dont ils pensent qu'ils ne font pas partie de leur généalogie, ou de leur coterie, sans même prendre la peine de le vérifier. J'en sais quelque chose !
« Mais tous sans exception se mirent à s’excuser ». Tous sont hypocrites ! Aussi bien les pharisiens et sadducéens - démasqués par Jean-Baptiste - que les Judéens baptisés par le même Jean-Baptiste. Tous ont abjuré et se sont remis sous la coupe des chefs religieux félons qui leur interdisent d'aller au festin du Roi des Cieux. Ils sont maintenus dans la crainte d'une punition par rejet de la communauté, sous la pression sociale, plutôt que dans la crainte de Dieu et de Son Jugement, au dernier jour. Là aussi, j'en sais quelque chose.
Naturellement, ils inventent tous les prétextes, du plus sérieux au plus fantaisiste et farfelu, pour s'excuser. Voyez vous-mêmes : « J’ai acheté un champ et je suis obligé d’aller le voir » - obligé par qui, je vous prie ? Par personne ! « J’ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les essayer » ne peut-il pas les laisser tranquilles, au repos pour quelques heures ? Et que signifie cette lubie de choisir précisément l'heure du banquet à Versailles pour essayer ses bœufs ? N'est-ce pas se moquer du monde ? Enfin, un troisième a une raison valable pour un Juif : « Je viens de me marier » … Un mariage juif dispensait le marié de tout service militaire et civil pendant les douze mois suivant la noce. Pour nous, c'est une excuse tirée par les cheveux, mais pas pour un Juif. Vous noterez que celui-ci ne demande pas comme les autres à être excusé ; il est sûr de son bon droit : « Je viens de me marier, c’est pourquoi je ne peux pas venir ». Un point, c'est tout.
Et quelle est la réaction du Roi des cieux, je vous prie ? (Luc 14/21) : « À son retour, le serviteur rapporta ces paroles à son maître. Alors le maître de la maison, en colère, dit à son serviteur : ‘Va vite sur les places et dans les rues de la ville et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.’ ». Les Juifs se récusent et rejettent l'invitation au festin du Roi des Cieux, ce qui est une impolitesse caractérisée. En Angleterre, comme en France d'Ancien Régime, il est impossible de refuser une invitation royale, que ce soit à Versailles ou au palais de Buckingham. Si vous n'y paraissez pas, la police vient vous chercher à votre domicile et vous y conduit de force ! Il n'est pas question que la table royale soit mitée par des chaises vides. Si les Juifs ne viennent pas, d'autres prendront leur place, et cette fois ils n'auront pas le choix : la grâce de Dieu est irrésistible ! (Luc 14/22-23) : « Le serviteur dit : ‘Maître, ce que tu as ordonné a été fait et il reste encore de la place.’ Le maître dit alors au serviteur : ‘Va sur les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, oblige-les à entrer, afin que ma maison soit remplie ». Pas une seule chaise ne doit rester vide ! Le Roi sait compter, et Il sait le nombre exact des chaises et de couverts mis en place à la table du grand festin. Il y en a beaucoup. Le Roi fera en sorte que toutes soient remplies, et rien ni personne ne pourra s'opposer à Lui.
Dieu a donné une certaine liberté à Adam, le premier homme. Adam en a fait mauvais usage et sa liberté lui a été ôtée. Même le peuple Juif a fait mauvais usage de sa prétendue liberté : enfermé dans la soumission à Satan, et alors qu'il se croyait libre, il a rejeté le Messie envoyé du Père, Notre Seigneur Jésus-Christ, en hurlant « à mort ! crucifie-le ! ». Ils ont trahi, saisi, torturé et assassiné le Serviteur souffrant que le Père leur avait envoyé.
« … le salut vient des Juifs » dit Jésus à la Samaritaine en Jean 4/22. Et paradoxalement, les Juifs rejettent un Salut qui ne vient pas d'eux-mêmes mais de Christ seul. Nous en connaissons beaucoup aujourd'hui, et tous ne sont pas des Juifs. Ils ont Luther pour père, ou Calvin, ou tel ou tel prédicateur de réveil en vue.
Or, le Salut est en Jésus-Christ seul (Actes 4/12) : « Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés ». Autrement dit, refuser l'appel de Dieu, c'est faire un mauvais usage de sa liberté, c'est se damner pour l'éternité. Car nous n'avons qu'un seul Roi, un seul Dieu, un seul Seigneur et maître, un seul Père : ce n'est pas Abraham, comme les Juifs le pensent, mais le Dieu d'Abraham : Père, Fils, Saint-Esprit. La nuance est de taille !
Mes amis, faisons bien attention à ne pas nous excuser quand Dieu nous appelle (Romains 11/29) : « En effet, les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables ». Dieu ne changera pas d'avis. Et les conséquences de notre refus éventuel sont particulièrement funestes (Luc 14/24) : « En effet, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon festin ». Qui sont donc ceux qui prendront part au festin, dans le Royaume de Dieu ? Ce sont ceux à qui Dieu a fait la grâce de les obliger à y entrer, même contre leur petite volonté d'hommes jusque-là liés par le péché. Voyez comment Paul fut converti sur le chemin de Damas par une apparition de Jésus-Christ, alors qu'il ne respirait que de la haine envers les Chrétiens et contre Christ…
Saisis par la grâce de Dieu, et habités par le Saint-Esprit qui demeure en nous, nous sommes transformés à l'image de Christ et à Sa ressemblance. Nous entrons dans la famille de Dieu, le Roi des Cieux, et nous en devenons les enfants adoptifs. Avouez qu'il y a là de quoi rendre jaloux ceux qui, « invités, ne goûteront de mon souper » (Luc 14/24). Ils auront décliné l'invitation du Père, trop longtemps, trop tard.
(1 Jean 3/13) : « Ne vous étonnez pas, mes frères et sœurs, si le monde vous déteste ». Le monde va à la perdition ; il le sait mais s'aveugle volontairement sur son sort malheureux. Il préfère finir en enfer que de se soumettre à Dieu et à Sa Loi, en pratiquant Ses Commandements. « Quant à nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons les frères et sœurs. Celui qui n’aime pas |son frère| reste dans la mort » (v. 14). Aimer les frères peut mener loin : au bûcher ! « … Christ a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères et sœurs » (v. 16).
L'amour a un coût : « Si quelqu’un qui possède les biens de ce monde voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu peut-il demeurer en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actes et avec vérité » (vv. 17-18). Soyons généreux avec nos frères et sœurs chrétiens. Ne nous attachons pas à ce que nous possédons et que les voleurs peuvent nous enlever. Attachons-nous à Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et seul Sauveur. Il n'y a pas de plus grande richesse que de Lui appartenir.
Et parce que nous Lui appartenons, nous Lui sommes soumis Nous pratiquons Ses Commandements (versets 22-24) : « Quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et faisons ce qui lui est agréable. Et voici quel est son commandement : c’est que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ et que nous nous aimions les uns les autres, comme il l’a ordonné. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, à l’Esprit qu’il nous a donné ». Jean nous livre ici un résumé de la vie chrétienne : Tout un programme d'amour de Dieu et d'obéissance à Sa sainte Volonté.
Or, Sa Volonté, c'est que nous nous aimions les uns les autres, comme une famille exemplaire. Et le Livre de la Prière Commune nous invite à prier Pour implorer la bénédiction divine sur les familles de notre Patrie : « Allume en nous tous une charité si ardente que nous ressentions les uns pour les autres à jamais une affection tendre et fraternelle ; par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen ».
Mes amis, ne rejetons pas l'appel du Seigneur à L'aimer et à Le servir. Le monde nous déteste, mais ce monde passera, tandis que nous vivrons éternellement dans le Royaume des Cieux, à la table du festin que Dieu a préparé pour nous. N'ayons pas peur. Allons-y, car tout est prêt. Amen.