
SERMON pour le 4ème dimanche après la Trinité
Luc 6/36-42 ; Romains 8/18-23
SE JUGER SOI-MÊME AVANT DE JUGER LES AUTRES
« Ne jugez pas… » (Luc 6/37a) est le verset préféré des pécheurs impénitents. C'est tellement facile de se justifier à bon compte en prenant bien soin d'éliminer tout le contexte de ce verset. Au verset précédent, notre Seigneur Jésus-Christ nous donne le cadre général de son discours (verset 36) : « Soyez donc pleins de compassion, tout comme votre Père est plein de compassion ». Notre Père céleste est miséricordieux, et nous devons imiter Sa compassion envers les pécheurs qui font pénitence. Dieu déteste le péché, Il ne le supporte pas ; mais Il pardonne à ceux qui se repentent, qui changent non seulement d'attitude, mais de façon de penser, en réglant leurs jugements sur ceux du Père, clairement contenus dans Sa Parole, la Bible.
N'allez pas vous imaginer que nos péchés soient de bien petites choses, pardonnables en soi, automatiquement. Nier le péché n'est pas la solution. Au contraire, la Parole de Dieu insiste sur la gravité de toute désobéissance à la volonté de Dieu pour nous, sanctionnée par la mort et l'enfer éternel promis à notre premier ancêtre, le malheureux Adam (Genèse 2/16-17) : « L’Éternel Dieu donna cet ordre à l’homme : "Tu pourras manger les fruits de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras, c’est certain." ». La mort n'est pas un phénomène naturel. C'est la punition du péché, et un examen de conscience honnête nous révèle assez rapidement que nous méritons cette mort qui nous attend au tournant, notre mort. La mort comporte une dimension spirituelle que les hommes, nos contemporains, oublient volontairement : notre mort est la conséquence de notre péché. Et nous avons tous péché. Pas la peine de nous comparer à pire que nous en tentant de nous rassurer à bon compte (Romains 3/22b-23) : « … Il n’y a pas de différence : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ».
(Psaume 51/5-7) : « Oui, depuis ma naissance, je suis coupable ; quand ma mère m’a conçu, j’étais déjà marqué par le péché. Mais tu veux que la vérité soit au fond du cœur : fais-moi connaître la sagesse dans le secret de mon être ! Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur, lave-moi, et je serai plus blanc que la neige ! ». Oui, nous avons besoin d'être purifiés. Le baptême et la confirmation ne suffisent pas. Nous ne sommes purifiés que par le sang de Christ, versé à la croix. Sans Son sacrifice unique, dont l'efficacité s'applique aussi bien à l'éternité passé qu'en vue de l'éternité future, personne ne pourrait être sauvé. Et nous nous repentons quand nous prenons conscience de ce que notre péché a coûté au Fils unique engendré du Père, ni plus ni moins que la peine de mort, assortie de tortures cruelles aussi bien physiques que morales (Matthieu 27/46) : « Vers trois heures de l’après-midi, Jésus s’écria d’une voix forte : "Eli, Eli, lama sabachthani ?" — c’est-à-dire : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" ». Christ S'est dépouillé de Sa dignité royale en S'incarnant dans le sein de Marie, une simple jeune fille juive qui ne demandait rien à personne, sinon d'obéir à Dieu ; Christ S'est dépouillé de Sa robe royale sans couture au moment d'être cloué sur une méchante croix de bois, nu comme un ver, exposé et humilié à la vue de tous ; Christ S'est dépouillé de Sa propre vie en rendant l'âme sur cette même croix, en ayant tout accompli pour notre Salut (Luc 23/46) : « Jésus s’écria d’une voix forte : ‘Père, je remets mon esprit entre tes mains.’ Après avoir dit ces paroles, il expira ».
Chers frères et sœurs en Christ, c'est par ce sacrifice abominable que nous sommes délivrés de la mort, nous qui croyons, preuve que le péché n'est pas une petite affaire. Jésus dit en Jean 10/11 : « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis ». Notre péché nous damnait, nous condamnait à l'enfer éternel, mais le sang versé par Christ nous lave de notre péché par la foi, et nous délivre des griffes de Satan. Ce dernier n'a plus aucun pouvoir sur nous, car nous sommes en sécurité dans la main du Père. Dieu le Créateur est plus fort que Satan, qui n'est qu'une créature, et une créature déchue. Les démons enragent de nous savoir sauvés. Et si nous avons parfois des doutes à ce sujet, les démons n'en ont aucun. Soyez-en pleinement assurés ! Et si ces viles créatures spirituelles nous tentent de façon prioritaire, c'est pour nous faire peur et nous faire douter, rien de plus. Mais n'ayez pas peur ! Pierre, Jacques et Jean furent terrorisés par la voix de Dieu qui accompagnait la Transfiguration de Notre Seigneur (Matthieu 17/5b-7) : « … une nuée lumineuse les couvrit. De la nuée une voix fit entendre ces paroles : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation : écoutez-le !". Lorsqu’ils entendirent cette voix, les disciples tombèrent le visage contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Mais Jésus s’approcha d’eux, les toucha et dit : "Levez-vous, n’ayez pas peur !" ». « Jésus s’approcha d’eux, les toucha » … Imaginez une seconde que Christ nous touche… Quel privilège de sentir physiquement la réalité de Dieu ! Mais notre péché est tout aussi réel, comme est réel le sacrifice de Christ. Voilà qui devrait nous inciter à l'humilité pour ce qui nous concerne, et à la compassion envers les autres, surtout les incroyants, les rebelles à Dieu et les ignorants qui nous entourent, propageant à tort l’idée que Dieu aime les pécheurs… car Il les expédie en enfer !
C'est donc dans ce contexte qu'il faut comprendre le fameux verset « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés ; pardonnez et vous serez pardonnés » (Luc 6/37). Il est suivi de deux autres, qui lui ressemblent (Luc 6/41-42) : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton propre œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : ‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère ». Ces paroles de Christ nous invitent à l'humilité. Elles nous invitent à ne pas nous sentir supérieurs aux autres. Nous avons été touchés par Christ, à Son initiative et selon Sa seule Volonté. C'est une pure grâce divine. Nous n'avions rien mérité de tel, car nous étions des pécheurs perdus, comme les autres. Et notre volonté est détruite par la grâce divine. Elle est remplacée par la volonté de Dieu qui vient habiter dans notre cœur, par Son Esprit-Saint. Voilà ce que nous appelons la Repentance !
La conséquence est manifeste (Luc 6/43-45) : « Un bon arbre ne porte pas de mauvais fruits ni un mauvais arbre de bons fruits. En effet, chaque arbre se reconnaît à son fruit. On ne cueille pas des figues sur des ronces et l’on ne vendange pas des raisins sur des ronces. L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et celui qui est mauvais, tire de mauvaises choses du mauvais [trésor de son cœur]. En effet, sa bouche exprime ce dont son cœur est plein ». Si notre bouche profère des insanités, c'est que nous sommes mauvais. Mais si en revanche nous déclarons de bonnes paroles, alors nous sommes bons, touchés par Christ. Et le meilleur que notre bouche puisse exprimer, c'est la Parole de Dieu. Remplissons le trésor de notre cœur de ces bonnes Paroles de Dieu, nourrissons notre esprit de la lecture de la Bible. Écoutons les prédications de nos pasteurs. C'est gratuit, à l'abri, et cela vous enrichit autrement plus que de participer à un vide-greniers sous la pluie.
Si donc nous avons le cœur rempli de Paroles bibliques, nous aurons à cœur de les citer à ceux qui en ont besoin parce qu'ils ignorent la Bible. Alors, ce n'est pas nous qui jugeons, mais Dieu qui juge. Nous ne sommes que Ses porte-voix. C'est même notre devoir que d'enseigner la voie de Dieu à tous (Marc 16/15) : « Allez dans le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création ». (Matthieu 28/19) : « Allez, faites de toutes les nations des disciples ». Et si les gens nous reprochent d'avoir l'air de les juger, contrairement au Commandement de Dieu, nous pouvons leur répondre que Dieu juge tous les hommes, nous compris, et que nous sommes déjà jugés : le Père sauve Ses enfants adoptifs, parce qu'ils sont unis à Son Fils unique engendré, Jésus-Christ notre Seigneur, seul Sauveur.
Où vous situez-vous, dans cet enseignement ? Parmi les pécheurs perdus, solidaires de l'erreur et du mensonge ? Ou bien dans la main du Père, en Jésus-Christ ? (Jean 10/27-29) : « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle. Elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher à ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous et personne ne peut les arracher à la main de mon Père ». Soyez donc rassurés et n'ayez pas peur ! (Jean 14/19-21) : « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez parce que je vis et que vous vivrez aussi. Ce jour-là, vous saurez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; celui qui m’aime sera aimé de mon Père et moi aussi, je l’aimerai et je me ferai connaître à lui ». Mes amis, vous ne rêvez pas ! Ces Paroles de Christ sont vraies. Tous les croyants sincères les ont expérimentées dans leur vie et vous les confirment. Écoutez-les encore (Actes 2/36) : « Que toute la communauté d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus que vous avez crucifié ». Oui, nous avons crié "à mort, crucifie-Le !" lorsque nous étions encore des pécheurs impénitents. Nous avons crucifié Jésus par notre péché, Lui qui était venu pour nous en délivrer. Et nous L'avons tué, Lui qui est le Seigneur de la Vie. Et justement parce qu'Il est vraiment le Seigneur de la vie, Il est ressuscité le troisième jour, conformément à l'Écriture Sainte.
Ses premières paroles de Ressuscité aux Apôtres sont des Paroles de pardon et d'apaisement (Jean 20/19c) : « Que la paix soit avec vous ! » - Shalom ! Sur les Douze, un l'a trahi et vendu pour être jugé au cours d'un simulacre de procès (Judas), un autre l'a renié publiquement par trois fois (Pierre), et neuf autres se sont enfuis au moment de Sa grande épreuve. Un seul, le plus jeune, l'a assisté de sa présence jusqu'au pied de la croix : Jean. Et cependant, Christ les rétablit et leur pardonne - sauf Judas qui s'est suicidé – pour lui il était trop tard – et Pierre repentant s'est humilié devant Christ en reconnaissant sa faiblesse dans l'épreuve. Christ leur renouvelle Sa confiance et leur confie Sa mission, la mission du Père, la mission de l'Église (Jean 20/21) : « Jésus leur dit de nouveau : "Que la paix soit avec vous ! Tout comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie" » ; et Christ les charge de juger tous les hommes (Jean 20/23) : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus », parce qu'au verset précédent Il leur en avait donné le moyen (Jean 20/22b) : « … Il souffla sur eux et leur dit : "Recevez le Saint-Esprit !" ».
C'est donc avec l'autorité de Dieu que nous jugeons les pécheurs, soit pour leur pardonner s'ils se sont repentis, soit pour les livrer à Satan s'ils refusent (1 Timothée 1/18b-20) : « … combats le bon combat en gardant la foi et une bonne conscience. Cette conscience, quelques-uns l’ont rejetée, et ils ont fait naufrage par rapport à la foi. C’est le cas d’Hyménée et d’Alexandre, que j’ai livrés à Satan afin qu’ils apprennent à ne plus blasphémer ». Est-ce assez clair ? (1 Corinthiens 6/2a…3a) : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? … Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? ». Alors jugeons ! Mais commençons par nous juger nous-mêmes devant Dieu, en conscience, et la compassion inondant notre cœur adoucira notre jugement envers les autres !
Paul nous écrit pour nous avertir que nous souffrirons dans ce monde qui nous est hostile, car il est réfractaire à la vérité de Christ, et ne veut être jugé par personne. Ce sont pourtant les mêmes qui réclament des tribunaux civils et des peines sévères pour les autres. Ils demandent trois choses, successivement : être tolérés, acceptés, approuvés. Mais ils n'approuvent ni n'acceptent ni ne tolèrent les autres. C'est banal ; c'est enfantin ; c'est humain.
Paul nous invite à lever les yeux et à porter notre regard au Ciel pour y contempler « la gloire à venir qui va être révélée pour nous » (Romains 8/18b), nous qui serons révélés être « des fils de Dieu » (verset 19) à la face du monde.
Certes, par sa désobéissance, Adam a soumis la Création à l'inconsistance et à la vanité « … non de son propre gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise » (verset 20). Et paradoxalement, le même Paul nous attribue « … la glorieuse liberté des enfants de Dieu » (verset 21). Mais nous ne possédons cette liberté qu'en espérance, « l’espérance d’être … libérés de l’esclavage de la corruption » (verset 21 toujours). En effet, ce monde est abîmé par le péché, et la conséquence en est que « la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’accouchement » (verset 22). Et Paul conclut son raisonnement en affirmant que « Nous aussi, qui avons pourtant dans l’Esprit un avant-goût de cet avenir, nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la libération de notre corps » (verset 23). La mort nous libère de la tentation, du péché, des épreuves, de la souffrance et de la maladie : « En effet, l’Agneau qui est au milieu du trône prendra soin d’eux et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Apocalypse 7/17). Et en attendant de renaître au Ciel, nous sommes « dans les larmes et au milieu des épreuves », comme Paul (Actes 20/19).
Réjouissons-nous donc si nous sommes mortels ! Nous connaîtrons un monde meilleur, pur et cohérent, un monde d'amour et de paix à l'opposé de cette vallée de larmes que nous traversons les yeux fixés sur notre but : Jésus-Christ. Amen.