SERMON pour le 1er dimanche de l’Épiphanie
Traduction d’une méditation biblique éditée par le Révérendissime Jerry Levon OGLES,
Docteur en Théologie et Évêque Métropolite de l’Anglican Orthodox Church.
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COLLECTE pour le 1er dimanche de l’Épiphanie : « Ô Seigneur, nous te supplions de recevoir, dans ta clémence, les prières de ton peuple qui t’invoque ; lui accordant, avec la connaissance et le sentiment de ses devoirs, la grâce et le pouvoir de les accomplir fidèlement ; par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen ».
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COLLECTE pour le jour de l’Épiphanie : « Ô Dieu, qui, par la direction d’une étoile, manifestas ton Fils unique aux Gentils ; accorde avec miséricorde, que nous, qui te connaissons maintenant par la foi, puissions, après cette vie, jouir de ta glorieuse divinité ; par ce même Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur. Amen ».
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ÉVANGILE : « Or Jésus étant né à Bethléhem, [ville] de Juda, au temps du Roi Hérode, voici arriver des Sages d'Orient à Jérusalem. En disant : Où est le Roi des Juifs qui est né ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer. Ce que le Roi Hérode ayant entendu, il en fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Et ayant assemblé tous les principaux Sacrificateurs, et les Scribes du peuple, il s'informa d'eux où le Christ devait naître. Et ils lui dirent : à Bethléhem, [ville] de Judée ; car il est ainsi écrit par un Prophète : Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n'es nullement la plus petite entre les Gouverneurs de Juda, car de toi sortira le Conducteur qui paîtra mon peuple d'Israël. Alors Hérode ayant appelé en secret les Sages, s'informa d'eux soigneusement du temps que l'étoile leur était apparue. Et les envoyant à Bethléhem, il leur dit : Allez, et vous informez soigneusement touchant le petit enfant ; et quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j'y aille aussi, et que je l'adore. Eux donc ayant ouï le Roi, s'en allèrent, et voici, l'étoile qu'ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu'à ce qu'elle vînt et s'arrêta sur le lieu où était le petit enfant. Et quand ils virent l'étoile, ils se réjouirent d'une fort grande joie. Et entrés dans la maison, ils trouvèrent le petit enfant avec Marie sa mère, lequel ils adorèrent, en se prosternant en terre ; et après avoir déployé leurs trésors, ils lui offrirent des présents, [savoir], de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Puis étant divinement avertis dans un songe, de ne retourner point vers Hérode, ils se retirèrent en leur pays par un autre chemin. » (Matthieu 2.1-12).
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Avant de passer au sermon, je voudrais réfléchir momentanément sur le texte de Matthieu 2.1-12, et sur la façon dont il est soutenu par un certain nombre de témoins historiques. Je ne parle pas seulement de l’étoile de Bethléem, mais aussi de la large anticipation du besoin d’un Sauveur exprimée même par les communautés païennes des siècles qui ont précédé l’Incarnation. En raison du manque de place, je noterai quelques résultats de mes recherches continues sur la question.
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Le premier témoignage est celui de Socrate et de Platon : Quatre cents ans avant Jésus-Christ, Socrate, en Grèce, s’attendait à ce qu’un être surnaturel soit un maître des hommes. Il a dit : « Nous devons attendre que quelqu’un vienne de Dieu pour nous enseigner comment nous comporter envers la divinité et envers l’homme. ». Quelques années plus tard, Platon, à la suite de son grand maître, exprima sa propre attente similaire, déclarant : « Il est nécessaire qu’un législateur soit envoyé du ciel pour nous instruire [...] Oh, combien je désire voir cet homme et qui il est. » Et dans sa République, Platon a enregistré l’une des plus claires des délimitations païennes inconscientes du Christ dans sa célèbre description idéale, « Il prendra l’apparence d’être injuste ; oui, il sera flagellé, torturé, entravé, [...] et après avoir enduré toutes les souffrances possibles, nous serons attachés à un poteau, et nous restaurerons à nouveau le commencement et le prototype de la justice ».
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À peu près au même moment que les remarques de Platon, Confucius a prédit en Chine : « Une nouvelle religion viendra un jour de l’Occident. Elle percera jusqu’aux extrémités de la Chine, où les navires ne sont jamais partis. » .
La plus claire des prophéties non bibliques est celle de Zoroastre, le fondateur du zoroastrisme dont les prêtres sont appelés MAGI. Certains ont suggéré que Zoroastre était un disciple de Jérémie, de qui il a appris l’existence du Messie et l’a enseignée à ses disciples. Je n’ai pas de référence solide pour cette dernière possibilité, mais la tradition est corroborée par Abulpharagius que je cite : « Zoroastre a enseigné aux Perses le Christ. Il enseignait qu’aux derniers jours, une vierge pure concevait, et que, dès la naissance de l’enfant, une étoile apparaissait, flamboyante, même à midi avec un éclat intact ». Il y a plus dans ses remarques enregistrées, que je détaillerai dans une dévotion plus longue, plus tard.
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Il existe des preuves de ce corps céleste lumineux référencé dans le Samguk Sagi (Tripitaka Koreana), enregistré sur des plaques de bois dans la plus grande bibliothèque de ce type au monde, au temple Haeinsa en Corée. Les astronomes de Corée ont aperçu une étoile tout aussi brillante, passant d’est en ouest dans l’année approximative de 4 avant JC.
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Je ne crois pas que les preuves séculières ci-dessus soient essentielles à notre foi, mais cela encourage certains à savoir qu’il existe des preuves externes, ainsi bien qu’internes, des événements de l’Épiphanie. Vous pourriez le prendre avec un grain de sel, cependant, le récit biblique est vrai et n’est pas sujet aux erreurs des historiens mortels.
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SERMON :
Avez-vous déjà été très proche du Christ et soudain, par votre complaisance et votre négligence, avez-vous découvert que vous êtes séparés, par une vaste étendue, de votre Seigneur ? Est-il même possible pour quelqu’un qui est intime avec Christ de s’en séparer ? Avez-vous omis le pain quotidien qui vous soutient ? Je crains qu’il ne s’agisse d’un événement très courant plutôt que d’un événement exceptionnel. Pierre a été séparé du Christ dans le jardin de Gethsémani et a perdu tout courage, pendant la séparation. Les circonstances peuvent même, parfois, être inversées. Par exemple : Les compagnons d’Emmaüs croyaient qu’ils avaient été séparés à jamais du Christ, alors qu’Il marchait à leurs côtés, causant avec eux. La séparation d’avec Christ, qu’elle soit réelle ou perçue, est un échec de la foi.
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Nous apprenons dans le texte évangélique d’aujourd’hui que même la mère et le père supposé (car Dieu était son vrai Père) de Jésus ont été séparés de leur fils pendant trois jours ou plus :
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ÉVANGILE : « Or son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâque. Et quand il eut atteint l'âge de douze ans, [son père et sa mère] étant montés à Jérusalem selon la coutume de la fête, et s'en retournant après avoir accompli les jours [de la Fête], l'enfant Jésus demeura dans Jérusalem ; et Joseph et sa mère ne s'en aperçurent point. Mais croyant qu'il était dans la troupe des voyageurs, ils marchèrent une journée ; puis ils le cherchèrent entre leurs parents et ceux de leur connaissance. Et ne le trouvant point, ils s'en retournèrent à Jérusalem, en le cherchant. Or il arriva que trois jours après ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des Docteurs, les écoutant, et les interrogeant. Et tous ceux qui l'entendaient s'étonnaient de sa sagesse et de ses réponses. Et quand ils le virent, ils en furent étonnés, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi ; voici, ton père et moi te cherchions, étant en grande peine. Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être [occupé] aux affaires de mon Père ? Mais ils ne comprirent point ce qu'il leur disait. Alors il descendit avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis ; et sa mère conservait toutes ces paroles-là dans son cœur. Et Jésus s'avançait en sagesse, et en stature, et en grâce, envers Dieu et envers les hommes. » (Luc 2.41-52).
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Il y a quelques points saillants dans ce texte qui méritent d’être soulignés :
1. Jésus s’est acquitté de ses obligations religieuses en montant à Jérusalem à chaque Pâque. Ses parents ont même donné l’exemple à Jésus, s’il avait besoin d’un exemple. Il est très important que les jeunes enfants de l’église s’assoient avec leurs parents pendant le culte, plutôt que d’en être séparés dans une stupide période de jeu. Lorsque les enfants observent leurs parents faire leur devoir de Chrétiens, une impression puissante est communiquée – et durable. Jésus et ses parents observent le bon ordre, avec la révérence et les coutumes des fêtes établies.
2. Notez la relation de Marie et Joseph avec Jésus. Dans le Texte Reçu, ils sont appelés Joseph et Sa Mère. Dans les versions modernes, les DEUX sont appelés Ses parents, ce qui brouille la distinction de Christ en tant que Fils de Dieu !
3. Jésus était un modèle d’obéissance et de discrétion, c’est pourquoi Joseph et Sa mère Marie ont eu la surprise surprise de ne pas le voir les suivre jusqu’à Nazareth, avec les autres pèlerins. Jésus leur a TOUJOURS obéi, mais maintenant une obéissance plus élevée était requise de Lui. C’était un cas isolé du désir de son Père de montrer Son Fils unique aux anciens et aux savants du Temple. Bien que Jésus fût un enfant obéissant à Joseph et à Marie, le temps venait où Il devrait obéir à la loi supérieure de Son Père. Je suis choqué par les membres du clergé qui conseillent à leurs paroissiens d’obéir à la loi laïque, même lorsque cette loi contredit la loi supérieure de Dieu.
4. Joseph et Marie s’attendaient à ce que Jésus les suive. Ils avaient tort. Lorsque la liturgie religieuse pratique devient trop ordinaire, nous pouvons devenir complaisants dans son observance. Nous avons peut-être étudié la Sainte Parole de Dieu avec beaucoup d’assiduité pendant de nombreuses années, puis nous avons décidé : « Ah, j’ai assez étudié. Je peux prendre un congé sabbatique de l’étude du Pain de Vie Quotidien ». Mais ce faisant, vous risquez d’être séparé de Christ. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
5. Joseph et Marie cherchaient le Christ parmi leurs parents et leurs connaissances. Ai-je besoin de vous rappeler qu’aucun parent, aucune connaissance, ni même aucun pasteur, n’a le monopole du Christ ? Nous n’obtenons aucune faveur spirituelle auprès de Dieu à raison de notre foi en notre famille. Personne ne peut « nous apporter le Christ ». Chacun doit le trouver par soi-même. Nous pouvons montrer la carte et la boussole à nos amis, mais ils doivent prendre les outils en main pour chercher personnellement Sa face.
6. Christ a une manière d’enseigner engageante. Il entend nos demandes de renseignements et nos revendications, puis Il nous pose des questions que personne d’autre ne saurait imaginer. Il est un excellent auditeur et Ses questions sondent les profondeurs du cœur des hommes et des femmes.
7. « Et il arriva qu’après trois jours, ils le trouvèrent dans le temple. ». Il y avait des femmes courageuses et aimantes qui ont cherché Christ durant trois jours, et L’ont trouvé dans le temple de Son Corps ressuscité. Si nous Le cherchons sincèrement, nous Le trouverons.
8. Tous les hommes étaient étonnés par les paroles de Christ, même Ses ennemis mortels. Combien de fois n’a-t-Il pas fait honte aux Pharisiens, aux dirigeants et aux scribes, avec Son enseignement excellent et dialogué ?
9. Je suis désolé de dire que je crois que chez Marie, le souvenir de l’Ange Gabriel et de ses conseils, alors qu’elle était encore vierge, a peut-être perdu un peu de son sens et de son éclat, dans sa mémoire. Elle se réfère à Joseph comme étant Son père, même si elle sait très bien qu’il ne l’est pas, ou peut-être l’a-t-elle simplement fait pour apaiser les pressions sociales. Elle était le plus souvent absente pendant l’enseignement et la prédication de Christ. Il se peut que Marie n’ait pleinement réalisé qui était son Fils qu’après Sa résurrection.
10. Marie se sent offensée par l’échec présumé de Jésus à les suivre docilement. Une chose que Marie a faite qui a été juste quand elle a appris sa séparation d’avec Jésus : Elle l’a cherché avec tristesse. Toute âme qui se trouve séparée de Jésus doit le chercher, non pas dans l’orgueil de la familiarité, mais dans la tristesse.
11. L’une des grandes raisons pour lesquelles nous avons besoin de Christ, et pas seulement comme Rédempteur et Sauveur, est que nous ne connaissons pas bien Dieu le Père. Jésus Le connaît ! « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être [occupé] aux affaires de mon Père ? Mais ils ne comprirent point ce qu'il leur disait. ». La raison pour laquelle Jésus s’attardait dans le Temple était aussi claire que le soleil pour Jésus, mais Marie et Joseph n’auraient pas pu en discerner la cause. Ils n’ont pas compris Son explication, mais notre incapacité à comprendre tout ce que Christ nous a dit n’est pas une raison pour rejeter Son invitation salvatrice.
12. Bien qu’Il soit devenu le Sauveur de son peuple et la Lumière du monde, Jésus était un Fils obéissant et restait soumis à Sa mère et à Joseph. Je prie pour que les jeunes d’aujourd’hui soient soumis à leurs parents, même si leurs parents ne sont qu’un charpentier et une mère au foyer ! Même si l’enfant ressent un appel élevé, il ne devrait jamais s’élever au-dessus de ses parents. Si Jésus était soumis à Joseph et à sa Mère, combien plus le devrions-nous être ? « Alors il descendit avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis ; et sa mère conservait toutes ces paroles-là dans son cœur ». Il y avait quelque chose de mystérieux à propos de cet événement, pour Marie. Elle ne comprenait pas pleinement, néanmoins, elle gardait tout dans son cœur.
13. Jésus a continué à grandir. Lorsque nous cessons de grandir et d’apprendre, alors nous cessons de vivre. Sa sagesse aussi a augmenté, avec Sa stature physique, et Il a grandi en faveur et en connaissance de Dieu, Son Père. Si nous quittons Christ des yeux, nous risquons de Le perdre ou d’être séparés de Lui pendant un certain temps. Mieux vaut être constamment fixé sur Christ que de refaire tous nos efforts humains pour Le chercher à nouveau.
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Conclusion :
Cet incident dans la vie du Christ nous indique nos propres responsabilités en arrivant à l’âge adulte, pour venir à Christ ! Douze ans est un âge traditionnel et approprié pour qu’un jeune soit confirmé dans l’Église et commence à grandir de manière plus autonome pour acquérir une stature plus élevée et une plus grande et sagesse. Il représente la ligne médiane de la jeunesse, lorsqu’une bifurcation sur la route commence à apparaître au loin – une bifurcation qui commencera à le conduire plus directement au gouvernement de Dieu sur sa vie ou, au contraire, plus loin de Lui si le mauvais chemin est choisi. Jésus a consciencieusement été amené au Temple le huitième jour après Sa naissance pour être circoncis (une coutume qui correspond au baptême dans l’économie du Nouveau Testament). Et quand Il est en âge de connaître la Loi (douze ans), Il revient au Temple pour être examiné par les savants. Ceci est assez cohérent avec la pratique de l’Église de la Confirmation, à l’âge de raison.
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Si nous continuons fidèlement et dans la prière à suivre Christ, nous ne Le perdrons pas.