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Christ nous comble en tout

SERMON pour le 7ème dimanche après la Trinité

 

Traduction d’une méditation biblique éditée par le Révérendissime Jerry Levon OGLES, Docteur en Théologie et Évêque Métropolite de l’Anglican Orthodox Church.

 

COLLECTE : « Seigneur de toute force et de toute puissance, qui est l'auteur et le dispensateur de tous les biens ; imprime dans nos cœurs l'amour de ton Nom, augmente en nous la vraie religion, remplis-nous de toutes les vertus, et nous y affermis par ta grande miséricorde ; par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen ».

 

La Collecte d'aujourd'hui reconnaît à juste titre que le Seigneur est « l'Auteur et le dispensateur de tous les biens » – y compris l'AMOUR. La prière appelle à imprimer dans nos cœurs un amour pour « ton Nom » ainsi qu'une pratique naturelle de la « vraie religion » – pas cette religion fausse et apostate qui passe pour le christianisme, dans la plupart des principales Églises. Le terme « imprime » est utilisé parce que l'amour de Dieu et la vraie religion n'existent pas naturellement dans nos cœurs, mais doivent être transmis par la Grâce, par la foi, par Celui qui est l’Auteur de l'Amour et le Finisseur de notre foi. Tout bien qui est donné à nos cœurs doit être constamment nourri par Sa Parole et Son Amour.

 

ÉVANGILE : « En ces jours-là comme il y avait là une fort grande multitude, et qu'ils n'avaient rien à manger, Jésus appela ses Disciples, et leur dit : Je suis ému de compassion envers cette multitude, car il y a déjà trois jours qu'ils ne bougent d'avec moi, et ils n'ont rien à manger. Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, ils tomberont en défaillance par le chemin, car quelques-uns d'eux sont venus de loin. Et ses Disciples lui répondirent : D'où les pourra-t-on rassasier de pains, ici, dans un désert ? Et il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Ils lui dirent : Sept. Alors il commanda aux troupes de s'asseoir par terre, et il prit les sept pains, et après avoir béni [Dieu] il les rompit, et les donna à ses Disciples pour les mettre devant les troupes ; et ils les mirent devant elles. Ils avaient aussi quelque peu de petits poissons ; et après qu'il eut béni [Dieu], il commanda qu'ils les leur missent aussi devant. Et ils en mangèrent, et furent rassasiés ; et on remporta du reste des pièces de pain sept corbeilles. (Or ceux qui en avaient mangé étaient environ quatre mille). Et ensuite il leur donna congé. » (Marc 8.1-9).

 

Le texte de Marc suit dans tous les détails importants le même événement décrit dans l'Évangile de Matthieu, chapitre 15, versets 29-39. Chaque Évangile apporte une variante de beauté, à l'occasion. Le cadre est à la fois serein et majestueux : une montagne surplombant les eaux cristallines de la Galilée. Les foules ont afflué pour entendre Jésus, beaucoup plus affamées de la Parole de Dieu que du pain physique nécessaire pour nourrir leur propre corps. Le miracle de Jésus en nourrissant tant d'âmes à partir de maigres miettes est un aperçu de cette dernière Cène qu'Il a servie la nuit où Il fut trahi. Il faut observer que ces milliers d'âmes affamées représentent nos propres âmes, si nous avons soif de cette grâce et de cet amour incomparable de Christ. C'est la deuxième miraculeuse multiplication des pains pour les multitudes. Dans cette action sont représentées deux perspectives : 1) celle de la foule (vous et moi) ; et 2) celle de notre Seigneur face aux multitudes.

 

La Parole de Dieu se prête à des couleurs variées de lumière brillante, lorsqu'elle est exposée au Soleil, comme un diamant aux multiples facettes, et se retourne pour voir ces couleurs complémentaires d'or, de vert et de bleu – chacune représentant une composante de la blanche lumière du Soleil de Justice.

 

Observons d'abord la nature des MULTITUDES qui ont suivi le Christ :

 

1) La faim d'entendre la Parole était grande en ces jours-là : « En ces jours-là comme il y avait là une fort grande multitude, et qu'ils n'avaient rien à manger… ». Pourquoi n'en est-il pas ainsi de nos jours ? Ceux qui fréquentent des Églises qui adhèrent à la Parole de Dieu ont considérablement diminué, en raison de la nature pharisaïque de l'homme moderne. Ils viennent aujourd'hui par petites dizaines pour adorer Dieu dans la vraie révérence, alors qu’ils étaient des milliers à une époque où les voyages étaient difficiles.

2) Ces milliers ne sont pas venus pour satisfaire leurs sens physiques, mais spirituels : « Jésus appela ses Disciples, et leur dit : Je suis ému de compassion envers cette multitude, car il y a déjà trois jours qu'ils ne bougent d'avec moi, et ils n'ont rien à manger ». C'est un grand accomplissement de nos jours d'entendre un pasteur prêcher plus de 20 ou 25 minutes, mais un accomplissement encore plus grand de voir des fidèles disposés à assister à un sermon aussi long que le Saint-Esprit le voudrait. Ces multitudes sont venues entendre la Parole jusqu'à ce qu'elle ait fini d'être prononcée. Elles ne se souciaient pas de leurs besoins physiques, pendant la prédication de la Parole.

3) Leur subsistance n'était pas physique, mais spirituelle : « ils n'ont rien à manger ». Il n'y a aucune trace de regards impatients sur leurs montres, ou de courir d'un côté à l'autre pour trouver de l'eau ou d'autres aliments. Ils étaient fixés sur le Seigneur, et rien d'autre n'avait d'importance dans leur cœur.

4) Bien qu'ils fussent affamés pour le pain, ils n'avaient pas murmuré ni ne s'étaient plaints : « Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, ils tomberont en défaillance par le chemin ». L'âme est toujours satisfaite lorsqu'elle entre dans la Présence du Seigneur, mais elle s'évanouit en Son absence. Dans notre participation à la Cène du Seigneur, nos cœurs ne brûlent-ils pas dans notre poitrine lorsque la signification des éléments du pain et du vin est contemplée ?

5) Beaucoup de multitudes n'ont pas fait une promenade occasionnelle pour entendre Jésus. La plupart avaient voyagé depuis des villages et des pays lointains, pour entendre les paroles de Jésus. Jusqu'où, mon ami, avez-vous voyagé pour entendre cette Parole, et jusqu'où êtes-vous prêt à voyager si nécessaire ? « … car quelques-uns d'eux sont venus de loin ». Jusqu'où irons-nous dans la remise en question de la puissance de Dieu ? « Et ses Disciples lui répondirent : D'où les pourra-t-on rassasier de pains, ici, dans un désert ? ». Un simple homme ne peut le faire, mais un homme qui est le Fils de Dieu peut, en effet, nourrir tous ceux qui ont faim.

6) Les multitudes sont venues non seulement pour entendre la Parole, mais aussi pour lui obéir : « Alors il commanda aux troupes de s'asseoir par terre. ». Ils ont obéi sans même savoir à quoi s'attendre. Notre propre obéissance est-elle si prompte et inconditionnelle ? Après être restés debout pour écouter l'Évangile pendant trois jours, pourquoi s'asseoiraient-ils maintenant par terre ? Ils n’en connaissaient pas la raison, mais ils ont obéi de toute façon.

7) Les multitudes étaient comblées à la fois spirituellement et, maintenant, physiquement, à l'écoute de la Parole. « Et ils en mangèrent, et furent rassasiés. » Nous sommes toujours rassasiés quand c'est le Seigneur qui nous nourrit : « Je suis le pain de vie : celui qui vient à moi n'aura jamais faim ; et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. » (Jean 6.35). J'ajouterai que le Pain qui est descendu du Ciel est aussi la Parole (du début à la fin) : Jean 1.1 : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu ; et cette parole était Dieu ». Avons-nous faim et soif de ce Pain (la Parole) tous les jours, ou présumons-nous que nous sommes suffisamment nourris du pain de notre propre indignité ?

 

Aujourd'hui, nous vivons dans un luxe et une opulence abjects par rapport aux gens de l'époque de Jésus, mais nous n'avons pas le temps d’aller quelques minutes à l'église le jour du Seigneur, ou prendre 15 minutes seulement de notre loisir pour nous plonger dans les profondeurs de la Parole de Dieu. Honteux ! Nous n'avons pas besoin de traverser le désert ou la montagne pour entendre Christ – Sa Parole est à portée de main, commodément. Nous ne pouvons même pas nous asseoir patiemment dans l'adoration jusqu'à ce que le Saint-Esprit nous ait dit Sa Parole. Nous sommes un peuple pressé d'aller nulle part. Nous n'osons priver nos âmes d'aucun désir par rapport à nos devoirs envers Dieu. Nous demandons des sermons courts et simples, des services de culte de style fast-food et une libération rapide pour vaquer à nos activités mondaines. Nous ne sommes pas comme ces gens qui ont faim de la Parole de Dieu, ont parcouru de grandes distances à pied pour l'entendre, se sont attardés pendant trois jours sans nourriture et sont repartis remplis à la fois du pain du ciel et du pain de subsistance. Ceux qui sont venus par un effort personnel sont repartis comblés, et nous aussi, si nous abordons l'adoration dans la bonne disposition de l'esprit, du corps et de l'âme.

 

Nous allons maintenant examiner la manière dont notre Seigneur voyait les multitudes :

 

1) Jésus a reconnu le besoin des multitudes. Non seulement Il décide de satisfaire leur manque, mais Il permet aussi à Ses disciples (vous et moi) de les aider à accomplir Ses œuvres de miséricorde et de compassion : « En ces jours-là comme il y avait là une fort grande multitude, et qu'ils n'avaient rien à manger, Jésus appela ses Disciples. ». Jésus prend note de nos besoins personnels et nous indique les besoins des autres. 

2) Jésus a de la compassion pour ceux qui ont de graves besoins. La compassion n'est pas seulement de la sympathie, mais le genre de sympathie qui évoque l'ACTION pour satisfaire un besoin. La compassion signifie ressentir la douleur de la personne qui souffre comme sa propre douleur, et prendre des mesures pour remédier au besoin ou à la douleur. Jésus a TOUJOURS eu compassion des malades, des infirmes, des aveugles et des sourds. Et il a démontré Sa plus grande compassion pour le pécheur, dans Son dernier acte de miséricorde au Calvaire, en mourant à notre place. « Je suis ému de compassion envers cette multitude, car il y a déjà trois jours qu'ils ne bougent d'avec moi, et ils n'ont rien à manger. Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, ils tomberont en défaillance par le chemin, car quelques-uns d'eux sont venus de loin ».

3) Jésus nous demande de le servir avec toutes les ressources dont nous disposons, et ces ressources seront toujours suffisantes. « Et il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? ». En vérité, il y avait trop peu de ressources, aux yeux de l'homme, pour suffire ; mais Dieu n'a besoin que de nos petites ressources combinées à une foi puissante en Lui. « Ils lui dirent : Sept ».

4) « Alors il commanda aux troupes de s'asseoir par terre, et il prit les sept pains, et après avoir béni [Dieu] il les rompit, et les donna à ses Disciples pour les mettre devant les troupes ; et ils les mirent devant elles. ». Jésus nous demande de nous reposer sur Lui quand Il travaille, parce que ce n'est que par Ses œuvres, et non par les nôtres, que nous en bénéficions. De plus, bien qu'Il soit Dieu dans la chair, Il rend toujours grâce à Son Père pour chaque bénédiction. Il permet aussi à Son peuple de participer au service des autres, du Pain du Ciel, et de la vie. Il permet à Ses ministres de servir comme serviteurs du peuple. Jésus a non seulement utilisé la petite réserve de pain, mais Il a ajouté de la variété à la fête en multipliant les quelques petits poissons qui étaient là. « Ils avaient aussi quelque peu de petits poissons ; et après qu'il eut béni [Dieu], il commanda qu'ils les leur missent aussi devant ».

5) Jésus fournit TOUJOURS un repas complet. « Et ils en mangèrent, et furent rassasiés ». Les milliers de personnes présentes étaient comblées et satisfaites. Les chiffres n'ont pas d'importance pour le Seigneur, c'est la foi constante qu'Il attend de nous.

6) Jésus ne désire pas que nous gaspillions les bénédictions qu'Il déverse sur nous. « Et ils en mangèrent, et furent rassasiés ; et on remporta du reste des pièces de pain sept corbeilles ». Ils n'ont pas laissé les restes dans le champ, mais ont pris tout ce qui restait et, fait intéressant, ce qui restait était plusieurs fois le montant avec lequel ils avaient commencé. Dieu prend les maigres centimes de la femme veuve et les multiplie des milliers et des millions de fois, pour la gloire de Dieu.

7) Ce serait une telle joie de toujours festoyer avec le Seigneur, mais il y a aussi une composante du service qui doit être accomplie par le disciple. Non seulement nous sommes nourris, mais nous devons aussi chercher d'autres personnes à nourrir. « (Or ceux qui en avaient mangé étaient environ quatre mille). Et ensuite il leur donna congé. ». Nous devons quitter la montagne de nos exploits quotidiens et aller dans les vallées et les prairies pour répandre la bonne nouvelle de la miséricorde et de la grâce du Seigneur.

 

N'étions-nous pas présents dans cette multitude à flanc de montagne pour être nourris par le Seigneur ? Depuis lors, les multitudes de Chrétiens ne se sont-elles pas nourries du même pain et n'ont-elles pas bu à la même coupe ? Sommes-nous devenus plus semblables à ce Pain du Ciel en le consommant dans la Parole de Dieu... à tel point que nous aussi, nous avons compassion des multitudes et sommes poussés à agir ? Ce sont des questions auxquelles aucun autre homme ne peut répondre à notre place. Elles s'adressent au cœur de chaque Chrétien.

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